ÉDITORIAL – JANVIER 2015

ET MAINTENANT QUE…?

68539989Monsieur le Maire de Béziers, en conférence de presse, a confirmé que Robert Margé, apparemment protégé par un bail commercial signé avec les propriétaires, sera organisateur des corridas des arènes de Béziers pendant les six prochaines années.

Nous avions démontré que le système « Couderc-Proprietaires-Margé » avait progressivement lavé de leur substance les corridas, la feria de nos arènes et dégradé surtout leur image auprès des aficionados héraultais, gardois, audois, camarguais, catalans et même parisiens. Certes, la fidélité du « public » biterrois et des touristes qui intègrent parfaitement l’esprit festif de la feria et les corridas, continue à faire de Béziers une arène malgré tout rentable (près de 32 000 spectateurs payants sur 4 corridas en 2014, malgré une baisse annoncée de 8%). Nous avons manifesté notre préférence pour la transparence et l’appel à concurrence d’une Délégation de Service Public (DSP) ou de gestion directe, si efficace chez nos amis Montois et Dacquois. Ces deux systèmes, tant pour l’éthique que pour l’efficacité, nous paraissent les seuls capables de relever le défi : Qualité, Clarté et Défense des Finances Publiques.
Nous ne rentrerons pas dans les détails financiers qui apparaissent dans les communiqués et nous préfèrerons ignorer les commentaires inadaptés de la presse locale. Toutefois, à minima, nous remarquons que les dernières conditions d’exploitation concédées par Raymond C
ouderc à l’organisateur étaient devenues ridiculement faibles alors que le chiffre d’affaires des corridas et les recettes annexes dépassaient les 2 000 000 d’euros pour 4 corridas.

ET MAINTENANT, QU’ALLONS-NOUS FAIRE ?
Les aficionados biterrois vont sagement attendre la traditionnelle annonce des cartels, la présentation des photos de quelques toros, avant d’aller aux arènes pour la Feria… en espérant « ne  pas crever d’ennui ».
Nous attendons quand même que la nouvelle Commission
Taurine Extra Municipale, sans opposition systématique, ne soit pas une seule « chambre d’enregistrement » comme celle qui a fonctionné à Béziers depuis plus de 20 ans et que ses membres défendent la qualité et la spécificité de nos arènes, sans se préoccuper de rechercher leur présence au palco présidentiel. Nous regarderons et constaterons en sachant bien « que nous n’y pouvons rien ».

ET MAINTENANT, QUE VONT-ILS FAIRE ?
La seule information intéressante et inattendue est venue de M. le Maire qui a annoncé que le contrat signé pour 6 ans par les
trois parties prévoit que la ville (si ses finances le lui permettent), se porterait acquéreur des arènes dès 2016. Cela remettrait apparemment en cause le contrat actuel d’exploitation et donnerait à la ville le rôle qu’elle doit jouer dans la gestion d’un édifice public (même en location). Si les propriétaires des grandes arènes privées qui subsistent : Séville, Grenade, Cordoue, Merida, Leon, Almeria…et même Céret, les gèrent à leur guise, ils en assument depuis toujours les risques sans le concours de la collectivité.
Nous sommes plusieurs à avoir incité les différents
maires à se porter acquéreur des arènes, que la ville a entretenues et améliorées depuis plus d’un demi siècle. Nous pouvons attester qu’un projet précis et chiffré a été remis en main propre à Raymond Couderc dans les semaines qui ont suivi sa première élection, avant que n’éclate le conflit avec les propriétaires et Robert Margé. Mal conseillé, il préféra en découdre, avant de s’incliner et « d’aller à Canossa* » devant « les puissances et les intérêts supérieurs »… qui lui imposèrent cet accord qui bloque la dynamique globale des arènes depuis près de 20 ans….
Nous payons actuellement une situation qui impose à la
ville, bien que locataire des arènes, le gestionnaire des corridas. Robert Ménard a compris que pour échapper à cette situation et à ce subterfuge, concocté en 1996, il fallait que la ville devienne propriétaire des arènes pour que la collectivité, qui a investi pour les maintenir en l’état, puisse développer une politique culturelle digne de cet édifice prestigieux, symbole de l’époque moderne de la cité, sans oublier l’animation essentielle de la Feria.
Les arènes pourraient redevenir ce lieu emblématique conçu par un
mécène Biterrois pour animer sa ville et en faire, avec ses amis, une image majeure de notre cité, avant que d’autres générations le négligent. C’est indispensable à la vie culturelle de notre ville et au maintien de nos traditions taurines riches de plus de 150 ans.
«
 Je n’ai vraiment plus rien à faire »… si ce n’est vous souhaiter une bonne année 2015 et… attendre février.

*. L’Empereur Henri IV d’Allemagne qui en 1077 avait voulu déchoir le pape Grégoire VII, dut se rendre au château de Canossa près de Modène, se « coucher » devant le Pape qui l’avait excommunié, pour lui faire allégeance et demander son pardon. Cette expression populaire s’est maintenue depuis plus de 10 siècles.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU Édito n° 21 – Janvier 2015

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