ÉDITORIAL DÉCEMBRE 2016

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120 ANS APRÈS

Ne vous méprenez pas, je n’ai pas l’intention de comparer notre histoire locale, si méritoire soit-elle, aux Vingt Ans Après des héros de l’oeuvre mythique d’Alexandre Dumas. La suite des Trois Mousquetaires reste pour moi la meilleure partie de la Saga écrite par Alexandre Dumas père, tant pour son intrigue politico-romancée que par la partie anglo-saxonne et son tragique Remember de Charles Stuart sur l’échafaud. Certes, nos quatre héros ont perdu la spontanéité qui nous les a fait connaître, mais cette partie de l’œuvre de Dumas est, à mes yeux, encore plus maîtrisée et inventive, comme celle des James Bond. Ils sont devenus plus ingénieux, plus calculateurs que les Mousquetaires de Richelieu et de M. de Treville, sans pour autant voir perdu leur goût du combat et de la prise de risque. Je me rends compte que la référence occasionnelle au titre de l’ouvrage mythique, n’est pas totalement étrangère pour nous à la mise en valeur culturelle des 120 ans de vie associative taurine car ce fut une véritable aventure.
Le chantier des arènes du Plateau de Valras commença dès janvier 1897 après l’incendie des arènes du Terrain Palazy le 6 septembre 1896. Il fallait une volonté exceptionnelle, un enthousiasme inébranlable qui les pousse à se lancer dans un tel chantier, dans un délai si court, peut-être trop court : janvier-juin 1897. Mais ils n’avaient peur de rien. Ils étaient motivés par la même passion de réussir un tel projet : voir des corridas formelles dans un cadre majestueux, pour la première fois à Béziers. Lors d’éditos antérieurs, j’ai fait remarquer le caractère volontaire et passionné de leur action en faveur de ce nouveau mystère qu’était l’affrontement total de l’Homme et du Toro Bravo qui a commencé surtout à partir des années 88 puis a gagné en connaissances à partir des années 90. N’oublions pas que la culture traditionnelle de notre Midi Languedocien avait une ancienneté récente de la corrida et même des jeux taurins, en comparaison des Provençaux, Camarguais et Landais. Et pourtant… Rappelez-vous l’étonnante revue taurine, Le Toreo Illustré, créée à Béziers dès 1893 (voir édito de janvier 2016) où l’on trouve l’érudition et les connaissances des collaborateurs de la revue, tant du Toro Bravo que de son combat, sans oublier la passion des aficionados concepteurs d’un projet si complet dès ses débuts. Il est regrettable que cette aventure ambitieuse n’ait pas duré faute de lecteurs et de financements. Cette qualité est d’autant plus étonnante que jusque là, le public biterrois qui allait aux arènes du quartier des abattoirs, voyait de nombreux spectacles (plus de 15 par ans de 1882 à 1885), avec des cuadrillas françaises du sud-ouest et d’Arles où la lutte avec le toro ne correspondait pas aux critères de la corrida formelle telle que l’avaient codifiée avant 1850 les toreros historiques Cuchares et Francisco Montes. Cela confirme que plusieurs aficionados se déplaçaient à Nîmes où plusieurs corridas authentiques se déroulèrent malgré plusieurs interdictions des pouvoirs publics parisiens, ou même à Barcelone. C’est cette Aficion qui progressivement a voulu implanter à Béziers la corrida authentique.
a-bz Que pensez-vous de nos aficionados de 1896 par rapport aux amateurs de spectacles taurins de 1875 ? Ils avaient déjà beaucoup évolué. Après le tragique incendie de Palazy, ils ont été suffisamment motivés et organisés et toujours aussi passionnés pour obtenir de la Ville les autorisations de construction de nouvelles arènes. La presse locale avait compris que ces gens étaient sérieux, décidés, motivés pour un grand objectif : donner à Béziers un monument digne de leur cité et de la volonté de grandeur de ses habitants autour de ce combat de l’Homme et du Toro, qu’ils avaient appris à connaître et qui les passionnait. N’oublions pas que ce projet n’excluait pas la volonté de faire de ce lieu un autre temple, celui du chant lyrique et les spectacles majestueux qu’il fait naître. Certes, la bourgeoisie viticole était une clientèle pour toutes ces manifestations mais je sais, pour l’avoir écouté de mes grands-parents qui vivaient déjà dans ce quartier, que la population en général était fière de cet édifice monumental, lieu de spectacles et de fête, qui ajoutait à la grandeur de leur ville. Malheureusement, deux évènements catastrophiques vont marquer le début du siècle : la crise viticole et les évènements tragiques de 1907 et l’effroyable guerre de 1914-1918, alors que la deuxième moitié du XIXème siècle leur avait déjà apporté la crise du phylloxéra qui faillit ruiner la ville avant la guerre de 1870. Regardez comment ils sont repartis après 1907 et 1914, comment ils surent terminer cet édifice en ruine en 1920 pour en faire le monument qui se remplit de près de 15 000 spectateurs pour la corrida de reprise du 29 mai 1921. J’ai eu la chance de consulter les archives de ces associations taurines depuis 1920 et de suivre l’action de ces personnages qui ont à la fois maintenu l’édifice et construit l’aficion, qui ont su susciter en son sein cinq présidents de la Fédération des Sociétés Taurines de France pour défendre notre aficion au niveau national, dans des périodes compliquées.

Pour montrer à la fois la passion et le sérieux, j’ai pu constater que quelques semaines après la Libération de Béziers le 22 août 1944, les associations taurines reprenaient vie. Plusieurs spectacles non répertoriés dans les statistiques furent organisés en 1945. Par contre, deux dates majeures pour leur symbolisme sont à retenir :
– la Corrida du 14 juillet 1946 qui enregistra 15 000 entrées payantes ;
– la Corrida du 6 octobre 1946 (Vendanges) qui fut présidée par Georges Bidault, Président du Gouvernement provisoire et par Vincent Auriol, Président de l’Assemblée Nationale Constituante, futur 1er président de la IVème République. Le Général de Gaulle ayant démissionné le 26 janvier, les plus grands personnages de l’État confortaient dans nos arènes l’importance de l’Aficion et de la Corrida dans le Sud de la France. C’était une reconnaissance inimaginable pour notre culture. Nous pouvons considérer que l’Aficion Biterroise a su faire face par le passé et même, renaître de ses cendres quand cela a été nécessaire et vital pour elle. Ne nous plaignons pas de nos temps difficiles, les leurs l’ont été beaucoup plus mais ils étaient animés par la passion et l’ambition (pour leur ville). Ces deux qualités, quand elles sont saines, ajoutées à l’efficacité, sont la base de la réussite.
Après avoir monté la Feria en 1968 pour relancer l’activité de la ville et celle des arènes, Monsieur Jules Faigt comprit que l’efficacité de son initiative viendrait en réunissant les deux clubs taurins historiques mais parfois concurrents :
– la Société Tauromachique (1898)
– le Club Taurin (1923)
Il leur demanda de redynamiser l’aficion en créant l’Union Taurine à qui il restera fidèle jusqu’à la fin. Les débuts furent tâtonnants mais dès 1970 et devant l’immobilisme de l’empresa Aymé, l’Union Taurine prit le risque d’organiser la Novillada des Vendanges avec picadors, devant du bétail andalou d’Albasserada pour compléter la temporada et faire revivre cette date traditionnelle. De 1980 à 1987, le Comité Féria et la Régie des Arènes animés par des  Biterrois, permirent d’impliquer l’Aficion locale et de donner une référence de qualité au niveau du choix et de la présentation des Toros. Le renouveau était lancé pour que nos Arènes se positionnent au plus haut niveau du monde Taurin.
Pour maintenir cette mouvance positive dans l’Aficion, l’Union Taurine créa les Journées Taurines en 1983. Le succès fut indéniable pendant plus de 10 ans, tant au niveau culturel que festif avec la participation des plus grands Toreros et Ganaderos sans oublier l’organisation de plusieurs tientas, novilladas et le Festival bénéfique avec tous les clubs en 1992 et un magnifique lot de Guardiola. Depuis plusieurs années, Christian Coll se dévoue pour maintenir son Gala Taurin avec le club El Mundillo.
La Fédération des Clubs prit la suite pour coordonner l’action des nombreux clubs taurins créés à la fin des années 80. Il me parait indispensable que ces Clubs Fédérés ajoutent à leur rôle d’animation, celui de force de propositions, tant avec la Commission Taurine qu’avec l’Empresa, pour maintenir le contact entre les Aficionados et les clubs comme par le passé ils ont oeuvré pour créer, animer et sauver nos  Arènes. L’Histoire nous rappelle qu’ils ont joué un rôle prépondérant dans cette évolution et que leur motivation a été constructive dans l’intérêt de tous. L’aficion a rempli cette fonction pour nous tous pendant ces 120 ans pour défendre la Corrida et nos Arènes. Je ne puis bien entendu pas les citer tous mais 3 personnages ont joué un rôle majeur dans cette « aventure  » :
– Fernand Castelbon de Beauxhostes qui ajouta, à son rôle irremplaçable dans la création de l’Art Lyrique des Arènes, celui d’être l’initiateur de la création du premier club taurin de Béziers : la Société Tauromachique ;
– Louis Azais, Président de la Société Tauromachique, qui fut vice-président de la première Commission Taurine Municipale présidée par le maire urbaniste, Alphonse Mas ;
– Achille Gailard, Président de la Chambre de Commerce, créateur avec ses amis de la Société Immobilière qui sauvera les arènes en mai 1920 et qui permit sa réouverture officielle le 29 mai 1921 avec les maestros Luis Freg, Saleri II et Limeno face à 6 toros de Veragua dans des arènes combles.
Quand on regarde le chemin parcouru pendant ces 120 ans d’Aficion dans la spécificité biterroise, on ne peut que confirmer que les Anciens ont bien œuvré.
L’Histoire dira si les clubs taurins et la Fédération sauront et voudront entretenir ce que leurs anciens ont su créer.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – édito n°44

2017 – communiqué de l’UTB

120-ans-utbCOMMUNIQUÉ DE PRESSE

L’Union Taurine Biterroise fêtera ses « 120 ans d’Aficion » les 24 et 25 mars 2017.
Deux personnalités d’exception du monde taurin seront particulièrement honorées :
– Don Victorino MARTIN ANDRES, éleveur prestigieux de Toro Bravo – Prix Tauromachie 2016.
– Le Maestro Victor MENDES qui a marqué l’Aficion Biterroise et l’Histoire des Arènes de Béziers pendant près de 20 ans à partir de 1980.
Les lauréats recevront le Tastevin d’Honneur « 120 ans d’Aficion » lors de la soirée de gala le samedi 25 mars au Palais des Congrès de Béziers, accompagnés de représentants du monde du toro et du vin, distingués également lors de cette manifestation. Le programme détaillé sera communiqué prochainement.

ÉDITORIAL NOVEMBRE 2016

RECONQUISTA

Ce terme symbolique a été utilisé dans l’histoire d’Espagne pour matérialiser en l’an 718 l’arrêt de l’invasion du territoire ibérique par les Maures à Covadonga au cœur des Picos d’Europa en Asturies par le Roi Pelayo (Pelage) descendant des rois wisigoths. Le Serment de Pelayo des survivants wisigoths et des montagnards asturiens après leur victoire miraculeuse, sera le départ de la Reconquista de la péninsule qui se termina près de huit siècles plus tard après le départ de Boabdil dernier roi de Grenade en 1492 et la conversion forcée au catholicisme des Moriscos en 1502. Ce fut une période très cruelle de l’Espagne, tant pour les nombreuses batailles qui l’illustrèrent, que pour les affrontements sociétaux permanents entre les deux religions. Pourtant, ce fut aussi une période positive pour le développement qu’amorça jusqu’à la fin du 11ème siècle la culture et l’activité économique prospère apportée par l’envahisseur.

Les années 2015 et surtout 2016 viennent de démontrer que dans le monde, si l’aficion et les taurins savent s’organiser, s’entendre et lutter, ils peuvent apporter des solutions fiables face aux anti-taurins extrémistes (il est vrai soutenus par certains intellectuels et les opportunistes de tous bords : médias et politiques). Au contraire, pendant plus de 10 ans, l’Espagne taurine les avait laissé jouer à leur guise. Combien de fois l’ai-je écrit ? Ce mouvement nécessaire de résistance a touché aussi bien la vieille Europe méditerranéenne que les Amériques. J’ai préféré commencer par l’inique décision (28 juillet 2010) des Cortes Catalans qui entraîna l’interdiction des corridas, sans aucune raison valable, dans les arènes de Barcelone à partir du triste 25 septembre 2011. Suite à la décision du Tribunal constitutionnel du 4 octobre 2016 déclarant que le Parlement de Barcelone n’avait pas le droit de prononcer l’interdiction des corridas sur son territoire (après 6 ans de silence, merci démocratie..!). Paco Aguado, chroniqueur taurin madrilène a titré la Reconquista de Barcelona Il estime que l’intransigeance, l’inculture, le fanatisme catalaniste ont agressé pendant plusieurs années les aficionados et les gens exemplaires (j’en ai connu plusieurs) qui s’étaient sentis exilés politiques sur une terre qui était la leur et qui, jusqu’à il y a quelques années, malgré ceux qui veulent faire croire le contraire, une des plus taurines d’Espagne. La décision du TC espagnol ayant cependant laissé au Parlement catalan le droit de réglementer la corrida à l’avenir, nous pouvons craindre qu’ils essayent de la dénaturer en profitant de la situation exacerbée de l’idéologie catalaniste. Objectif : lui enlever le caractère mythique de la rencontre ancestrale de l’homme avec la force privilégiée de la nature qu’est le Toro. Certes, il est vrai que ce n’est pas une nouveauté. Les parlements régionaux espagnols ont déjà le pouvoir d’adapter la règlementation de la corrida. En Andalousie, l’organisation des présidences et la longueur des puyas ont été modifiées sans dénaturer la corrida, mais il n’y avait pas de mauvaises intentions derrière ces décisions, bien au contraire. Pourrons-nous faire confiance aux Catalanistes uniquement intéressés par la destruction d’un symbole afin de diminuer l’influence espagnole et récupérer des voix auprès des sécessionnistes avec l’objectif d’un prochain référendum… ? Dans un passé récent, les forces vives du monde taurin (ganaderos, toreros, empresarios et aficionados) ont tellement négligé leur devoir et tardé à faire face à l’attaque de destruction massive du Parlement, qu’elles ont permis à leurs adversaires de croire que leur initiative passerait facilement puisqu’elle n’entraînait pas de véritable réaction. Heureusement, il existait des irréductibles qui ont permis au T.C. de se prononcer. Nous vous en serons éternellement reconnaissants. Cette dernière décision du T.C. laisse au monde taurin espagnol deux éventualités qui demandent un choix rapide :
1 – Reprendre le comportement des 10 dernières années qui ont permis aux antis de s’organiser pour éventuellement pervertir la décision du T.C. et enlever à la corrida toute sa quintessence, même dans d’autres communautés, en profitant de majorités de
compromis. Ils l’ont déjà fait. Il se murmure que certains préfèreraient l’indemnisation. Scandale pour ceux qui ont lutté.
2 – Se battre sur les bases de l’interdiction appliquée au Parlement
régional d’interdire la corrida pour passer en force, relancer l’organisation des corridas à la Monumental afin de reconquérir cette place forte du monde taurin. Cela demandera certainement des sacrifices tant financiers qu’humains.
Le monde taurin est-il prêt à faire ces sacrifices indispensables à un tel résultat alors que la situation politique du pays est très compliquée pour plusieurs mois. Ils sont au pied du mur. S’ils continuent leurs luttes intestines, la situation ne sera pas modifiée. Pour certains aficionados espagnols, il s’agit d’une véritable Reconquista. Espérons qu’ils sont nombreux à en être convaincus sans en arriver aux extrémités de leurs
antepasados (ancêtres) pour rétablir leurs droits ancestraux. Nos amis espagnols sont à un tournant de l’histoire de la corrida sur leur territoire. Le peuple espagnol a démontré parfois, par le passé, qu’il pouvait avoir la force et l’efficacité nécessaires. Espérons que le monde taurin saura avoir les deux pour sauver son identité. Nous avons besoin d’eux. Ils sont la base moderne de l’histoire des liens viscéraux entre l’homme et le toro et de la codification de ce combat ancestral sous la forme de la corrida. Sans eux, les efforts valeureux, tant en Amérique hispanique qu’en France, ne résoudront pas les mouvements importants qui attendent la corrida dans un monde en changement.

De leur côté, les sud-américains viennent de démontrer en Colombie que dans un pays où la structure de la démocratie et de l’État de droit est arrivée, malgré des affrontements douloureux avec les groupes révolutionnaires, à se maintenir, il est possible de défendre loyalement ses droits. Suite à tous ses abus de pouvoir, Gustavo Petro, maire ex terroriste de Bogota, avait fermé par une décision arbitraire, sans explication éthique, les arènes de la capitale construites en 1931 pour leur destination naturelle – l’organisation de corridas de toros répondant à tous les critères espagnols – prohibant ainsi une tradition vieille de plus de 4 siècles en Colombie. Précisons que les arènes de Bogota font partie des ruedos où les matadors de toros peuvent confirmer leur alternative. La décision de la Cour constitutionnelle colombienne de 2015 a confirmé que les maires (dont celui de la capitale) ne pouvaient pas interdire la corrida quand il existe une tradition tauromachique. En conséquence, le District de Recreation y Deportes de Bogota vient d’attribuer la gestion des arènes à Colombia Taurina qui annonce déjà la temporada 2017 : une novillada – 4 corridas avec des figuras. Il fau remercier le courage des novilleros colombiens mobilisés pendant plusieurs mois pour défendre leur droit à vivre leur passion, ainsi que le rassemblement des figuras mondiales en appui à leur démarche lors d’une manifestation pacifique. Ce ne fut pas une Reconquista belliqueuse mais une démarche loyale et règlementaire.

En Équateur, la tradition taurine remontant à plus de 5 siècles a été contrariée à Quito par la décision électoraliste du maire et du Président de la République Écologiste Populiste Rafael Correa, s’appuyant sur un referendum inconstitutionnel manipulé, pour interdire la mort du toro dans le ruedo. Cette décision de 2011 ne permet plus l’organisation des corridas de toros formelles à Quito pour la Feria del Grand Poder dans la Plaza Monumental (1960) qui attirait de nombreux aficionados du monde dans la magnifique capitale Quiteña. La corrida en Équateur est très vivace, tant dans les pueblos que dans des arènes importantes : Ambato, Riobamba, Guayaquil, Latacunga… Sébastien Castella va même toréer dans cette dernière Feria à 80 kms de Quito les 25 et 26 novembre prochain. Le 5 décembre, Andrès Roca Rey se présentera seul dans les arènes typiques Belmonte de Quito dans une encerrona goyesque. Si l’aficion et le monde taurin équatoriens continuent leur démarche sans défaillir vers leur objectif, la situation du président Correa par rapport à la restriction de Quito devient insoutenable et sans aucune mesure avec les problèmes qu’il rencontre par ailleurs dans sa politique qui ne s’améliore pas avec l’absence du soutien vénézuélien du chaviste Maduro en très grande difficulté.

Si nous revenons en France, nous constatons depuis les 20 dernières années, que la règlementation de la corrida évolue favorablement, malgré quelques exaltés soutenus plus ou moins ouvertement par certains médias proches de l’agitation écologique et des agitateurs professionnels en recherche de médiatisation (Crac et assimilés). Historiquement :
– la première étape de cette tendance vint de l’
arrêt de la Cour d’appel de Toulouse en 2000, confirmé par l’arrêt de la Cour de cassation du 7 février 2006 qui a créé la notion de zone géographique de tradition taurine, ce qui a stoppé toutes les plaintes qui étaient déposées depuis 1960 contre l’organisation dans des communes qui ne pouvaient justifier d’une tradition taurine continue ;
– la deuxième étape de cette lutte commença par l’Appel de Samadet à l’occasion de la Feria de la Faïence 2007. A l’initiative d’André V
iard, toutes les entités représentatives de la tauromachie française se réunirent pour commencer une démarche de responsabilisation et de coordination de toutes ses composantes, qui aboutit à la création de l’Observatoire National des Cultures Taurines en Arles en 2008 : progression logique et constante (2000 – 2006 – 2007 – 2008). La mise en place de cette organisation permettra de changer toute la démarche française. Il ne s’agit plus de participer à des débats stériles avec nos opposants officiels ou des moralisateurs expérimentés dans la médiatisation, mais d’agir avec l’ensemble des institutions françaises, politiques, juridiques et taurines susceptibles d’intervenir dans la démarche de reconnaissance de l’antériorité des tauromachies, ce qui a abouti à l’inscription de la tauromachie au Patrimoine Culturel Immatériel reconnu par les conventions de l’UNESCO (2003 et 2005), du moment qu’elle ne porte pas atteinte aux Droits de l’Homme. La dernière initiative de l’ONCT concertée avec l’UVTF, vient de se réaliser au Sénat de la République en présence du Président Larcher, avec la collaboration des villes taurines françaises dont les arènes sont classées en 1ère catégorie. Sous la dénomination Esprit du Sud, cela a abouti à la ratification par les villes taurines majeures de notre territoire réunies au Palais du Luxembourg, de La Charte pour les libertés et la diversité des cultures, conclusion du colloque l’Homme et les Animaux : vers un conflit de civilisations ? Cette charte a été remise le 5 octobre 2016 au Président Larcher pour sa demande de prise en compte par le Sénat de la République française. C’était la conclusion du colloque précité avec la participation d’éminents professeurs d’universités et chercheurs spécialisés.

En France, historiquement, la stratégie de défense de nos prédécesseurs correspond à une prise de conscience bien antérieure à celle de nos amis espagnols, immergés dans le monde taurin depuis plus de 5 siècles, alors que les Français du Sud ont dû gagner leur liberté face aux dogmes parisiens depuis le début, sur notre territoire, du face à face public du Toro et de l’Homme au XIXème siècle. Je pense que l’évolution actuelle de ces 20 dernières années est le résultat de cette mobilisation qui sut commencer par la Levée des Tridents en 1921 et qui a su dépasser le verbiage avec des farfelus(ues) fumeux(euses) de 1950 à 1980. La professionnalisation de nos adversaires nous a obligés à quitter ce terrain pour une nouvelle organisation et une défense plus démocratique et juridique de nos valeurs.

Merci à ceux qui ont su prendre ce tournant, d’autant plus qu’ils sont compétents et je dirai même brillants. Cette démarche n’est pas terminée car en face de nous ils s’arment avec persévérance pour de nouvelles attaques de tout type. Heureusement les pouvoirs publics de notre pays ont compris de quel côté étaient les démocrates et les défenseurs de la Loi et de quel côté étaient les extrémistes, groupe de pression obnubilé par un objectif de destruction qui n’oublie pas de s’appuyer maintenant sur des communicants compétents pour médiatiser leur nouvelle philosophie de l’Homme face à l’Animal, avec la complicité active des groupes animalistes.

Pendant ce temps à Béziers :
– J’ai pris connaissance par internet des communiqués de la Fédération des Clubs Taurins Biterrois, de la Commission Taurine Extra
Municipale et même de la Fédération des Sociétés Taurines de France qui sont inquiètes des résultats de la Feria 2016 et de l’évolution de nos arènes. Ces trois institutions invitent l’empresa à prendre en compte leurs remarques et à la concertation pour améliorer la situation, qui me rappelle de tristes souvenirs. Pourtant, la situation n’est pas la même qu’à l’époque désolante 1960-1980. Actuellement, nous pouvons nous réjouir :
– Sébastien C
astella, figura incontestable de la tauromachie, porte haut le nom de notre ville, tant en Europe qu’aux Amériques ;
– Nos jeunes matadors de toros, Tomas Cerqueira et Gaëtan O
rtiz, issus de l’École Taurine de notre cité, luttent dans la difficulté mais avec passion, pour faire reconnaître leur professionnalisme et pourquoi pas leur place dans l’escalafon.
Ces résultats positifs sont le fruit de l’engouement et de la mouvance positive de nos arènes pendant plus de 20 ans, à partir de 1980. Par la suite, nous avons pu
surfer doucement sur la vague jusqu’en 2005. Progressivement, la situation a changé dans nos arènes car la motivation des décideurs n’est plus la même depuis plus de 10 ans.
– Les arènes de Boujan annoncent une temporada 2017 intéressante avec : la Feria des Novilladas des 1
er et 2 juillet avec 2 ganaderias intéressantes : Dolorès Aguirre, novillada triomphatrice de la temporada 2016 du Sud-Ouest et Los Maños triomphateurs à Zaragoza en 2014 et à Vic-Fezensac en 2016. Et aussi, la Corrida des Vendanges qui clôturera la temporada biterroise.
Tout me paraissait positif dans ces informations pour l’aficion biterroise, mais le chroniqueur taurin local du ML vient de créer une polémique sur la récente motion de la Fédération des Clubs Taurins locaux.
Étrange. Ses conclusions d’après Feria étaient très similaires et le mélange des genres avec la référence aux querelles politiques est hors sujet. Quel intérêt à déstabiliser une vraie action des clubs taurins qui paraissait enfin se mettre en place ? Pendant 10 ans nous avons entendu, sur l’évolution préoccupante des arènes de Béziers, un silence assourdissant dont nous récoltons malheureusement les fruits aujourd’hui. Pour une fois que l’aficion jouait son rôle… !!!

Afin de conserver votre sérénité, sans tenir compte de ce comportement aberrant, je vous laisse méditer sur les deux derniers vers de la chanson mythique de Léonard Cohen qui vient de nous quitter :
I’ll stand before the Lord of Song (Je me tiendrai debout devant le Seigneur de la Chanson)
With nothing on my tongue but Hallelujah (Avec rien d’autre à mes lèvres qu’Hallelujah)
Je vous conseille, si vous pouvez, de le voir et de l’écouter dans la chanson complète, dans ses dernières versions.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Edito n° 43 – Novembre 2016

ÉDITORIAL OCTOBRE 2016

fly-b-rectocapote-de-bregaLA QUÊTE

L’actualité taurine de septembre m’a incité à vous rappeler l’interprétation du chant unique et inoubliable de Jacques Brel dans l’Homme de la Mancha, inspiré par l’œuvre de Miguel de Cervantes. Je ressens une grande émotion pour cette œuvre majeure de la littérature mondiale car, outre l’intérêt du personnage emblématique de Don Quichotte, j’ai passé 20 ans de ma vie à sillonner cette région dure (tres meses d’invierno, tres meses d’infierno) comme ses habitants où cependant j’ai pu apprécier la qualité humaine des Manchegos (quand on a la chance de les connaître vraiment).
Telle est ma quête
Suivre l’étoile
Peu importent mes chances
Peu importe le temps
Ou ma désespérance
Et puis lutter toujours
Sans question ni repos
Se damner
Pour l’or d’un mot d’amour
Je ne sais si je serai ce héros
Mais mon cœur serait tranquille
Et les villes s’éclabousseraient de bleu…
Je ne sais si le Maestro sera d’accord, mais j’ai choisi cette strophe qui, à mes yeux, représente bien la démarche de Sébastien C
astella depuis ses débuts et après une temporada compliquée, comparée à la réussite admirable de 2015.
Il avait notamment deux dates majeures en septembre pour conclure par le haut sa saison européenne 2016. C’était deux
compromisos majeurs dans la quête de son idéal. La solution de combattre seul 6 toros d’Adolfo Martin, pour la première fois de l’histoire et choisir la Feria de Nîmes, était une étape exceptionnelle de sa carrière avec la volonté déclarée de toréer et de templer lentement les Adolfo. On peut considérer que l’objectif de Sébastien a été atteint quand on tient compte de son actuation face à cinq des Albasserada (le premier ne permettait rien). Devant l’excellent deuxième, remarquable pour son armure typique de l’origine Saltillo, sa faena atteint des sommets étonnants devant un tel adversaire dont il sut exploiter les qualités au maximum. De plus, ses faenas furent fortement gênées par le vent ce qui l’obligea à toréer dans un terrain peu propice à l’excellence. Seul face au 6ème, grâce à la chute du vent en fin d‘après-midi, Sébastien put amener son toro au centre pour une faena importante, impensable quand on avait vu le comportement de l’Adolfo au début. Malheureusement, le torero biterrois ne put redondear cette tarde qui aurait pu être une des plus importantes dans l’histoire de sa carrière, si son utilisation de l’épée n’avait pas été déficiente : 2 oreilles au lieu des 6 ou 7 qu’annonçaient ses faenas. Le tout sans recourir à la facilité, sans effets factices, avec le sérieux, la maîtrise caractéristique de Sébastien dans le ruedo. Je regrette que certains n’aient pas suffisamment valorisé cette tarde. Il est vrai que ce sont ceux qui apprécient plus le clinquant et ne prennent en compte que la comptabilité du nombre d’oreilles (parfois surfaites). Quelques jours plus tard, le 25 septembre pour la San Miguel, accompagné de Jose Maria Manzanares et de Lopez Simon, Sébastien venait à la Maestranza pour enfin faire reconnaître sa position de Figura del Toreo par une partie du public sévillan qui ne lui avait pas encore marqué le soutien que lui ont apporté les autres grandes arènes du monde. Dès le premier toro de la corrida, il a démontré que, dans sa quête de reconnaissance par cette aficion, il était, non seulement déterminé en accueillant a puerta gayola à la sortie du toril le toro de la ganaderia Garcia Jimenez (Olga Jimenez), mais inspiré dans l’exécution d’une faena inédite, tant avec la cape qu’avec la muleta. Il a exécuté une interprétation complète, pleine de domination, de variété, d’esthétique face à un bon toro qui galopait avec une charge brava et franche malgré une tendance à s’échapper à la fin des séries, ce que le torero a parfaitement maîtrisé. Le public sévillan a accompagné la faena, encourageant (jaleando) avec passion, demandant les 2 oreilles que la Présidence attribua rapidement. C’était la première fois de sa carrière dans la prestigieuse Plaza des bords du Guadalquivir. Mais Sébastien voulait plus et sortir en triomphe par la Porte du Prince qui exige au moins 3 oreilles. Face au sobrero d’Hermanos San Pedro, encasté, plus sauvage avec plus de genio, Sébastien prit tous les risques, sans oublier sa maîtrise et son temple. Ce fut une bataille sincère avec le toro Un toma y data de valor y raza comme l’écrivit Zabala de la Serna que nous traduirons un donnant donnant de courage et de race. Malheureusement, l’échec à l’épée prive à nouveau Sébastien Castella de l’oreille méritée, recherchée dans sa quête de triomphe qui marque sa carrière depuis ses débuts.

Durant ces mois de septembre et octobre marqués comme tous les ans par une pléthore de spectacles, j’ai apprécié une Feria Arlésienne intéressante, tant en ce qui concerne la Goyesca pour laquelle je retiens outre un grand succès populaire, la confirmation de la très bonne temporada de Bautista et la sortie en triomphe émouvante de Luis Francisco Espla sur les épaules de Morante de la Puebla. En ce qui concerne la corrida-concours, il faut distinguer dans un bon niveau 2 toros importants, complets : le Puerto de San Lorenzo qui fit apprécier les qualités de son origine Lisandro Sanchez et surtout le Tajo y la Reina (Joselito) qui fut spectaculaire dans le tercio de piques par son embestida et permit le triomphe de Morenito de Aranda. Il manquait certes un peu de public le dimanche mais le résultat global de la Feria du Riz est satisfaisant. Souhaitons à l’empresa que cette tendance se confirme en 2017. Elle doit continuer dans sa démarche qualitative et dans sa recherche de personnalité proche de ses racines. C’est le chemin à suivre quand on veut fidéliser un public.

La Feria de Nîmes a montré des hauts et des bas. J’ai retenu cependant, en plus de Sébastien Castella, le positif de Juan Bautista et surtout de Talavante devant les Victoriano del Rio, avec malheureusement une baisse de fréquentation des aficionados, certainement à cause d’une programmation instable et parfois déconcertante depuis quelque temps. Les Alternatives ne résolvent pas tout. Il faut reconnaître que les blessures de plusieurs toreros ont perturbé les cartels jusqu’au dernier moment (Roca Rey, Escribano…). Cela n’a pas empêché à la Feria de la San Miguel de Séville deux très bonnes taquillas, même le samedi, dans un cartel perturbé. Face aux toros de Garcia Jimenez de la famille Matilla, Jose Maria Manzanares a aussi démontré qu’il reste un torero majestueux quand il fait face à de tels adversaires qui, en plus de leur noblesse, ont un comportement spectaculaire avec leur galop et leur mobilité, ajoutant de l’intérêt au triomphe de Jose Maria et de Sébastien. Les Figuras n’ont pas participé à la Feria d’octobre de Madrid. Sans triomphe retentissant, il faut mettre en avant le combat d’une grande émotion du mano a mano de Curro Diaz et de Garrrido face aux puissants Puerto de San Lorenzo présentant un poids excessif pour 3 d’entr’eux de plus de 600 kg. Leur comportement désordonné, manso par moment mais agressif et de ce fait dangereux, n’a pas découragé les deux toreros dans leur quête de triomphe à Las Ventas. Malgré plusieurs volteretas et même une cornada interne de 15 cm dans la cuisse gauche, le torero de Linares, Curro Diaz, est arrivé à exécuter sa tauromachie très personnelle, agitanada, pleine de finesse et d’instantanés étonnants. Ses échecs à l’épée face à son second lui ont fait perdre les trophées mérités que le public convaincu aurait demandé avec force. Le jeune Garrido, dans un style plus classique, a continué le combat jusqu’au bout, malgré les accrochages avec un passage à l’infirmerie et une prise de risques évidente. Il ne baissa jamais les bras. A suivre…

Je dois bien entendu signaler l’évènement de l’arrivée à la tête des arènes de Madrid de Simon Casas et de son associé le voyagiste Rafael Garcia Garrido, patron de Nautilia, vainqueurs de l’adjudication face à Taurodelta et son associé mexicain, Antonio Bailleres. Simon, poursuivant sa quête vers les sommets empresariales depuis plus de 35 ans, a surpris tout le monde, concurrents et Communidad de Madrid, par une proposition de dernière minute inattendue tant au niveau financier que de la programmation ambitieuse, sans oublier ses engagements financiers avec les écoles taurines et ses annonces de concertation avec l’aficion… Il reste maintenant, étape la plus difficile, la réalisation de ce programme ambitieux sur quatre ans qui sera, à mes yeux, véritablement le juge de paix (langage du Tour de France pour qualifier les grands cols), dans cette quête vers son étoile.

La situation très compliquée que connaît l’Espagne au niveau politique depuis quelques mois, retarde la décision, qui paraissait imminente, du Tribunal Constitutionnel concernant la position du Parlement Catalan interdisant à partir de 2012 les corridas dans les arènes de Barcelone. Je m’abstiens de tout commentaire, de tout pronostic et de toute précision sur l’avenir de ces arènes, quelle que soit la décision…
Je vous incite plutôt à regarder et écouter sur internet les versions des interprétations de Jacques B
rel de la quête de l’homme de la Mancha. C’est admirable. Cela rappellera à certains leur passé et permettra à d’autres de comparer le talent et la passion de cet énorme artiste alors qu’il allait terminer véritablement sa carrière et sa vie publique. Quant à son inaccessible étoile, n’était-elle dans son esprit que celle de Don Quijote ?

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Edito n° 42 – Octobre 2016

FERIA D’EL PILAR 2016 A L’UTB

pilarL’UTB retransmettra la Feria d’El Pilar de Zaragoza.

PASEO A 17 h 30 :
Lundi 10 octobre – Toros de Fuente Ymbro pour : Iván Fandiño, Joselito Adame et Javier Jiménez
Mardi 11 octobre – Toros de Juan Pedro Domecq pour : Enrique Ponce, Cayetano et López Simón
Vendredi 14 octobre – Toros de Daniel Ruiz pour : Miguel Ángel Perera, José Garrido et Ginés Marín (diffusion jusqu’à 18 h 30)
Samedi 15 octobre – Toros de Núñez del Cuvillo pour : Juan José Padilla, Morante de la Puebla et Alejandro Talavante

N’oubliez pas : vendredi 14 octobre – 18 h 30 : Apéro de décrochage des expositions et visionnage de la faena de Sébastien CASTELLA à la San Miguel dimanche dernier.

ÉDITORIAL – SEPTEMBRE 2016

« Les mauvais coups, les lâchetés, quelle importance,
Laisse-moi te dire et te redire ce que tu sais :
Ce qui détruit le monde c’est l’INDIFFÉRENCE…
L’INDIFFÉRENCE, elle te tue à petits coups l’INDIFFÉRENCE
Tu es l’agneau, elle est le loup l’INDIFFÉRENCE…
L’INDIFFÉRENCE tu es cocu et tu t’en fous…
 »
(Maurice V
idalin et Gilbert Bécaud 1977)

Ces paroles extraites de la magnifique chanson interprétée par Gilbert BECAUD, avec son talent et sa sensibilité, devraient nous réveiller car c’est exactement la situation qui nous guette, chers aficionados, pour l’avenir de la corrida de toros et de nos arènes, à Béziers encore plus qu’ailleurs. Non, je n’exagère pas ! Je tire la sonnette d’alarme. Nous y sommes déjà ! Si la municipalité, l’Aficion et les Biterrois amoureux de leur ville ne réagissent pas. Si l’INDIFFÉRENCE les atteint nous n’irons pas bien loin, surtout avec ce qui nous guette : tu es l’agneau, elle est le loup… Je ne comprends pas le jeu des propriétaires de nos arènes qui par leur attitude, dévaluent leur capital mais, surtout, ce qui est devenu NOTRE PATRIMOINE CULTUREL. J’attends, mais je ne vois pas d’initiatives qui tiennent compte de la situation. Réagissez quand il est encore temps. Dimanche à Boujan, si 5 toros de la corrida furent très décevants, la participation du public fut semblable à 2015 mais inférieure à 2014. Il faudra faire mieux pour le maintenir. Je craignais que nous soyons encore moins sur les gradins. Cependant, il faut noter le pourcentage important dans le parking de véhicules immatriculés 30 et 13. Certes, la Vieille Garde Biterroise était présente malgré quelques absences notables. INDIFFÉRENCE ? Venons-en à l’actualité tauromachique : si j’écoute mes amis, la Feria de Béziers 2016 laissera peu de points positifs :

  • un toro de Cuvillo et Sébastien à la hauteur de la situation. Piqué dans ses arènes par l’entrega du jeune Roca Rey, il a su remettre les choses à leur place avec son talent et sa personnalité ;
  • un toro de Miura permit à Rafaelillo de confirmer son oficio devant cette ganaderia et son bon moment;
  • Bautista, toujours aussi torero dans une de ses meilleures temporadas, n’a pu malheureusement arriver à ses objectifs faute de toros. C’est peu, trop peu ;
  • la baisse de la fréquentation du public me préoccupe encore plus. Le tout dans l’INDIFFÉRENCE.

– Quelques jours après, grâce à la télévision et à internet, je suis heureux d’avoir vu les arènes d’Illumbe à San Sebastian pleines et des toreros décidés à faire face à des toros bien présentés. El Juli toujours aussi poderoso, poussé par la présence de l’inégalé Jose Tomas (il y a lui…et les autres), Talavante, Roca Rey…
– Je regrette que, malheureusement, les arènes de Bayonne aient pâti le 15 août de cette concurrence, de ce succès populaire et artistique ajouté à celui de Dax : 2 corridas le même jour : No hay billetes le matin et quasi plein l’après-midi. C’est beaucoup le même jour dans trois Plazas si proches. Heureusement, la journée du dimanche 4 septembre a permis de retrouver un public indispensable à ces arènes de 10 000 places, même si les toros d’Alcurrucen n’ont pas permis une tarde plus triomphale. Il y a matière à réfléchir pour les édiles et les aficionados locaux : dates, programmations. Je ne doute pas de leur volonté. Surtout ne laissez pas s’installer l’INDIFFÉRENCE. Ne laissez pas perdre les efforts consentis, tant par les aficionados historiques Bayonnais, que par les
maires Henri et Jean Grenet pour le rachat des arènes par la Ville et des temporadas triomphales : corridas et novilladas.
– Nous ne pouvons négliger la prestigieuse Feria de Bilbao, bien que décevante, tant pour les organisateurs (affluence faible du public qui continue progressivement à baisser (depuis près de 10 ans) que pour les toreros et l’aficion à cause du comportement décevant des toros présentés. Leur
trapio excessif et fuera de tipo est plus adapté à une foire-exposition zoo-technique qu’à des corridas de toros, à l’exception des Puerto de San Lorenzo et des Jandilla qui étaient conformes à leur encaste et à moindre titre Torrestrella. En dehors du lot de Fraïle (Puerto) précité, nous retenons :

  • le toro d’Alcurrucen qui permit à Diego Urdiales de faire plaisir à son public fétiche
  • le toro de Torestrella face à un Garrido excellent (Prix Cocherito)
  • le toro de Jandilla, Lagunero, exceptionnel (embestida, classe, fijeza, galop, rythme) durant toute la faena. Après un tercio de piques banal, dès les banderilles (Yvan Garcia), il démontrait un comportement excellent qui méritait un autre adversaire que Fandiño qui aurait pu mettre encore mieux ses qualités en exergue pour le public de Bilbao et le Club Cocherito (il est vrai que le torero natif d’Orduña est presque local).
  • En plus de Diego Urdiales, déjà cité pour l’Alcurrucen, Curro Diaz a été intéressant avec sa personnalité, devant son premier Victorino, toros qui ont déçu leurs partisans, Garrido grand triomphateur, révélation de cette Feria sur deux tardes. Le jeune extremeño entre dans la competencia entre la jeune génération et les figuras.
    Quant à Lopez
    Simon…?

Je pense que le Club Cocherito et la Junta Administrative des arènes de Bilbao doivent reconsidérer l’évolution de leur Feria en commençant par le prix des places qui m’a surpris en 2015 lors de ma dernière présence. J’ai eu la chance de connaître les arènes Bilbainas de Vistalegre il y a près de 50 ans pendant une décennie complète, avant l’évolution virulente de la politique des indépendantistes qui changera l’ambiance. Le toro de Bilbao, sérieux et son trapio reconnaissable suivant ses origines, n’avait rien à voir avec ces mastodontes encornés (Fuente Ymbro 2016 !) que l’on peut y voir actuellement. Les tardes sont ennuyeuses car les toros ne correspondent pas aux critères essentiels de la corrida depuis le XXème siècle : Trapio conforme aux origines, Force, Bravoure (réelle), Embestida, Agressivité, Galop… Peut-être, dans ces conditions, le public pourrait revenir de France et de Navarre… pour une vraie Fiesta Brava qui le fera sortir de son INDIFFÉRENCE. Nous attendons pour vous parler d’Arles et de sa Goyesca ainsi que de Nîmes avec Sébastien Castella, seul face à 6 Adolfo.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Edito n° 41 – Septembre 2016