Édito n°78 – Octobre 2019

UNIS DANS NOS DIFFÉRENCES

Je m’étais échappé des contingences du mundillo taurin, de ses liens avec les médias… sans oublier les manipulations politiques. J’avais oublié aussi les carences d’une partie de notre aficion et celle de Béziers en particulier. Heureusement, les jeunes de Provence et du Languedoc m’ont donné tort. J’ai eu l’opportunité, inspiré par les terres mexicaines, d’écrire sur mes fondements de la tauromachie. L’expression du torero dans le ruedo, la place du sentiment dans son contact avec le toro, m’ont convaincu qu’il ne pourra apporter une émotion durable qu’en s’appuyant sur la raison. Je pouvais exprimer avec plaisir et nostalgie sur ce que je ressens, tant dans les arènes qu’au campo dans les tientas, grâce à la tauromachie. Si elle n’est pas ma seule passion, elle a été et reste un élément majeur dans ma vie. Malheureusement, je dois quitter cette inspiration qui m’a rappelé des souvenirs inoubliables, pour me replonger dans des luttes désagréables, mais nécessaires, pour faire face au nouveau comportement inacceptable et opportuniste de nos adversaires. Certains personnages politiques très proches du pouvoir en place (?), censés représenter les intérêts du peuple à l’Assemblée, ont utilisé bassement la lutte anti-corrida en l’attaquant pour son influence dangereuse sur les mineurs. Cela ressemble fort à un écran de fumée pour cacher l’incapacité du pouvoir à gérer le pays en harmonie avec le peuple. Cela pouvait permettre aussi de récupérer sur ce thème les sentiments favorables des animalistes et des bien pensants (avant les municipales ?). Je regrette de revenir à la politique politicienne mais comment faire ! Nous savons que le système électoral leur a donné une majorité écrasante, inexpérimentée et servile. Ils doivent leur présence au Palais Bourbon aux débauchages d’anciens partis et à la désignation des cabinets de recrutement. Ils ont été recrutés et élus en juin 2017, un mois après l’entrée du président à l’Élysée. Les anciens personnages majeurs de la Vème République ont tous déclaré en leur temps, qu’il ne fallait pas faire concorder les dates des deux élections (présidentielles et législatives) remettant en cause l’esprit même des institutions et l’équilibre des pouvoirs publics. Ce système avait déjà fonctionné pour les trois élections présidentielles antérieures mais en 2017, le résultat a été encore plus négatif étant donné l’absence réelle du parti au pouvoir quelques mois avant l’élection de juin et l’éclatement des anciens partis démocratiques en perdition. Objectif : faire arriver un projet de loi au Parlement pour le faire entériner par des députés inexpérimentés et débiteurs. Je pense qu’ils savaient déjà que la plainte, déposée par le Crac (comité radicalement anti-corrida) contre les écoles taurines, déjà refoulée en 2016 et en appel en 2018, aurait des difficultés au Conseil d’État. La première députée qui devait présenter le projet anti-corrida, choisie pour son activisme avant et après sa première élection, se retira du dossier ? C’est Samantha Cazebonne, députée à l’étranger de la circonscription Espagne, Andorre, Italie et Monaco, qui a pris la suite. Résidant à Palma de Majorque, peut-être était-elle influencée ou influençable après la décision du parlement local d’interdire la corrida aux Baléares, décision annulée par le Conseil Constitutionnel espagnol. La corrida du 9 août dernier dans les arènes de Palma de Majorque fut triomphale.

Cependant, la députée Cazebonne reprit immédiatement le flambeau en se déclarant contre la présence des mineurs à la corrida et dans les écoles taurines, déclarant mon sujet n’est pas le bien-être des animaux mais la protection de l’enfance. Encore de l’enfumage. Je pense qu’il y a d’autres motifs plus pressants à résoudre pour protéger l’enfance en France que l’influence de la corrida, quand on connaît la situation préoccupante d’une partie de notre jeunesse qui pourtant n’a jamais vu de corrida ou d’école taurine, même en peinture !
Nous venons d’apprendre, contrairement aux titres racoleurs d’une certaine presse, que le Crac, dans l’impossibilité d’apporter des éléments de droit et des preuves matérielles pour son recours en Conseil d’État, n’avait pas convaincu le représentant de l’État qui recommande aux juges de rejeter l’ensemble des demandes des radicalement antis et de confirmer les décisions antérieures qui repoussaient leur volonté de fermeture des écoles taurines qui ont dû subir toutes les insultes, accusations et menaces pendant plus de 3 ans. Dans l’attente de décisions, nous pourrions presque dire sortis par la porte, ils tentent maintenant de rentrer par la fenêtre. Cela leur paraît plus facile avec la majorité de l’Assemblée disciplinée. La députée porteuse du projet, Samantha Cazebonne, appuyée par la machine LREM, a cependant déjà organisé le 17 octobre à l’Assemblée nationale un colloque sous le titre officiel protection des enfants contre toutes les formes de violence. En fait, il s’avère que ce colloque était bien entendu tourné contre la corrida avec un objectif : présenter à l’Assemblée nationale une proposition de loi qui serait adopté par la majorité écrasante dont le rôle depuis son installation est d’appliquer les ordres venus d’en haut ou d’étouffer tout ce qui gêne. Les instances taurines ont réagi officiellement, notamment auprès de la présidence,

mais je tiens à mettre en exergue le travail des jeunes aficionados membres de l’association Touche pas à mes passions, qui ont su se faire admettre à ce colloque où le public et surtout les intervenants étaient triés sur le volet. Ils ont pu entendre le président du groupe parlementaire de la majorité présidentielle à l’Assemblée nationale déclarer : ce sont des pratiques qui ne peuvent plaire qu’à des êtres anormalement constitués.
Oui chers amis aficionados, ce député parle de vous. C’est affligeant et honteux. Tout y est passé lors du colloque : – corrida associée à la pornographie, – les violences conjugales comparées à la corrida, – mise en œuvre dans les écoles taurines des pulsions sadiques des enfants au lieu de les aider à se transformer.
Cette liste n’est pas exhaustive.
Nous rappelons à cette députée et à ces intervenants recrutés, que les traditions protégées par la loi (dont la corrida), enfants et adultes qui y participent ne doivent pas être insultés ou stigmatisés par ces attachements à ces dernières.

Nous devons féliciter les jeunes de Touche pas à mes passions pour leur habileté, leur constance, leur volonté et leur capacité de réaction. Ils nous donnent des leçons d’aficion. J’ai apprécié les interventions du jeune Raphaël dans les arènes d’Arles pour le Trophée des As et à Béziers lors du rassemblement du 19 octobre. Il y avait de l’émotion. Leur collectif s’est adressé directement et ouvertement à Samantha Cazebonne en lui demandant des excuses publiques à l’attention des citoyens français et des personnes morales qui ont été diffamés et calomniés. Ils n’ont pas attendu des semaines pour réagir.
Lors de ce colloque, certains se sont attaqués, outre aux professionnels de la corrida, aux municipalités, à l’Observatoire National des Cultures Taurines. Quand on connaît les personnes mises en cause, élus ou personnalités qui occupent la responsabilité de ces organismes, on se rend compte que ces gens-là n’ont aucun scrupule et sont persuadés de leur impunité. Face à ce comportement délétère et abject, il ne suffit pas de faire des déclarations de ceux qui, certes avec raison, veulent affirmer et faire connaître le rôle des parents maîtres d’élever leurs enfants dans le maintien de leurs traditions reconnues par la loi. C’est évident et constitue la base de notre action mais, à mes yeux, cela est insuffisant. Il faut aussi se mobiliser derrière les courriers adressés par nos représentants institutionnels (UVTF et Observatoire) au président de la république, prêts à nous mobiliser si la volonté du pouvoir est de présenter ce projet au parlement. La prise de position inattendue de personnalités culturelles de renom a apporté un soutien fort à notre cause, étayée d’arguments concrets et culturels. Ils ont conclu : la proposition d’interdire la corrida aux moins de 16 ans leur retire une part de rêve, un pan de beauté et un espace de traditions au profit d’une société encore plus aseptisée. Ce texte apporte encore plus de force à notre volonté d’aller dans le sens de la défense de nos traditions auprès de nos jeunes. Invités dans les débats télévisés, ils ont confirmé la qualité de leur intervention et ont conforté nos espérances.
Je crains les pressions, les tentatives de disqualifications que nos amis pourront subir plus tard. Je connais celles qu’a connues il y a quelques années un acteur-réalisateur reconnu du monde du spectacle qui l’ont obligé à prendre publiquement du recul à cause de sa démarche pro-corrida. Mais le danger est surtout de nous diviser, soit par appartenance à des idées sociologiques divergentes, soit par crainte de se distinguer du politiquement correct. Les aficionados doivent accepter de ne pas avoir les mêmes conceptions de la tauromachie. Ils doivent admettre de ne pas être tous pareils mais reconnaître que les valeurs et les passions du Sud reposent sur les mêmes fondements. Ils doivent résister ensemble pour les maintenir. Je tiens à leur dire Restons unis dans nos différences, c’est notre seule chance. Ils ont le temps, les moyens pour arriver à leurs buts. Nous devons rester prêts à agir ou à réagir pour que cet éventuel projet de loi ne soit pas présenté à l’Assemblée. Bouvine, éleveurs, aficionados, toreros, chasseurs et même agriculteurs, notre succès dépend de notre unité. Rappelez-vous de la levée des Tridents en 1921. Elle a sauvé nos traditions.

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  • Cette conclusion peut parfaitement s’appliquer à la situation de l’aficion biterroise. La motivation de ceux qui étaient devant les arènes le 19 octobre est évidente et intéressante. C’était mieux que ce que je craignais mais la fréquentation est encore quantitativement insuffisante. Ne jetons pas la pierre aux absents mais relançons-les, soyons mobilisateurs. Nous devons être plus nombreux à un prochain rendez-vous. Préparons-nous !
    Les aficionados de l’extérieur ne comprennent pas la division qu’ils constatent dans nos rangs. Elle est due au travail de longue haleine accompli par ceux qui ont bien compris l’adage toujours efficace : diviser pour mieux régner. Progressivement, le désenchantement a touché des personnes dévouées qui se sont désintéressées. Je suis heureux de constater que le programme des Journées Taurines 2019 était amélioré, avec les interventions de la Lyre Biterroise et la création du Bolsin. J’étais heureux le dimanche matin d’assister par beau temps à la tienta. Avec mes quatre petits-enfants et leurs parents, nous étions sept. En fait, il manquait trop de monde comme aux trois autres rendez-vous aux arènes. Les imperfections et les erreurs sont normales. Les mauvaises intentions et les récupérations sont désagréables (il y en a eu). Elles nuisent à la nécessité de rester unis dans nos différences. Efforçons-nous de les négliger. Pensons au futur. Ce message d’unité doit nous animer. Il est nécessaire. C’est la seule solution dont nous disposons. Pour cela, il faut se montrer ouvert à nos différences et ne pas rester limité à des accords de clans qui ont apporté tant de tort à notre aficion et même à notre ville. Surtout ne maintenons pas le statu quo affligeant que nous constatons.
    Donnez des objectifs, soyez ambitieux, faites passer un vrai message réconciliateur qui se concrétise par des actes.
    Je conclurai par deux messages clairs :
  • Ne touchez à mes passions : signal fort adressé à nos gouvernants
  • Unis dans nos différences : adressé à la famille aficionada et aux défenseurs des traditions du sud. A Béziers, nous avons encore une chance de nous ressaisir, les circonstances nous y obligent. Regardez comment nos amis se sont rassemblés à Rodilhan (assiégés par les liberticides venus de toute la France), à Gimeaux après Bouillargues. Motivés par leur volonté de résister, leurs arènes étaient pleines dans l’émotion et l’unité.
    Ils étaient unis malgré leurs différences.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Edito n° 78 – Octobre 2019