LE PREMIER COMMANDEMENT DE LA LOI DES CORRIDAS, C’EST LE TORO
(Gregorio Corrochano)
Grand journaliste, Gregorio Corrochano, qui était présent dans la plaza de Talavera de la Reina à la mort du Maestro Joselito « El Gallo », a écrit plusieurs ouvrages et chroniques sur la corrida avec une volonté pédagogique. Par cette phrase, il voulait affirmer à l’aficion la prépondérance du toro bravo, élément essentiel de la corrida, dont nous devons comprendre l’agressivité, la bravoure et la noblesse. Nous avons déjà analysé, dans des éditos précédents, l’apparition de la corrida de toros dans ses terres de prédilection de la Péninsule Ibérique où l’évolution de l’Ures venu d’Asie Mineure était représentée il y a plus de 20 000 ans dans plusieurs grottes préhistoriques des terres du sud-ouest de l’Europe, tant en Espagne qu’en France.
Jose Carlos Arevalo nous le présente comme « un cas unique de la faune universelle, bovin génétiquement lié à l’auroch primitif ». Il a évolué « jusqu’à nos jours par l’intervention culturelle des ganaderos et s’est perfectionné en toro bravo. Ce n’est pas une race, c’est la forme absolue du bovin universel ». Cette évolution a donné un taureau sauvage, combatif, que l’homme qui le côtoyait a affronté depuis des siècles dans les fêtes locales et dans le campo espagnol. Plus tard, dans les enceintes fermées des plazas et au campo, il sera appelé « Toro Bravo » ou « Toro de Lidia ».
Ce combat réservé entre le XII et XVIIème siècles à la lance des nobles seigneurs à cheval, s’est modifié après les interdictions royales. Il a été revendiqué par les hommes à pied du campo et des pueblos. Cet affrontement mortel s’est implanté malgré ses adversaires institutionnels, tant dans le monde de l’église chrétienne (Bulles Papales) que du pouvoir royal. De nos jours, la transformation de certaines philosophies et des pouvoirs politiques locaux et nationaux, a changé cette attitude en un véritable affrontement, malgré les reconnaissances légales et juridiques. Leurs objectifs sont variables suivant les intentions primaires de leurs penseurs, intellectuels ou politiciens.
Dans l’édito précédent, j’ai déjà montré ces diverses attitudes de nos adversaires suivant leur situation dans le monde et, de nos jours, leur volonté de détruire les actions ou pensées des civilisations antérieures. Il est regrettable et même inacceptable que dans différents pays où l’histoire de la corrida remonte à plusieurs siècles, les tenants du pouvoir politique veuillent détruire la corrida ou supprimer la suerte suprême. C’est ainsi que dans les arènes de Quito, le Président gauchiste Rafael Correa utilisa abusivement une consultation populaire inadaptée pour supprimer la mise à mort dans la capitale ( ?). Cette décision aboutit à la disparition de la corrida dans ces imposantes arènes de 15000 places qui se remplissaient pour la grande feria Ibero-Américaine. Accusé de malversations, il s’est réfugié en 2020 en Belgique qui ne veut pas l’extrader. Ce procédé est utilisé par d’autres tenants politiques du Bolivarisme (1), des pays d’Amérique du Sud qui cherchaient dans un premier temps à supprimer la corrida dans les capitales où la population est d’origines diverses alors que les populations dans les autres villes, avec une présence d’origine indigène, y sont favorables.
Ils sont adaptés à cette tradition et moins soumis aux médiatisations nouvelles. C’est le cas à Caracas au Vénézuela, à Bogota en Colombie et même au Mexique où des attaques récentes sont apparues contre l’activité taurine à La Mexico, plus grande arène du monde. Seul le Pérou avec Lima connaît une aficion plus active.
Cette attaque est officiellement motivée par les tenants de la culture précolombienne qui veulent combattre les activités venues des nations colonisatrices à partir du XVIème siècle (Espagne et Portugal) (Conquistadores (2))
C’est dans cet esprit que la nouvelle Présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, d’origine d’Europe Centrale et de parents ayant fui le nazisme en 1942, veut lancer une étude sur l’intérêt du maintien de la mise à mort dans la corrida de toros. Quand on connaît la longévité (500 ans) et l’importance de la corrida au Mexique (Hernan Cortes 1529), cette initiative est déplacée. Il faut noter que le Roi d’Espagne, Felipe VI n’était même pas invité à l’investiture de la Présidente. La majorité présidentielle du Parti Morena est traitée de véritable dictature par l’opposition qu’elle qualifie de la couleur « guinda » (griotte). La réaction du monde taurin mexicain à cette annonce a été importante ainsi que celle des populations indigènes car, 200 ans après leur importation au Mexique, les toros étaient déjà intégrés par la culture autochtone. En fait, c’est le véritable objectif des mouvements animalistes et wokistes alors que la lutte contre les « narcos » devrait être primordiale notamment dans l’Etat de Mexico connu comme un des plus violents du pays.
Si nous revenons en Europe, il est évident que les arguments animalistes ne sont pas crédibles. Celui de la « torture » est inacceptable car elle n’a jamais été, même dans l’Antiquité, la motivation du peuple étant l’admiration de cet animal prestigieux, toujours honoré par nos populations du Sud. Dans la corrida, le toro est glorifié notamment par les toreros qui veulent le conserver dans les meilleures conditions pour le mettre en valeur et triompher avec lui. Il en est de même pour la « cruauté » qui est un sentiment indigne que le monde taurin dans son ensemble est incapable de ressentir dans les arènes vis-à-vis du toro. Il est regrettable que le monde écologiste sincère ne veuille pas voir les qualités positives de l’élevage du toro bravo dans la nature. C’est un exemple écologique adéquat à sa structure idéologique qui maintient en Espagne un habitat de 500 000 hectares de haute valeur écologique. Ce sont de véritables puits naturels de carbone qui captent et stockent le CO² de l’atmosphère.
Le seul élément « négatif » qu’ils peuvent reprocher aux élevages de toros c’est l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre (méthane et dioxyde de carbone) des ruminants. Cela ne me paraît pas vraiment sérieux par rapport aux autres effets négatifs de l’activité humaine globale. Si tous les écologistes voulaient conserver un minimum d’honnêteté intellectuelle dans leurs jugements préjudiciables à la corrida, ils devraient prendre en compte :
– que la tauromachie élève le beau au sublime, corrige la tragédie et fait face à la mort pour la vaincre ;
– que l’interdiction de la corrida entraînerait l’extinction de cette race d’animal unique.
Quant aux antis qui déclarent des allégations mensongères sur les corridas en France, notamment sur le coût financier pour la société, ils ont été déboutés récemment par la Chambre Régionale des Comptes d’Occitanie. Après cette étude qu’ils avaient sollicitée pour démontrer d’autres « nuisances » de la corrida, les magistrats ont conclu à un soutien modeste des collectivités locales, contrairement à de nombreuses activités culturelles. Surtout lorsqu’on les compare globalement en France aux aides que l’Etat apporte à la grande majorité des activités culturelles, notamment à un cinéma français bancal depuis près de cinquante ans.
J’ai voulu faire cette synthèse du toro et de son combat mortel avec le torero, face à l’adversité des animalistes et des nouveaux écologistes alliés du wokisme dans laquelle nous devons vivre avec notre passion et notre tradition.
Le monde taurin a vécu pendant des siècles avec des pratiques de ces époques que le monde nouveau n’acceptait plus. Depuis le début du XXème siècle il a cherché à modifier certaines dispositions extrêmes de la pique. Vous pouvez voir au Musée Taurin de Béziers les différentes piques qui ont évolué depuis 200 ans jusqu’à la « cruzeta » et le « peto » qui protège de nos jours les chevaux des picadors. Cette protection s’est améliorée depuis 50 ans et aujourd’hui avec la nouvelle pique, avec sa pyramide à 4 faces qui devrait améliorer encore son effet sur le toro brave pendant l’assaut sur la cavalerie.
Cette analyse nous amène au constat que les attaques anti corridas que nous subissons tant en Espagne qu’en Amérique du Sud, relèvent plus du pouvoir central, de quelques animalistes et penseurs gauchistes (Verts dehors et Rouges dedans).
Je me reconnais parfaitement dans la déclaration d’Ernest Hemingway après sa première feria de Pamplona « La corrida n’est pas un sport, c’est une tragédie ». Elle n’a aucun sens si ce combat est affronté sans risque qui peut entraîner la blessure et même la mort, même si bien sûr on ne les espère pas. Référez-vous au dessin de Lascaux où l’homme avant de mourir blesse l’auroch (bison) à mort.
Je me devais de rétablir la vérité, ma vérité, face aux déclarations mensongères avec lesquelles ces gens-là ont perverti tout le monde médiatique dans nos pays.
Nous parlerons plus tard des premières Ferias européennes qui ont commencé en Espagne à Valdemorillo et à Olivenza, avant les Ferias majeures de Valencia, Castellon, Séville, Arles… Les cartels 2025 de Béziers sont marqués par la présence de Sébastien Castella dans les affiches des trois corridas pour ses 25 ans d’alternative. J’en suis d’autant plus satisfait que j’aie eu la chance et l’idée d’organiser sa première novillada à Aignan en 1997. Il faut espérer que cette Feria soit médiatisée à la hauteur de l’évènement. Les toros de Margé seront absents cette année à Béziers avec 3 corridas présentes dans les Ferias importantes françaises d’Arles, Dax et Nîmes. Je suis confiant sur la corrida des toros de Pedraza de Yeltes qui ont marqué les ferias de Béziers en 2018 et 2019.
(1)Simon Bolivar né le 24 juillet 1783 à Caracas, fils d’une riche famille aristocratique installée en Amérique du Sud au XVIème siècle. Il fait le tour de l’Europe pendant sa jeunesse où il suit les philosophes et les « lumières » en France et plus tard aux Etats-Unis. Il rejette l’administration sociale de l’Espagne en Amérique Latine. En 1813, il entreprend un long combat pour l’émancipation des colonies sud-américaines et se bat pour leur indépendance. Plus tard en 1999, Hugo Chavez au Vénézuela revendique l’héritage du Héros de l’Indépendantisme Simon Bolivar dont on retrouve la trace dans les discours « chavistes » avec une teinte gauchiste alors que Simon Bolivar avait une volonté inébranlable de son image de LIBERTADOR. Hugo Chavez utilisait souvent dans ses 4000 discours « Decia yo Digo ».
Malgré ses appels permanents au « Bolivarisme » (Bolivariens), le discours de Chavez a une tendance politique plus révolutionnaire que Simon Bolivar d’origine bourgeoise, plus influencé par l’évolution des idées et par la libération vis-à-vis de l’Espagne. On ne retrouve aucune référence à la disparition de la corrida déjà intégrée dans la plupart des pays latino-américains.
(2)Conquistadores : Après la découverte des Amériques par Christophe Colomb le 12 octobre 1492 à l’île de Guanahani baptisée San Salvador, il continua la reconnaissance des Antilles et de l’Amérique Centrale avec plusieurs voyages aller-retour. En 1502, les Rois d’Espagne ont permis à des Conquistadores d’annexer d’autres territoires. Hernan Cortes est le plus connu. Parti de Cuba avec 200 soldats, leurs mousquets, leurs chevaux et 100 marins, il arrive au Yucatan en 1518 et s’impose aux Mayas.
Les combats contre les Aztèques furent violents jusqu’à la prise de Mexico. Hernan Cortes amène des Toros et la corrida au Mexique. La première corrida eut lieu le 15 août 1529, jour anniversaire de la reddition de Tenochtitlan (nom Aztèque de Mexico).
Les Conquistadores vont continuer à s’approprier plusieurs territoires d’Amérique du Sud amenant la culture de la Corrida de Toros en Colombie, Pérou, Equateur…
Le responsable de rédaction : Francis ANDREU