Édito n°16 – Août 2014

MALAISE – EL MALESTAR !

 Nous annoncions dans notre éditorial du mois de mai dernier que les cartels de la Feria de Mont-de-Marsan 2014 nos paraissaient les meilleurs de France,  résultat d’une véritable concertation entre l’Aficion, la Commission Taurine, le Prestataire et la Régie Municipale. Bilan : pour la Feria de la Madeleine 2014, les arènes de Plumaçon (plus de 7000 places) ont enregistré 5 pleins (no hay billetes). Mont-de-Marsan est une commune de 35 000 habitants, avec une agglomération de 65 000, préfecture du département des Landes (365 000 habitants), soit moins de 40 habitants au km². Cela démontre que l’on peut encore espérer plus de monde aux corridas avec des cartels qui correspondent aux goûts du public. Nous nous réjouissons de cette situation.
Par contre, la suite de la temporada après San Isidro est tiède. Ce ne sont pas les pleins de Pamplona et les magnifiques encierros courus et médiatisés dans le monde entier qui nous feront oublier le « malaise » que nous avons ressenti devant les écrans en direct. Ce n’est pas la dimension des cornes qui démontre la bravoure, le danger et donne de l’émotion (voir les Adolfo Martin du 13 juillet). Certes, nous savons tous, grâce aux encierros, que les toros ne tombent pas pour la San Firmin. Malgré ce, l’ennui était présent pendant les faenas, même si la bonté excessive du public Pamplonico (soleil et ombre confondus) et des Présidents a permis l’octroi de trophées que le comportement des toros ne justifiait pas (à de rares exceptions). Les toros doivent être choisis dans le type de leur encaste et non pour le « développement » exceptionnel de leurs armures.

Les ferias de juillet ont montré quelques moments intéressants. Par contre, le « malaise » a de plus en plus atteint le monde taurin, même ceux qui en sont à l’origine. Ecoutez et regardez les dernières déclarations de Talavante et encore plus celles du Juli sur les sites internet. Ils ne se cachent plus tellement la situation est évidente. Ils reconnaissent et vivent mal ce malaise (c’est vraiment « l’arroseur arrosé »). Quand 2 ou 3 toreros font tout pour se partager le monde taurin, il ne faut pas s’étonner si, malgré la saine concurrence qui a toujours caractérisé le toreo, l’amitié disparait. Ils ne savent plus s’ils se haïssent et ils ne se considèrent même plus. Les figuras ne comprennent plus qu’ils fassent moins rêver le public.

Ce n’est pas le comportement insupportable de Mundotoro dans ses annonces dithyrambiques sur les « classes practicas », les commentaires excessifs, même pour les novilleros ou jeunes matadors adoubés par les « oficinas » au pouvoir, qui vont nous faire oublier la réalité. Les sites internet spécialisés titrent sur une oreille coupée par tel ou tel mais oublient que la rançon de ce système vient des images, même sélectionnées, qu’ils mettent sur la « toile ». Ils ne peuvent plus nous raconter n’importe quoi.

Certains s’en sont rendu compte au point de ne pas présenter les images des faenas, d’une tarde de 4 oreilles, se contentant de les illustrer par des fioritures non représentatives. Il est insupportable d’écouter un commentateur télé, après qu’un torero ait coupé sa première oreille, qui n’attend plus que son deuxième adversaire pour lui voir couper le deuxième trophée qui lui permettra de sortir en triomphe. Il en oublie parfois de parler du reste de la corrida en se contentant de cette potentielle « puerta grande », comme on attend un score de football. Il se désintéresse du reste pourtant ce n’est pas son rôle ! Les effets se produiront au fur et à mesure du déroulement de la tarde. Nous ferons les comptes à la fin.
Nous ne sommes pas négatifs mais lucides. Lorsque nous voyons la faena de 2 oreilles du sévillan Pepe Moral à la Réal Maestranza, nous nous réjouissons que ce jeune torero réapparaisse dans l’actualité, alors que la majorité des commentateurs et des professionnels l’avait déjà enterré. Nous sommes aussi enthousiastes devant la faena (cape et muleta) d’Alejandro Talavante à Huelva, plus pur et relâché que jamais. Je vous conseille quand même les éditos indépendants dans certains sites taurins globalement devenus insupportables. Il faut savoir les chercher dans « Burladero.es » ou même « Aplausons.es » On peut parfois en trouver. Juan Belmonte sur Aplausos.es du 1er août a titré « Requiem pour les apoderados » : « Je ne comprends pas bien ce qui se passe et comment cela se passe. Ce qui est clair, c’est que les apoderados de toujours sont une espèce en voie de disparition » (voir notre édito de février 2014). C’est simple. Tout se passe dans un bureau qui, avec ses satellites, régit l’ensemble de la temporada du monde taurin. Dans ces conditions, à quoi sert l’apoderado ?

Dans cette ambiance morose, il faut se réjouir qu’en France, nous enregistrons des points positifs : l’élevage de Robert Margé a sorti plusieurs toros intéressants à Palavas, Arles et Istres. De même, les toros de Gallon ont permis aux jeunes toreros de briller à Mauguio. Il faut également noter la prochaine présentation à Madrid des novillos de Dos Hermanas (Laugier) qui ont montré de bonnes dispositions dans plusieurs arènes. Nous assistons aussi à des nouveautés avec la corrida du 10 août à Palavas et la 1ère Feria des Vendanges du 7 septembre à Boujan avec une novillada sans picador de Robert Margé et la 1ère corrida formelle dans ces arènes où Tomas Cerqueira se présentera seul face aux toros de Gallon. Seules les arènes de Bayonne (est-ce le Pays Basque ou la date ?) nous inquiètent : 2000 personnes pour la corrida de Feria du 9 août.
La Feria de Béziers est à notre porte. Soyons nombreux dans les gradins des arènes du Plateau de Valras, que les toreros triomphent avec des toros braves et que la fête continue…

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU
Édito n° 16 – Août 2014