Édito n°26 – Juin 2015

Après lecture de l’édito dans la rubrique « ACTUALITÉS TAURINES »,  article et diaporama sur l’inauguration du nouveau Musée Taurin du Biterrois (15/06/2015).

CRITÈRES

La corrida de toros que nous connaissons au XIXème siècle est le résultat de l’évolution en Espagne des Jeux du Toro, de son affrontement avec la noblesse à cheval et au XVIIème siècle, des combats de l’homme à pied dans les plazas, tels qu’ils apparaissent dans la Toromaquia de Goya. Plus tard, il a paru nécessaire aux maestros eux-mêmes de codifier les usages de l’arène, pour que ce combat ancestral se transforme progressivement en un spectacle moins anarchique, plus maîtrisé et plus spectaculaire qui a permis aux aficionados de mieux le comprendre. Après le maître Pepe Hillo à la fin du XVIIème siècle, le fameux matador andalou Francisco Montes « Paquiro » est à la base de cette évolution qui a pu faire dire au célèbre commentateur taurin Ventura Bagnes « tout ce qui l’a précédé, n’a été que la préparation de sa venue, tout ce qui l’a suivi, une pure conséquence de son apport ». Si l’on excepte l’apparition du « Peto » qui permit plus tard (1928) la protection des chevaux, des picadors et de la « cruzeta » pour limiter les dégâts de la pique (1992), indispensables dans un monde moins sauvage et plus sensible, toutes les autres modifications ne sont que des détails qui ne changent rien aux principes de base de la corrida.
L’aficionado a évolué dans ses sensibilités, sa connaissance, mais il est indispensable que cette partie du public, qui peut avoir des avis différents sur la corrida, reste fidèle aux CRITÈRES de base de la tauromachie :
– la bravoure du toro de combat qui ne se résume pas à une agressivité sauvage désordonnée (genio) mais sous-entend un instinct offensif pendant les trois TERCIOS ;
– le comportement du torero avec son courage, sa technique et son ambition de triompher. Son objectif est bien entendu de « tromper » le toro pour dominer sa force brute mais il est souhaitable qu’il ne recherche pas à tromper le public et la Présidence dont la fonction est de faire respecter le règlement taurin et l’éthique dans tous les aspects de la lidia du toro bravo.
Le Président, à mes yeux, sans chercher à tenir le rôle principal, doit aussi participer à l’éducation du public en résistant parfois à des pressions, qu’elles viennent des professionnels ou du public qui n’a pas suffisamment de CRITÈRES pour faciliter son jugement.
Le rôle de l’aficionado expérimenté et averti, est aussi d’aider à éduquer ce public novice par ses réactions, son comportement, ses commentaires, éventuellement ses conseils mais aussi ses silences. Certes, tous les aficionados n’ont pas les mêmes conceptions pour apprécier le combat du toro ou les agissements du torero. Et pourtant, cela nous parait évident si l’on reste fidèle aux CRITÈRES de base qui sont :
– la définition du toro bravo,
– la technique et la sincérité du torero, tant durant la faena qu’au moment de la mise à mort.
Le reste n’est qu’une nuance attachée à la personnalité, à la sensibilité, en essayant de ne pas se faire aveugler, en acceptant aussi d’évoluer car la corrida est un spectacle vivant, avec ses conséquences, depuis des siècles : l’évolution du toro, l’évolution de la technique qui s’appuie sur l’expérience acquise et transmise par les toreros aux nouvelles générations. Cela ne s’invente pas, cela se peaufine et s’adapte à la personnalité du torero, à son courage et à son expression artistique. Que les aficionados et surtout le public en général n’oublient pas que les critères, eux, n’ont pas évolué, les différences paraissant importantes alors qu’il ne s’agit que de détails. Ils causent parfois, il est vrai, des divergences importantes mais qui ne doivent pas aveugler l’aficionado averti qui doit rester lucide (difficile…).

Si nous allons à l’actualité taurine, nous ne rentrerons pas dans les détails des grandes ferias traditionnelles qui se déroulent de la mi-mai à la mi-juin en Espagne (San Isidro) et en France les Pentecôte nîmoises et vicoises. Les Figuras n’ont pas trop marqué ces ferias, soit par absence de toro, soit par la présence du vent qui peut perturber parfois la qualité des spectacles et la sérénité des toreros. Nous ne pouvons ignorer cependant la volonté de Talavante et de Manzanares malgré… Seul Sébastien Castella, très concentré sur sa profession et ses responsabilités, a démontré à la fois une maîtrise, une sérénité nouvelle dont les effets sont particulièrement positifs sur son toreo. Toutes ses actuations sont empreintes de la même classe, même devant les Adolfo inadéquats de Madrid. Seuls les jeunes toreros ambitieux : Saul Jimenez Fortes, Lopez Simon, Juan del Alamo, Joselito Adame et Manuel Escribano, qui a si peu toréé pendant 10 ans et les « Revenants » : Eugenio de Mora, Morenito de Aranda, Miguel Abellan, Daniel Lluque (malgré une épée inacceptable), sans oublier Rafaelillo pour sa faena devant les Miura, ont démontré l’importance que représente pour eux un triomphe devant un grand toro de Madrid et son public qui devient très changeant, oubliant parfois « LES CRITÈRES ».
Les figuras du G4 et leurs acolytes qui leur permettent de « remater » les cartels dans les arènes inférieures, y ont fait le maximum pour défendre leur position devant des adversaires collaborateurs et au « trapio » trop souvent « anovillado ». Ils n’ont convaincu que la presse spécialisée « collaboratrice » et les publics ridicules. A mes yeux, ils ont marqué le pas dans cette phase importante de la temporada. Nous restons très préoccupés par le comportement et les motivations de la F.I.T. (Fondation Internationale de la Tauromachie) du mexicain Bailleres et de ses collaborateurs européens, tant au niveau de la gestion de leurs arènes que des toreros et novilleros qu’ils apodèrent, avec une médiatisation et des déclarations excessives qui manquent de sérieux et que reprend servilement cette presse spécialisée.

En France, les Ferias de Nîmes et de Vic ont déçu, à de rares exceptions, tant au niveau de la présentation des toros (à Nîmes) que de leur comportement (à Vic). Par ailleurs, je reste très déçu du comportement des publics de ces deux arènes prestigieuses. Ils ignorent complètement les CRITÈRES de base de la corrida car ils les ont oubliés. Il en est de même pour certaines Présidences, pourtant certaines avaient de l’expérience (même à Vic).
En ce qui concerne Béziers, la présentation des cartels de la Feria 2015 ne suscite pas de remarques particulières. Par contre, la dernière Commission Taurine Extra-municipale a été anormalement violente par instant. C’est inacceptable. Nous reviendrons sur Boujan à la fin de la temporada pour examiner le futur de ces arènes du Biterrois.

Nous tenons à attirer votre attention sur le fait que le 15 JUIN 2015 est une grande date pour l’Union Taurine Biterroise qui, dans le cadre d’un partenariat avec la Ville de Béziers, déplace à l’Espace Riquet (7, rue Massol), le siège de l’association et y présentera les pièces de ses collections, mises en valeur dans un cadre de qualité qui devient le Musée Taurin de Béziers. Vous aurez des surprises !

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Édito n° 26 – Juin 2015