Éditorial – Février 2019

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QUE SERA, SERA…

Février vient de se terminer et la temporada européenne 2019 s’annonce avec plus de précisions et toutes les difficultés qui viennent de notre environnement. Je me réjouis de la présence de Victorino Martin à la présidence de la Fédération du Toro de Combat. Il a déjà entrepris un travail important pour repositionner la corrida dans le monde politique espagnol Les responsables antérieurs, par égoïsme ou par incapacité, avaient abandonné la place officielle du monde taurin en Espagne. En ce qui concerne la tauromachie hivernale, qui se déroule aux Amériques, nous avons retrouvé avec intérêt le toro mexicain, connu pour les opportunités qu’il offre au torero, qui sait s’adapter à son embestida, de réussir des faenas qui donnent de l’émotion au public. La fixité, je dirai même la classe de sa charge et la faculté des meilleurs de la répéter inlassablement, me laisse toujours des sensations que nous pouvons apprécier sur internet. Il n’est pas exigeant comme son congénère européen et permet le triomphe à celui qui arrive à s’entendre avec sa charge si particulière. On dit qu’il pardonne beaucoup par sa fixité sur le leurre mais il découvre aussi les limites de certaines muletas. L’Amérique du Sud est perturbée par les luttes des modernes adversaires des vestiges de la culture espagnole, tout comme en Catalogne. Je n’aborderai pas le chaos qui touche l’ensemble du Vénézuela après la mort de Chavez, mais je constate avec regret que la corrida est toujours en lutte avec les pseudos bolivariens à Quito.

Cette magnifique ville et ses vestiges coloniaux, encadrée par l’allée des volcans légendaires (Chimborazo, Cotacachi, Quilotoa) a fermé ses portes à la vraie corrida dans sa plaza monumental (15 000 places) en 2012, après l’échec populaire de la corrida sans mise à mort. Elle avait été imposée par le tout puissant Président Chaviste, Rafael Correa, bien que limitée à la province de la capitale pour des raisons politiques ? L’exil de Correa en Belgique, après son putsh refondateur raté contre son ex-ami Lenin Moreno président en fonction, nous donne quelque espoir. Reverrons-nous à Quito la fameuse Feria du Christ du Gran Poder en 2020 ? Elle attirait beaucoup de touristes étrangers : perte estimée à 100 millions de dollars par an. En Colombie, la récupération de la corrida dans les arènes de Bogota n’a pas été facile. Notre ami Laurent Pallatier, Loren, vient de décorer avec son talent et sa génialité, la corrida goyesque du 25 février avec Enrique Ponce, Sébastien Castella et le colombien Ramsès, pour clôturer la temporada dans une plaza llena. Je vous rappelle que Loren sera notre invité au Musée Taurin, avec son exposition « Le Minotaure », du 15 juin au 15 septembre prochain.

En Europe, les premières grandes férias commencent à annoncer leurs cartels, après Arles :
– Fallas de Valencia
– Fêtes de la Magdalena à Castellon
– Feria de Séville avec la majorité des Figuras et Sébastien Castella face aux Miura
– Ouverture de Las Ventas avec les Victorino et la Feria de la San Isidro 2019 « La mejor Feria de la Historia » dixit Simon Casas. Je ne reviendrai pas sur l’épiphénomène du Bombo. J’ai déjà donné en septembre 2018 mes arguments défavorables sur cette invention médiatique. Ce n’est pas la présence de Roca Rey face aux Adolfo Martin qui me fera changer d’idée… Pourquoi ne l’avoir pas fait comme pour tous les contrats jusqu’à ce jour. Las Ventas peut se le permettre. Si le torero avait refusé les Adolfo, il ne serait pas rentré dans le Bombo. « Pour le moment, il semble que la révolution est restée dans le marketing » (Jorge Arturo Diaz Reyes).

Que sera sera…
Qui vivra verra.

La présence de Sébastien Castella face aux Miura de Séville, entouré de Chacon et de Pepe Moral, pour clôturer la féria d’avril est certainement un évènement (sans bombo). J’étais dans les jolies arènes couvertes de Valdemorillo (Madrid) le 10 février pour la Feria de San Blas. Manuel Escribano et Pepe Moral affrontaient un beau lot de Miura intéressant, avec des comportements divers, qui aurait pu être lidié dans une plaza de segunda.

Manuel Escribano m’a étonné par sa maîtrise, sa technique et une lucidité sereine appuyée sur une préparation physique étonnante. Burladero écrira  parece que tiene 20 festejos ya. Il avait demandé explicitement les corridas de Victorino et de Miura à la prochaine Feria de Séville. L’empresa n’a pas jugé bon de l’inclure dans la classique corrida de clôture de Miura. Quand on lit les commentaires de la presse unanime et qu’on écoute l’aficion madrilène, qui n’a pas toujours été tendre à son égard, on ne peut que le regretter. Mundotoro titra Triunfo Paquirrista d’Escribano. Celui d’un torero qui fait de sa préparation physique une des bases fondamentales de sa tauromachie et qui, par concept, par ses qualités naturelles, sa capacité et sa voyante facilité dans tous les tercios, fit rappeler le Maestro de Barbate. Quel compliment pour Manuel qui admire la carrière, les triomphes de Francisco Rivera, sa trajectoire taurine et sa personnalité. Le torero espérait effectivement affronter les toros des deux élevages qui ont joué un rôle essentiel dans sa carrière pour se relancer en début de temporada, avec l’appui de son nouvel apoderado le matador de toros cordouan Jose Luis Moreno. Si le système monopolistique le laisse toréer dans leurs arènes, il me parait préparé et motivé.

Que sera sera…
Qui vivra verra

Je souhaite un prompt rétablissement à Pepe Moral qui, blessé à son premier, n’a pu terminer sa tarde. C’est un bon torero et de plus sympathique.

Chez nous, j’espère que malgré toutes les inconnues qui nous entourent (élections législatives anticipées en Espagne, élections au Parlement Européen, réponses et réactions des gilets jaunes…), nous assisterons à une temporada d’intérêt. J’espère surtout la renaissance de l’aficion biterroise qui cherche à prendre des initiatives pour l’information et la formation d’un public jeune. Malgré toutes ses bonnes intentions, je l’attends sur deux points majeurs qui démontreront sa motivation et son efficacité de manière concrète :
– dès le 24 mars, elle aura l’occasion de montrer son attachement et le respect qu’elle porte au dévouement de Christian Coll pour le Xème Gala Taurin qu’il organise. De plus, ce jour-là, Tomas Cerqueira fera son retour dans nos arènes après la terrible cornada de Mauguio en 2017. J’espère que les aficionados et les amis seront nombreux pour le soutenir.
– dans les semaines qui viennent, j’attends de l’aficion locale qu’elle agisse auprès des divers intervenants de la corrida à Béziers : propriétaires, municipalité et organisateur pour faire remonter leur volonté avec pour objectif des corridas authentiques qui sont la première solution pour faire revenir le public dans nos arènes. S’ils sont ennuyés pour retrouver leurs racines, le livre des 120 ans des arènes de Béziers qui vient de paraître, leur fournira les références sur le type de toros et de toreros qui ont apporté de l’émotion au Plateau de Valras et qui ont attiré le public.

Que sera sera…
Qui vivra verra

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Édito n° 70