ÉDITORIAL – JUIN 2017

« LA CORRIDA DE TOROS N’EST PAS UN SPORT. C’EST UNE TRAGEDIE ET CELA SYMBOLISE LA LUTTE ENTRE L’HOMME ET LES BETES »

Cette phrase est extraite du papier adressé par le célèbre reporter écrivain Ernest Hemingway à la presse des States « TORONTO STAR WEEKLY » en 1923 pendant les corridas de Pamplona. Il faisait allusion, à la fois à la mort du Toro Bravo en public et au destin des toreros qui jouaient leur vie dans le ruedo. De nos jours, le public et même l’aficion oublient inconsciemment, que la corrida n’est pas un simple spectacle où l’on note les actions du torero : véroniques, naturelles, derechazos, estocades… et où l’on attribue des trophées comme dans certaines épreuves sportives. Certes, ce sont les faenas qui par leur plastique, leur esthétique et leur majesté sont la base des barèmes qualitatifs établis par les spécialistes qui déterminent, trop, la passion du public et les triomphes des toreros oubliant souvent la domination des passes et l’entrega des toreros face à tous les dangers. L’émotion du combat du toro, quand il est brave, et de l’homme, atteint des niveaux inégalés et inégalables mais nous oublions que, si la fin tragique du toro est programmée, les risques maximum pour les toreros existent et existeront toujours face aux cornes et à la puissance du Bravo.

Nous ne sommes pas prêts à admettre l’issue fatale. Après celle du romantique Mexicain EL Pana et du jeune Matador de Toros Victor Barrio en 2016, la mort par cornada du chevronné torero basque Ivan Fandiño à Aire sur Adour le 24 juin a causé une profonde émotion dans le monde taurin. Chers amis aficionados, tout peut arriver durant une corrida où la technique éprouvée du torero doit faire face à la bravoure et à la sauvagerie naturelle du toro qui peut le surprendre par une réaction inattendue comme à Aire. Nous oublions trop rapidement les cornadas gravissimes dont ont été victimes ces dernières années des toreros sauvés miraculeusement et grâce au professionnalisme des équipes médicales spécialisées. Les exemples ne manquent pas. Rappelez-vous en particulier :
Julio A
paricio – Las Ventas de Madrid – San Isidro en 2010
Jimenez
Fortes – Vitigudino (Salamanque) en 2015
Manuel Escribano – Alicante en 2016
Cette liste n’est bien entendu pas exhaustive. Le danger est toujours présent, même quand on l’attend le moins.

Les premières images vidéo de la cornada fatale à Fandiño montrent au départ, plus une mauvaise appréciation de la vitesse de course du toro, qu’un comportement dangereux préalable. Les cornadas graves sont malheureusement inscrites dans l’essence même de ce combat entre l’Homme et le Toro.

Je me refuse de répondre directement aux commentaires exécrables, ignobles, inhumains de certains antis sur internet et de certains intellectuels modernes, après la mort d’Ivan. Ces gens méritent notre mépris. Je ne parlerai pas de haine car ce serait nous comparer à eux, à leur bassesse et à l’ignominie de leurs interventions. Je me limiterai à faire remarquer que les médias français, dans leur majorité, n’ont pas réagi à l’intervention abjecte le 23 juin sur France Inter (service public) d’un humoriste de bas étage sur la mort tragique de Fandiño. Je n’ai lu aucun commentaire spontané réprobateur, qualitatif et éthique, sur ce comportement accompagné de rires et d’applaudissements des autres participants à l’émission.
Dans quel monde sommes-nous ?
Malgré la plainte de l’UVTF et de l’Observatoire National des Cultures Taurines, France Inter (Service Public), paraît s’accommoder de cette liberté d’expression. Qu’en dira le CSA ? Pourtant, nous connaissons la spontanéité avec laquelle les médias bien pensants interviennent pour juger des évènements ou des déclarations moins équivoques, suivant leur provenance et les sensibilités du
pouvoir. Aux dernières nouvelles, le médiatique Ministre de l’Environnement aurait réagi en s’accommodant de ce comportement scandaleux alors que ce n’est même pas son domaine de responsabilité…

« A la cinco de la tarde ! Ay que terribles cinco de la tarde ! Eran las cinco en todas los relojes ! Eran las cinco en sombra de la tarde ! »
Ce sont les derniers vers du poème de Federico Garcia
Lorca à la mort d’Ignacio Sanchez Mejias en 1934 suite à une gravissime cornada dans les arènes de Manzanarès.

CHERS AFICIONADOS, N’OUBLIEZ PAS…

Cet édito a été écrit avant la terrible blessure de notre ami le Matador Tomas Cerqueira…

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Edito n° 50 – 30 Juin 2017

ÉDITORIAL – MAI 2017

LA BRAVOURE D’UN AUTRE TEMPS…

Ceux qui ont suivi depuis les tendidos de la Real Maestranza ou à la télévision pendant la Feria d’avril le comportement dans le ruedo du quatrième toro de Victorino Martin, Platino, combattu par Antonio Ferrera, ont vécu une lidia intense. Il fut brave, très brave, peut-être trop brave avec une attitude dans le ruedo de sauvagerie féline qui paraissait hors de notre époque. En fait, il paraissait plus à un toro bronco du passé quand les ganaderos n’avaient pas encore réussi à raffiner la caste brave. Comme Victor Mendes disait récemment : de mon temps la corrida était plus sauvage. Victorino Martin Garcia (Fils) qui déclarait lui-même il y a quelques mois : la bravura sin nobleza es solo fiereza (violence et férocité) reconnaissait le mérite des toreros devant la corrida de Séville qui avait été exigeante, notamment Platino. Ces deux conceptions de la bravoure paraissent se contredire. En fait elles sont complémentaires.

Il est certain que la tauromachie actuelle qui s’appuie sur une recherche de verticalité, de stoïcisme, qui consiste en fait à conduire la charge du toro, de la templer afin de pouvoir lier les passes en cédant le minimum de terrain, s’accorde peu avec le comportement de Platino. Certes, après une première pique où il accourut tête basse pour renverser la cavalerie, facilement, simplement avec les reins, il prit une seconde pique règlementaire qui aurait du être suivie d’une troisième rencontre qui s’imposait et aurait peut-être permis au torero qui devait poursuivre le combat avec la muleta et l’épée, de l’effectuer dans des conditions plus réalistes. Déjà avec les palos, Antonio Ferrera dut utiliser tout son métier pour échapper à la charge du Victorino alors que Jose Manuel Montoliu, invité par son maestro pour commémorer le vingt-cinquième anniversaire de la mort de son père sur ce même sable albero face à un toro d’Atanasio Fernandez, voulut exécuter la suerte avec sincérité pour faire honneur à son sang. Il fut surpris par le démarrage du toro et se fit prendre sans conséquence par un coup de corne dans la cuisse. J’étais présent dans les tendidos il y à 25 ans, sous la banda de musica de la Maestranza quand le regretté et exceptionnel Manolo reçu une cornada précise et brutale qui tua instantanément le brillant et admirable banderillero Valencian. Je garde un souvenir amer et émouvant de cette tarde tragique. Il était impossible pour Antonio de toréer le Victorino par le haut. Insoumis, le toro se retournait comme un ouragan accentué par l’effet du vent qui gênait naturellement la tauromachie dans le ruedo de la Maestranza. Patiemment, sans quitter le regard du brave et déterminé, Ferrera trouva la solution en réussissant avec la muleta légèrement en arrière, à recevoir et adoucir la charge et à la conclure à mi-hauteur en déplaçant la vague de la charge et en évitant la répétition sur une courte distance.

Ferrera, sans lier les passes (impossible), arriva à conduire cette répétée et infatigable force de la nature, sans perdre l’initiative devant les exigeantes charges qui ne permettaient pas le moindre doute, non pas à cause des mauvaises intentions mais à cause du péril que pouvait causer une attaque directe et débordante. Le combat ne se termina que lorsque le torero extremeño put conclure par une estocade profonde, suivie d’une lente agonie de l’infatigable bravoure de Platino. Nous n’avons plus l’habitude de ces combats mais le public de Séville, ému par un tel engagement, ne se trompa pas, exigeant les trophées pour le torero (1 oreille) et ovationnant l’arrastre du Victorino. Séville sut nous montrer, dans la médiocrité ambiante, une dizaine de grands toros modernes que la plupart des toreros ne surent exploiter à leur maximum, par inconstance et formalisme. Seuls Roca Rey, Castella, Garrido, Pepe Moral face à deux miura, le jeune Javier Jimenez et Talavante par moment, ont su démontrer le potentiel réel de leurs adversaires alors que Manuel Escribano, avec plus de décision à l’estocade, aurait pu lui aussi nous confirmer qu’il revenait à son niveau face à un bon Victorino Martin.

Un excellent Torrestrella, 2 Juan Pedro Domecq, 2 Victoriano del Rio et surtout le remarquable 5ème Jandilla d’El Fandi dans un type tout à fait différent de notre Victorino initial, nous ont montré que le nouveau toro brave existe comme 4 des Alcurrucen de San Isidro le 25 mai, malgré quelques signes de mansedubre pour deux d’entr’eux ou les Jandilla du 26 mai. Peu de toreros en activité auraient tiré une faena aussi complète devant le très exigeant Leon, sobrero de Salvador Domecq de cette corrida. Figuras comprises, ils auraient certainement abrégé devant les nombreux avertissements de ce Leon alors que Sébastien Castella a continué jusqu’au bout, sans sortir de sa faena sérieuse et exigeante. Si son estocade avait eu un effet contundente et malgré les difficultés de son adversaire qu’il avait surmontées, son triomphe aurait été maximal et les titres de médias spécialisés auraient été différents après l’oreille qu’il a coupée à son Jandilla. Après la décision du Président d’octroyer la vuelta al ruedo à Hebrea, j’estime que cet excellent toro permit une faena importante, mais qui n’avait cependant reçu que deux simulacres de pique à la demande de Sébastien pour le préserver, ne la méritait pas. Il prit une 2ème pique symbolique en venant de loin avec alegria certes, mais sans avoir reçu un véritable châtiment à la première. Dans ces conditions, le mouchoir orange du Président dans les arènes de Madrid pour cet honneur suprême, me paraît excessif car le combat d’Hebrea, excellent à la muleta, fut incomplet. Quand on veut présider avec exigence, il faut maintenir les critères durant toute la tarde.

Je crois que si l’estocade d’Antonio Ferrera n’avait pas été réussie à Séville face au Victorino, nous n’aurions pas lu les commentaires élogieux, même s’ils étaient mérités pour l’ensemble de sa Feria. Je n’enlève pas à l’exécution et à l’efficacité de l’estocade son importance surtout si elle est sincère, mais j’estime que la faena doit aussi être évaluée dans son intégralité, sans ostracisme publicitaire, comme nous le voyons trop. Il reste à Castella, à Escribano… de résoudre ce moment crucial de leurs faenas. Eux seuls ont la clé de leurs futurs triomphes. La technique actuelle de la majorité des toreros face au toro bravo moderne, noble, préparé dans les torodromes, est excellente et même impressionnante. Mais que feraient-ils devant Platino, l’adversaire de Ferrera ou devant Leon, celui de Castella ? Ils peuvent les affronter avec maîtrise et sincérité mais le feraient-ils ? De son côté, Ferrera prouve à la San Isidro que sa brillante Feria de Séville n’est ni un accident, ni l’effet du hasard, mais le résultat de l’évolution mentale d’un torero chevronné et armé pour ses combats et qui a mûri pendant près de 2 ans d’arrêt (juin 2015) pour la fracture de son bras droit alors qu’il venait de recevoir le prix de la meilleure faena de la Feria de Séville 2015 devant un toro de Victorino. Quand on lit certains titres ou commentaires de 2015 (il y a eu un avant et il y aura un après) de certains médias spécialisés sur les actuations surfaites de jeunes toreros à la mode, ne font que confirmer mes analyses et les éditos que j’ai écris à ce moment-là. Je respecte les toreros mais pas l’utilisation abusive et mensongère d’une certaine presse dans des intérêts inavouables.

BONNE FERIA DE PENTECÔTE A VIC ET A NÎMES SUIVANT AFFINITÉS.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Édito n° 49 – Mai 2017

 

 

ÉDITORIAL – AVRIL 2017

OUI, ILS LE MERITAIENT BIEN…

Les générations de Biterrois qui nous ont précédés depuis la fin du XIXème siècle, ont connu des événements tragiques et douloureux avec trois guerres européennes sur notre sol, une occupation d’envahisseurs, la collaboration néfaste d’une partie de leurs compatriotes sans oublier les crises viticoles ruineuses et même tragiques parfois. Malgré ce, grâce au développement économique de notre âge d’or, aux ressources de la vigne, à leur courage et à leur détermination, ils ont su passer au travers de ces malheurs en sachant se sublimer, pour certains avec des objectifs et des réalisations de valeur. Avec des hauts et des bas, les aficionados dans leur majorité n’ont pas perdu leur passion. Bien au contraire.

L’objectif de mettre à l’honneur le souvenir de nos prédécesseurs a été atteint les 24 et 25 mars. Ils ont su créer les fondamentaux de l’implantation de la tradition taurine à Béziers, concrétisés par 120 ans d’actions de la première association d’aficionados biterrois qui, par la suite, ont su s’unir dans les moments difficiles pour appuyer la Feria.

Ces journées furent une réussite grâce à la participation de nos illustres invités venus d’Espagne, du Portugal et du Grand Sud, qui nous ont honorés de leur présence. Nous avons bien sûr regretté l’empêchement au dernier moment de notre Sébastien Castella qui viendra spécialement recevoir le grand prix « Société Tauromachique Castelbon de Beauxhostes ». Ce fut une réussite, aussi bien par la qualité du lieu choisi pour célébrer l’événement dans l’historique Théâtre Municipal (1844), que par la participation étonnante de la Lyre Biterroise. La Société Musicale doyenne fait partie de notre patrimoine culturel depuis 150 ans que nous avons fêté avec elle cette année. La nouvelle dynamique qui l’anime démontre qu’après des années difficiles, la passion, le dévouement, le talent ont pu dégager une qualité digne d’être mise en avant dans nos arènes dont elle est écartée depuis de trop nombreuses années. La Lyre Biterroise a donné à la soirée de gala des 120 ans un relief et une émotion qui étonnèrent l’assistance.

Les absents ont eu tort mais je ne leur en veux pas. Ils n’ont même pas gâché mon plaisir, celui de mes amis et des personnalités présentes, tant durant le débat qui donna la parole aux professionnels et aux aficionados, que durant l’évocation de l’Histoire de notre ville et des 120 ans animée par la Société Archéologique, Scientifique et Littéraire de Béziers et l’association Réussir à Béziers qui méritent nos remerciements et nos félicitations, sans oublier l’étonnante prestation du noteur-organiste Pierre Charial. Ce sont tous de vrais amoureux de notre ville qui sont heureux de pouvoir la mettre en avant toute l’année lors de manifestations culturelles. J’ai entendu pendant la manifestation de nos 120 ans plusieurs déclarations de personnalités locales qui appelaient les aficionados biterrois à laisser de côté les chamailleries, les jalousies, les rancœurs, le clientélisme : il fallait diviser pour mieux régner. Il faudrait constituer une AFICION forte, dynamique, spécifique de notre ville. Je me réjouis de ces discours car je le demande depuis longtemps. Il n’est jamais trop tard. Chacun doit conserver son identité, ses critères mais nous devons démontrer à la population biterroise, face aux aficionados régionaux, face aux visiteurs venus de l’extérieur pendant la Feria, que notre cité à une AFICION forte, active, participative, fidèle à son passé, qui sait se réunir pour de grandes causes. Il n’en manque pas face aux attaques les plus viles, dangereuses car virulentes, organisées et appuyées tant politiquement que médiatiquement pour des objectifs encore moins avouables. J’ai souvent appelé dans mes éditos à la vigilance et même à l’intransigeance si nécessaire, face aux comportements inacceptables et affligeants de nos adversaires, tant au niveau philosophique que de l’éthique.

Je vous ai déjà parlé des actions mises en place par les villes taurines françaises et l’Observatoire National des Cultures Taurines. Elles ont été efficaces mais les adversaires fourbissent toujours de nouvelles armes. L’initiative Esprit du Sud doit être encouragée car ces gens-là veulent faire disparaître toute notre identité, nos spécificités et nos traditions. Appuyons-la comme l’ont déjà fait les sympathisants des autres régions. Ne craignons pas d’afficher l’amour de notre mode de vie et celui de nos ancêtres pour protéger nos jeunes du standard que ce monde recherche pour leur avenir. Évoluons certes, mais respectez-nous. Il faut leur montrer que nous réagirons face à leurs manœuvres.

L’actualité taurine pascale nous a montré une bonne feria arlésienne avec les succès de Bautista, Tomas Joubert (Tomasito) et les bons moments de Talavante. Je tiens à faire remarquer que la corrida du lundi fait taire les détracteurs des toros de Pedraza de Yeltes qui avaient étonné en 2014 et 2015 dans plusieurs plazas mais qu’ils voulaient déjà enterrer pour des sorties moins brillantes en 2016. Les toros ne sont pas des machines. Leur comportement peut être influencé par des circonstances parfois incompréhensibles, tant au campo que dans les corrales. Je tiens à mettre en valeur aussi le résultat des arènes d’Aignan (32). Amis aficionados prenez exemple sur nos amis gersois d’une commune de moins de 900 habitants dans une zone rurale, qui arrivent à organiser grâce au dévouement de près de 100 bénévoles la journée du Dimanche de Pâques : une novillada avec 4 novillos sérieux et la corrida de toros de l’après-midi avec des cartels intéressants. Ils sont arrivés à fidéliser les aficionados du sud-ouest et parfois même de chez nous. Ils organisent près de 800 repas dans une ambiance gasconne agréable quand la météo le permet. C’était le cas cette année. Malgré les intempéries qui par le passé ont pu toucher à l’affluence du public, ils ont conservé leur crédibilité et leur passion pendant 25 ans. Ils méritent notre respect et nous responsabilisent encore plus. Il ne s’agit pas de copier mais de prendre des initiatives sérieuses, sans s’éparpiller, pour faire vivre notre aficion, la défendre et inciter chez nous l’organisateur et la ville à reconstruire une Feria qui corresponde aux critères de qualité et de sérieux pour la maintenir au niveau nécessaire à son succès, tant pour les aficionados que pour le grand public et notre cité.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Édito n° 48 – Avril 2017

Éditorial – mars 2017

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ET POURTANT…

Lorsque les Biterrois se rendirent le 1er juin 1859 dans le cirque énorme du Champ de Mars bâti pour célébrer une corrida de toros, ils ignoraient, hors quelques initiés, le véritable spectacle auquel ils allaient assister. Apparemment, ils furent impressionnés par la personnalité, l’allure, le courage des toreros espagnols. Par contre, ils attendaient mieux des toros qu’ils jugèrent fades et peu sauvages. Les Fêtes de Caritats, support de cette journée, avaient attiré un nombreux public dans un esprit festif qui permit de remplir le cirque de 10 000 places dans lequel la Corrida se célébra. En fait, on ne sait pas grand-chose sur son déroulement. L’évènement marqua cependant les mémoires et permit de créer une nouvelle manifestation ludique malgré les graves crises qui traversèrent la Nation (guerre vaincue en 1870, graves incidents et luttes fratricides dans la Commune de Paris) et le Midi qui s’éveillait à la culture de masse de la vigne (oïdium et phylloxéra) et à la mévente catastrophique du vin (1902-1908), base de l’économie locale. Le spectacle qui n’avait pas de racines locales et appelé de façon hispanique CORRIDA DE TOROS, aurait pu s’éteindre comme une faible braise. Les gens du Midi, habitués à une agriculture manuelle, exigeante mais enrichissante, vont progressivement s’enthousiasmer pour ce combat apparemment inégal entre les hommes et les toros. L’ancrage de cette pratique qui deviendra une tradition, fut d’autant plus fort que le pouvoir parisien voulut les empêcher de vivre leur passion qui consciemment ou non les rattachait à l’histoire et même à la préhistoire de leur territoire méditerranéen et aquitain. Cette évolution se retrouve en effet dans d’autres régions méridionales qui connaissaient mieux que les populations du midi biterrois, les jeux du toro : la Camargue provençale et la Gascogne gersoise et landaise. Sans étude scientifique de la sociologie des peuples, je pense qu’au départ, c’est le courage et la maîtrise des toreros qui vont impacter sur le public au point de transformer leurs interrogations en passion.
Deux toreros vont marquer à Béziers la véritable naissance de la corrida et la mémoire d’un public prêt à s’enthousiasmer devant leurs exploits : Luis Mazzantini et Francisco Sanchez Frascuelo.
Le jeune Luis d’origine basco-italienne a démontré dans sa vie un caractère aventurier que son instruction classique ne freinera pas dans son envie de devenir un personnage important, hors du commun. C’est comme cela qu’après ses échecs dans le chant, désireux de devenir riche et fameux, il décida de devenir torero. Alors que la tradition était de passer par le stade des cuadrillas, il commença directement comme novillero. Les autres toreros le baptisèrent le
señorito loco.

Luis Mazzantini vint à Béziers en 1882 (26 ans) encore novillero et marqua le public de sa personnalité au point de revenir plusieurs fois, après son Alternative des mains de Lagartijo. En 1898 et 1899, dans les arènes du Plateau de Valras notamment, devant les Miura, sa technique et sa certitude au moment de l’estocade devinrent fameuses et l’imposèrent dans le monde taurin. Devenu Don Luis, il saura s’adapter à la vie publique au contact de la haute société, des artistes, fréquentant les opéras et les tertulias littéraires. Après s‘être retiré du toreo en 1905, il se dédia à une brillante carrière politique dans le camp des monarchistes : conseiller municipal, adjoint au maire de Madrid, il devint gobernador civil (préfet) de Guadalajara et d’Avila.
Francisco Sanchez Frascuelo vint à Béziers en 1884. Moins fameux que son frère Salvador plus connu comme torero important et qui avait pris dès sa jeunesse une personnalité extraordinaire, tant dans son comportement
en la calle que dans le ruedo où il retrouvait les Guerrita, Cara Ancha, Lagartijo et Mazzantini… Contrairement à ce dernier qui estimait qu’en dehors de la plaza les toreros devaient être des citoyens normaux (Luis s’habillait comme un bourgeois avec jaquette et chapeau haut de forme), les frères Frascuelo, comme d’autres figuras du moment, s’exhibaient en traje corto dans la rue et dans les lieux publics (comme ils le firent à Paris en 1889 pour l’expo universelle) ornés de ceintures et bottes voyantes. Les plus fameux et riches ajoutaient des bijoux et les boutons de leurs chemises étaient parfois des diamants taillés. Francisco Frascuelo, moins doué que son frère avec la muleta, se caractérisait par son toreo varié à la cape, notamment le Galleo qu’il exécutait parfaitement.

Et pourtant Francisco Sanchez Frascuelo inaugura la plaza de la rue Pergolèse à Paris en 1889 (22 000 places) pour l’exposition universelle, face à des toros de Veragua. Torero bohême, tant dans la vie madrilène que dans ses nombreux voyages, il se retrouva donc à Béziers le 9 juillet 1883 en remplacement du fameux Salvador, avec sa cuadrilla qui eut déjà un gros impact sur le public. La presse locale nous dit que Francisco Frascuelo est maître dans l’art tauromachique qu’il applique d’une façon raisonnée, calme, véritablement admirable. C’est un toreador véritablement beau. Au moment de la mort, Francisco Frascuelo qui avait enthousiasmé au plus haut le public avec ses passes de cape, a exécuté avec une sûreté incroyable la suerte de matar ! L’émotion était à son comble quand il tua d’un seul coup d’épée le toro. Sans que le public s’en rende compte, l’animal chancelait et s’abattait après 2 ou 3 pas accompagnés d’applaudissements exacerbés. Le Maire enthousiaste, organisa pour satisfaire le public, une corrida de bienfaisance le 15 juillet avec Frascuelo et sa cuadrilla qui torea gratuitement au profit des œuvres de la ville. Ces personnages, hors du commun dans le ruedo et dans la rue, ont ébloui le public qui, petit à petit, malgré l’interdiction de la mise à mort, les difficultés économiques et les guerres, va adopter totalement la corrida à partir de 1890. Ils deviennent de véritables aficionados qui imposèrent aux pouvoirs publics et au Maire Alphonse Mas la construction des arènes du Plateau de Valras en 1897. Ce n’est qu’à partir de cette date que les grands élevages espagnols vont être combattus à Béziers dans les corridas de muerte : Veragua, Conradi, Saltillo, Miura, Bañuelos, Perez de la Concha… Le public va pouvoir apprécier le comportement, la stature du vrai toro de combat, bête agressive et fière que l’homme affronte en démontrant sa grandeur, son allure, son expression artistique et sa sûreté pour le tuer.

Et pourtant en 1859 ils n’avaient aucune référence, aucune connaissance mais, 30 ans plus tard, ils étaient devenus de vrais aficionados. Soyons dignes de ces anciens, néophytes au début, mais qui ont été éblouis par ce combat entre le courage, la technique, la prestance de ces hommes qui osaient affronter l’agressivité, la sauvagerie de cet animal unique : le toro brave. Les plus aisés parmi eux surent même prendre des risques économiques pour sauver leurs arènes qui sont devenues l’emblème de notre Feria.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Édito n° 47 – Mars 2017

ÉDITORIAL – FÉVRIER 2017

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LA FIERTÉ D’UN PEUPLE

drapeau-ecosseLorsque j’écoute le public et les joueurs du XV d’Écosse chanter à Murrayfield leur magnifique hymne emblématique « Flowers of Scotland », je ressens une profonde émotion tant pour sa beauté que pour la FIERTÉ combattante qu’il nous transmet et que les joueurs veulent transmettre à leurs adversaires. Ils rendent hommage aux combattants valeureux de leur histoire contre les ROSBIF (comme ils les appellent aussi) et leur rappeler que s’il fallait, ils pourraient reprendre leur combat s’ils ne les respectent pas.

J’ai eu la chance de connaître les anciens territoires Pictes lors de mes voyages à l’extrême nord de l’Écosse sur les terres du clan Sinclair, motivé par deux passions : quêter avec mon chien d’arrêt derrière les fameuses Grouses, visiter les distilleries pour apprécier leur travail et déguster leurs malt whisky plus ou moins tourbés. Ce ne sont pas nos traditions sudistes mais je les assume. Je garde un souvenir inoubliable de l’immensité de ces terrains exigeants avec les bruyères où l’on croise aussi les hardes de cerfs ou les fameux bovins de race Highland (les Angus et les Galloway préférant les pâturages moins rustiques). C’est sur ces territoires que vivaient les Pictes qui repoussèrent les légions romaines qui durent, pour essayer en vain de se protéger, construire deux murs sur les ordres de l’Empereur Adrien (en 122) et de son fils Antonin (en 142). Plus tard, les Écossais et leurs fameux kilts ont affronté maintes fois les Anglais qu’ils repoussèrent parfois mais qui les châtièrent souvent, sans leur enlever leur fierté et leur liberté de pensée. Lorsque j’entends ce chant émouvant au son de la cornemuse ou même à capella, je me rends compte que malgré tous leurs malheurs guerriers et les trahisons subies pendant des siècles, ils ont su maintenir leur particularisme et leurs différences. Ils les revendiquèrent fièrement par cet hymne créé en 1974 pour l’équipe de rugby écossaise qu’ils chantent avec rage, notamment lorsqu’ils affrontent la sélection anglaise. Il ne s’agit en aucune manière de ma part de remettre en cause notre unité nationale dans le cadre Européen que nos prédécesseurs ont créé après les guerres abominables supportées par les peuples européens, particulièrement au XXème siècle. Ne vous inquiétez pas, nous n’allons pas vers des soulèvements du Sud et encore moins revenir au Catharisme. Tout simplement, nous devons confirmer et le faire savoir que nous défendons notre identité, comme auraient chanté nos amis Écossais à qui je demande d’excuser mes très légères adaptations du texte de la 3ème strophe de Flowers of Scotland :

Désormais ces temps sont du passé
Et dans le passé, ils doivent demeurer
Mais nous pourrons encore nous lever
Et redevenir cette Nation
Qui s’est dressée contre eux
Les « antis » et leur armée
Et les renvoyer chez eux
Pour qu’ils y réfléchissent à deux fois

Fermez les yeux et imaginez ce chant majestueux qui monte dans vos cœurs. Ce n’est que dans la FIERTÉ du monde de nos Anciens, qui doit évoluer certes mais ne doit pas être trahi, que nous nous sauverons.

J’ai suffisamment affirmé que nous devons nous défendre dans la légalité et les institutions de la République créées pour défendre les citoyens, pour que l’on ne puisse m’accuser d’agitateur extrémiste. Ces dernières années en France, c’est cette démarche qui nous a protégés car la démocratie et l’État étaient présents. Mais attention, les derniers évènements démontrent qu’ils vont mettre en marche leurs bataillons de mercenaires, appuyés par l’artillerie des médias les plus hypocrites motivés par l’argent de la pensée unique financée par le système (suivez mon regard). Je préfèrerais qu’ils avouent ce qu’ils sont et qui les financent : les nouveaux lobbies motivés par la disparition des différences afin de pouvoir faire passer sur la masse leurs messages promotionnels, quels qu’ils soient. Quand nous voyons à Barcelone les refus de Balaña d’étudier les offres de reprise des corridas après le vote du Tribunal Constitutionnel, on voit bien la cupidité des nantis catalans. Après leurs débuts professionnels comme récupérateurs, ces gens-là ont su faire une partie de leur fortune après 1947 à la Monumental qu’ils ont investie dans les Cines y Teatros et dans la Warner España. Ils trahissent les Catalans aficionados qui les ont enrichis. « Indignes de la fortune que vous avez gagnée en utilisant les fémorales des toreros et l’illusion des gens » – indignos de la fortuna que habeis ganado exprimiendo las femorales de los toreros y las ilusiones de la gente – (Salvador Boix, apoderado de Jose Tomas). N’oubliez pas que c’est souvent la cupidité de certains chefs de Clans Écossais, peuple pauvre dans un pays austère, achetés par les puissants rois d’Angleterre, qui a entrainé la perte de plusieurs batailles historiques des Scots. Soyez lucides, l’appât du gain est trop souvent supérieur à la défense des libertés. Chers amis ne vous laissez pas tromper par ceux qui nous inondent de messages lénifiants, utilisant des exemples trompeurs pour faire passer leur véritable communication (ex : les pratiques parfois critiquables de certains abattoirs) et comparer nos traditions à de la boucherie. Cela ne concerne pas que la corrida mais toute notre civilisation. Serions-nous des sauvages sanguinaires ? Je pense que si l’on regarde l’Histoire de France, nous pouvons en rire…Au moment où des élections importantes se présentent à notre porte, faisons savoir aux candidats qu’ils sont là pour défendre les citoyens et, si nécessaire, leurs traditions et leur liberté qui ne représentent aucun danger pour la démocratie et pour la nation. Ce n’est pas le cas de tout le monde. Quand j’entends ou je lis des affirmations sur le danger que représente, pour la santé psychologique de jeunes enfants, d’assister à la corrida, je leur réponds que Jack l’Éventreur, Landru, Hitler, Polpot, Dutroux, Jeffrey Dalmer (le tueur cannibale du Wisconsin), Javid Iqbal Mughal (l’indien tueur à l’acide) etc. n’avaient jamais assisté à une corrida dans leur jeunesse. J’affirme être un homme LIBRE, attaché à sa culture, ouvert au monde qui nous entoure, mais pas à tout et surtout pas au prix d’abandonner mes racines. Les médias complices devraient rougir de l’indécence malhonnête avec laquelle ils nous abreuvent journellement de cette pensée mensongère, sans la limiter à sa plus simple expression ou la négliger. Car cela ne mérite que ça. Démontrons comme nos amis Gascons, Aquitains et Pyrénéens, que nous défendrons ce que nous sommes. Ils doivent tenir compte de nous. Les sirènes bien pensantes ne servent en vérité qu’à endormir nos défenses par des argumentaires déplacés qui ne peuvent être entendus que par des esprits conditionnés par une propagande mensongère. Elle mélange la sensiblerie de certains et les philosophies animalistes bien rodées. Pour ne pas prêter le flanc à la critique, je demande instamment aux empresas et organisateurs, de se montrer dignes du caractère particulier de la corrida, même dans des arènes dites inférieures.

Récemment, le Maestro Rafael de Paula a dit : « Les corridas sont des évènements, parler de spectacle c’est les présenter comme une chose ordinaire ». Je trouve cela très juste de la part du torero gitan. Las corridas son un acontecimiento, eso de espectaculo es chabacano.

C’est une nuance que certains peuvent considérer comme mineure. Pourtant elle répond parfaitement aux interrogations critiques de nos adversaires et que parfois nous-mêmes pouvons avoir sur la corrida de toros. C’est un long combat qui nous attend mais restons persuadés que seule notre FIERTÉ nous permettra de résister aux courants bien pensants et aux extrémistes, associés contre nature, avec la puissance intéressée de la Finance. Il est vrai que ce n’est pas la première fois.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – édito n° 46 – Février 2017

SOIRÉE UTB

ÉDITORIAL – JANVIER 2017

120-ans-utbMES SOUCIS… TAURINS

Je me réjouissais dans mon édito Reconquista de novembre, du résultat positif obtenu, grâce à l’Arrêté de la Cour Constitutionnelle Colombienne, pour le retour de la corrida de toros à Bogota, après 5 ans de fermeture imposée par le maire révolutionnaire repenti Gustavo Pietro. Déception : les médias internationaux de masse ont communiqué sur un simple affrontement entre les taurins et les antitaurins (il faut bien nous culpabiliser aussi) qui s’était déroulé avant et après la corrida de réouverture du 22 décembre. Malheureusement nous avons appris qu’en réalité, ces affrontements ont été de véritables agressions physiques et insultes de la part de mercenaires de l’animalisme, contre les aficionados qui allaient à la Plaza de Toros. Cette opération terroriste de rue ne s’est pas produite de façon spontanée : conjonction de revanchards politiques après leurs derniers échecs judiciaires et électifs associés à des extrémistes furieux de la perte symbolique de Bogota, reconquise légalement sans violence et menaces. Je cherche à éviter à introduire la politique dans cet édito. Je respecte trop mes amis aficionados pour exprimer ici toutes les initiatives à mélanger les genres et à introduire des théories ridicules qui ne tiennent pas à une analyse sérieuse. Cependant, on ne peut laisser tout passer…
Malgré tous ces bruits, les arènes de Bogota se remplirent avec plus de 10 000 spectateurs heureux de retrouver la corrida chez eux et enthousiastes de voir triompher Andrès Roca Rey devant ses deux adversaires, son toro d’alternative, premier de la tarde, portant symboliquement peut-être, le nom de LIBERTAD. Il faut espérer, pour que le public revienne aux arènes, parfois en famille, qu’il soit protégé des agissements de ces
nervis par les forces de sécurité.

Soyez convaincus chers amis, que si en France la situation est différente, elle est toute aussi sérieuse. Nous devons conforter, en nous appuyant sur la vraie démocratie, les lois et les voies juridiques qui protègent les citoyens, sans tomber dans l’affrontement violent où veulent nous entraîner nos adversaires. Ce sont les pouvoirs publics qui doivent faire respecter l’ordre et les décisions des tribunaux. Il est vrai cependant que la situation est moins compliquée qu’en Espagne où le système d’élections régionales et nationales à la proportionnelle est perverti par l’utilisation de certains partis ou groupuscules politiques. Il leur permet de prendre des décisions graves en faveur des antis car les tendances minoritaires cherchent à créer des majorités de circonstance, parfois contre nature, pour gouverner. Ils en arrivent à concrétiser des initiatives incohérentes, comme l’indépendance et la suppression de la corrida chez nos voisins catalans, alors que Barcelone a été pendant 150 ans une des plus grandes villes taurines du monde. Qui remplissait les arènes ? Les Catalans. Nous devons démontrer, dans un système électif majoritaire, à nos politiques gouvernants, que notre démarche est respectable et doit être respectée face aux activistes et leurs actions souvent terroristes dont nous sommes parfois les victimes. Certes, ils essaient d’avancer, cachés par le biais de plusieurs médias bien pensants qui font preuve d’un angélisme crédule déconcertant (sont-ils complices ?). De toute façon, ne se laisse tromper que celui qui le veut bien.
Il est vrai que chez nous, les défenseurs de la pensée
antispéciste, héritiers de la philosophie dominante du XXème siècle jusqu’aux années 70, après l’entracte désastreux du fascisme, ont besoin de revenir par une autre fenêtre. Le danger est de chercher à nous faire vivre tous dans le même moule et presque dans un carcan, en reniant tous nos héritages culturels pour nous fondre dans la masse. Nous devons avoir confiance, certains diraient oublier nos peurs, mais nous ne devons pas négliger cette nouvelle démarche philosopho-sociologique qui essaie de revenir à ses origines sous une autre forme mais qui surtout veut détruire nos libertés. Notre rôle est de maintenir l’authenticité de nos traditions, celui de l’Etat est de les défendre contre les attaques subversives ou délirantes des extrémistes dangereux ou des penseurs loufoques.

Ce n’est pas tout. J’ai un autre souci qui, lui, vient de notre propre camp, si l’on considère qu’ils en font partie. Nous sommes témoins d’une lutte ouverte en Espagne pour le pouvoir des empresas taurines à un niveau inégalé dans l’histoire. Suite à l’entente du puissant mexicain Antonio Bailleres et la Casa Chopera, la de Manolo (Oscar y Pablo), nous venons de voir apparaître une alliance pour le moins inesperada : Simon Casas, Matilla, Martinez Erice (Taurodelta) et Ramon Valencia (Maestranza de Sevilla), pour l’adjudication des arènes de Malaga. Nous assistons à une véritable guerre entre ces deux groupes, notamment pour s’assurer la participation des figuras dans les projets déposés à la Diputacion, responsable de l’attribution des adjudications, selon le système habituel du monde taurin espagnol quand les plazas sont publiques. Cette situation me paraît doublement dangereuse :
– Après avoir développé beaucoup d’énergies pour obtenir la gestion des grandes arènes (quelle est la prochaine ?), les empresas gagnantes montreront-elles autant de dynamisme et d’idées géniales pour les exploiter dans l’intérêt du spectacle et donc de l’Aficion ? Combien de temps sur des contrats qui durent normalement 4 ans ?
– Quelle conséquence la constitution de ces empresas géantes (magnas) aura-t-elle sur les toreros figuras qu’elles auront entraînés dans leur système, notamment pour bloquer leur rémunération ? Tout le monde n’a pas le pouvoir qu’ont eu en leur temps Manuel Benitez El Cordobes, Paco Ojeda ou Jose Tomas… On peut craindre qu’ils deviennent des fonctionnaires de l’épée et de la muleta. Ce qui est contraire aux fondamentaux de la tauromachie et des toreros :
técnica, valor y arte, le tout poussé par la passion et l’ambition. Certes, le torero a besoin d’une certaine sécurité financière pour le tranquilliser, pour sa sérénité, mais il ne doit pas devenir un employé obéissant aux directives de son employeur (apoderado et empresa).

Vous comprenez mes soucis ?

Le responsable de rédaction : Francis ANDREUEdito n° 45