MUERE JOSE MARIA MANZANARES, LA CLASE ABSOLUTA DEL TOREO
Ainsi a titré dans El Mundo du 29 octobre, Zabala de la Serna. José Maria Dolls, que nous connaissons tous sous le nom professionnel de Jose Maria Manzanares (il avait choisi « l’apodo » qu’utilisait son père, Pépé, comme banderillero), est décédé subitement le 28 octobre dans sa finca de Cacéres à l’âge de 61 ans. Jose Maria, né en 1953, fut un torero précoce. Après avoir débuté en novillada sans picador en 1969, il prit une alternative de prestige le 24 juin 1971 dans sa ville d’Alicante, des mains de Luis Miguel Dominguin avec S.M. EL VITI comme témoin, après un passage fulgurant comme novillero « puntero ». Les spécialistes lui attribuent (au total Europe et Amérique), plus de 1 700 paseos de corrida.
La tauromachie de Manzanares se caractérisait par son élégance et son classicisme. Les aficionados pouvaient être divisés dans l’appréciation de ses actuations. Certains lui reprochaient son côté dilettante, alors que ses partisans admiraient la pureté et le temple de sa tauromachie. En fait, même si ses tardes et ses temporadas ont été marquées par un manque de constance, « Jose Mari » était très exigeant dans sa préparation et dans les détails de sa tauromachie, en recherche permanente d’amélioration. Il n’était pas dilettante dans le ruedo, il était « lui » avec ses contradictions entre sa classe et sa maîtrise, mais aussi ses « faiblesses » qui caractérisaient le personnage.
On a pu dire, quand sa faena était excellente et qu’il arrivait à « cuajar » un toro, qu’il s’abandonnait et qu’à ce moment-là, il toréait pour lui-même, paraissant oublier les arènes et le public. Il ne toréait pas pour la galerie, sans artifice pour faire croire et ne se soumettait jamais à la tendance commerciale. Beaucoup l’appellent « torero des toreros » ou « figura de figuras » car Manzanares était certainement le torero le plus admiré par tous ses collègues matadors de toros, mais aussi par les novilleros et les banderilleros. Il faisait l’admiration de toute la profession. Il n’est qu’à se rappeler, le jour de sa despedida, sa sortie en triomphe de la Real Maestranza par un « coup d’état » de ses collègues réunis à Sevilla, porté sur les épaules des figuras qui « forceront » la Porte du Prince pour magnifier sa carrière.
Nous avons de nombreuses anecdotes sur Jose Maria qui démontrent les facettes du personnage, tant dans ses triomphes à Sevilla qui l’adorait, mais aussi à Las Ventas (2 sorties à hombros) malgré les a priori du 7 à son égard : faena inoubliable en 1993. Quelle émotion ! Nous nous rappellerons de cette Corrida des Vendanges de septembre 1994 à Nîmes, face aux Victorino Martin qu’il affrontait avec Rincon et Espartaco. Alors que le public émerveillé par sa maîtrise suivait avec attention sa faena de muleta, d’un seul coup, Jose Maria interrompt la faena et conclut rapidement avec l’épée sous la bronca du public surpris par ce changement inattendu. A ce moment-là, j’ai entendu un taurin historique andalou s’écrier dans le callejon « pero por que ? Lo habia resulto todo ! »(mais pourquoi, il avait tout résolu). Ainsi était Manzanares.
Dans cette triste soirée où nous écrivons ces lignes, apparaissent sur Internet les premières images de la chapelle ardente ouverte dans les arènes d’Alicante et nous pouvons admirer au-dessus du cercueil, la photo du maestro assis dans la Real Maestranza de Ronda, réalisée pour l’affiche de la fameuse Corrida Concours en solitaire de 1988, vêtu de son classique traje «grana y oro » et de son magnifique capote de paseo rouge et or sur l’épaule. « La classe ». Ce jour-là, 16 juillet 1988, avec une chaleur étouffante, il changea de traje après la mort du 3ème toro et revint en costume goyesque, plus léger, pour indulter le fameux « Peleon » de Guardiola. Quel toro ! Quel torero !
Dans notre édito de novembre, nous aurions préféré vous parler plus longuement de la Feria del Pilar de Zaragoza où Simon Casas a réussi son pari de ramener le public dans la Plaza de la Misericordia. On a pu remarquer dans le positif :
– la bonne tarde de Luque, seul contre six, surtout devant l’excellent toro de Bañuelos, confirmant sa bonne temporada 2014 ;
– la confirmation du bon moment de Ponce et surtout de Talavante devant les Juan Pedro Domecq ;
– la grande envie de Juli de bien terminer sa temporada compliquée 2014. Il a même fait un quite par « Lopezina » qu’il ne pratique quasiment plus depuis 10 ans.
Par contre, nous ne pouvons que regretter le faible succès populaire du Gala Taurin organisé dans les arènes de Béziers pour clôturer les Journées Taurines. Pourtant le cartel était intéressant : Bautista, Escribano, Cayetano Ortiz face à 3 toros de Margé et les deux novilleros locaux. Pourtant il faisait beau… *
Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Edito n° 19 – Novembre 2014
* diaporama sur ce gala en cliquant sur : http://lotaureroge.canalblog.com/albums/bezuers_19_10_14___grande_fiesta_campera/index.html