Édito n°17 – Septembre 2014

VU D’EN HAUT…

PALCO CULTUR TAURINE

L’Arène de Béziers est séduisante pendant la Feria avec ses gradins bien remplis. De là-haut, vous ressentez le spectacle dans des conditions curieuses : moins de pression, moins de violence et une vision globale et sereine de l’amphithéâtre. Cette sensation est accentuée par le fait que le public des derniers rangs ne semble pas participer activement à ce qui se passe dans le ruedo : il est plus détaché. Mais, ne vous y trompez pas. Il peut tout voir et même tout comprendre. Il a vu que, face à des adversaires insipides comme les Daniel Ruiz, les figuras malgré leur talent, ne pouvaient pas faire naître l’ÉMOTION qui est l’essence même de la Corrida et qui lui donne son authenticité.

Les majestueuses séries droitières « arrachées » par Jose Maria Manzanarès, couronnées de son spectaculaire « recibir », ont créé un instant de magie qui ne peuvent cacher l’ennui général. Le public a ressenti la même impression lors de la deuxième corrida où les toros se sont tous éteints après les piques trompeuses. La sortie triomphale de Sébastien Castella le récompensa pour « l’ensemble de son œuvre » : sa constance, sa volonté, sa maîtrise pour faire briller ses adversaires. La corrida traditionnelle de clôture des Miura n’a pas apporté l’ÉMOTION que l’on attend des mythiques toros de Zahariche, malgré les grands professionnels que sont Bautista, Javier Castaño et sa cuadrilla.
Seule la corrida du samedi, avec 3 matadors de toros beaucoup moins expérimentés, si elle a attiré moins de monde, a apporté l’émotion, tant au public des fauteuils qu’à ceux « d’en haut ».  Escribano avec ses prises de risques dans tous les tercios (malgré ses épées défaillantes), Galvan avec sa persévérance dans l’adversité et Cayetano Ortiz ont affronté, malgré les plus fortes rafales de vent de la Feria), un lot encasté et exigeant (à l’exception du 3ème plus abordable). Ils ont apporté cette sensation tant attendue, culminée par le triomphe de Gaëtan après sa cojida angoissante et sa grande estocade.

Cette Feria s’est terminée sans fait majeur et quittera rapidement notre mémoire, comme celle du public, si elle ne causait pas chez nous quelques inquiétudes pour l’avenir. Nous nous interrogeons sur l’évolution du public de nos arènes. Vous me direz que le taux de remplissage, que nous pouvons effectivement bien apprécier du haut des arènes, est satisfaisant (hormis la corrida du 16 août). La comparaison avec d’autres arènes du sud-est nous est favorable même si l’empresa annonce publiquement une baisse de 8 % de fréquentation en 2014 (à approfondir…).  Est-ce les effets de la crise ? Nous ne le pensons pas quand on lit par ailleurs les résultats et les louanges unanimes des Ferias de Mont-de-Marsan et Dax (lire nos éditos antérieurs et ceux de Semana Grande et Terres Taurines). En fait, à Béziers, nous perdons notre « substance » d’aficion languedocienne et provençale qui « refuse » les programmations des corridas que lui proposent nos arènes depuis quelques années. Heureusement, au niveau de la « Quantité », les efforts importants de la Ville en communication et animations, permettent de maintenir la présence du public festif pour stabiliser la fréquentation aux corridas. Nous ne voyons plus à la Feria de Béziers ces aficionados régionaux « confirmés » qui apportent leur sensibilité, leur expérience et dont les commentaires, si possible élogieux après la corrida, retombent sur notre réputation à l’extérieur. De même, les grands journalistes spécialisés et personnalités sont ailleurs. Ils étaient à Béziers il y a encore près de 15 ans. Si nous interrogeons, nous apprenons qu’ils sont à Dax, à Bilbao. On a même vu cette année des aficionados biterrois à Malaga. Les observateurs avertis connaissent les raisons de cette situation qui pèse sur l’avenir de nos arènes depuis plus de 10 ans.  L’exemple de cette année est frappant.

Nous avons regretté l’absence de toreros importants du moment : Perera, Talavante, Fandiño et… Morante qui, dans des styles différents, « écrasent » la temporada de leur classe et de leur « entrega ». Pourquoi répéter en 2014 trois ganaderias (sur 4) déjà vues en 2012 et 2013 ?  Dans ces conditions, comment intéresser ces aficionados habitués à des Ferias françaises et espagnoles de référence ?  Nous restons dans un standard « tiède » alors que nos arènes disposent de plus de 11 000 places confortables (les meilleures de France en moyenne) et d’un potentiel important de public au mois d’août. Les arènes de Béziers doivent reconquérir leur image en ajoutant la qualité et la diversité des cartels (toros et toreros) aux festivités de la Feria qui montent en puissance depuis 20 ans grâce à la Collectivité.  Il existe des solutions, nous les avons déjà évoquées dans des commentaires antérieurs. Nous laissons aux propriétaires des arènes et à la Municipalité (partie prenante indispensable au débat), la responsabilité de s’entendre afin de mettre en place un système qui pérennise, par la qualité, l’utilisation de ce prestigieux édifice inscrit dans le patrimoine de notre ville et qui sera prépondérant dans une volonté d’amélioration de l’image de Béziers à l’extérieur.

Pour terminer sur des notes d’actualités taurines plus positives :   Saluons l’initiative de la Ville de Boujan sur Libron d’avoir mis en place pour la Fête des Vendanges du dimanche 7 septembre prochain, deux spectacles taurins authentiques :
* Novillada Finale des Ecoles Taurines : 3 novillos de Robert Margé,
* 1ère Corrida de Toros avec la participation de Tomas Cerqueira en solitaire face à 4 toros de Gallon et du jeune Rejoneador Laury Tisseur face à un novillo de Gallon.
Sachons les soutenir comme l’aficion du sud-est et de la Côte d’Azur, malgré les insultes et les menaces des anti, a su se retrouver en remplissant les 10 000 places des arènes de Fréjus fermées à la tauromachie depuis 2006 (ils ont voulu démontrer leur liberté et leur attachement à leurs arènes). Ce fut une première becerrada triomphale avec notamment le jeune biterrois Carlos Olsina.

L’Aficion ne doit pas se contenter de discours ou d’intentions, car elle se conforte uniquement dans les ACTES.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREUEdito
n° 17 – Septembre 2014