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ÉDITORIAL – MAI 2016

MADRID, MADRID, ME PONGO TRISTE AL VER LO BIEN QUE TU TE VISTES SI SE VAN A REIR DE TI*

Le talent de Nilda Fernandez était inspiré par sa divine muse pour l’écriture du texte et de la mélodie de cette adorable chanson créée en 1987 qui est plus nostalgique que désespérée. Ce Madrid a bien entendu changé mais c’est pour d’autres raisons qu’il m’attriste plus que l’artiste devant les inepties et la lâcheté de nos adversaires, assurés de la protection ou de l’immobilisme des pouvoirs politiques et bien entendu la complicité de plusieurs médias. Ils n’ont aucun sentiment de honte, sans retenue, pour prendre les initiatives les plus perverses contre les tauromachies qu’a connues notre ancien continent depuis des millénaires avant de traverser l’Atlantique avec les découvreurs. Le Révisionnisme a toujours été utilisé par les extrémistes de tout bord pour cacher les abus et les crimes de leurs prédécesseurs quand ils voulaient améliorer leur image pour convaincre les nouvelles générations. Dans une autre phase de leurs agissements, certains utilisent même les camps de redressement pour inculquer leur bonne parole aux récalcitrants, parfois jusqu’à l’extrême. Nous assistons actuellement à un déchaînement des antis sous toutes ses formes. Surveillez-les vegans, ils sont chez nous. La conception abominable de l’exposition organisée ces jours-ci à Madrid dans le Circulo de Bellas Artes sous le titre « les autres tauromachies », n’a pour objectif que de « réviser » (faute avouée mais que nous ne devons pas leur pardonner) l’œuvre de Goya : « Goya, pionnier du mouvement anti taurin ». Rien ne les arrête puisque les pouvoirs publics leur montrent le chemin. Après avoir voulu attaquer la mémoire de Dali « fasciste » (il n’était certes pas de la pensée unique), pourquoi pas Goya anti-taurin. Je ne rentrerai pas dans le détail des errements (sans preuves) de cette organisation mais je tiens à signaler que le personnage caché sous le titre pompeux de Commissaire de l’exposition a cautionné cette affirmation « les toreros sont des psychopathes ». Pour terminer avec cette mouvance, je tiens à vous faire remarquer que les fameux « Robin des Bois » dont on nous a fait avaler en France toutes les déclarations scientifiques vertes, ne nous ont pas oubliés dans leur rapport sur les pollutions en qualifiant la tauromachie de « psychotoxique ». Comment peut-on continuer à prendre au sérieux ces gens-là ? Ils ont tout leur temps pour avancer leurs pions sans le moindre scrupule intellectuel. Je tiens à signaler à tous les animalistes de tout poil que le Pape François, qui a pourtant souvent montré son intérêt pour la cause animale, vient de déclarer qu’il était regrettable de constater que certains montrent plus de compassion pour les animaux que pour les difficultés de leurs voisins. Cette déclaration n’a pas été reprise par la majorité des médias ! Comme par hasard. Qu’ils se regardent tous sincèrement (?) dans une glace. Mais connaissent-ils la signification de sincérité et encore moins d’honnêteté intellectuelle. Seul leur objectif final compte.

Mais revenons aux grandes Ferias 2016. J’aime bien Madrid que j’ai bien connu entre 1990 et 2010. J’aime son animation, le goût de vivre des madrilènes et leur histoire. Même si j’adore Séville et sa Maestranza, je reconnais que Las Ventas est bien le centre mondial de la tauromachie et la structure qui doit rester la référence de l’intégrité de la corrida dans le monde. Malheureusement, pas toujours à bon escient, depuis quelques temps, surtout quand le public en rajoute. Certes depuis 15 ans je ne puis assister à une corrida assis dans les tendidos sol, « 3 – 5 et 7 de Las Ventas à cause d’un groupe d’extrémistes (je n’en aime aucun) qui détruisent l’ambiance par leurs sifflets anticipés pour déstabiliser certains toreros, selon leurs a priori. Je ne supporte plus leur voisinage. Laissez-le commencer à toréer selon ses critères et sa connaissance du bétail. Laissez le public faire sa propre idée. S’il ne vous satisfait pas, marquez-lui ensuite votre réprobation. Heureusement, la télévision me permet de voir et revoir en direct ou en différé les corridas de Las Ventas. Je trouve le public assez passif cette année alors que nous voyons un bétail décevant, tant par sa faiblesse, sa morphologie que par sa mansedumbre qui lui fait abandonner le combat dès que le torero lui prend le dessus. Nous assistons à nouveau à un début décevant de San Isidro 2016. « Madrid, Madrid, me pongo triste ». Heureusement, nous avons pu apprécier à nouveau les qualités hors du commun du jeune Andrès Roca Rey pour son intelligence, la maîtrise de sa technique, son assurance, sa volonté extrême de triompher digne et sans tomber dans la vulgarité malgré des adversaires compliqués. Quelle estocade sincère et engagée devant le deuxième Cuvillo qui, comme durant toute la faena, restait tête haute. Il n’y avait aucune possibilité de passer la corne et pourtant 2 oreilles triomphales. Vous connaissez les qualités toreras, le temple de Talavante que vous avez appréciés plusieurs fois sans oublier son pundonor démontré face à son deuxième Cuvillo, violent et « sin un pase ». Le Fuente Ymbro manso en tablas pour sa deuxième corrida ne présentait aucun problème majeur pour faire sa faena et conclure par une bonne estocade : une oreille un peu généreuse pour Madrid. Pourquoi une partie de la presse taurine officielle qui prolifère sur internet, s’est cru obligée d’apprécier au même niveau les prestations de Talavante et de Roca Rey, alors que le jeune Péruvien a fait l’unanimité du public et des professionnels indépendants ! Pour conclure sur les 15 premiers festejos, nous devons parler de l’impressionnante et grave blessure du jeune novillero mexicain J.D. Adame (1 oreille) et de Filiberto face à des novillos de Montecillo. De ce fait, Juan de Castilla dut en toréer 4 et montra des qualités intéressantes (1 oreille). Il faut noter en plus de Juan Bautista, très bien devant le bon Montealto qui ouvrait la Feria, les succès d’Ureña (1 + 1 oreille) toujours très courageux et en progrès qui connecta très bien avec le public de Las Ventas, notamment devant le très bon 6ème Pedraza. Plus brouillon à mes yeux devant les toros du dimanche 22 mai (Las Ramblas) où il démontra surtout une volonté exacerbée pour convaincre son public. Je souhaite le voir moins racoleur auprès du public et aussi plus respectueux de ses collègues de cartel qu’on ne laisse pas tomber à Vic face aux Victorino pour une petite cornada envainada (sous-cutanée) qui aurait pu attendre. Nous sommes plusieurs à avoir remarqué ce détail. C’est dommage car sa technique est efficace, son courage est admirable et ses épées engagées malgré deux pinchazos aux deux toros récompensés. Pourtant le public de Las Ventas a souvent montré par le passé, plus de retenue dans ces cas-là. Il ne faut pas confondre émotion (indispensable en tauromachie) et sensiblerie.

Madrid, Madrid, me desesperas de tanto mover las caderas. Se van a reir de ti. **

Pour les toros, le constat est de plus en plus préoccupant depuis le début de la temporada. Nous pouvions espérer que Madrid nous permettrait de montrer qu’il ne s’agissait que de mauvaises circonstances. Le mécontentement du public madrilène sur leur comportement décevant tant pour leur faiblesse, leur mansedumbre et même si sa morphologie est satisfaisante. Cela agit aussi sur le comportement et la volonté du torero qui voit trop souvent son adversaire abandonner le combat dès qu’il lui prend le dessus dans la faena. Le début de cette San Isidro est vraiment désolant. J’ai évalué pour le moment, un toro valable sur 6 en moyenne. Madrid, Madrid, me pongo triste.

Ne sous satisfaisons pas trop des difficultés madrilènes car la référence correspondante de la Feria de la Pentecôte Nîmoise, tant au niveau de la bravoure, de la faiblesse des toros, sans oublier le trapio est nettement insuffisante pour la première arène française. Je préfère ne pas rentrer dans le détail mais c’est vraiment préoccupant alors que Nîmes dispose d’une arène unique au monde, au passé prestigieux. Son histoire ne mérite pas ça. Reprenez-vous ! Ce n’est pas en offrant (?) deux fois le septième que l’organisation et je dirais même la Ville, vont résoudre le problème (il est vrai qu’il n’y a même pas de commission taurine et que la Ville n’adhère plus à l’UVTF). Quelle tristesse mais aussi quelle colère !
Nîmes, Nîmes, je me sens triste
.

La Feria de Vic n’a pas connu de succès évident malgré un grand toro de Los Maños dans la Concours, des Baltasar Iban intéressants mais dont 3 furent touchés par la perte de sabots, comme 3 Valdellan. Pourtant nos amis vicois avaient fait le maximum pour que leur Feria soit une réussite. Je pense que le problème ne vient pas de l’humidité des corrales (en si peu de jours) mais de conséquences d’élevages et de nutrition mal équilibrés pour accélérer l’alimentation et bien remater leur présentation. Nous avons constaté, en plus de la perte de sabots, des problèmes de boiterie, de ruptures brutales de ligaments dus à des déséquilibres alimentaires et pathologie infectieuse des onglons des sabots.

Si nous revenons sur nos terres biterroises, nous devons tous regretter le refus par les vétérinaires madrilènes du lot de Robert Margé. C’est regrettable surtout pour le ganadero mais aussi pour l’aficion locale qui attendait beaucoup de cette présentation à San Isidro, comme reconnaissance ultime de notre ville par le monde taurin. Habitué par cinq années d’organisation aux arènes d’Aranjuez (2ème catégorie), j’ai appris, à mes dépens, l’état d’esprit des membres du Collège Vétérinaires de la Communauté de Madrid, qui exercent aussi à La Ventas, leurs exigences et leur comportement intransigeant. Je n’ai pas vu les toros envoyés à Madrid au campo mais je ne suis pas surpris que, malgré les efforts des ganaderos, la majorité des toros ait pu être refusée. L’erreur me paraît venir surtout du représentant de l’empresa madrilène qui les avait approuvés quelques semaines avant. Il connaît parfaitement les critères. Cette évolution du toro de Madrid vient après l’excellente gestion de Don Livinio Stuyk jusqu’en 1970 qui créa le prestige de Las Ventas et de la San Isidro, l’arrivée de Don Manuel Martinez  Flamarique (Manolo Chopera) qui a mis les corridas de la San Isidro et de la temporada madrilène à un très haut niveau mais apporta un changement important au trapio des toros. Don Manuel Chopera, habitué aux toros des arènes du nord, donna priorité à la présentation des toros de Madrid et au choix des ganaderias. Il visitait les toros lui-même au campo une première fois, 6 mois avant la San Isidro. Il est vrai qu’il gérait en plus quasiment toutes les grandes arènes du nord de l’Espagne, plus celles du sud-ouest de la France. Il avait fait ce choix avec sa grande compétence et son autorité sur le monde taurin. Le système a donné satisfaction. Malheureusement, à mes yeux, les empresarios qui ont suivi : Famille Lozano et Martinez Uranga n’ont pas eu la force dans leur négociation avec les figuras. Les nouveaux empresarios et les vétérinaires ont confondu bascule et trapio, obligeant les ganaderos à préparer des toros moins structurés et à les engraisser en accéléré et où des 5 ans ont plus de difficultés à charger pendant toute la faena. Les figuras ont imposé un type de toros qui s’adapte mal au trapio de Madrid.

Madrid, Madrid, me desesperas de tanto mover las caderas. Se van a reir de ti.

En ce qui concerne la temporada 2016 de Béziers, nous sommes toujours dans l’expectative, même si nous avons entendu beaucoup de rumeurs pendant l’hiver et ces dernières semaines : festival taurin bénéfique, prévisions de cartels, conversations pour l’inclusion de Gaëtan Ortiz dans les cartels… Il est regrettable que les actions de l’autorité municipale ne s’appliquent pas sur le contenu de la temporada au niveau des ganaderias et de la structure de la Feria. Regardons ce qui s’est passé cet hiver à Dax, Mont-de-Marsan et Bayonne où les clubs taurins sont consultés officiellement. La plupart du temps, ils arrivent à un consensus, animés par l’intérêt de la Feria et de leur ville. Nous disposons à Béziers d’une Commission Taurine qui ne s’est pas réunie avec un ordre du jour adéquat depuis quelle date ? Nous devrions être informés après le 2 juin enfin et mis devant le fait accompli. Conservons notre alegria et nos illusions d’aficionados puisque du 3 au 5 juin La Feria des Novillades, organisée par Toros y Campo, va se dérouler à Boujan sur Libron. Nous pouvons nous attendre à des combats intéressants, avec des novillos d’encastes exigeantes : Escolar Gil d’origine Santa Coloma – Valverde d’origine Comte de la Corte, élevés en France depuis 4 ans, qui ont connu des résultats intéressants notamment lors des Ferias d’Alès 2015 et 2016.

Le novillero vénézuélien Manolo Vanegas qui a démontré son expérience lors de ses dernières sorties, annoncé aux deux novilladas avec picadors, est la base des cartels. Nous attendons avec intérêt le comportement du jeune français Tibo Garcia, espoir des sans picadors 2014 et 2015.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Édito n° 37 – Mai 2016

* MADRID, MADRID, je me sens triste de voir le bien que tu t’habilles. Ils vont rire de toi.

** MADRID, MADRID, tu me désespères de tant bouger tes hanches. Ils vont rire de toi.

Éditorial – Avril 2016

OBJECTIF PRIORITAIRE : RÉCUPÉRER LA BRAVOURE

Le Professeur Antonio Purroy Unanua a intitulé ainsi l’article qu’il a fait paraître récemment dans la presse taurine indépendante. Il nous explique les raisons du manque de bravoure que nous rencontrons trop souvent dans les élevages lidiés lors des grandes férias pour les figuras. Il nous rappelle que depuis une centaine d’années, les toreros importants ont imposé aux ganaderos une évolution qui nous a amenés, progressivement, à la situation actuelle. Ce grand aficionado, comme dans sa conférence au Musée Taurin de l’UTB le 27 février dernier, nous démontre cette évolution qui a transformé la caste Vistahermosa. Cette origine donnait aux yeux des toreros, le toro le plus complet et équilibré pour la lidia qui, après avoir été brave au cheval, arrivait à la muleta dans des conditions adéquates pour charger (embestir). L’histoire de la tauromachie est jalonnée de toros de cette caste. La branche Parladé – Tamaron – Comte de la Corte provenant de la caste Vistahermosa, a donné notamment la ganaderia du Duque de Veragua dans laquelle Juan Pedro Domecq Nuñez de Villaviciencio avait su détecter les qualités de ces origines lorsqu’il l’a achetée en 1928. Son fils, Juan Pedro Domecq y Diez, suivit son travail et sut faire briller la devise rouge et blanche qui remporta plusieurs corridas-concours. Malheureusement ses petits-fils (famille très nombreuse), ont augmenté la quantité du bétail en créant trois autres fers (Jandilla, Parladé et Zalduendo) et ont vendu à d’autres ganaderos beaucoup de vaches et reproducteurs pendant plus de 30 ans. Ils ont accepté la loi du marché et les exigences des figuras en accentuant le caractère de noblesse, dans leur sélection, vers le toro artiste… Cet élevage a donc servi de base à de nombreuses autres ganaderias, directement ou indirectement, ce qui nous amène à la situation actuelle par l’abus d’une sélection adoucissante et l’affaiblissement de la caste par ces nombreuses ventes qui accentuent la tendance actuelle du mono encaste.

Après les Fallas de Valencia, je vous avais fait part de mon ennui et de la tristesse devant le comportement de la quasi-totalité des toros de cette grande féria. Malheureusement, la dernière féria de Séville qui s’achève ne fait que confirmer la constatation antérieure et nous inquiète encore plus sur l’évolution du comportement du toro bravo, base essentielle de la corrida. Cette constatation n’est pas nouvelle mais, cette année, le début de la temporada a montré une situation catastrophique. Sur l’ensemble des corridas, l’impression générale des aficionados, tant sur les gradins de la Maestranza que devant la télévision, est l’ennui et même la colère. Ce ne sont pas quelques exemplaires (1) de Juan Pedro Domecq, (2) de Torrestrella, (1) de Daniel Ruiz gâché par El Cid, (3) de Victorino Martin, (4) de Nuñez del Cuvillo sur 12 et (1) de Funte Ymbro (excusez si j’en ai oublié), qui nous rendront notre alegria. Certes, j’ai apprécié comme tous le comportement du bon 2ème Cuvillo de Manzanares que le Maestro a été obligé de toréer vraiment, contrairement à la naïveté de son premier qui courait innocemment derrière sa muleta, sans jamais comprendre ce qu’il faisait et sans montrer l’émotion du combat que l’on attend d’un toro bravo. Au contraire, le public et les aficionados ont surtout apprécié le combat du grand toro bravo (Cobradiezmos) de Victorino Martin indulté à la fin de la faena de Manuel Escribano. Il n’était peut-être pas parfait pour les puristes qui l’ont vu escarbar (gratter le sol) d’abord avant de s’élancer pour une deuxième pique prise en brave au galop avec fixité et par la suite sur les trois premières séries au début de la faena de muleta. Au contraire, à mes yeux, cette attitude démontre encore mieux la valeur de son combat, car sa bravoure n’était pas naïve. Le fait qu’il ait su dépasser ses interrogations, la valorise encore plus. Cela valorise aussi la faena de muleta d’Escribano qui a aguante (accepté) les doutes de son adversaire au début pour recevoir ensuite muleta basse, la charge fixe, spectaculaire et vibrante de Cobradiezmos, grand toro bravo jusqu’à la fin de la faena. Le public et les aficionados de la télévision se sont réjouis spontanément de la décision du Président. Durant cette féria, nous n’enlèverons pas les mérites de plusieurs toreros dont les jeunes Pepe Moral, Javier Jimenez et surtout Andrès Roca Rey dont l’entrega, la domination et les prises de risques n’ont pas été récompensées à cause de la mansedumbre de ses adversaires mais aussi par ses échecs à l’épée face à des toros attirés aux planches. Les adversaires de Juli, Talavante et Ponce très motivés par la concurrence des jeunes, purent cependant montrer leurs qualités, contrairement à Castella, Perera, Luque … devant des adversaires décastés et faibles. Le succès un peu exagéré de Juan Jose Padilla avec ses 3 oreilles, fait plaisir à l’aficion et consacre pour l’ensemble de son œuvre le grand torero de Jerez. Par contre, les 2 oreilles de Lopez Simon restent pour moi un nouveau mystère pour consacrer une série de muleta par toro par faena, certes conclues par deux bonnes estocades. Je tiens à attirer l’attention sur Jose Maria Manzanares qui devant 2 Cuvillo noblissime pour le premier et plus racé pour le second, aurait dû obtenir deux succès plus retentissants, surtout avec ses estocades maisons foudroyantes. Jose Maria tarde à retrouver ses moments glorieux de Séville en 2011, 2012 et même 2015 devant les mêmes Cuvillo. Il n’a pas récupéré ce niveau. Les triomphateurs véritables de la féria resteront Escribano et Ureña pour leurs faenas devant les vrais braves de Victorino. Quand la vraie émotion est présente dans le ruedo, elle écarte facilement toutes les autres considérations, même celles de la faena complète de Morante de la Puebla face à son second Cuvillo. Le comportement suave et la candeur du toro ont disparu, écrasés par le talent et le métier du torero de la Puebla del Rio, très motivé par la douceur de son adversaire et sa volonté de faire oublier les 3 avis face au Garcigrande du dimanche de Pâques, alors que la temporada sévillane est son grand objectif de 2016 avec 5 corridas, d’autant plus qu’il ne sera pas à Madrid.

Depuis le début de la temporada 2016, nous avons assisté à une faiblesse chronique de certains élevages, même chez les Fraïle et les Jandilla qui nous avaient habitués à mieux. Trop de toros ont abandonné le combat lorsque le torero leur a pris le dessus. Ils sortent progressivement des muletazos avec une tendance à fuir le combat malgré la volonté et le talent des toreros pour les conserver dans leurs muletas. C’est le comble de la disparition de la vraie bravoure : se rajan. Toutes ces constatations correspondent malheureusement à l’analyse d’Antonio Purroy concernant l’évolution catastrophique de l’encaste Domecq qui envahit le monde taurin des figuras et des férias. Pourtant, notre grand aficionado navarrais, après cet amer constat, garde l’espoir. Il en appelle à la responsabilité des ganaderos mais cela vaut autant pour les figuras et même l’Aficion. Il nous dit : « y ahorra que ? Et maintenant, que faire ? Aujourd’hui on ne peut effacer d’un coup de plume l’encaste Domecq qui inonde tous les coins de la ganaderia brava espagnole, mais oui, nous pouvons demander (exiger ?) qu’ils reviennent à la voie de la bravoure, récupérer cette bravoure totale que jamais ils n’auraient dû perdre. La responsabilité des ganaderos propriétaires de cette encaste, dans leurs diverses variantes, est très importante pour le futur de la tauromachie.

Nous ne pouvons pas admettre que l’on dise que la vraie bravoure est celle d’un toro qui, après être resté invisible pendant la suerte de varas, se mette à charger dans la muleta d’une manière noble et prévisible. Cela pourrait être la vraie noblesse mais jamais la vraie bravoure. Dénonçons pour toujours cette supercherie. Un toro bravo doit faire face avec le cheval, croître sous le châtiment, répéter au moins une seconde fois, démontrer l’envie d’attaquer. Après, il doit se réveiller aux banderilles. Une fois dans la muleta, répéter les charges avec une noblesse encastée qui transmette de l’émotion sur les gradins et exige d’être dominé par le torero et finalement créer de l’art et de l’émotion. Il faut faire à nouveau ce type de toros, les ganaderos doivent y arriver et cela doit venir de la caste Vistahermosa, de la ligne Domecq, parce qu’elle est largement majoritaire dans la ganaderia brava actuelle. De plus, c’est le toro que demandent les bons aficionados et il faut arriver à ce qu’il devienne aussi celui du public en général. Les gens reviendront aux arènes uniquement si l’on voit le risque et l’émotion dans le ruedo. Les ganaderos qui se motiveront dans cette tâche, se sentiront plus authentiques en élevant un véritable toro de lidia. Les toreros aussi en sortiront bénéficiaires parce que seul l’affrontement à un toro bravo et encasté donne de l’intérêt à leur profession. La satisfaction de pouvoir se réaliser avec un toro après avoir pu le dominer et en plus créer de l’art jusqu’à donner de l’émotion au public, doit produire une sensation de joie indescriptible…Et surtout, ce qui est profitable à la fiesta brava, la récupération de la bravoure et de la caste de toro de lidia, est l’aspect fondamental pour sauver la tauromachie universelle ; ce sont tous des avantages !!

Merci Antonio pour ce texte que l’on a pu vous traduire. Sa détermination est optimiste et nous permettra d’espérer, même si ce résultat ne pourra s’obtenir vraiment qu’après plusieurs années de travail.

Suerte para todos !!!!!

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – édito n° 36

SÉBASTIEN CASTELLA HONORÉ PAR SA VILLE ET LA FCTB

DSC_0236DSC_0233Jeudi 31 mars 2016, le Maestro Biterrois Sébatien Castella était reçu au Musée Taurin de Béziers. Une foule d’aficionadas et aficionados l’attendait pour lui rendre un vibrant hommage à l’occasion de sa nomination de Citoyen d’honneur de la Ville de Béziers par son maire Robert Ménard, et de la remise du prix du triomphateur de la Feria biterroise 2015, trophée remis par Michel Bousquet président de la Fédération des clubs taurins du Biterrois et de l’UTB.

DSC_0249L’un et l’autre dans leur discours devaient remercier Sébastien Castella pour ses déclarations en faveur de la défense de la Tauromachie et du réveil nécessaire de l’Aficion face aux attaques des anti-corrida, et bien sur pour ses apports à travers son toreo à notre passion le Corrida.sebastien seulC’est très ému que l’enfant de Béziers devait s’adresser à ses amis « Il parait que nul n’est prophète en son pays et pourtant je suis là avec vous tous » . Le Maestro remercia les Biterrois, particulièrement ceux qui le suivent pour le voir partout où il combat et « ce jusqu’au au delà des océans… » « Cette distinction est un des prix les plus importants de ma vie car, bien qu’habitant en Espagne depuis quelques années, je ne peux oublier les racines profondes de la ville où je suis né, les rues où j’ai commencé à rêver de devenir torero« .

NB Radio Ciel Bleu diffusera ultérieurement plusieurs interviews réalisées sur place…

Editorial – Mars 2016

SAN ISIDRO 2016 à l’UTB

PROGRAMME SUR :   https://uniontaurinebeziers.com/annee-2016/

charvet Je m’apprêtais à communiquer l’édito du mois de mars lorsque les attentats de Bruxelles m’ont bouleversé. ABOMINABLE. J’approuve pour une fois le titre de notre presse régionale. Dégoûté, ils ont failli me faire annuler cette parution face à la gravité, mais j’ai pensé que si nous voulons rester libres, chacun à notre place, nous devons faire face aux actes ou déclarations des extrémistes et rester droit dans nos bottes pour continuer à vivre.
Avant ces tragiques évènements, j’avais prévu de montrer que malgré tout, nous aficionados, devons continuer, lucides, à croire en notre passion pour cet animal mythique qu’est le Toro Bravo que les Européens du Sud ont osé affronter. C’est donc dans cet esprit que plein d’illusion je l’ai intitulé :

ENFIN

drapeau espagne toroLa temporada européenne 2016 a commencé par les traditionnelles Ferias d’Olivenza, Castellon et Valencia. Je fais abstraction pour le moment de leurs résultats artistiques car c’est le RÉVEIL et la prise de conscience du monde taurin qui suscitent ma réaction. ENFIN, ils réagissent devant les attaques inadmissibles, absurdes mais dangereuses pour leur liberté, d’associations politico-anarco-nationalistes en Espagne qui savent s’unir a contra estilo pour nuire à la tauromachie et à la corrida en général, comme s’ils n’avaient pas d’autres priorités dans la situation sociologique et économique de l’Espagne depuis 2010.

Je ne souhaite pas dévier vers la politique politicienne mais je ne puis que constater que, par exemple, la nouvelle Pasionaria Manuela Carmona, en place à Madrid, et ses amis, ont lancé comme dans les époques tragiques traversées par les civilisations dans leurs évolutions obscurantistes, un lavage intellectuel et culturel. Ils cherchent à faire disparaître les traces des valeurs du passé comme, excusez du peu, le nom de la Plaza Salvador Dali à Madrid, suspecté de franquisme. Ce sont les mêmes qui souhaitent détruire la corrida, vestige de l’Ancien Régime. Face à ces gens-là, il était indispensable de réagir face aux accords en préparation, malheureusement acceptés par le PSOE en recherche du pouvoir perdu dans les urnes. Pauvre Démocratie. Que font-ils en ton nom ? Heureusement, notre Constitution de 1958 nous a délivrés de la proportionnelle, péril que connaît ce pays. Croyez-moi ces gens-là n’ont pas de limite dans leur comportement outrancier, encore plus quand ils sont au pouvoir. Ils l’ont prouvé en d’autres lieux et dans d’autres temps.

Depuis quelques mois, on a assisté ENFIN, à une structuration du monde taurin (Fundacion del Toro Bravo) pour faire face à l’évolution de certains pouvoirs en Espagne contre la corrida et sa culture… en les traitant comme des subversifs alors que l’histoire et la Loi espagnole sont pour eux. Le rassemblement de Valencia du 13 mars avec l’appui des toreros figuras, des empresas et des ganaderos est important. C’est la première fois qu’ils démontrent leur responsabilité et leur soutien aux aficionados qui étaient les seuls à avoir réagi, mais un peu tardivement et sans coordination. Mais ne nous trompons pas, ce n’est qu’un début dans cette lutte. Il ne faudra rien lâcher et durer. Pourquoi ne pas reprendre la même initiative à Seville, Madrid, Salamanque… Par ailleurs, j’ai déjà évoqué les intentions manifestées par les figuras d’ouvrir leurs cartels à de nouveaux matadors de toros. Ne soyons pas dupes mais considérons que, malgré tout, c’est un signe positif de leur part. ENFIN. Les anciens du G10, du G5 et du G…ont donc montré leur bonne volonté en adoubant trois jeunes dont ils ont accepté l’inclusion, parfois en mano a mano, dans leurs cartels : Lopez Simon, Andrès Roca Rey et Garrido. Je trouve cela trop limitatif, trop symbolique pour apporter un sang neuf qui bouleverserait la stagnation que nous connaissons depuis 5 ans. Vous avez certainement entendu des rumeurs locales affirmant que nos jeunes matadors de toros n’étaient pas dignes d’une arène de 1ère catégorie (même pour un Festival…). Quand le seront-ils ? Même si je fais des réserves sur le principe, je dirai que cette position pouvait être crédible si notre arène répondait actuellement aux critères exigés pour des plazas de 1ère catégorie. De toute manière cette position est absurde. On voit des confirmations d’alternative de San Isidro 2016 avec certains jeunes matadors de toros méritants qui vont faire le paseo dans cette Plaza pendant la Feria de référence au niveau mondial, avec 5 corridas à leur actif. De même Valencia introduit les toreros locaux dans les cartels des Fallas… Par contre, je suis heureux de constater la présence de Tomas Joubert (Tomasito) à la Feria d’Arles 2016 au sortir une période difficile après son alternative. C’est un bon torero et il me paraît normal que les arènes de sa ville participent à son retour. Nos espérances précédentes ne peuvent faire oublier la grande déception des corridas de la Feria de Valencia, surtout au niveau des toros, malgré la bonté habituelle du public des Fallas, aidé des voisins du Levante, lors de la corrida du 13 mars avec les Adolfo. A l’exception de 6 toros sur 36, j’ai vraiment passé des moments ennuyeux et tristes, tant pour la mansedumbre extrême de certains, que pour le manque de caste et la faiblesse d’autres. Ces ganaderias ont des noms et des histoires prestigieuses. Je préfère ne pas les citer en souvenir de leur passé, ancien et même récent, dans l’espoir qu’il ne s’agisse que d’un accident.
Heureusement, j’ai vu sans surprise, la force et la qualité torera de
Talavante, du Juli et la personnalité indéniable de Cayetano Rivera dans ce type de corridas. Ponce et Castella ont essayé de mettre en valeur leur tauromachie mais sans adversaire…  Cependant, je tiens malgré tout à faire valoir la capacité, insuffisamment reconnue, de Juan del Alamo, l’heureuse surprise du retour de David Mora, enfin récupéré de sa blessure lors de la tragique corrida du 20 mai 2014 à Madrid et, surtout, l’Exploit devant deux mansos, d’Andrès Roca Rey (3 oreilles) qui doit remporter tous les trophées de cette Feria. Il a étonné tout le monde, même ceux qui le suivent habituellement : personnalité, entrega, recours techniques et physiques, capacité d’adaptation… N’en déplaise à une certaine presse qui a essayé de limiter son triomphe. Pourquoi..? Quant à Lopez Simon, malgré ses 2 oreilles coupées aux Garcigrande, jeune torero déjà expérimenté, il ne paraît pas prêt, pour le moment, à révolutionner la tauromachie comme certains le déclaraient en fin de temporada 2015 : El Messia (le Messie).

En ce qui concerne nos arènes, nous avons eu l’annonce succincte de l’annulation attendue, du Grand Festival Taurin Bénéfique prévu pour le 23 avril qui, selon les rumeurs et les informations officielles, prévoyait des toreros de premier niveau. L’inébranlable Christian Coll a pu annoncer, ENFIN, que le 7ème Gala Taurin annuel qu’il organise avec le Club el Mundillo, aurait lieu le dimanche 3 avril avec 6 matadors de toros français confirmés, dont Tomas et Gaëtan, face aux toros de Blohorn. Ce sont des cartels intéressants puisque le matin 4 novilleros français confirmés, dont Carlos Olsina, affronteront des novillos de Blohorn (3 sans picadors + 1 piqué par Tibo Garcia). Souhaitons un beau temps et un grand succès populaire. L’occasion pour l’aficion biterroise de prouver qu’elle est bien vivante, hors des corridas de la Feria. La Fiesta Brava, comme le dit son nom, a besoin de la fête mais notre admiration pour le toro, le courage et l’expression artistique des toreros sont la base de notre passion pour la Tauromachie. Si les Ferias sont indispensables, elles ne doivent pas masquer les fondamentaux de la corrida qui doivent nous animer en dehors des cas évènementiels. Pour la Feria 2016, nous attendrons encore… Je vous invite à regarder sur internet la présentation des toros des corridas de la temporada dacquoise. Cela répond aux critères de la 1ère catégorie.

Le responsable de rédaction : Francis Andreu – Edito n° 35 – Mars 2016