EDITORIAL- AVRIL 2015

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TORERIA

Ce début de temporada 2015 a été marqué par plusieurs évènements qui caractérisent le monde de la corrida dans lequel nous vivons. La communication a pris une place majeure, certes nécessaire, mais qui donne, malheureusement trop souvent, une image trompeuse.

Je souhaite préciser la signification du terme Toreria, dont l’utilisation par les médias taurins modernes est parfois abusive, mais aussi restrictive. Le Dictionnaire de la Real Academia Espagnole en donne deux significations qui, au premier abord, paraissent différentes mais en fait se complètent :
1/ El Gremio de los toreros : le Giron des toreros,
2/ Maestria, Garbo y Valor (de los toreros) qui peut se traduire par Aisance (et Brio), Elégance (physique mais aussi mentale) et Courage des toreros.
A mes yeux, celui dont le comportement dans le ruedo mais aussi en la calle ou au campo, ne suit pas ces critères (aisance, brio, élégance et courage), ne peut revendiquer vraiment cette qualification de Toreria. J’ai souhaité apporter ces précisions car elles correspondent parfaitement à ma vision du TORERO et aussi parce que je regrette l’utilisation actuelle de ce terme dénaturé par certains chroniqueurs taurins.
a tauromachie actuelle de Morante de la Puebla, dont le talent et la technique sont incontestables, répond à cette recherche d’esthétique et d’effet artistique récupérée par ces communicants plus aptes à se gargariser d’un terme idéalisé, plutôt que de nous faire ressentir les fondamentaux de sa tauromachie si complexe. Je crains que cette pratique idéaliste ne rende service, ni au public, ni à l’aficion, ni au Torero lui-même.
De nos jours le terme Toreria, utilisé de manière trop répétitive, est souvent mal adapté et même entaché de snobisme.

La détermination, la classe et le Recibir de Jose Maria Manzanares face à son deuxième Domingo Hernandez d’Arles, la faena et la magnifique estocade d’Eugenio de Mora à Madrid le dimanche de Pâques, la décision et la maestria d’Espartaco à La Real Maestranza pour sa vraie despedida et même la volonté de Padilla pour forcer avec ses collègues l’ouverture de la Porte du Prince pour honorer l’actuation et la carrière du maestro d’Espartinas, comme il l’avait fait pour la despedida de Jose Maria Manzanares dans ces mêmes arènes en 2006 : ESO ES TORERIA, TAN BIEN. (cette liste n’est bien entendu pas exhaustive).

Je vous souhaite de voir dans de vieux films se déplacer dans le ruedo, ou vestido de paisano, tant le grand Manolete que Luis Miguel Dominguin. Vous avez peut-être eu la chance de rencontrer S.M. El Viti sur la Plaza Mayor de Salamanca ou Paco Camino dans les rues adjacentes à la Real Maestranza, torero dans la vie comme dans leurs triomphes des années 70 à Las Ventas. Oui, on peut dire du comportement naturel de ces toreros exceptionnels « QUE TORERIA » !

ET LA TEMPORADA ?
– Ces dernières semaines, nous avons constaté que lorsque l’empresa monte un cartel attendu, le public accourt aux arènes. Que ce soit :
– à Las Ventas pour l’enceronna torista de Fandiño,
– à Malaga le samedi de Pâques pour le grand coup de com du G4,
– à Sevilla le dimanche pour la traditionnelle corrida de Pâques qui annonçait la despedida du maestro Espartaco, qui donnait l’alternative à Borja Jimenez avec JM Manzanares.
Le résultat n’a pas atteint les espérances des toreros, tant à Las Ventas qu’à Malaga, alors que la despedida d’Espartaco a rendu à la Maestranza le succès de ses dimanches de Pâques. Le risque de ces spectacles montés avec une grande communication, est de voir le public se comporter plus en consommateur qu’en aficionado, comme ce fut le cas à Madrid où une partie importante du public répercuta sa déception sur Fandiño, alors qu’il venait voir un évènement. En fait, l’échec venait surtout de l’organisation et des représentants de Fandiño dans le choix des toros, tant pour leur trapio que pour leur comportement par rapport à l’espérance du public.

– Dès les premières Ferias, la volonté du Juli de justifier ses paroles et ses actes, s’est confirmée surtout à Valencia. Perera et Talavante nous préparent certainement une grande temporada dans des styles très différents mais qui ne nous laisseront pas indifférents. Notre Sébastien Castella parait particulièrement motivé par son changement d’apoderado qui lui apporte encore plus de stabilité mais aussi de responsabilité. Ses triomphes à Mexico, en Colombie, Équateur et aux Fallas de Valencia ont démontré une grande sécurité et maîtrise dans son toreo qui n’enlève rien à son succès, bien au contraire. Tout porte à penser que 2015 devrait être pour lui une grande temporada. C’est une suite normale et nécessaire pour un torero indépendant qui doit marquer sa saison de jalons importants pour avoir l’appui évènementiel des médias et de l’aficion. Sevilla : 3 corridas, Madrid : 3 corridas dont les Adolfo Martin, Puerto de Santamaria : seul devant 6 toros. D’autres suivront… Enrique Ponce, autre indépendant, paraît très motivé et préparé pour une grande temporada, comme on ne l’avait pas vu depuis longtemps.
En ce qui concerne les jeunes et les revenants, nous remarquons : Jimenez Fortes à Valencia, Luque même si les Victoriano Del Rio décevants ne lui ont pas permis le succès retentissant mérité, Juan Del Alamo qui a confirmé ses temporadas antérieures par ses 3 oreilles d’Arles, sans oublier Eugenio de Mora, 1 oreille (pourquoi pas 2) à Madrid.

– Dans un autre registre, il est incontestable que les figuras ne tiennent pas à faciliter l’arrivée de jeunes matadors de toros dans leurs cartels. L’empresa de Madrid regrettait, au moment de monter la feria de San Isidro, de n’avoir pas pu y inclure de confirmations d’alternative. Nous constatons que Nîmes a suivi pour Pentecôte la même politique, contrairement aux années précédentes. Qui commande ?
Mont-de-Marsan vient d’annoncer ses cartels de la Feria de la Madeleine 2015 qui ne laissent de place que pour le jeune régional Thomas Duffau. Certes, les organisateurs de Dax paraissaient avoir d’autres intentions, confirmées par l’annonce officielle : apparition dans des cartels de qualité de Pepe Moral, Perez Mota, Juan Leal, Juan del Alamo, Manuel Escribano et Léa Vicens. Intéressants malgré l’absence de Sébastien Castella et Juan Bautista comme à Mont-de-Marsan ?
Nous ne comprenons pas que les autres grandes Ferias françaises n’arrivent pas à échapper au dictat des Figuras qui ne donnent pas de chance aux jeunes valeurs qui, pourtant, peuvent apporter de la variété à leurs cartels, sans baisser la qualité tout en diminuant des budgets élevés. Espérons que d’ici la fin de la temporada, ils pourront nous démontrer tout à la fois, qu’ils sont inventifs et indépendants.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – édito n°24 avril 2015