« SALUT, SALUT, ÇA FAIT LONGTEMPS QU’ON SE CONNAÎT »
Ces premiers jours de la nouvelle année me laissent nostalgique de notre passé. J’écoutais Michel Sardou dans son succès symbolique SALUT, dans lequel je retrouve des sensations qui me sont propres dans un monde qui me laisse toujours plus circonspect, avec un horizon incertain. Comme lui, je vous lance ce cri :
SALUT, SALUT
Je suis venu vous dire Salut
Et puis merci d’être venu (de m’avoir lu)
Une autre année, un autre endroit
Adieu jusqu’à la prochaine fois
SALUT
J’ai choisi cette strophe de Sardou sur la fin de sa carrière où l’on retrouve la mélancolie du contact avec ses fidèles. Elle me parait correspondre à mon état d’esprit nostalgique dans ces moments traditionnels qui auraient du apporter tant d’illusions au début d’une nouvelle année.
Je n’y arrive pas même si vous savez que je suis toujours prêt à me battre pour mes idées. Je pense avoir tout dit depuis longtemps et les lumières que j’attends ne s’allument pas. Heureusement, j’en ai gardé une pour moi précieusement. De nos jours, il ne vaut mieux pas parler de ceux qui nous gouvernent. Je ne puis que dire qu’ils me désolent. J’ai toujours évité de mêler notre association aux guerres politiques pour garder notre indépendance. Vous me direz arrête de pleurer ! Nous t’avons connu plus vaillant. Certes, les conséquences des conditions sanitaires sont en partie à l’origine de mon blues, surtout quand la majorité du peuple taurin reste en place dans les plazas majeures, avec leur immobilisme classique. Nous pouvons démontrer que ce combat né depuis l’Antiquité entre l’Homme et le Taureau sauvage ne peut s’éteindre par la volonté de certains nouveaux penseurs sous des prétextes divers incohérents qui vont de motifs politiques à des discours inadaptés d’écologistes et de végans. Cet affrontement avec le taureau a évolué depuis près de 2000 ans quand des hommes exceptionnels ont voulu dans les terres du sud, affronter en public cet animal puissant et agressif qu’il avait appris à admirer dans des combats pour sa vie et la subsistance de son groupe. J’estime que la corrida a encore un avenir si les hommes qui la dirigent, les pouvoirs publics, les associations d’aficionados, les organisateurs, les éleveurs, savent lui maintenir son intégrité. Quand je vois le jeune Marco Perez (12 ans) sortir en triomphe sur les épaules de César Rincon à Manizales, je peux dire les toreros eux seront là comme dans les écoles taurines.
En France, j’en appelle aux élus de nos villes taurines. Même s’ils font appel à des organisateurs professionnels, ils doivent s’appuyer localement sur des aficionados connaisseurs et intègres qui aiment leur ville et la tradition qui a marqué l’histoire de leur cité depuis près de 200 ans. Le grand aficionado Claude Pelletier a su écrire dans son « Histoire des arènes de Bayonne », que la participation active de l’aficion locale est indispensable, tant pour concevoir des corridas adaptées à leur ville que pour la défense de leur intégrité. Il savait de quoi il parlait. Les villes de Dax, Céret, Vic et Bayonne ont déjà annoncé le choix de leurs toros et même certains cartels pour 2022. La présence des aficionados est encore plus nécessaire aujourd’hui pour faire pression sur les empresarios qui sont devenus souvent des apoderados de toreros. Vous avez certainement remarqué qu’ils utilisent les échanges avec d’autres professionnels pour compléter les cartels, même si ces accords mercantiles donnent souvent des résultats décevants, tant pour l’image des arènes que pour le déroulement et le succès des corridas. Ils utilisent trop souvent nos arènes pour faciliter leurs négoces, toros et toreros. Je fais une exception pour le grand Manolo Chopera disparu il y a 20 ans. Il savait organiser, dans ses intérêts professionnels, tout en pensant aux arènes et aux aficionados locaux. Certaines municipalités n’ont pas manqué de sanctionner les commissions taurines et leurs collaborateurs professionnels défaillants pour défendre l’image de leurs arènes et la vérité de leurs racines.
Pouvons-nous rêver d’un retour à la normale après les élections des mois d’avril et juin prochains ? Cette année, les organisateurs disposent d’un choix important de toros et de toreros pour nous faire revivre des moments passionnants. Ils n’auront pas d’excuses. Je suis surtout inquiet pour tous ces jeunes novilleros qui ont si peu toréé depuis près de 3 ans. On peut considérer qu’il y aura cette année sur le marché, trois générations de ces jeunes méritoires et passionnés.
Nous connaissons bien chez nous les cas de Carlos Olsina et du Chiclanero-Biterrois Christian Parejo qui a été blessé au moment de sa préparation mexicaine et de ses débuts intéressants en Espagne.
Il a perdu plus de 10 novilladas avec picador qui lui faisaient espérer une temporada décisive pour son avenir immédiat. Il est indispensable que ces jeunes passionnés soient restés confiants pour obtenir une alternative avant la fin de l’année ou même au début 2023. Je n’en reste pas moins soucieux.
Notre Union Taurine Biterroise prépare de son côté une temporada de qualité, tant au Musée Taurin qu’au campo avec un projet de déplacement prestigieux en Espagne. Je laisse à la présidente le soin de vous la présenter dans le détail lors de notre prochaine assemblée générale. Vous devez penser que j’ai déjà retrouvé la flamme de mon aficion. En fait, je garde confiance tout en étant lucide, car j’ai vécu tant de joies mais aussi tant d’histoires douloureuses dans la vie de nos arènes et de nos associations d’aficionados biterrois depuis plus de 50 ans. C’est dans cet esprit que je nous souhaite à tous une temporada 2022 excellente.
Je rêve après toutes ces années car je pense encore à nos folles organisations passées mais aussi à nos propres désillusions. Nous avons su y faire face en maintenant le patrimoine légué par nos anciens que nous avons su conforter et mettre en valeur. Restez déterminés comme Sardou qui a su résister tout au long de sa carrière au comportement injuste à son égard de l’intelligentsia. Il a su faire face avec succès, persévérant dans ses adieux sans écouter les sirènes de la facilité.
Comme lui, je vous dis : SALUT
Et même si on ne s’est pas toujours compris
Restons unis pour défendre nos acquis
SALUT, SALUT
Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Édito n° 103 – Décembre 2021