« Un empresario tiene que crear ilusion, es el Apoderado del publico. Tiene que harcerlo por aficion para que todo salga correcto, porque sin publico seria imposible… »*
Cette déclaration de J.M. Garzon, jeune empresario espagnol, a attiré immédiatement mon attention. Petit à petit, il est arrivé à s’implanter dans le monde difficile, exigeant et risqué financièrement de l’organisation de corridas. Certains lui prêtent même un futur important à Mexico, pays d’origine du torero qu’il apodère, Diego Silveti. Je suis en parfaite symbiose avec cette déclaration qui rappelle à l’empresario que, l’aficion, part active du public, est la base du développement d’une arène. Si l’empresario ne fait pas cette démarche vers le public, nous assisterons progressivement à l’extinction de la flamme indispensable à la vie de nos arènes. Manolo Chopera, grand empresario mais aussi grand aficionado, savait très bien gérer financièrement ses affaires mais il savait aussi apporter au public ce qu’il attendait de lui. Le résultat de sa puissance professionnelle sur le monde taurin, mais aussi la considération de l’aficion, démontrent le succès de sa conception enpresariale. Ses successeurs n’ont pas su suivre sa démarche et la majorité de leurs affaires a périclité. Je leur souhaite de réussir le sauvetage des arènes de San Sebastian. Ce serait dommage de perdre, face aux attaques infâmes et trompeuses de la municipalité qui a voulu nous faire croire à sa volonté démocratique pour se faire élire et pour ne suivre par la suite que sa philosophie indépendantiste (sans les armes mais plus pernicieuse). Revenons à nos empresarios taurins. Nous constatons aussi bien en France qu’en Espagne, que ceux qui ne savent pas se rapprocher du public, pour conforter un noyau dur d’aficionados permettant de créer une ambiance, une dynamique, périclitent. Je ne parle pas de la pratique trop commune du clientélisme qui consiste à s’appuyer sur un petit groupe d’inconditionnels soudoyés pour des pacotilles mais qui croient avoir du pouvoir grâce à de petits avantages. Ils n’apportent rien à la dynamique de l’aficion. Bien au contraire puisqu’ils servent uniquement que de tapadera*ou de burladero* au maître des lieux. C’est triste mais c’est ainsi que cela fonctionne notamment dans certaines grandes arènes, avec des conséquences graves pour l’avenir. Ceci n’est pas une accusation mais un Appel pour que ces gens-là comprennent que si ce n’est pas eux qui agissent, s’ils ont d’autres ambitions, leurs arènes sont en danger. Les exemples sont multiples pour confirmer le danger qui nous guette. Nous ne sommes pas là pour citer des noms d’arènes et d’empresarios mais pour rappeler au monde taurin ses responsabilités.
Des circonstances personnelles ne me permettent pas de commenter de trop près l’actualité, notamment la Feria del Toro de Pamplona. Je dois tenir compte des commentaires de témoins directs, de confiance depuis ma résidence. Malgré ce, je dois en premier m’incliner avec un profond respect, devant la dépouille de Victor Barrio, tué par la corne certera* d’un toro de Los Maños qui cloua au sol le jeune torero de Segovia (Sepulveda) découvert par le vent dans les arènes de Teruel durant la faena de muleta. Je connaissais Victor depuis sa carrière de novillero puntero* bien appuyé par son apoderado et de nombreux seguidores, Segovianos et Madrilènes. Ce jeune torero que j’avais eu l’occasion d’approcher, démontrait une amabilité spontanée et discrète qui augmente encore plus ma peine et mes interrogations de vieil aficionado. Quand je lis les déclarations exaltées de ceux qui préfèrent les cornadas de toros exigeants à celle de la terrible voltereta infligée par un petit toro mexicain au Matador de toros romantique mexicain El Pana, qui devait décéder quelques jours après, je suis désemparé. Il n’y a pas d’échelle de valeurs dans ces cas-là. Le toro tue, le toro peut tuer n’en déplaise à certains incompétents, quelle que soit son encaste. Paquirri est mort d’une cornada d’un toro de Sayalero y Bandres dans les arènes de Pozoblanco et Yiyo eut le cœur transpercé par un toro de Marcos Nuñez dans les arènes de Colmenar Viejo. C’étaient des figuras et des ganaderias accréditées. Je vous en prie, arrêtez de vous jeter des anathèmes pour savoir quel est le plus dangereux et surtout de le rechercher comme un objectif. Sachons nous réunir pour la défense de la corrida. Elle est en danger. Défendons le toro bravo et faisons face à nos adversaires.
Arrêtez vos chamailleries quand la presse française qui annonçait la mort de Victor Barrio, nous fait remarquer, comme pour minimiser le danger, qu’aucun torero n’était mort depuis 30 ans dans une arène : une première en 30 ans. Je pourrai leur énumérer les innombrables blessures gravissimes que des toreros et novilleros ont subi dans les ruedos ces derniers temps. Chers amis, c’est vous, empresas et toreros qui avez peut-être la solution. Ne la négligez pas. A nous aficionados de vous aider mais aussi s’il le faut, d’exiger de vous les solutions pour retenir le public, le captiver, lui redonner cette passion qui fera reculer les extrémistes mais aussi les politiques hypocrites. Le résultat des dernières élections en Espagne a démontré que certains aficionados, déçus par les politiciens abolitionnistes de tous bords, avaient su oublier leurs fondements philosophiques pour défendre la corrida contre les accords infâmes et contre nature, avec l’unique but de créer des majorités de pouvoir. Pour une fois, certains éditorialistes taurins espagnols ont même su mettre la jambe face à l’ignominie et les scandaleuses décisions de certains politiques sans scrupule. Tout peut arriver mais ne jouons pas avec le feu. Je ne vous invite pas à lire les blogs et les tweets scandaleux adressés par les extrémistes à l’épouse de Victor Barrio suite à la tragédie, tellement ils sont écœurants et insupportables pour tout être humain normalement constitué. De même, peu de condoléances des partis politiques hors les représentants officiels du PP. Comment des aficionados sincères et respectables dans leurs idées politiques peuvent continuer à approuver ces gens-là ? Mes amis, réagissez ! La Fundacion al Toro a décidé d’attaquer juridiquement ces comportements inacceptables des antis, notamment sur internet. Tous ces tweets sont indéfendables mais vous verrez que nous trouverons toujours quelque intellectuel fumeux pour rentrer dans ce jeu au nom de la liberté d’expression…
Arrêtons nos chamailleries. Écartons les idées extrémistes de certains de nos partisans et rejetons les marchands du temple qui galvaudent la corrida dans un seul esprit mercantile. Recentrons-nous sur nos fondamentaux : force, bravoure d’un côté, art et technique de l’autre. Vous verrez que nous serons plus forts, surtout si nous restons tous unis sans perdre notre liberté. Discuter avec eux ne sert à rien. Il faut rester droit dans nos bottes et démontrer aux pouvoirs publics que c’est sur nous qu’ils peuvent appuyer une vraie démocratie et non chez ces aventuriers d’un moment qui peuvent facilement virer à un autre extrémisme. L’Histoire en est remplie. Après trop d’années de silence et d’individualisme, l’Espagne taurine réagit enfin pour dénoncer et attaquer avec tous les moyens légaux disponibles, notamment après les scandales sur internet suite aux déclarations de certains fanatiques anti-taurins.
Petit résumé de Pamplona : une nouvelle fois les Pamplonicos de Navarre ont célébré en chantant la fin de la San Fermin ce 14 juillet par le Pobre de Mi. Ayant pu voir de ma résidence quelques encierros, il faut remarquer la vitesse et l’impétuosité des Victoriano del Rio (confirmées dans le ruedo) au contraire des Escolar où on a pu voir, chose rare, un toro qui voulait revenir en arrière. Au niveau des toreros, Andrès Roca Rey fait l’unanimité du public (5 oreilles) et des commentateurs qui progressivement, ne peuvent que reconnaître ses qualités pourtant prévisibles. Doté d’une cabeza privilegiada, n’oublions pas sa technique étonnante et son courage impressionnant, incroyables à son âge. Sébastien Castella très bien (1 oreille) a des difficultés à émouvoir à sa juste valeur le public de la San Fermin. El Juli, et Talavante ont marqué de leur personnalité cette Feria. Le drame de l’attentat de Nice que j’apprends ce matin m’a profondément perturbé. Après cela, que dire !!!!
Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Edito n° 39 – Juillet 2016
* Un empresa doit créer l’illusion, c’est l’Apoderado du public. Il doit le faire par aficion, pour que tout se déroule correctement, parce que sans public, cela serait impossible…
* Certera : qui frappe avec certitude
* Tapadera : couverture, cachette
* Burladero : le trompeur (qui permet de se cacher)
* Novillero puntero : novillero de premier rang