ET MAINTENANT QU’ALLONS-NOUS FAIRE ?
NOUS NE POUVONS PAS EN RIRE POUR NE PAS PLEURER !
Les exigences qui me bloquaient à l’hôpital ne me permirent pas d’assister et de participer à la Feria 2016. D’où mon intérêt supplémentaire pour 2017. Pendant l’intersaison, tant la presse locale que la Fédération des Clubs Taurins manifestaient publiquement la nécessité de rénover les cartels de la Feria de Béziers pour lui redonner intérêt, passion, émotion, en particulier au niveau des toros. L’annonce des cartels de 2017 a suscité un intérêt de la Commission Taurine et de l’aficion en général, tant au niveau du choix des élevages, notamment avec le retour des Victorino Martin, que celui des toreros aux cartels qui présentaient pour la plupart un intérêt évident, même si celui des Victorino ne me paraissait pas adapté à la ganaderia et à son encaste. Nous avons appris par le bouche à oreille que les commentaires de la Commission Taurine portaient sur les lots de Cuvillo et Garcia Jimenez qui étaient desiguales et sur celui de Miura qui était d’une présentation inférieure à celle des corridas lidiées par les ganaderos de Zahariche depuis 20 ans à Béziers. Le communiqué officiel de la Commission Taurine ne parut pas dans la presse ? L’absence imprévue de Manzanares blessé, enleva à la première corrida l’intérêt du mano a mano entre deux figuras des toros : Castella et Manzanares avec la présentation à Béziers de la jeune rejoneadora française prometteuse : Léa Vicens. Cette défaillance inattendue fut malheureusement les prémices de nombreux autres désenchantements. La présentation de 2 des Cuvillo, leur faiblesse et l’absence de caste de l’ensemble enleva tout intérêt (malgré les oreilles) à la corrida. Tout le public s’ennuyait. Il fallut que le comportement violent du 6ème donne l’émotion à l’après-midi grâce à Sébastien. Certes sa sortie en triomphe n’était pas autorisée par le nouveau règlement taurin biterrois qui exige que le torero coupe 2 oreilles au même toro pour sortir par la grande porte. Ce nouveau règlement me paraît déplacé pour notre plaza de toros. La nouvelle Commission Taurine qui l’a décidé en 2014 me paraissait déjà avoir d’autres problèmes et priorités pour l’avenir de nos arènes. Cela n’excuse pas le fait que certains aient initié et permis cette infraction dans le callejon à la fin de la corrida. C’est inacceptable car ils connaissent le règlement.
La corrida de Garcia Jimenez d’origine Jandilla confirma dans sa majorité les qualités de l’encaste Domecq : mobilité, charge, noblesse mais le trapio indécent des 2ème, 4ème et 5ème (malgré les poids annoncés), enleva de l’intérêt à la tarde. Il fallut un bon 6ème d’un trapio décent pour permettre au jeune Roca Rey de réveiller le public et de couper deux oreilles malgré une estocade caïda mais efficace. La vuelta al ruedo au toro me parut exagérée mais permit au public de terminer la corrida dans une alegria inespérée. Remarque : malgré un cartel de qualité, la fréquentation des arènes fut sensiblement inférieure à celle de la veille pourtant handicapée par l’absence de Manzanares (- 2000 ?).
Que dire des toros de Victorino dont nous attendions tant : les 3 premiers démontreront une faiblesse inattendue qui enleva tout intérêt à la première partie de la course. Le 4ème aurait pu être valable s’il avait eu plus de moteur. Escribano qui avait très bien banderillé le 1er, sut tirer quelques séries intéressantes mais ses échecs à l’épée terniront la fin de son actuation. Les 5ème et 6ème présentaient un intérêt. Le violent et temperamental 5ème aurait pu permettre une faena certes difficile, mais avec de l’émotion comme celle que j’ai décrite dans l’éditorial du mois de mai une bravoure d’un autre temps qui faisait référence à la lidia et au combat entre Antonio Ferrera et le 4me Victorino Martin à la Feria 2017 de Séville. Tout y est si vous voulez le relire. Mais il aurait fallu des qualités physiques et une capacité technique adaptées, comme celles de Ferrera, pour envisager de l’affronter réellement, ce qui ne fut le cas à aucun moment. David Mora n’avait confiance ni sur son physique, ni sur sa technique pour essayer. Quant au 6ème, il avait une qualité évidente sur le côté gauche pour transmettre la maîtrise et l’émotion mais Medhi Savalli toréait le 14 août sa première corrida de l’année !
Quant aux Miura, la présentation et le comportement dans les corrales faisaient craindre une corrida faible. Ce fut un ersatz de Miurada même si les sobreros (3) ont permis deux faenas (notamment le 6ème). Je regrette que durant toute l’après-midi, il y eut un malaise permanent entre Bautista (torero que j’aime bien) et le Président. Le comportement de Jean-Baptiste apparemment basé sur des malentendus, me choque. Il ne doit pas être accepté, tant pour le respect du public, de nos arènes, que de l’Autorité. Il en dépend de la défense de notre identité : Aqui es Béziers.
Ce résumé démontre que la situation de nos arènes est très préoccupante : présentation des toros d’élevages prestigieux nettement insuffisante pour ne pas dire plus. Certains me demandent parfois le prix d’un lot de toros de corrida. Je réponds que les lots de toros d’une ganaderia reconnue peuvent être comparés aux automobiles. Dans les gammes des marques, vous en avez à tous les prix, suivant la puissance du moteur, la carrosserie et les accessoires… C’est simpliste mais cela me paraît réaliste et facile à comprendre.
Pour conclure, il faut avoir le courage et la lucidité de dire et d’écrire que nos arènes ont touché le fond en 2017 et cela risque de s’aggraver car le public fidèle, sans être vraiment aficionado, s’interroge sur sa venue prochaine aux corridas dans nos arènes. Je l’ai entendu plusieurs fois sur les gradins et dans la rue pendant la Feria. Les Biterrois intéressés ou impliqués doivent démontrer leur volonté de changement : la situation s’aggrave progressivement depuis le début des années 2000. Cela va continuer si des mesures importantes ne sont pas prises car nous allons constater les conséquences inévitables sur la Feria : taurines et festives. Elles concernent les propriétaires actionnaires des arènes pour le maintient du prestige de leur monument (120 ans), la Municipalité et le Maire responsable règlementairement du déroulement des corridas dans sa ville et enfin les aficionados et les clubs taurins. J’ajouterai même le monde économique rattaché notamment au tourisme et au commerce en général qui doit se motiver pour la défense de l’image de la Feria qui va fêter son 50ème anniversaire en 2018.
L’organisation est bien entendu un élément majeur pour relever notre Feria. L’Etablishment biterrois et le tissu socio-économique bien spécial de notre ville ne doivent pas ignorer ce recul. Cela prendra un certain temps pour recréer l’ambiance des années 80-90. Certes les corridas ne sont pas un problème majeur pour eux mais le symbole historique des Arènes et la Feria SI. Il y a des solutions mais elles demandent de la lucidité et des décisions courageuses. Béziers l’a déjà fait pour sortir de ses crises au niveau des arènes, d’autres l’ont fait, d’autres le font. Il ne faut pas écarter au préalable les solutions qui paraissent difficiles.
Prochain rendez-vous : Feria des Vendanges de Boujan sur Libron – Paseo à 18h
Samedi 2 septembre – Corrida Charra avec 4 toros des Frères Gallon pour Roman Perez et Michelito
Dimanche 3 septembre – Corrida concours de ganaderias pour Jérémy Banti et Cayetano Ortiz
Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Edito n° 52 – Août 2017