ÉDITORIAL – AOÛT 2016

« MA LIBERTÉ, LONGTEMPS JE T’AI GARDEE COMME UNE PERLE RARE
MA LIBERTÉ, C’EST TOI QUI M’A AIDE A LARGUER LES AMARRES »

Isolé et éloigné des bruits mitigés et de l’ambiance tiède de la Feria 2016, j’ai écouté par hasard l’interprétation exceptionnelle, par l’inoubliable Serge Reggiani, de la chanson composée par son ami Georges Moustaki. Le Pâtre Grec connaissait parfaitement la voix grave et la personnalité du petit italien d’Emilie Romagne et lui a permis d’interpréter un de ses meilleurs poèmes accompagné d’une mélodie que nous ne pourrons oublier. Je vous invite à écouter l’ensemble de cette merveille pour laquelle je préfère la personnalité de Reggiani. Cette interprétation a provoqué chez moi un retour sur mon passé et j’ai retrouvé avec émotion plusieurs de mes attitudes devant la vie, sans vouloir les comparer à celles de ces deux maîtres de l’indépendance. Bien qu’élevé dans une conception stricte correspondant à mes origines familiales, je revendique ma LIBERTÉ qui ne s’oppose pas à FIDÉLITÉ, sans écarter les échecs. Ils ne m’imposeront pas leurs mensonges éhontés, ni leurs nouvelles théories bien pensantes. Au niveau local, je ne supporte plus notamment la désinformation de la presse locale exclusiviste que nous subissons depuis plus de 10 ans (le regretté Antoine Moulinier doit se demander ce qu’est devenu son Midi Libre).

En ce qui concerne l’actualité taurine, je ne puis que m’opposer véhément aux récents vétos fallacieux inacceptables sur les activités de notre UTB et du Musée Taurin :
– Don de son épée de mort par Juan B
autista,
– Remise du Tastevin d’Argent au novillero Adrien S
alenc lauréat de la Novillada du Tastevin d’Argent du 15 août pourtant inscrite officiellement au programme de la Feria par l’organisation. Je ne sais pas s’ils sont en laisse, mais ils sont au moins aux ordres ou font-ils du zèle. Au profit de qui ? … Je fais remarquer au rédacteur taurin de cette presse que, tout en félicitant les Boujanais de l’avoir rappelé pour 2015, Andrès Roca Rey avait déjà reçu le Tastevin d‘Argent de l’UTB pour la novillada de la Feria 2014. Chers aficionados, écoutez le poète, gardons notre liberté. Ne vous laissez pas manipuler par ceux qui ont entraîné, il y a 20 ans, le pouvoir local dans un accord dont nous payons actuellement les conséquences. Cela ne nous empêchera pas de nous réunir autour de nos racines pour réagir, si nous le voulons vraiment. C’est cette LIBERTÉ qui a été le moteur qui a permis de dépasser toutes les crises que notre région et notre ville ont connues depuis plus de 100 ans et qui ont touché nos arènes qui en dépendaient directement. Certains voudraient nous faire croire que la situation actuelle est inéluctable. Cela permet de cacher les errements, les connivences et même les turpitudes. Les anciens, même si ces dernières étaient différentes, ont su les dépasser et pourtant elles paraissaient infranchissables. A la fin des années 60 (plus aucune corrida de toros en 1967 et 1968) et au début des années 80 (fin de la désastreuse époque Aymé), les arènes de Béziers ont su résoudre des crises encore plus catastrophiques car l’Aficion a su se libérer de certaines contingences et s’unir pour trouver chaque fois une solution. Les propriétaires, à cette époque là, ont laissé agir l’aficion et la ville et ne se sont pas mêlés à ces combats et à ces conflits… Certes il existe des circonstances particulières cette année mais je ne retrouve nulle part les – 30 % en 2016 ajoutés aux – 10 % en 2015 et – 8 % en 2014 et combien depuis 2005 ? Il existe un problème structurel et non conjoncturel. Je me réjouis des résultats de Mont-de-Marsan, Dax, Vic, Céret, Parentis… Ne tenons pas compte du 15 août 2016 de Bayonne, coincé et contrarié par les no hay billetes simultanés de San Sebastian et Dax. J’ai noté avec intérêt l’appel à l’unité lu dans nos arènes le 12 août pour faire face aux ignobles anti-corridas et vegans… Mais qu’avons-nous fait chez nous depuis 20 ans alors que de nombreux aficionados facilitaient les agissements de certains pouvoirs locaux et se compromettaient avec leurs comportements ? Maintenant, qu’allons-nous faire ?

S’ils sont prêts à agir pour faire face à nos adversaires et relever l’avenir de nos arènes, je pense que nous devons nous réunir vraiment en oubliant les intérêts contraires à cette cause. Nous devons garder la LIBERTÉ de nos agissements et être fidèles aux actions passées qui ont donné des résultats à Béziers et ailleurs. Je ne dispose pas de tous les documents et de toutes les arguties juridiques qui pourraient bloquer la situation. J’ai déclaré déjà depuis plusieurs mois que si la situation actuelle est maintenue pendant 3 ans : Dejaran la Plaza como un Solar (Ils laisseront les arènes comme un terrain vide, un désert). Si unis ( ?) ou du moins solidaires, nous gardons notre LIBERTÉ dans le seul intérêt de l’Aficion et de nos Arènes, les intervenants majeurs sur ce dossier devront trouver une solution.

Mettez-vous sur Internet et laissez-vous entraîner à chanter avec Serge Reggiani la chanson de Moustaki. Cela vous donnera envie de vivre vos passions. Vous comprendrez.

Ma liberté, longtemps je t’ai gardée
Comme une perle rare
Ma liberté, C’est toi qui m’as aidé à larguer les amarres.
Pour aller n’importe où, pour aller jusqu’au bout des chemins de fortune
pour cueillir en rêvant une rose des vents sur un rayon de lune.

Ma liberté, devant tes volontés
mon âme était soumise
Ma liberté, je t’avais tout donné ma dernière chemise.
Et combien j’ai souffert pour pouvoir satisfaire tes moindres exigences
j’ai changé de pays, j’ai perdu mes amis pour gagner ta confiance.

Ma liberté, tu as su désarmer toutes mes habitudes
Ma liberté, toi qui m’as fait aimer même la solitude.
Toi qui m’as fait sourire quand je voyais finir une belle aventure
Toi qui m’as protégé quand j’allais me cacher pour soigner mes blessures.

Ma liberté, pourtant je t’ai quittée une nuit de décembre
J’ai déserté les chemins écartés que nous suivions ensemble.
Lorsque sans me méfier les pieds et poings liés je me suis laissé faire
Et je t’ai trahie pour une prison d’amour et sa belle geôlière. (bis)

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Edito n° 40 – Août 2016

ÉDITORIAL – JUILLET 2016

« Un empresario tiene que crear ilusion, es el Apoderado del publico. Tiene que harcerlo por aficion para que todo salga correcto, porque sin publico seria imposible… »*

Cette déclaration de J.M. Garzon, jeune empresario espagnol, a attiré immédiatement mon attention. Petit à petit, il est arrivé à s’implanter dans le monde difficile, exigeant et risqué financièrement de l’organisation de corridas. Certains lui prêtent même un futur important à Mexico, pays d’origine du torero qu’il apodère, Diego Silveti. Je suis en parfaite symbiose avec cette déclaration qui rappelle à l’empresario que, l’aficion, part active du public, est la base du développement d’une arène. Si l’empresario ne fait pas cette démarche vers le public, nous assisterons progressivement à l’extinction de la flamme indispensable à la vie de nos arènes. Manolo Chopera, grand empresario mais aussi grand aficionado, savait très bien gérer financièrement ses affaires mais il savait aussi apporter au public ce qu’il attendait de lui. Le résultat de sa puissance professionnelle sur le monde taurin, mais aussi la considération de l’aficion, démontrent le succès de sa conception enpresariale. Ses successeurs n’ont pas su suivre sa démarche et la majorité de leurs affaires a périclité. Je leur souhaite de réussir le sauvetage des arènes de San Sebastian. Ce serait dommage de perdre, face aux attaques infâmes et trompeuses de la municipalité qui a voulu nous faire croire à sa volonté démocratique pour se faire élire et pour ne suivre par la suite que sa philosophie indépendantiste (sans les armes mais plus pernicieuse). Revenons à nos empresarios taurins. Nous constatons aussi bien en France qu’en Espagne, que ceux qui ne savent pas se rapprocher du public, pour conforter un noyau dur d’aficionados permettant de créer une ambiance, une dynamique, périclitent. Je ne parle pas de la pratique trop commune du clientélisme qui consiste à s’appuyer sur un petit groupe d’inconditionnels soudoyés pour des pacotilles mais qui croient avoir du pouvoir grâce à de petits avantages. Ils n’apportent rien à la dynamique de l’aficion. Bien au contraire puisqu’ils servent uniquement que de tapadera*ou de burladero* au maître des lieux. C’est triste mais c’est ainsi que cela fonctionne notamment dans certaines grandes arènes, avec des conséquences graves pour l’avenir. Ceci n’est pas une accusation mais un Appel pour que ces gens-là comprennent que si ce n’est pas eux qui agissent, s’ils ont d’autres ambitions, leurs arènes sont en danger. Les exemples sont multiples pour confirmer le danger qui nous guette. Nous ne sommes pas là pour citer des noms d’arènes et d’empresarios mais pour rappeler au monde taurin ses responsabilités.

Des circonstances personnelles ne me permettent pas de commenter de trop près l’actualité, notamment la Feria del Toro de Pamplona. Je dois tenir compte des commentaires de témoins directs, de confiance depuis ma résidence. Malgré ce, je dois en premier m’incliner avec un profond respect, devant la dépouille de Victor Barrio, tué par la corne certera* d’un toro de Los Maños qui cloua au sol le jeune torero de Segovia (Sepulveda) découvert par le vent dans les arènes de Teruel durant la faena de muleta. Je connaissais Victor depuis sa carrière de novillero puntero* bien appuyé par son apoderado et de nombreux seguidores, Segovianos et Madrilènes. Ce jeune torero que j’avais eu l’occasion d’approcher, démontrait une amabilité spontanée et discrète qui augmente encore plus ma peine et mes interrogations de vieil aficionado. Quand je lis les déclarations exaltées de ceux qui préfèrent les cornadas de toros exigeants à celle de la terrible voltereta infligée par un petit toro mexicain au Matador de toros romantique mexicain El Pana, qui devait décéder quelques jours après, je suis désemparé. Il n’y a pas d’échelle de valeurs dans ces cas-là. Le toro tue, le toro peut tuer n’en déplaise à certains incompétents, quelle que soit son encaste. Paquirri est mort d’une cornada d’un toro de Sayalero y Bandres dans les arènes de Pozoblanco et Yiyo eut le cœur transpercé par un toro de Marcos Nuñez dans les arènes de Colmenar Viejo. C’étaient des figuras et des ganaderias accréditées. Je vous en prie, arrêtez de vous jeter des anathèmes pour savoir quel est le plus dangereux et surtout de le rechercher comme un objectif. Sachons nous réunir pour la défense de la corrida. Elle est en danger. Défendons le toro bravo et faisons face à nos adversaires.

Arrêtez vos chamailleries quand la presse française qui annonçait la mort de Victor Barrio, nous fait remarquer, comme pour minimiser le danger, qu’aucun torero n’était mort depuis 30 ans dans une arène : une première en 30 ans. Je pourrai leur énumérer les innombrables blessures gravissimes que des toreros et novilleros ont subi dans les ruedos ces derniers temps. Chers amis, c’est vous, empresas et toreros qui avez peut-être la solution. Ne la négligez pas. A nous aficionados de vous aider mais aussi s’il le faut, d’exiger de vous les solutions pour retenir le public, le captiver, lui redonner cette passion qui fera reculer les extrémistes mais aussi les politiques hypocrites. Le résultat des dernières élections en Espagne a démontré que certains aficionados, déçus par les politiciens abolitionnistes de tous bords, avaient su oublier leurs fondements philosophiques pour défendre la corrida contre les accords infâmes et contre nature, avec l’unique but de créer des majorités de pouvoir. Pour une fois, certains éditorialistes taurins espagnols ont même su mettre la jambe face à l’ignominie et les scandaleuses décisions de certains politiques sans scrupule. Tout peut arriver mais ne jouons pas avec le feu. Je ne vous invite pas à lire les blogs et les tweets scandaleux adressés par les extrémistes à l’épouse de Victor Barrio suite à la tragédie, tellement ils sont écœurants et insupportables pour tout être humain normalement constitué. De même, peu de condoléances des partis politiques hors les représentants officiels du PP. Comment des aficionados sincères et respectables dans leurs idées politiques peuvent continuer à approuver ces gens-là ? Mes amis, réagissez ! La Fundacion al Toro a décidé d’attaquer juridiquement ces comportements inacceptables des antis, notamment sur internet. Tous ces tweets sont indéfendables mais vous verrez que nous trouverons toujours quelque intellectuel fumeux pour rentrer dans ce jeu au nom de la liberté d’expression…

Arrêtons nos chamailleries. Écartons les idées extrémistes de certains de nos partisans et rejetons les marchands du temple qui galvaudent la corrida dans un seul esprit mercantile. Recentrons-nous sur nos fondamentaux : force, bravoure d’un côté, art et technique de l’autre. Vous verrez que nous serons plus forts, surtout si nous restons tous unis sans perdre notre liberté. Discuter avec eux ne sert à rien. Il faut rester droit dans nos bottes et démontrer aux pouvoirs publics que c’est sur nous qu’ils peuvent appuyer une vraie démocratie et non chez ces aventuriers d’un moment qui peuvent facilement virer à un autre extrémisme. L’Histoire en est remplie. Après trop d’années de silence et d’individualisme, l’Espagne taurine réagit enfin pour dénoncer et attaquer avec tous les moyens légaux disponibles, notamment après les scandales sur internet suite aux déclarations de certains fanatiques anti-taurins.

Petit résumé de Pamplona : une nouvelle fois les Pamplonicos de Navarre ont célébré en chantant la fin de la San Fermin ce 14 juillet par le Pobre de Mi. Ayant pu voir de ma résidence quelques encierros, il faut remarquer la vitesse et l’impétuosité des Victoriano del Rio (confirmées dans le ruedo) au contraire des Escolar où on a pu voir, chose rare, un toro qui voulait revenir en arrière. Au niveau des toreros, Andrès Roca Rey fait l’unanimité du public (5 oreilles) et des commentateurs qui progressivement, ne peuvent que reconnaître ses qualités pourtant prévisibles. Doté d’une cabeza privilegiada, n’oublions pas sa technique étonnante et son courage impressionnant, incroyables à son âge. Sébastien Castella très bien (1 oreille) a des difficultés à émouvoir à sa juste valeur le public de la San Fermin. El Juli, et Talavante ont marqué de leur personnalité cette Feria. Le drame de l’attentat de Nice que j’apprends ce matin m’a profondément perturbé. Après cela, que dire !!!!

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Edito n° 39 – Juillet 2016

* Un empresa doit créer l’illusion, c’est l’Apoderado du public. Il doit le faire par aficion, pour que tout se déroule correctement, parce que sans public, cela serait impossible…
* Certera : qui frappe avec certitude
* Tapadera : couverture, cachette
* Burladero : le trompeur (qui permet de se cacher)
* Novillero puntero : novillero de premier rang

TASTEVIN CORRIGÉ DOMAINE

ÉDITORIAL – JUIN 2016

métalLE MONDE EST EN CHAMAILLE… JE REVIENS CHEZ NOUS

Je vous avais quittés après la 15ème corrida de toros de la San Isidro avec la tristesse que m’a causée le début de la principale Feria du monde. Je reconnais que quelques rayons de soleil sont venus nous apporter de meilleures sensations mais les fondamentaux du Madrid 2016 restent malheureusement les mêmes.
Comment l’empresa de Madrid peut-elle présenter deux lots de toros de la ganaderia d’Alcurrucen si différents ? Au niveau du trapio (configuration harmonieuse du toro correspondant à son encaste), la comparaison entre les toros du 20 mai avec El Juli et Castella et le 24 mai avec Urdiales, David Mora et Roca Rey était criarde. Heureusement pour la justice (pas pour les spectateurs), ce sont les toros du 24 mai, plus imposants et harmonieux que ceux des Figuras, qui ont eu le meilleur comportement dans le ruedo : bravoure et combativité. Comme quoi… Cela a permis à David Mora qui revenait à Madrid 2 ans après sa grave blessure, de triompher avec beaucoup d’émotion en coupant les 2 oreilles du magnifique 2
ème Alcurrucen, Malagueño, qui fut honoré du mouchoir bleu de la Vuelta al Ruedo. Je pense que David Mora aurait pu créer une autre œuvre d’art devant ce grand Alcurrucen mais le public, comme le Président, s’est laissé entraîner par l’émotion des circonstances du combat et la grande estocade de Mora. Le public n’eut pas la même attention le même jour vis-à-vis d’Andrès Roca Rey qui méritait une oreille. Ils n’ont pas voulu le voir ? J’ajouterai dans mes satisfecit la casta de l’ensemble du lot de toros de Baltasar Iban qui s’est imposé à ses 3 valeureux adversaires, même si l’admirable Camarin a permis à Alberto Aguilar de couper une oreille méritoire. Il semble que l’apport récent de sementales de Pedraza de Yeltes ait apporté plus de trapio aux toros d’El Escorial, sans toucher au tempérament typique de l’encaste créée par Don Baltasar Iban en 1957 après le croisement des origines Contreras et Guateles. Il est vrai que la tendance actuelle du trapio des plazas de 1ère catégorie nous privait de ces toros madrilènes que nous avons eu la chance de voir souvent en France, pour notre bonheur, dans des arènes moins prestigieuses depuis le début des années 2000 (Aignan en 2011 et 2012). Les Biterrois ne doivent pas oublier que ces toros ont triomphé dans nos arènes : Richard Milian a coupé le dernier rabo de Béziers à un toro d’IBAN en 1987. Leur comportement notable à Vic pour Pentecôte 2016 semble confirmer qu’il faudra compter à l’avenir sur cet élevage. Enfin !
Autant j’ai apprécié les Victorino Martin dont 3 toros, sans atteindre des sommets, permettaient le succès d’Abellan et surtout du Cid qui a perdu la confiance et la maîtrise indispensables pour affronter ces toros. Pourtant ce sont eux qui l’ont fait connaître. Les années sont passées par là.
Autant les Adolfo Martin n’ont pas démontré la bravoure et la combativité habituelles. Certes Sébastien Castella a assuré une belle faena face à son adversaire mais pas dans le style que le public attendait devant cette ganaderia. Ils n’ont pas voulu le voir, certains, toujours les mêmes, l’ont même perturbé dans le déroulement d’une faena pleine de temple et d’esthétique qui manquait un peu d’émotion à cause de son Adolfo un peu fade et de l’estocade.
Ma grande satisfaction est d’avoir pu revoir dans le lot de Victoriano del Rio de la Beneficienca, 3 exemplaires de qualité alliant à leur physique traditionnel, une solidité, un comportement de toro bravo, que je ne leur connaissais plus depuis 2 ans où la mansedumbre (comportement de manso) et même la force me faisaient craindre une perte de caste inquiétante. Nous avons pu à l’occasion de cette prestigieuse corrida présidée par le « Roi Emérite » Don Juan Carlos, le comportement si versatile du public de Las Ventas qui obtint 2 oreilles (inattendues cependant pour une partie du public) en faveur de Lopez Simon, régional de l’étape puisque natif de Barajas. La très bonne estocade du jeune madrilène ne peut justifier une nouvelle fois des trophées que j’estime exagérés et peu compréhensibles devant un toro à la charge franche et infatigable. Le torero a montré, certes sa tendance de toreo vertical qui ne m’émeut pas, mais aussi un bagage insuffisant avec la cape, tant dans la brega que dans les quites. Un secteur du public très froid envers Sébastien (parfois même à nouveau désagréable) espérait déstabiliser Jose Maria Manzanares, comme ils l’ont déjà fait par le passé aussi envers lui, mais le jeune
Manzana les a pris de vitesse par une magnifique réception de Dalia le 5ème Victoriano, par des véroniques magnifiques. Dès le premier quite, les chicuelinas mains basses, exceptionnelles, dignes de celles de son père, enflammèrent le grand public enthousiasmé et les autres ne purent que se taire. La faena de muleta commencée par les derechazos habituels pour templer la charge du grand toro, s’est conclue par des séries de naturelles exceptionnelles. La grande estocade a recibir ne pouvait se conclure que par la sortie triomphale de Jose Maria Manzanares qui a été déclaré unanimement triomphateur de la San Isidro, avec une mention spéciale pour le débutant Roca Rey.
Ces éclairs ne changent rien à mon analyse initiale. Ils ne font que confirmer qu’une grande partie de ces problèmes vient d’accords tacites entre l’empresa, les ganaderos, les apoderados, les veedors des figuras qui amènent à Madrid des toros inaptes et qui désespèrent l’aficion.

La temporada continue avec la présence du Maestro Jose Tomas à Alicante. Ce mano a mano avec Manzanares peut atteindre des sommets, suivant la qualité des toros présentés.

affiche feria 2016jpgRevenons dans le Biterrois : la Feria des Novilladas de Boujan s’est déroulée avec un succès populaire intéressant malgré le très mauvais temps de samedi. Les organisateurs travaillent avec passion pour ancrer cette féria dans la tradition taurine biterroise. La persévérance peut apporter les résultats espérés. Tout en restant fidèles à leur projet, les organisateurs doivent certainement bien remater (parfaire) leurs cartels. Il est vrai que l’édition 2015 avait été particulièrement choyée au niveau des novilleros. Ma préoccupation est toujours la même : peut-on maintenir deux Ferias, juin et août, et une corrida de toros en octobre, dans la plaza de Boujan ? Peut-être si les arènes du Plateau de Valras continuent à se limiter à la Feria d’août. Quant à la Feria de Béziers, elle a été annoncée officiellement le 3 juin. Peu de commentaires qualitatifs sur les cartels. La grande majorité des toreros se justifient, même si j’aurais préféré, comme beaucoup d’aficionados, que la mixte avec Pablo Hermoso soit remplacée enfin par une corrida de toros traditionnelle, avec 3 toreros à pied au paseo. Il n’en manque pas. En ce qui concerne les toros, il est regrettable qu’à ma connaissance, aucune photo ou vidéo des exemplaires retenus n’aient été présentées à la Commission Taurine. Les visites non officielles au campo ne me paraissent pas répondre à ces critères. Quant au choix des ganaderias qui restent dans la catégorie des in, je regrette que depuis 10 ans, ce choix réservé à 5 élevages, à l’exception des Alvaro Domecq en 2014 (pour résoudre des engagements antérieurs de l’empresa, étrangers aux arènes de Béziers), soit si restrictif et enlève à l’aficion un intérêt de découvrir ou revoir.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Edito n° 38 – Juin 2016

ÉDITORIAL – MAI 2016

MADRID, MADRID, ME PONGO TRISTE AL VER LO BIEN QUE TU TE VISTES SI SE VAN A REIR DE TI*

Le talent de Nilda Fernandez était inspiré par sa divine muse pour l’écriture du texte et de la mélodie de cette adorable chanson créée en 1987 qui est plus nostalgique que désespérée. Ce Madrid a bien entendu changé mais c’est pour d’autres raisons qu’il m’attriste plus que l’artiste devant les inepties et la lâcheté de nos adversaires, assurés de la protection ou de l’immobilisme des pouvoirs politiques et bien entendu la complicité de plusieurs médias. Ils n’ont aucun sentiment de honte, sans retenue, pour prendre les initiatives les plus perverses contre les tauromachies qu’a connues notre ancien continent depuis des millénaires avant de traverser l’Atlantique avec les découvreurs. Le Révisionnisme a toujours été utilisé par les extrémistes de tout bord pour cacher les abus et les crimes de leurs prédécesseurs quand ils voulaient améliorer leur image pour convaincre les nouvelles générations. Dans une autre phase de leurs agissements, certains utilisent même les camps de redressement pour inculquer leur bonne parole aux récalcitrants, parfois jusqu’à l’extrême. Nous assistons actuellement à un déchaînement des antis sous toutes ses formes. Surveillez-les vegans, ils sont chez nous. La conception abominable de l’exposition organisée ces jours-ci à Madrid dans le Circulo de Bellas Artes sous le titre « les autres tauromachies », n’a pour objectif que de « réviser » (faute avouée mais que nous ne devons pas leur pardonner) l’œuvre de Goya : « Goya, pionnier du mouvement anti taurin ». Rien ne les arrête puisque les pouvoirs publics leur montrent le chemin. Après avoir voulu attaquer la mémoire de Dali « fasciste » (il n’était certes pas de la pensée unique), pourquoi pas Goya anti-taurin. Je ne rentrerai pas dans le détail des errements (sans preuves) de cette organisation mais je tiens à signaler que le personnage caché sous le titre pompeux de Commissaire de l’exposition a cautionné cette affirmation « les toreros sont des psychopathes ». Pour terminer avec cette mouvance, je tiens à vous faire remarquer que les fameux « Robin des Bois » dont on nous a fait avaler en France toutes les déclarations scientifiques vertes, ne nous ont pas oubliés dans leur rapport sur les pollutions en qualifiant la tauromachie de « psychotoxique ». Comment peut-on continuer à prendre au sérieux ces gens-là ? Ils ont tout leur temps pour avancer leurs pions sans le moindre scrupule intellectuel. Je tiens à signaler à tous les animalistes de tout poil que le Pape François, qui a pourtant souvent montré son intérêt pour la cause animale, vient de déclarer qu’il était regrettable de constater que certains montrent plus de compassion pour les animaux que pour les difficultés de leurs voisins. Cette déclaration n’a pas été reprise par la majorité des médias ! Comme par hasard. Qu’ils se regardent tous sincèrement (?) dans une glace. Mais connaissent-ils la signification de sincérité et encore moins d’honnêteté intellectuelle. Seul leur objectif final compte.

Mais revenons aux grandes Ferias 2016. J’aime bien Madrid que j’ai bien connu entre 1990 et 2010. J’aime son animation, le goût de vivre des madrilènes et leur histoire. Même si j’adore Séville et sa Maestranza, je reconnais que Las Ventas est bien le centre mondial de la tauromachie et la structure qui doit rester la référence de l’intégrité de la corrida dans le monde. Malheureusement, pas toujours à bon escient, depuis quelques temps, surtout quand le public en rajoute. Certes depuis 15 ans je ne puis assister à une corrida assis dans les tendidos sol, « 3 – 5 et 7 de Las Ventas à cause d’un groupe d’extrémistes (je n’en aime aucun) qui détruisent l’ambiance par leurs sifflets anticipés pour déstabiliser certains toreros, selon leurs a priori. Je ne supporte plus leur voisinage. Laissez-le commencer à toréer selon ses critères et sa connaissance du bétail. Laissez le public faire sa propre idée. S’il ne vous satisfait pas, marquez-lui ensuite votre réprobation. Heureusement, la télévision me permet de voir et revoir en direct ou en différé les corridas de Las Ventas. Je trouve le public assez passif cette année alors que nous voyons un bétail décevant, tant par sa faiblesse, sa morphologie que par sa mansedumbre qui lui fait abandonner le combat dès que le torero lui prend le dessus. Nous assistons à nouveau à un début décevant de San Isidro 2016. « Madrid, Madrid, me pongo triste ». Heureusement, nous avons pu apprécier à nouveau les qualités hors du commun du jeune Andrès Roca Rey pour son intelligence, la maîtrise de sa technique, son assurance, sa volonté extrême de triompher digne et sans tomber dans la vulgarité malgré des adversaires compliqués. Quelle estocade sincère et engagée devant le deuxième Cuvillo qui, comme durant toute la faena, restait tête haute. Il n’y avait aucune possibilité de passer la corne et pourtant 2 oreilles triomphales. Vous connaissez les qualités toreras, le temple de Talavante que vous avez appréciés plusieurs fois sans oublier son pundonor démontré face à son deuxième Cuvillo, violent et « sin un pase ». Le Fuente Ymbro manso en tablas pour sa deuxième corrida ne présentait aucun problème majeur pour faire sa faena et conclure par une bonne estocade : une oreille un peu généreuse pour Madrid. Pourquoi une partie de la presse taurine officielle qui prolifère sur internet, s’est cru obligée d’apprécier au même niveau les prestations de Talavante et de Roca Rey, alors que le jeune Péruvien a fait l’unanimité du public et des professionnels indépendants ! Pour conclure sur les 15 premiers festejos, nous devons parler de l’impressionnante et grave blessure du jeune novillero mexicain J.D. Adame (1 oreille) et de Filiberto face à des novillos de Montecillo. De ce fait, Juan de Castilla dut en toréer 4 et montra des qualités intéressantes (1 oreille). Il faut noter en plus de Juan Bautista, très bien devant le bon Montealto qui ouvrait la Feria, les succès d’Ureña (1 + 1 oreille) toujours très courageux et en progrès qui connecta très bien avec le public de Las Ventas, notamment devant le très bon 6ème Pedraza. Plus brouillon à mes yeux devant les toros du dimanche 22 mai (Las Ramblas) où il démontra surtout une volonté exacerbée pour convaincre son public. Je souhaite le voir moins racoleur auprès du public et aussi plus respectueux de ses collègues de cartel qu’on ne laisse pas tomber à Vic face aux Victorino pour une petite cornada envainada (sous-cutanée) qui aurait pu attendre. Nous sommes plusieurs à avoir remarqué ce détail. C’est dommage car sa technique est efficace, son courage est admirable et ses épées engagées malgré deux pinchazos aux deux toros récompensés. Pourtant le public de Las Ventas a souvent montré par le passé, plus de retenue dans ces cas-là. Il ne faut pas confondre émotion (indispensable en tauromachie) et sensiblerie.

Madrid, Madrid, me desesperas de tanto mover las caderas. Se van a reir de ti. **

Pour les toros, le constat est de plus en plus préoccupant depuis le début de la temporada. Nous pouvions espérer que Madrid nous permettrait de montrer qu’il ne s’agissait que de mauvaises circonstances. Le mécontentement du public madrilène sur leur comportement décevant tant pour leur faiblesse, leur mansedumbre et même si sa morphologie est satisfaisante. Cela agit aussi sur le comportement et la volonté du torero qui voit trop souvent son adversaire abandonner le combat dès qu’il lui prend le dessus dans la faena. Le début de cette San Isidro est vraiment désolant. J’ai évalué pour le moment, un toro valable sur 6 en moyenne. Madrid, Madrid, me pongo triste.

Ne sous satisfaisons pas trop des difficultés madrilènes car la référence correspondante de la Feria de la Pentecôte Nîmoise, tant au niveau de la bravoure, de la faiblesse des toros, sans oublier le trapio est nettement insuffisante pour la première arène française. Je préfère ne pas rentrer dans le détail mais c’est vraiment préoccupant alors que Nîmes dispose d’une arène unique au monde, au passé prestigieux. Son histoire ne mérite pas ça. Reprenez-vous ! Ce n’est pas en offrant (?) deux fois le septième que l’organisation et je dirais même la Ville, vont résoudre le problème (il est vrai qu’il n’y a même pas de commission taurine et que la Ville n’adhère plus à l’UVTF). Quelle tristesse mais aussi quelle colère !
Nîmes, Nîmes, je me sens triste
.

La Feria de Vic n’a pas connu de succès évident malgré un grand toro de Los Maños dans la Concours, des Baltasar Iban intéressants mais dont 3 furent touchés par la perte de sabots, comme 3 Valdellan. Pourtant nos amis vicois avaient fait le maximum pour que leur Feria soit une réussite. Je pense que le problème ne vient pas de l’humidité des corrales (en si peu de jours) mais de conséquences d’élevages et de nutrition mal équilibrés pour accélérer l’alimentation et bien remater leur présentation. Nous avons constaté, en plus de la perte de sabots, des problèmes de boiterie, de ruptures brutales de ligaments dus à des déséquilibres alimentaires et pathologie infectieuse des onglons des sabots.

Si nous revenons sur nos terres biterroises, nous devons tous regretter le refus par les vétérinaires madrilènes du lot de Robert Margé. C’est regrettable surtout pour le ganadero mais aussi pour l’aficion locale qui attendait beaucoup de cette présentation à San Isidro, comme reconnaissance ultime de notre ville par le monde taurin. Habitué par cinq années d’organisation aux arènes d’Aranjuez (2ème catégorie), j’ai appris, à mes dépens, l’état d’esprit des membres du Collège Vétérinaires de la Communauté de Madrid, qui exercent aussi à La Ventas, leurs exigences et leur comportement intransigeant. Je n’ai pas vu les toros envoyés à Madrid au campo mais je ne suis pas surpris que, malgré les efforts des ganaderos, la majorité des toros ait pu être refusée. L’erreur me paraît venir surtout du représentant de l’empresa madrilène qui les avait approuvés quelques semaines avant. Il connaît parfaitement les critères. Cette évolution du toro de Madrid vient après l’excellente gestion de Don Livinio Stuyk jusqu’en 1970 qui créa le prestige de Las Ventas et de la San Isidro, l’arrivée de Don Manuel Martinez  Flamarique (Manolo Chopera) qui a mis les corridas de la San Isidro et de la temporada madrilène à un très haut niveau mais apporta un changement important au trapio des toros. Don Manuel Chopera, habitué aux toros des arènes du nord, donna priorité à la présentation des toros de Madrid et au choix des ganaderias. Il visitait les toros lui-même au campo une première fois, 6 mois avant la San Isidro. Il est vrai qu’il gérait en plus quasiment toutes les grandes arènes du nord de l’Espagne, plus celles du sud-ouest de la France. Il avait fait ce choix avec sa grande compétence et son autorité sur le monde taurin. Le système a donné satisfaction. Malheureusement, à mes yeux, les empresarios qui ont suivi : Famille Lozano et Martinez Uranga n’ont pas eu la force dans leur négociation avec les figuras. Les nouveaux empresarios et les vétérinaires ont confondu bascule et trapio, obligeant les ganaderos à préparer des toros moins structurés et à les engraisser en accéléré et où des 5 ans ont plus de difficultés à charger pendant toute la faena. Les figuras ont imposé un type de toros qui s’adapte mal au trapio de Madrid.

Madrid, Madrid, me desesperas de tanto mover las caderas. Se van a reir de ti.

En ce qui concerne la temporada 2016 de Béziers, nous sommes toujours dans l’expectative, même si nous avons entendu beaucoup de rumeurs pendant l’hiver et ces dernières semaines : festival taurin bénéfique, prévisions de cartels, conversations pour l’inclusion de Gaëtan Ortiz dans les cartels… Il est regrettable que les actions de l’autorité municipale ne s’appliquent pas sur le contenu de la temporada au niveau des ganaderias et de la structure de la Feria. Regardons ce qui s’est passé cet hiver à Dax, Mont-de-Marsan et Bayonne où les clubs taurins sont consultés officiellement. La plupart du temps, ils arrivent à un consensus, animés par l’intérêt de la Feria et de leur ville. Nous disposons à Béziers d’une Commission Taurine qui ne s’est pas réunie avec un ordre du jour adéquat depuis quelle date ? Nous devrions être informés après le 2 juin enfin et mis devant le fait accompli. Conservons notre alegria et nos illusions d’aficionados puisque du 3 au 5 juin La Feria des Novillades, organisée par Toros y Campo, va se dérouler à Boujan sur Libron. Nous pouvons nous attendre à des combats intéressants, avec des novillos d’encastes exigeantes : Escolar Gil d’origine Santa Coloma – Valverde d’origine Comte de la Corte, élevés en France depuis 4 ans, qui ont connu des résultats intéressants notamment lors des Ferias d’Alès 2015 et 2016.

Le novillero vénézuélien Manolo Vanegas qui a démontré son expérience lors de ses dernières sorties, annoncé aux deux novilladas avec picadors, est la base des cartels. Nous attendons avec intérêt le comportement du jeune français Tibo Garcia, espoir des sans picadors 2014 et 2015.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Édito n° 37 – Mai 2016

* MADRID, MADRID, je me sens triste de voir le bien que tu t’habilles. Ils vont rire de toi.

** MADRID, MADRID, tu me désespères de tant bouger tes hanches. Ils vont rire de toi.

Éditorial – Avril 2016

OBJECTIF PRIORITAIRE : RÉCUPÉRER LA BRAVOURE

Le Professeur Antonio Purroy Unanua a intitulé ainsi l’article qu’il a fait paraître récemment dans la presse taurine indépendante. Il nous explique les raisons du manque de bravoure que nous rencontrons trop souvent dans les élevages lidiés lors des grandes férias pour les figuras. Il nous rappelle que depuis une centaine d’années, les toreros importants ont imposé aux ganaderos une évolution qui nous a amenés, progressivement, à la situation actuelle. Ce grand aficionado, comme dans sa conférence au Musée Taurin de l’UTB le 27 février dernier, nous démontre cette évolution qui a transformé la caste Vistahermosa. Cette origine donnait aux yeux des toreros, le toro le plus complet et équilibré pour la lidia qui, après avoir été brave au cheval, arrivait à la muleta dans des conditions adéquates pour charger (embestir). L’histoire de la tauromachie est jalonnée de toros de cette caste. La branche Parladé – Tamaron – Comte de la Corte provenant de la caste Vistahermosa, a donné notamment la ganaderia du Duque de Veragua dans laquelle Juan Pedro Domecq Nuñez de Villaviciencio avait su détecter les qualités de ces origines lorsqu’il l’a achetée en 1928. Son fils, Juan Pedro Domecq y Diez, suivit son travail et sut faire briller la devise rouge et blanche qui remporta plusieurs corridas-concours. Malheureusement ses petits-fils (famille très nombreuse), ont augmenté la quantité du bétail en créant trois autres fers (Jandilla, Parladé et Zalduendo) et ont vendu à d’autres ganaderos beaucoup de vaches et reproducteurs pendant plus de 30 ans. Ils ont accepté la loi du marché et les exigences des figuras en accentuant le caractère de noblesse, dans leur sélection, vers le toro artiste… Cet élevage a donc servi de base à de nombreuses autres ganaderias, directement ou indirectement, ce qui nous amène à la situation actuelle par l’abus d’une sélection adoucissante et l’affaiblissement de la caste par ces nombreuses ventes qui accentuent la tendance actuelle du mono encaste.

Après les Fallas de Valencia, je vous avais fait part de mon ennui et de la tristesse devant le comportement de la quasi-totalité des toros de cette grande féria. Malheureusement, la dernière féria de Séville qui s’achève ne fait que confirmer la constatation antérieure et nous inquiète encore plus sur l’évolution du comportement du toro bravo, base essentielle de la corrida. Cette constatation n’est pas nouvelle mais, cette année, le début de la temporada a montré une situation catastrophique. Sur l’ensemble des corridas, l’impression générale des aficionados, tant sur les gradins de la Maestranza que devant la télévision, est l’ennui et même la colère. Ce ne sont pas quelques exemplaires (1) de Juan Pedro Domecq, (2) de Torrestrella, (1) de Daniel Ruiz gâché par El Cid, (3) de Victorino Martin, (4) de Nuñez del Cuvillo sur 12 et (1) de Funte Ymbro (excusez si j’en ai oublié), qui nous rendront notre alegria. Certes, j’ai apprécié comme tous le comportement du bon 2ème Cuvillo de Manzanares que le Maestro a été obligé de toréer vraiment, contrairement à la naïveté de son premier qui courait innocemment derrière sa muleta, sans jamais comprendre ce qu’il faisait et sans montrer l’émotion du combat que l’on attend d’un toro bravo. Au contraire, le public et les aficionados ont surtout apprécié le combat du grand toro bravo (Cobradiezmos) de Victorino Martin indulté à la fin de la faena de Manuel Escribano. Il n’était peut-être pas parfait pour les puristes qui l’ont vu escarbar (gratter le sol) d’abord avant de s’élancer pour une deuxième pique prise en brave au galop avec fixité et par la suite sur les trois premières séries au début de la faena de muleta. Au contraire, à mes yeux, cette attitude démontre encore mieux la valeur de son combat, car sa bravoure n’était pas naïve. Le fait qu’il ait su dépasser ses interrogations, la valorise encore plus. Cela valorise aussi la faena de muleta d’Escribano qui a aguante (accepté) les doutes de son adversaire au début pour recevoir ensuite muleta basse, la charge fixe, spectaculaire et vibrante de Cobradiezmos, grand toro bravo jusqu’à la fin de la faena. Le public et les aficionados de la télévision se sont réjouis spontanément de la décision du Président. Durant cette féria, nous n’enlèverons pas les mérites de plusieurs toreros dont les jeunes Pepe Moral, Javier Jimenez et surtout Andrès Roca Rey dont l’entrega, la domination et les prises de risques n’ont pas été récompensées à cause de la mansedumbre de ses adversaires mais aussi par ses échecs à l’épée face à des toros attirés aux planches. Les adversaires de Juli, Talavante et Ponce très motivés par la concurrence des jeunes, purent cependant montrer leurs qualités, contrairement à Castella, Perera, Luque … devant des adversaires décastés et faibles. Le succès un peu exagéré de Juan Jose Padilla avec ses 3 oreilles, fait plaisir à l’aficion et consacre pour l’ensemble de son œuvre le grand torero de Jerez. Par contre, les 2 oreilles de Lopez Simon restent pour moi un nouveau mystère pour consacrer une série de muleta par toro par faena, certes conclues par deux bonnes estocades. Je tiens à attirer l’attention sur Jose Maria Manzanares qui devant 2 Cuvillo noblissime pour le premier et plus racé pour le second, aurait dû obtenir deux succès plus retentissants, surtout avec ses estocades maisons foudroyantes. Jose Maria tarde à retrouver ses moments glorieux de Séville en 2011, 2012 et même 2015 devant les mêmes Cuvillo. Il n’a pas récupéré ce niveau. Les triomphateurs véritables de la féria resteront Escribano et Ureña pour leurs faenas devant les vrais braves de Victorino. Quand la vraie émotion est présente dans le ruedo, elle écarte facilement toutes les autres considérations, même celles de la faena complète de Morante de la Puebla face à son second Cuvillo. Le comportement suave et la candeur du toro ont disparu, écrasés par le talent et le métier du torero de la Puebla del Rio, très motivé par la douceur de son adversaire et sa volonté de faire oublier les 3 avis face au Garcigrande du dimanche de Pâques, alors que la temporada sévillane est son grand objectif de 2016 avec 5 corridas, d’autant plus qu’il ne sera pas à Madrid.

Depuis le début de la temporada 2016, nous avons assisté à une faiblesse chronique de certains élevages, même chez les Fraïle et les Jandilla qui nous avaient habitués à mieux. Trop de toros ont abandonné le combat lorsque le torero leur a pris le dessus. Ils sortent progressivement des muletazos avec une tendance à fuir le combat malgré la volonté et le talent des toreros pour les conserver dans leurs muletas. C’est le comble de la disparition de la vraie bravoure : se rajan. Toutes ces constatations correspondent malheureusement à l’analyse d’Antonio Purroy concernant l’évolution catastrophique de l’encaste Domecq qui envahit le monde taurin des figuras et des férias. Pourtant, notre grand aficionado navarrais, après cet amer constat, garde l’espoir. Il en appelle à la responsabilité des ganaderos mais cela vaut autant pour les figuras et même l’Aficion. Il nous dit : « y ahorra que ? Et maintenant, que faire ? Aujourd’hui on ne peut effacer d’un coup de plume l’encaste Domecq qui inonde tous les coins de la ganaderia brava espagnole, mais oui, nous pouvons demander (exiger ?) qu’ils reviennent à la voie de la bravoure, récupérer cette bravoure totale que jamais ils n’auraient dû perdre. La responsabilité des ganaderos propriétaires de cette encaste, dans leurs diverses variantes, est très importante pour le futur de la tauromachie.

Nous ne pouvons pas admettre que l’on dise que la vraie bravoure est celle d’un toro qui, après être resté invisible pendant la suerte de varas, se mette à charger dans la muleta d’une manière noble et prévisible. Cela pourrait être la vraie noblesse mais jamais la vraie bravoure. Dénonçons pour toujours cette supercherie. Un toro bravo doit faire face avec le cheval, croître sous le châtiment, répéter au moins une seconde fois, démontrer l’envie d’attaquer. Après, il doit se réveiller aux banderilles. Une fois dans la muleta, répéter les charges avec une noblesse encastée qui transmette de l’émotion sur les gradins et exige d’être dominé par le torero et finalement créer de l’art et de l’émotion. Il faut faire à nouveau ce type de toros, les ganaderos doivent y arriver et cela doit venir de la caste Vistahermosa, de la ligne Domecq, parce qu’elle est largement majoritaire dans la ganaderia brava actuelle. De plus, c’est le toro que demandent les bons aficionados et il faut arriver à ce qu’il devienne aussi celui du public en général. Les gens reviendront aux arènes uniquement si l’on voit le risque et l’émotion dans le ruedo. Les ganaderos qui se motiveront dans cette tâche, se sentiront plus authentiques en élevant un véritable toro de lidia. Les toreros aussi en sortiront bénéficiaires parce que seul l’affrontement à un toro bravo et encasté donne de l’intérêt à leur profession. La satisfaction de pouvoir se réaliser avec un toro après avoir pu le dominer et en plus créer de l’art jusqu’à donner de l’émotion au public, doit produire une sensation de joie indescriptible…Et surtout, ce qui est profitable à la fiesta brava, la récupération de la bravoure et de la caste de toro de lidia, est l’aspect fondamental pour sauver la tauromachie universelle ; ce sont tous des avantages !!

Merci Antonio pour ce texte que l’on a pu vous traduire. Sa détermination est optimiste et nous permettra d’espérer, même si ce résultat ne pourra s’obtenir vraiment qu’après plusieurs années de travail.

Suerte para todos !!!!!

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – édito n° 36

Editorial – Mars 2016

SAN ISIDRO 2016 à l’UTB

PROGRAMME SUR :   https://uniontaurinebeziers.com/annee-2016/

charvet Je m’apprêtais à communiquer l’édito du mois de mars lorsque les attentats de Bruxelles m’ont bouleversé. ABOMINABLE. J’approuve pour une fois le titre de notre presse régionale. Dégoûté, ils ont failli me faire annuler cette parution face à la gravité, mais j’ai pensé que si nous voulons rester libres, chacun à notre place, nous devons faire face aux actes ou déclarations des extrémistes et rester droit dans nos bottes pour continuer à vivre.
Avant ces tragiques évènements, j’avais prévu de montrer que malgré tout, nous aficionados, devons continuer, lucides, à croire en notre passion pour cet animal mythique qu’est le Toro Bravo que les Européens du Sud ont osé affronter. C’est donc dans cet esprit que plein d’illusion je l’ai intitulé :

ENFIN

drapeau espagne toroLa temporada européenne 2016 a commencé par les traditionnelles Ferias d’Olivenza, Castellon et Valencia. Je fais abstraction pour le moment de leurs résultats artistiques car c’est le RÉVEIL et la prise de conscience du monde taurin qui suscitent ma réaction. ENFIN, ils réagissent devant les attaques inadmissibles, absurdes mais dangereuses pour leur liberté, d’associations politico-anarco-nationalistes en Espagne qui savent s’unir a contra estilo pour nuire à la tauromachie et à la corrida en général, comme s’ils n’avaient pas d’autres priorités dans la situation sociologique et économique de l’Espagne depuis 2010.

Je ne souhaite pas dévier vers la politique politicienne mais je ne puis que constater que, par exemple, la nouvelle Pasionaria Manuela Carmona, en place à Madrid, et ses amis, ont lancé comme dans les époques tragiques traversées par les civilisations dans leurs évolutions obscurantistes, un lavage intellectuel et culturel. Ils cherchent à faire disparaître les traces des valeurs du passé comme, excusez du peu, le nom de la Plaza Salvador Dali à Madrid, suspecté de franquisme. Ce sont les mêmes qui souhaitent détruire la corrida, vestige de l’Ancien Régime. Face à ces gens-là, il était indispensable de réagir face aux accords en préparation, malheureusement acceptés par le PSOE en recherche du pouvoir perdu dans les urnes. Pauvre Démocratie. Que font-ils en ton nom ? Heureusement, notre Constitution de 1958 nous a délivrés de la proportionnelle, péril que connaît ce pays. Croyez-moi ces gens-là n’ont pas de limite dans leur comportement outrancier, encore plus quand ils sont au pouvoir. Ils l’ont prouvé en d’autres lieux et dans d’autres temps.

Depuis quelques mois, on a assisté ENFIN, à une structuration du monde taurin (Fundacion del Toro Bravo) pour faire face à l’évolution de certains pouvoirs en Espagne contre la corrida et sa culture… en les traitant comme des subversifs alors que l’histoire et la Loi espagnole sont pour eux. Le rassemblement de Valencia du 13 mars avec l’appui des toreros figuras, des empresas et des ganaderos est important. C’est la première fois qu’ils démontrent leur responsabilité et leur soutien aux aficionados qui étaient les seuls à avoir réagi, mais un peu tardivement et sans coordination. Mais ne nous trompons pas, ce n’est qu’un début dans cette lutte. Il ne faudra rien lâcher et durer. Pourquoi ne pas reprendre la même initiative à Seville, Madrid, Salamanque… Par ailleurs, j’ai déjà évoqué les intentions manifestées par les figuras d’ouvrir leurs cartels à de nouveaux matadors de toros. Ne soyons pas dupes mais considérons que, malgré tout, c’est un signe positif de leur part. ENFIN. Les anciens du G10, du G5 et du G…ont donc montré leur bonne volonté en adoubant trois jeunes dont ils ont accepté l’inclusion, parfois en mano a mano, dans leurs cartels : Lopez Simon, Andrès Roca Rey et Garrido. Je trouve cela trop limitatif, trop symbolique pour apporter un sang neuf qui bouleverserait la stagnation que nous connaissons depuis 5 ans. Vous avez certainement entendu des rumeurs locales affirmant que nos jeunes matadors de toros n’étaient pas dignes d’une arène de 1ère catégorie (même pour un Festival…). Quand le seront-ils ? Même si je fais des réserves sur le principe, je dirai que cette position pouvait être crédible si notre arène répondait actuellement aux critères exigés pour des plazas de 1ère catégorie. De toute manière cette position est absurde. On voit des confirmations d’alternative de San Isidro 2016 avec certains jeunes matadors de toros méritants qui vont faire le paseo dans cette Plaza pendant la Feria de référence au niveau mondial, avec 5 corridas à leur actif. De même Valencia introduit les toreros locaux dans les cartels des Fallas… Par contre, je suis heureux de constater la présence de Tomas Joubert (Tomasito) à la Feria d’Arles 2016 au sortir une période difficile après son alternative. C’est un bon torero et il me paraît normal que les arènes de sa ville participent à son retour. Nos espérances précédentes ne peuvent faire oublier la grande déception des corridas de la Feria de Valencia, surtout au niveau des toros, malgré la bonté habituelle du public des Fallas, aidé des voisins du Levante, lors de la corrida du 13 mars avec les Adolfo. A l’exception de 6 toros sur 36, j’ai vraiment passé des moments ennuyeux et tristes, tant pour la mansedumbre extrême de certains, que pour le manque de caste et la faiblesse d’autres. Ces ganaderias ont des noms et des histoires prestigieuses. Je préfère ne pas les citer en souvenir de leur passé, ancien et même récent, dans l’espoir qu’il ne s’agisse que d’un accident.
Heureusement, j’ai vu sans surprise, la force et la qualité torera de
Talavante, du Juli et la personnalité indéniable de Cayetano Rivera dans ce type de corridas. Ponce et Castella ont essayé de mettre en valeur leur tauromachie mais sans adversaire…  Cependant, je tiens malgré tout à faire valoir la capacité, insuffisamment reconnue, de Juan del Alamo, l’heureuse surprise du retour de David Mora, enfin récupéré de sa blessure lors de la tragique corrida du 20 mai 2014 à Madrid et, surtout, l’Exploit devant deux mansos, d’Andrès Roca Rey (3 oreilles) qui doit remporter tous les trophées de cette Feria. Il a étonné tout le monde, même ceux qui le suivent habituellement : personnalité, entrega, recours techniques et physiques, capacité d’adaptation… N’en déplaise à une certaine presse qui a essayé de limiter son triomphe. Pourquoi..? Quant à Lopez Simon, malgré ses 2 oreilles coupées aux Garcigrande, jeune torero déjà expérimenté, il ne paraît pas prêt, pour le moment, à révolutionner la tauromachie comme certains le déclaraient en fin de temporada 2015 : El Messia (le Messie).

En ce qui concerne nos arènes, nous avons eu l’annonce succincte de l’annulation attendue, du Grand Festival Taurin Bénéfique prévu pour le 23 avril qui, selon les rumeurs et les informations officielles, prévoyait des toreros de premier niveau. L’inébranlable Christian Coll a pu annoncer, ENFIN, que le 7ème Gala Taurin annuel qu’il organise avec le Club el Mundillo, aurait lieu le dimanche 3 avril avec 6 matadors de toros français confirmés, dont Tomas et Gaëtan, face aux toros de Blohorn. Ce sont des cartels intéressants puisque le matin 4 novilleros français confirmés, dont Carlos Olsina, affronteront des novillos de Blohorn (3 sans picadors + 1 piqué par Tibo Garcia). Souhaitons un beau temps et un grand succès populaire. L’occasion pour l’aficion biterroise de prouver qu’elle est bien vivante, hors des corridas de la Feria. La Fiesta Brava, comme le dit son nom, a besoin de la fête mais notre admiration pour le toro, le courage et l’expression artistique des toreros sont la base de notre passion pour la Tauromachie. Si les Ferias sont indispensables, elles ne doivent pas masquer les fondamentaux de la corrida qui doivent nous animer en dehors des cas évènementiels. Pour la Feria 2016, nous attendrons encore… Je vous invite à regarder sur internet la présentation des toros des corridas de la temporada dacquoise. Cela répond aux critères de la 1ère catégorie.

Le responsable de rédaction : Francis Andreu – Edito n° 35 – Mars 2016