LES HOMMES DE L’OMBRE

José Gomez, Michel Bousquet, Philippe Gourou, Alain Mailhan et notre présidente

Les conférences organisées par l’Union Taurine Biterroise (UTB) remportent toujours un vif succès. C’était encore le cas vendredi 14 avril au musée taurin de Béziers en recevant deux « mozos de espadas », en français « valet d’épées : le Biterrois Philippe Gourou et le Nîmois Alain Mailhan accompagné de José Gomez banderillero-puntillero, cet homme chargé de donner le « coup de grâce » éventuel au toro tombé au sol après l’estocade du matador. José donna plusieurs explications sur les places des cuadrilla lors du paseo, sa hantise de bien puntiller pour éviter de voir le toro se relever…

La présidente de l’UTB, Marie-Françoise Rouzier en les accueillant chaleureusement  :
« Juste quelques mots pour vous remercier tous de votre présence. C’est au cours de notre rencontre à Rion des Landes le 5 novembre dernier avec Philippe, que l’idée de cette soirée a germé. Il a fallu du temps pour tout organiser car vous savez bien qu’avec les toreros rien n’est jamais facile… Non je plaisante. Nous voilà réunis ce soir et je les en remercie tous, Philippe Gourou bien sûr, accompagné d’Alain Mailhan, de José Gomez et de Tomas Cerqueira sans lequel il aurait été très compliqué d’organiser cette manifestation. Il est vrai que je cumule pas mal d’inconvénients : je ne suis pas du sérail, je suis une femme et je ne parle pas espagnol, ou si peu… Mais avec de la bonne volonté, on y arrive.

Et on arrive à cette soirée à l’UTB comme on les aime même si nous regrettons qu’un autre club taurin ait organisé à la même heure, le même jour, un autre évènement. C’est dommage pour l’aficion. Vous voyez lorsqu’on n’est pas du sérail, c’est plus dur… Mais vous êtes là, c’est l’essentiel pour l’UTB, pour faire vivre ce Musée Taurin dont la renommée dépasse les frontières de notre ville. Nous avons plusieurs visites importantes programmées dans les prochains mois et notamment par des tours operators de Marseille, de Toulouse, du Gard qui s’intéressent à ce lieu et donc à la tauromachie.

Mais nous sommes ici ce soir pour vous écouter Philippe et Alain nous raconter votre vécu, votre amour du monde taurin, vous qu’on voit près du torero mais jamais en première ligne. Écouter José nous raconter son histoire comme El Andaluz qui vient de nous quitter et auquel nous pensons ce soir disait au sujet de cette fameuse Miurada de 83 et du fameux Mirlito que nous avons au Musée au-dessus « Ce toro de Miura et un Albasserada à Vic furent pour moi les deux adversaires les plus coriaces que j’ai eus à combattre ». Nous voulons tout savoir. Avant de passer la parole à Michel Bousquet, je voudrais que l’on fasse un tonnerre d’applaudissements à nos chefs, Jacques Petitcolin et Daniel Vaudon qui aujourd’hui, sont accompagnés du « grand », à tous points de vue, Jean-Claude Fabre, immense chef du restaurant Léonce à Florensac mais pas que, qui ce soir épaule nos deux compères cuisiniers.
Alors Michel c’est à toi mais avant je vous pose ma question : comment devient-on mozo ? Merci à tous. »

Michel Bousquet entama un « dialogue-questions » avec les trois invités sur les rôles et fonctions du mozo de espadas, en français valet d’épées, homme de confiance du matador (ou du novillero) sachant tout faire. José Gomez confirmait leurs propos.
 Alain Mailhan, pompier, passionné de corridas, grâce à des amis au sein du Mundillo est passé par la fonction d’ayuda (second du valet d’épées) – il fut longtemps celui de Denis Loré. Philippe Gourou, employé à la Ville de Béziers, comme beaucoup de mozos, profite de ses week-end, congés, RTT… depuis 1994 pour accomplir les multiples tâches nécessaires aux toreros avant, pendant et après la corrida. N’oublions pas que dans sa jeunesse il se mesura à des novillos et fût pour l’entrainer très proche d’un jeune garçon Sébastien Castella.

Pour nos deux mozos de espada ayant servi et servant encore les plus grands toreros, et aussi des moindres, il faut pour exercer cette fonction, être polyvalent, patient, exigeant, savoir anticiper et résoudre toutes les situations afin de dégager de tous soucis l’homme qui va jouer sa vie face au toro. Avant comme après la corrida la liste des taches est longue, pour ne pas écrire sans fin, concernant non seulement le matador mais la cuadrilla, ceci avec le concours de l’ayuda.

Avant le paseo : planning, contrats, administration, réservations d’hôtels, d’avions et voitures, trajets… un rôle proche d’un(e) secrétaire de direction ; participer au sorteo, préparer l’habit de lumières, puis habiller le matador, éloigner les admirateurs, préparer et vérifier les capotes, muletas, épées… Des taches accomplies avec la confiance totale du torero se traduisant par l’utilisation de la carte de crédit de celui-ci. 
Durant la corrida, présent dans le callejon, dans un climat de tension rester serein, attentif pour présenter au lidiador dans l’ordre et au bon moment, capote, muleta, timbale d’eau, épée d’aluminium, puis celle de muerte, éventuellement le verdugo pour le descabello… Et à la fin, tout plier, quitter rapidement le callejon, rejoindre la voiture pour l’hôtel afin d’aider le matador à se déshabiller, nettoyer, laver, éventuellement recoudre les habits, sans oublier capotes et muletas. Puis le Mozo de espadas devient l’administrateur réglant l’hôtel, les restaurants et repartir à nouveau….

De nombreuses anecdotes et souvenirs ont égrené la soirée, les habitudes et besoins de certains, les superstitions des autres ; comment nettoyer et sécher rapidement un habit de lumières, comment se placer dans le callejon… Après les avoir écoutés, l’aficionado peut penser à juste titre, que ces hommes de l’ombre – indispensables pour le torero et sa cuadrilla – mériteraient d’être au paseo… sans eux la corrida n’existerait plus.

Lo Taure Roge