ÉDITORIAL DÉCEMBRE 2018

JOYEUSES FÊTES ET MEILLEURS VŒUX POUR 2019

J’ai revu récemment et avec admiration, le film Cyrano de Bergerac où Gérard Depardieu se montre à la hauteur du personnage d’Edmond Rostand. Certains ont pu comparer Cyrano dans sa recherche d’idéal, d’intégrité et d’indépendance, au Don Quichote de Miguel de Cervantes. J’aurais pu retenir le passage :
« Eh bien oui j’exagère
Pour le principe et pour l’exemple aussi,
Je trouve qu’il est bon d’exagérer… »
de sa célèbre tirade du Non merci ! en réponse à l’incitation de son ami Le Bret vers la recherche de la fortune et de la gloire.

Le héros de Rostand, dans son paroxysme, devient à la fois excessif mais aussi si vrai, trop vrai peut-être dans son idéal d’indépendance. « Ne pas monter bien haut peut-être, mais tout seul ». Je trouve plus abordable Cyrano mourant répondant à son fidèle ami et à Roxane, son amour inavoué :
« Que dites-vous ? C’est inutile je le sais
Mais on ne se bat pas dans l’espoir de succès !
Non ! Non ! C’est bien plus beau lorsque c’est inutile ».

Pour autant, j’espère ne pas être inutile pour une partie de ceux qui gentiment me lisent ou ceux qui me liront plus tard (sans illusion). C’est d’abord à eux que je m’adresse lorsque je crie ma détresse devant le comportement d’une partie de la classe politique espagnole qui, pour récupérer quelques voix des animalistes et des Verts, se laisse entraîner dans une lutte anti-taurine qui par nature n’est pas la leur. Il est vrai que leur allié (Podemos) regroupe diverses tendances. Parmi les déclarations anti-corridas de certains ministres du gouvernement de l’ineffable Sanchez, à la recherche du pouvoir au prix de tous les reniements, je retiendrai la ministre Teresa Ribera qui a déclaré publiquement, dans un domaine qui n’est pas le sien, « qu’elle interdirait les toros et la chasse » sans que le chef du gouvernement réagisse. Il n’en prend pas moins des décisions dangereuses pour l’avenir de l’État espagnol, pour ne pas dire pour la continuité de l’Espagne. La corrida, il n’en a rien à faire. Ses ambitions sont plus importantes que tous les fondements et même les dévouements de ceux qui en instituant la Constitution dont ils viennent de fêter le 40ème anniversaire, ont permis autant d’années de paix (en dehors du sinistre ETA basque). Cette Espagne qui fut en guerre civile quasi permanente, entre plusieurs clans de tous bords de 1820 à 1939, a vécu par la suite 40 ans de franquisme. C’est cela que le guapo Pedro (comme disent certains de ses compatriotes) est prêt à mettre en danger pour obtenir le pouvoir. On pourrait presque dire, même s’il est arrivé à la tête du gouvernement démocratiquement au Cortes, que c’était presque un coup d’état contre l’Espagne. Pour avoir sa majorité avec 84 députés sur 350, il a dû faire des promesses en tous genres, notamment aux anti-corridas mais surtout aux indépendantistes déclarés de Catalogne dont les chefs sont, soit en exil, soit en prison en attente de leur procès.

En France, notre situation n’en est pas encore là. Ils ont d’autres soucis que ceux des animalistes. Nous pouvons pourtant constater que ce sont les décisions, motivées officiellement par des préoccupations environnementales, qui ont déclenché le mouvement des gilets jaunes. Malgré certains points positifs, cette réaction a causé à ce jour 10 décès, directement ou indirectement. Nous nous garderons de prendre parti, ce n’est pas le lieu et je ne souhaite pas heurter des positions divergentes sur ce sujet chez les lecteurs. Je me contenterai de citer à nouveau Rostand faisant dire à Cyrano :
« Etre terrorisé par de vagues gazettes
Et se dire sans cesse « Oh, pourvu que je sois dans les petits papiers du…
Non merci ! »

Je terminerai malgré tout cette temporada 2018 positivement. Je veux mettre en valeur un torero qui provoque de l’alegria et l’admiration du public dans une période où la tauromachie ronronne, malgré les efforts valeureux de certains toreros en recherche de reconnaissance. Vous savez ce que je pense du système en cours. Oui, Andrès Roca Rey est arrivé en Espagne à 15 ans pour peaufiner sa tauromachie apprise dans les terres péruviennes et mexicaines. Après une préparation intense et une alternative à moins de 19 ans en 2015, il a confirmé immédiatement ses qualités toreras, son courage et son pundonor qui l’ont poussé à prendre des risques, parfois jugés insensés, sans toucher à la qualité de sa tauromachie. Il a su et pu se remotiver après des cojidas et volteretas impressionnantes. Il continue à se maintenir au plus haut niveau, tant avec la cape qu’à la muleta et la sûreté de ses épées. Après 3 temporadas importantes tant en Espagne qu’aux Amériques, il reste au plus haut niveau. Indispensable dans toutes les grandes ferias, il communique au public cette détermination, cette esthétique, sans oublier sa joie de toréer. Certains ont pu écrire à son encontre durant la temporada européenne que pour devenir un torero historique, il fallait toréer tous les encastes. Cette critique nous parait prématurée, je dirai même mal intentionnée alors qu’il n’avait pas encore 22 ans à ce moment-là. Peu importe, Andrès a reçu en 2018 tous les trophées et reconnaissances, tant en Espagne qu’à Lima où le maire de la capitale lui a conféré le titre de « Péruvien illustre ».

Je conclurai comme Rostand dans la bouche de Cyrano : « CHAPEAU ».

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU Édito n° 68 – Novembre 2018