PONGANSE A TRABAJAR…
Dans ce monde qui nous entoure marqué par les difficultés et les turpitudes en tout genre, nous n’évoquerons aujourd’hui que les problèmes de la planète taurine, chaque jour plus en danger. Nous savons que malheureusement, si les adversaires déclarés arrivent à s’unir un jour, ce sera à nos dépens qu’ils le feront. Il n’y a qu’à examiner les votes des élus politiques européens pour essayer de supprimer les aides à l’élevage du toro bravo, pour voir que certains sont capables de vouloir la fin d’une race animale unique en Europe, pour détruire la corrida qui échappe à leurs critères (s’ils en ont vraiment).
Nous avons suffisamment mis en cause la médiocrité et même la malhonnêteté intellectuelle de certains médias qui désinforment l’aficionado non averti, pour mettre en valeur quand on les rencontre, les écrits ou les déclarations de ceux qui ont le courage de prendre des positions claires face aux « ronds de jambe » des représentants officiels de la tauromachie. Nous vous avons parlé en juillet, des éditos du catalan Paco March, non conformiste par essence, qui n’utilise pas la langue de bois.
Nous venons de lire le talentueux Paco Aguado, journaliste et vrai aficionado madrilène qui, dans sa chronique du 18 novembre « Desde el barrio » parue sur Al Toro Mexico.com, titre « Ponganse a Trabajar » ! Aguado était attristé de voir comment les représentants des ganaderos espagnols (UCTL) se satisfaisaient à la sortie d’une entrevue informelle avec le nouveau leader socialiste espagnol Pedro Sanchez, au siège du PSOE, qui leur avait déclaré que son parti politique respectait la tauromachie et le droit des gens d’y assister dans les arènes. « Il ne manquerait plus que ça ! Señor Sanchez que l’on ne nous reconnaisse même pas ce droit » écrit outré Paco.
Dernièrement, le même Secrétaire Général Socialiste avait effectivement pris des positions très ambigües sur les cultures taurines. Quand au PSOE, il n’a fait aucun communiqué officiel sur cette « visite ». L’éditorialiste regrette vivement que la délégation des 5 ganaderos soit sortie satisfaite de cette entrevue de pure formalité, pendant laquelle on ne leur laissa même pas faire une photo de groupe avec « l’Amphitryon ». Pour Paco Aguado, ces taurins d’aujourd’hui se satisfont d’une simple Lapalissade d’un jeune politicien pour les tranquilliser sur l’avenir de la tauromachie.
Devant les comportements si conformistes et anodins, il fait appel à toutes les forces vives du toreo (empresas, toreros et ganaderos…) qui perdent leur temps ces jours-ci « en se croisant » dans des pathétiques et apocalyptiques communiqués d’accusations « voilées » concernant notre crise et demandant, sans véritable envie, l’unité des identités du toro, reconnaissant même leur incapacité à affronter la réalité. Aguado demande aux empresas d’arrêter leurs réunions de « pleureuses », leurs conciliabules et leurs fausses alliances. Il s’adresse à toutes les entités taurines pour « sortir à la lumière » sans complexe, pour divulguer notre vérité, pour « défendre notre sincère éthique », pour nous faire respecter face au paganisme qui a converti en dieux les petits chiens pisseurs… ». Nous invitons les « hispanisants « confirmés à lire l’ensemble du texte, parfois cru, mais plein de richesses et de vérités, même celles qui fâchent. Il n’est pas possible de faire une traduction littérale du texte de Paco. Mais vous pourriez apprécier cette langue castellana imagée, pleine de nuances, lorsqu’elle est maniée avec tant de talent. S’adressant à nouveau au monde taurin : « Faites honte aux politiques flatteurs des callejons, faites taire la démagogique coleta sans postiche (intraduisible mais très imagée pour les taurins). Il reste peu de temps pour éviter les lamentations éternelles pour avoir perdu notre raison d’être ». Ce texte d’un grand professionnel lettré, résume bien la situation dans laquelle nous sommes. Ne vous inquiétez pas, Aguado n’appelle pas à l’insurrection mais, avec fermeté, il en appelle aux responsabilités du monde taurin. « Au lieu de répéter les stéréotypes, il leur revient maintenant de se retrousser les manches, de se mettre en tenue de travail, de se mouiller le cul pour lutter et pour défendre becs et ongles ce patrimoine collectif et international qui leur a tant donné et qu’ils laissent périr… ». Par contre, je ne puis me résoudre à traduire son cri final dans sa langue maternelle si explicite : «Pero háganlo ya. Queda poco tiempo para evitar el lamento eterno por haber perdido nuestra razon de ser. Ponganse a trabajar de una puta vez ! »
P.S : chez nous
Les dernières nouvelles de l’Assemblée Générale de l’U.V.T.F. démontrent la volonté de nos édiles de mettre en place une organisation qui permette de dégager une dynamique collective pour défendre la Corrida au niveau européen. Souhaitons, pour être efficaces, que les organisations professionnelles espagnoles s’y associent et que la ville de Nîmes réintègre l’U.V.T.F. qu’elle n’a quittée que pour des raisons locales.
Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Edito n° 20 – Décembre 2014