Édito n°48 – Avril 2017

OUI, ILS LE MERITAIENT BIEN…

Les générations de Biterrois qui nous ont précédés depuis la fin du XIXème siècle, ont connu des événements tragiques et douloureux avec trois guerres européennes sur notre sol, une occupation d’envahisseurs, la collaboration néfaste d’une partie de leurs compatriotes sans oublier les crises viticoles ruineuses et même tragiques parfois. Malgré ce, grâce au développement économique de notre âge d’or, aux ressources de la vigne, à leur courage et à leur détermination, ils ont su passer au travers de ces malheurs en sachant se sublimer, pour certains avec des objectifs et des réalisations de valeur. Avec des hauts et des bas, les aficionados dans leur majorité n’ont pas perdu leur passion. Bien au contraire.

L’objectif de mettre à l’honneur le souvenir de nos prédécesseurs a été atteint les 24 et 25 mars. Ils ont su créer les fondamentaux de l’implantation de la tradition taurine à Béziers, concrétisés par 120 ans d’actions de la première association d’aficionados biterrois qui, par la suite, ont su s’unir dans les moments difficiles pour appuyer la Feria.

Ces journées furent une réussite grâce à la participation de nos illustres invités venus d’Espagne, du Portugal et du Grand Sud, qui nous ont honorés de leur présence. Nous avons bien sûr regretté l’empêchement au dernier moment de notre Sébastien Castella qui viendra spécialement recevoir le grand prix « Société Tauromachique Castelbon de Beauxhostes ». Ce fut une réussite, aussi bien par la qualité du lieu choisi pour célébrer l’événement dans l’historique Théâtre Municipal (1844), que par la participation étonnante de la Lyre Biterroise. La Société Musicale doyenne fait partie de notre patrimoine culturel depuis 150 ans que nous avons fêté avec elle cette année. La nouvelle dynamique qui l’anime démontre qu’après des années difficiles, la passion, le dévouement, le talent ont pu dégager une qualité digne d’être mise en avant dans nos arènes dont elle est écartée depuis de trop nombreuses années. La Lyre Biterroise a donné à la soirée de gala des 120 ans un relief et une émotion qui étonnèrent l’assistance.

Les absents ont eu tort mais je ne leur en veux pas. Ils n’ont même pas gâché mon plaisir, celui de mes amis et des personnalités présentes, tant durant le débat qui donna la parole aux professionnels et aux aficionados, que durant l’évocation de l’Histoire de notre ville et des 120 ans animée par la Société Archéologique, Scientifique et Littéraire de Béziers et l’association Réussir à Béziers qui méritent nos remerciements et nos félicitations, sans oublier l’étonnante prestation du noteur-organiste Pierre Charial. Ce sont tous de vrais amoureux de notre ville qui sont heureux de pouvoir la mettre en avant toute l’année lors de manifestations culturelles. J’ai entendu pendant la manifestation de nos 120 ans plusieurs déclarations de personnalités locales qui appelaient les aficionados biterrois à laisser de côté les chamailleries, les jalousies, les rancœurs, le clientélisme : il fallait diviser pour mieux régner. Il faudrait constituer une AFICION forte, dynamique, spécifique de notre ville. Je me réjouis de ces discours car je le demande depuis longtemps. Il n’est jamais trop tard. Chacun doit conserver son identité, ses critères mais nous devons démontrer à la population biterroise, face aux aficionados régionaux, face aux visiteurs venus de l’extérieur pendant la Feria, que notre cité à une AFICION forte, active, participative, fidèle à son passé, qui sait se réunir pour de grandes causes. Il n’en manque pas face aux attaques les plus viles, dangereuses car virulentes, organisées et appuyées tant politiquement que médiatiquement pour des objectifs encore moins avouables. J’ai souvent appelé dans mes éditos à la vigilance et même à l’intransigeance si nécessaire, face aux comportements inacceptables et affligeants de nos adversaires, tant au niveau philosophique que de l’éthique.

Je vous ai déjà parlé des actions mises en place par les villes taurines françaises et l’Observatoire National des Cultures Taurines. Elles ont été efficaces mais les adversaires fourbissent toujours de nouvelles armes. L’initiative Esprit du Sud doit être encouragée car ces gens-là veulent faire disparaître toute notre identité, nos spécificités et nos traditions. Appuyons-la comme l’ont déjà fait les sympathisants des autres régions. Ne craignons pas d’afficher l’amour de notre mode de vie et celui de nos ancêtres pour protéger nos jeunes du standard que ce monde recherche pour leur avenir. Évoluons certes, mais respectez-nous. Il faut leur montrer que nous réagirons face à leurs manœuvres.

L’actualité taurine pascale nous a montré une bonne feria arlésienne avec les succès de Bautista, Tomas Joubert (Tomasito) et les bons moments de Talavante. Je tiens à faire remarquer que la corrida du lundi fait taire les détracteurs des toros de Pedraza de Yeltes qui avaient étonné en 2014 et 2015 dans plusieurs plazas mais qu’ils voulaient déjà enterrer pour des sorties moins brillantes en 2016. Les toros ne sont pas des machines. Leur comportement peut être influencé par des circonstances parfois incompréhensibles, tant au campo que dans les corrales. Je tiens à mettre en valeur aussi le résultat des arènes d’Aignan (32). Amis aficionados prenez exemple sur nos amis gersois d’une commune de moins de 900 habitants dans une zone rurale, qui arrivent à organiser grâce au dévouement de près de 100 bénévoles la journée du Dimanche de Pâques : une novillada avec 4 novillos sérieux et la corrida de toros de l’après-midi avec des cartels intéressants. Ils sont arrivés à fidéliser les aficionados du sud-ouest et parfois même de chez nous. Ils organisent près de 800 repas dans une ambiance gasconne agréable quand la météo le permet. C’était le cas cette année. Malgré les intempéries qui par le passé ont pu toucher à l’affluence du public, ils ont conservé leur crédibilité et leur passion pendant 25 ans. Ils méritent notre respect et nous responsabilisent encore plus. Il ne s’agit pas de copier mais de prendre des initiatives sérieuses, sans s’éparpiller, pour faire vivre notre aficion, la défendre et inciter chez nous l’organisateur et la ville à reconstruire une Feria qui corresponde aux critères de qualité et de sérieux pour la maintenir au niveau nécessaire à son succès, tant pour les aficionados que pour le grand public et notre cité.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Édito n° 48 – Avril 2017