ÉDITORIAL – JUIN 2017

« LA CORRIDA DE TOROS N’EST PAS UN SPORT. C’EST UNE TRAGEDIE ET CELA SYMBOLISE LA LUTTE ENTRE L’HOMME ET LES BETES »

Cette phrase est extraite du papier adressé par le célèbre reporter écrivain Ernest Hemingway à la presse des States « TORONTO STAR WEEKLY » en 1923 pendant les corridas de Pamplona. Il faisait allusion, à la fois à la mort du Toro Bravo en public et au destin des toreros qui jouaient leur vie dans le ruedo. De nos jours, le public et même l’aficion oublient inconsciemment, que la corrida n’est pas un simple spectacle où l’on note les actions du torero : véroniques, naturelles, derechazos, estocades… et où l’on attribue des trophées comme dans certaines épreuves sportives. Certes, ce sont les faenas qui par leur plastique, leur esthétique et leur majesté sont la base des barèmes qualitatifs établis par les spécialistes qui déterminent, trop, la passion du public et les triomphes des toreros oubliant souvent la domination des passes et l’entrega des toreros face à tous les dangers. L’émotion du combat du toro, quand il est brave, et de l’homme, atteint des niveaux inégalés et inégalables mais nous oublions que, si la fin tragique du toro est programmée, les risques maximum pour les toreros existent et existeront toujours face aux cornes et à la puissance du Bravo.

Nous ne sommes pas prêts à admettre l’issue fatale. Après celle du romantique Mexicain EL Pana et du jeune Matador de Toros Victor Barrio en 2016, la mort par cornada du chevronné torero basque Ivan Fandiño à Aire sur Adour le 24 juin a causé une profonde émotion dans le monde taurin. Chers amis aficionados, tout peut arriver durant une corrida où la technique éprouvée du torero doit faire face à la bravoure et à la sauvagerie naturelle du toro qui peut le surprendre par une réaction inattendue comme à Aire. Nous oublions trop rapidement les cornadas gravissimes dont ont été victimes ces dernières années des toreros sauvés miraculeusement et grâce au professionnalisme des équipes médicales spécialisées. Les exemples ne manquent pas. Rappelez-vous en particulier :
Julio A
paricio – Las Ventas de Madrid – San Isidro en 2010
Jimenez
Fortes – Vitigudino (Salamanque) en 2015
Manuel Escribano – Alicante en 2016
Cette liste n’est bien entendu pas exhaustive. Le danger est toujours présent, même quand on l’attend le moins.

Les premières images vidéo de la cornada fatale à Fandiño montrent au départ, plus une mauvaise appréciation de la vitesse de course du toro, qu’un comportement dangereux préalable. Les cornadas graves sont malheureusement inscrites dans l’essence même de ce combat entre l’Homme et le Toro.

Je me refuse de répondre directement aux commentaires exécrables, ignobles, inhumains de certains antis sur internet et de certains intellectuels modernes, après la mort d’Ivan. Ces gens méritent notre mépris. Je ne parlerai pas de haine car ce serait nous comparer à eux, à leur bassesse et à l’ignominie de leurs interventions. Je me limiterai à faire remarquer que les médias français, dans leur majorité, n’ont pas réagi à l’intervention abjecte le 23 juin sur France Inter (service public) d’un humoriste de bas étage sur la mort tragique de Fandiño. Je n’ai lu aucun commentaire spontané réprobateur, qualitatif et éthique, sur ce comportement accompagné de rires et d’applaudissements des autres participants à l’émission.
Dans quel monde sommes-nous ?
Malgré la plainte de l’UVTF et de l’Observatoire National des Cultures Taurines, France Inter (Service Public), paraît s’accommoder de cette liberté d’expression. Qu’en dira le CSA ? Pourtant, nous connaissons la spontanéité avec laquelle les médias bien pensants interviennent pour juger des évènements ou des déclarations moins équivoques, suivant leur provenance et les sensibilités du
pouvoir. Aux dernières nouvelles, le médiatique Ministre de l’Environnement aurait réagi en s’accommodant de ce comportement scandaleux alors que ce n’est même pas son domaine de responsabilité…

« A la cinco de la tarde ! Ay que terribles cinco de la tarde ! Eran las cinco en todas los relojes ! Eran las cinco en sombra de la tarde ! »
Ce sont les derniers vers du poème de Federico Garcia
Lorca à la mort d’Ignacio Sanchez Mejias en 1934 suite à une gravissime cornada dans les arènes de Manzanarès.

CHERS AFICIONADOS, N’OUBLIEZ PAS…

Cet édito a été écrit avant la terrible blessure de notre ami le Matador Tomas Cerqueira…

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Edito n° 50 – 30 Juin 2017