Concepción (avec Conchita comme diminutif) Cintrón Verrill est née au Chili en 1922, d’un père portoricain et d’une mère américaine avec des racines familiales en Irlande : un mélange détonant ! La famille s’installe au Pérou, à Lima, où Conchita grandit et se révèle comme la meilleure élève du rejoneador portugais Ruy da Cámara. Elle débute à cheval lors d’un festival à Acho, les arènes de Lima, à l’âge de 14 ans. Un ancien torero basque en exil, Fortuna, lui prodigue ses enseignements et Conchita effectue ses débuts de novillera à Tarma en 1938, sur les hauteurs de la cordillère des Andes.
Le maestro mexicain Jesús Chucho Solórzano se rend aussitôt compte de ses dons innés et facilite ses débuts au Mexique. Le succès de curiosité de ses débuts se transforme en admiration générale dès son triomphe à la Mexico du 3 septembre 1939 où elle séduit l’afición tant à cheval qu’à pied. Durant 3 ans et demi elle côtoie les plus grandes figuras aztèques avant de sillonner toute l’Amérique latine où on ne tarde pas à la nommer la « Déesse blonde ».
Il s’agit maintenant de conquérir la Péninsule ibérique. Pas facile compte tenu de la réglementation espagnole qui interdit à ces dames de mettre pied à terre pour toréer et tuer comme le faisait Conchita Cintron. Elle triomphe tant à Las Ventas qu’à La Maestranza à cheval, mais à pied il lui faut passer la frontière.
Sa présentation à Bayonne, le 3 août 1947, fait sensation : sa maestria à cheval, ses aptitudes avec la cape et la muleta, sa décision à l’épée mettent en rage ses collègues espagnols. Les empresas se la disputent et Béziers verra Conchita, avant Paris et Toulouse, triompher en 1948 et 1949 devant plus de 15 000 spectateurs enthousiastes. Sa beauté, son charisme, sa maîtrise, notamment à pied, et sa dignité portée à l’extrême, lui confèrent une réputation qui se répand partout.
Mais l’amour l’attend et elle met un point final à sa carrière le 18 octobre 1950 à Jaén, en Andalousie profonde, se saisissant d’une muleta pour sidérer l’assistance en extase qui lui réservera une sortie d’anthologie. Nîmes la reverra avec un immense plaisir aux Vendanges 1991 pour conférer l’alternative à Marie Sara.
Conchita Cintrón nous quittera avec son élégance habituelle à l’aube du 17 février 2009 pour rejoindre ses amis, les figuras disparues, ne laissant derrière elle que regrets et admiration.
Son souvenir marque encore l’aficion française.