Édito n°12 – Mai 2014

LES FERIAS REPRENNENT MAIS LE MONDE TAURIN CONTINUE… !!!

La temporada taurine 2014 suit son cours même si pour le moment, elle commence assez mollement dans les ruedos, peut-être parce que l’on dépense trop d’énergie dans les oficinas (bureaux).

A Castellon, seul Manzanares a pu confirmer son indéniable qualité devant des adversaires choisis. Même si sa tauromachie n’a pas évolué comme nous l’espérions il y a 2 ans, il reste un torero majestueux et esthétique qui a un gros impact sur le public. En plus, il domine parfaitement la suerte de matar, que ce soit a recibir ou au volapie. C’est le triomphateur incontestable de cette féria qui essaie de récupérer le niveau qu’elle a connu par le passé.
Pour la Feria d’Arles, José Mari a su utiliser les mêmes talents, malgré la médiocrité de ses opposants de Domingo Hernandez (oui cela peut arriver) et confirmer que sa prestance et son temple couronnés de deux grandes estocades, lui permettent de couper 4 oreilles et d’être à nouveau le triomphateur incontesté, alors qu’El Juli paraissait ailleurs…
Bautista a montré que le grand technicien qu’il est devenu, allié à sa volonté de se maintenir au niveau des figuras du G5 et de Castella, lui a permis de se mettre plus en valeur face à son premier Domingo exigeant que devant son second noblote et soso.
La corrida de Pereda a permis de démontrer que Joselito Adame est un torero poderoso mais qu’il doit se réhabituer au toro espagnol après une longue temporada triomphale face au toro mexicain cet hiver.
Quant à Juan Leal, il a confirmé son courage et sa volonté mais nous regrettons son recours systématique au toreo encimista de cercania dès le début de ses faenas de muleta, au lieu de faire valoir les qualités de son toro et de sa propre tauromachie.

Nous préfèrerions ne pas parler de la très médiocre corrida mixte du samedi matin mais nous nous devons de signaler la grande qualité du 5ème toro de Capea qui en fait un des seuls toros notables de cette Feria. En effet :

  • la corrida de Miura a été décevante malgré les efforts de Castaño et de sa cuadrilla et l’oreille de Savalli ;
  • la corrida de Robert Margé, de même, avec 4 toros décastés. Il faut heureusement mettre en avant le très bon 6ème pour Ureña qui coupe 2 oreilles à un toro qui méritait mieux pour exprimer ses qualités intrinsèques.

Pour ne pas parler seulement des grandes Ferias, il faut mettre en valeur les qualités d’un lot très homogène et très bien présenté avec deux exemplaires de classe de Valdefresno de la corrida de Pâques d’Aignan qui aurait du se terminer par un triomphe total si Juan del Alamo avait pu conclure ses grandes faenas avec l’épée. Résultat : 3 oreilles pour Duffau, 1 oreille pour David Mora (un ton en dessous), sans oublier 3 oreilles supplémentaires si le jeune torero de Salamanca avait su conclure ses deux actuations. Ce n’était pas des oreilles de pueblo avec une présidence gersoise traditionnellement exigeante.
Pendant ce temps, la déception est venue des deux grands rendez-vous manqués de Malaga et Sevilla. Les deux mano a mano n’ont rien permis aux toreros malgré la volonté et le talent que nous leur connaissons. Le duel historique annoncé entre Juli et Morante pour fêter le centenaire du premier mano a mano Joselito-Belmonte très bien mis en scène au niveau médiatique, n’a rien donné dans le ruedo alors que les toros étaient triés sur le volet.
Il en a été de même pour celui des toreros de Gerena, Escribano et Luque face aux Miura décevants à Séville même si Manuel Escribano a tout tenté pour renouveler son triomphe de la Maestranza en 2013 face aux toros du même élevage. Seul le premier toro de Luque paraissait avoir les qualités propices au combat tauromachique. Malheureusement lorsqu’il baissa de ton, le torero ne fit peut-être pas l’effort nécessaire pour poursuivre la faena.
Les toreros (et les empresas) peuvent tout planifier et tout faire pour que leur corrida-évènement soit un succès mais, comme dit le dicton : l’homme propose, Dieu dispose et le toro décompose.

En dehors des ruedos, le monde taurin biterrois n’arrête pas d’occuper l’actualité, malheureusement pas dans le positif. Les arènes de Béziers brillent par des commentaires dans la presse locale de plus en plus croustillants des protagonistes et nous pouvons nous attendre à de nouveaux épisodes dans les semaines et mois qui viennent.
La contagion se déplace à Boujan, il est vrai si proche de Béziers, pour des raisons différentes mais tout aussi désagréables. La décision brutale du nouveau Maire d’annuler, pour des raisons d’économie, la mise à mort dans les novilladas prévues pendant la prochaine Feria du mois d’août, étonne et heurte les aficionados du Biterrois :

  •  elle supprime tout simplement les spectacles taurins authentiques qui s’étaient inscrits dans la tradition boujanaise, après des années de travail, de persévérance, de passion et de collaboration entre la Ville et les élus ;
  •  elle donne des arguments aux anti-corrida qui se réjouissent déjà de cette décision, même si les raisons annoncées par le Maire sont d’ordre financier.

Certes, les élus antérieurs ont apparemment mal négocié des tarifs excessifs pour les manifestations taurines présentées. Malgré ce, il existait d’autres solutions que cette annonce spectaculaire :

  •  négocier de meilleurs tarifs (c’était facile),
  •  mettre en place l’organisation de spectacles de qualité supérieure et innovants correspondant à la capacité des arènes (1300 places) qui auraient permis d’équilibrer financièrement la partie taurine de la Féria en mobilisant l’aficion biterroise sur des sujets porteurs (ex : tienta-bolsin pour des novilleros et corrida de  4 toros…).

Nous sommes persuadés que ces solutions étaient rentables et pouvaient donner une nouvelle dimension à cette Féria. La solution n’est pas dans la baisse de la qualité, surtout quand on dispose d’une installation aussi fonctionnelle, tant pour mettre en valeur le spectacle que pour le confort des spectateurs. Certains villages des alentours, avec beaucoup de mérite, organisent des spectacles taurins sans mise à mort mais ils ne disposent pas d’installation capable d’accueillir des manifestations plus importantes.

Notre rôle, dans ces éditos, n’est pas d’édulcorer la situation mais au contraire, d’évoquer les vrais problèmes de la culture taurine qui a le droit et le devoir de se défendre, comme le 6 avril dernier devant et dans nos arènes, face aux antis. Les aficionados sont restés calmes et nous les félicitons de la leçon de maîtrise qu’ils ont donnée, tant à ces énergumènes qu’aux pouvoirs publics. Ce n’est pas en dénaturant la corrida, comme le nouveau projet de Boujan semble le prévoir, que nous pérenniserons notre culture et notre passion pour le toro bravo. Nous devons au contraire, chacun avec nos moyens, défendre la qualité et l’authenticité de la corrida, sans oublier son inclusion dans la partie festive qui est indissociable.

Nous attirons l’attention des élus des villes taurines et aussi des aficionados, de prendre comme exemple le résultat de Mont-de-Marsan où la concertation entre une aficion, une Commission Taurine, un prestataire, une régie municipale, a permis de mettre en place, à nos yeux, les meilleurs cartels de l’année en France pour leur Feria de juillet prochain (sur le papier). Cet exemple peut s’appliquer à tout autre système de gestion d’arènes. C’est pour cela que la décision unilatérale, sans concertation véritable, de Boujan, nous paraît précipitée et déplacée. Elle punit non seulement les actuels aficionados boujanais et biterrois, mais aussi tout ce qu’ont pu faire les anciens pour y implanter la corrida, avec l’aide des élus. Cette situation ne doit pas nous laisser indifférents.

Nous ne faisons pas de fixation sur ce cas particulier, mais il s’agit pour nous d’un exemple qui, de plus, nous touche de près. Au contraire, nous voulons rappeler globalement aux élus de notre région, leur responsabilité dans le maintien de nos cultures du Sud que certains voudraient supprimer, pour nous faire vivre dans un monde uniforme, aseptisé, avec la complicité passive de certains bien pensants.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU
Édito n° 12 – Mai 2014 –