ÉDITORIAL – AVRIL 2018

MY WAY – A MI MANERA

L’historique Paul Anka se fit connaître à ses débuts par ses succès fameux You are my destiny DianaShe’s a lady – sans oublier la musique et la chanson du célèbre Jour le plus Long. Il a donné plus tard en 1969 à la chanson de Claude François Comme d’habitude, une autre dimension en réécrivant, sur la mélodie composée par Jacques Revaux, un texte avec une philosophie d’un tout autre niveau My Way qui devint rapidement au Mexique A mi Manera.
Cette chanson a été chantée par plusieurs interprètes qui en ont fait un succès mondial. Je considère que ce sont Franck Sinatra et le mexicain Vicente Fernandez qui, surtout à la fin de leur carrière, ont donné une profondeur à l’esprit du texte et ont su l’inscrire au plus haut niveau de l’histoire des chansons de ces 30 dernières années. C’est un personnage qui a vécu, qui revendique ses racines et son comportement qu’il voulait indépendant, sans se mettre à genoux. Je ne suis pas mégalo et je ne prétends surtout pas me comparer à ces compositeurs et à ces artistes historiques. J’ai cependant choisi ce thème, cette mélodie, ces titres que j’apprécie et que j’écoute souvent. Déçu par l’évolution du monde taurin qui nous entoure, j’aurais pu décider d’arrêter sur le chiffre symbolique de 60 (5 ans), mes éditos mais mon attachement à l’UTB et les attaques inacceptables des extrémistes anti me poussent à continuer. Ils avaient perdu devant la justice leurs tentatives lancées contre notre tradition. Confortés par la présence du chouchou de l’écologie française au Gouvernement, ils sont confortés dans leurs démarches pour nous imposer leur pensée unique par leurs derniers succès de Nantes. Il est vrai qu’il y a des parties très communes chez les extrémistes politiques de gauche et de droite (nous en avons connu dans l’histoire moderne) et les animalistes, végans et gauchistes reconvertis, sans oublier les bobos bien pensants qui ne connaissent rien à l’histoire réelle de nos traditions et de notre monde. Ils se satisferaient d’une société soft, sans aspérités ni différences. Je reconnais aussi que localement, je me désespère du comportement de nos aficionados qui, dans leur majorité, se contentent d’un monde taurin fade et sans âme, où ils ne jouent aucun rôle de contre pouvoir qualitatif à la médiocrité qu’exige l’appellation Aficionado. Ils ne comprennent pas que ce milieu est une lutte permanente entre les entreprises organisatrices modernes réunies en 2 groupes monopolistiques qui utilisent nos arènes pour faire fonctionner leur système tant qu’il y a de l’argent à gagner – toreros à leur solde – Négoce de toros à leur guise pour permettre de vendre quasiment des cartels tout faits pour maintenir leur marge et leur maîtrise de la situation. Il existe pourtant des arènes représentatives qui, tout en s’intégrant dans le système, gardent leur indépendance pour conserver leur personnalité qui permet à ceux qui les entourent de se retrouver dans une dynamique leur permettant de maintenir leurs racines. Ceux qui me connaissent vraiment savent que je ne supporte plus cette situation, cet immobilisme qui risque progressivement de nous ramener à la fin des années 60 ou au début des années 80, quand nos corridas avaient perdu toute leur substance vis-à-vis du travail de nos anciens et du prestige de l’édifice qui demanda tant d’efforts pour le réaliser et le sauver une 1ère fois.

Il faut se rappeler que la tauromachie à Béziers a connu des crises qui ont mis en danger la continuité de sa tradition et de ses arènes. Ce sont les aficionados biterrois qui, chaque fois, ont su prendre leurs responsabilités pour les relancer. Dès 1904, M. Cauba, grand aficionado biterrois, assura le financement et l’organisation des corridas de qualité qui permirent à Béziers de se faire connaître, au point de mériter le nom de Séville Française que lui reconnut l’aficion française. En 1919, ce sont Louis Azaïs et la Société Tauromachique qui surent convaincre Achille Gaillard et ses amis de constituer la Société des Arènes pour sauver l’édifice du Plateau de Valras qui était destiné à la démolition. En 1946, les arènes se remplissent lors des 2 corridas organisées avec des toros imprésentables de Pouly. Les 3 clubs taurins biterrois réagissent violemment et créer le Consortium présidé par Jules Durand qui fut autorisé par la Société des Arènes et la Municipalité à organiser la temporada 1947.

C’est Jean Cavaillès Perdigon, aficionado historique biterrois qui se déplaça au campo portugais pour donner son accord aux lots de toros de Claudio Moura et Infante de la Camara très bien présentés. En 1968, Jules Faigt, adjoint au maire, aficionado convaincu, relança l’activité taurine des arènes, quasiment arrêtée pendant 2 ans, en créant la Feria dont nous fêterons cette année le 50ème anniversaire. Ce fut aussi la création de l’UTB, réunion des deux clubs taurins biterrois. En 1980, déçus par l’organisation de l’empresa AYME, les aficionados de l’UTB furent, pendant 9 ans, associés par les municipalités à l’organisation des corridas par le Comité Feria et ensuite par la Régie Municipale des Arènes et de la Feria mieux adaptée à la gestion d’un tel budget. Ce fut le départ d’un renouveau de la qualité des spectacles taurins, de la fréquentation des arènes qui en découle toujours et de l’aficion motivée par des évènements exceptionnels et par l’émotion. Cela dura près de 25 ans. Ces années, sans être parfaites, enregistrèrent une qualité suffisante et des initiatives qui rempliront l’édifice et entraîneront une fierté et une dynamique de l’aficion biterroise. Par la suite,nous avons constaté progressivement, avec la complicité passive d’une partie de l’aficion (?), un tassement évident de cette dynamique et une baisse progressive de la qualité et de l’affluence dans nos arènes, entraînant une perte d’image auprès de l’aficion nationale et régionale que nous ne reverrons plus à Béziers. Pourtant, sur le plan local, nous n’avons jamais enregistré autant de clubs taurins et d’aficionados (diviser pour mieux régner).

En fait, à ce jour, je ne perçois aucune démarche concertée, aucune volonté parmi cette aficion pour inciter les responsables de la Feria et de ses arènes à apporter un souffle nouveau. Après les grandes déclarations d’intentions du monde taurin officiel biterrois qui suivirent les très décevantes ferias 2016 et encore plus 2017, nous constatons depuis des mois un silence assourdissant de notre aficion, soi-disant fédérée, de la Commission Taurine et de l’Empresa. Nous avions constaté en 2016 une déclaration de la Fédération qui nous paraissait réaliste mais elle fut rappelée à l’ordre. Je vous inviterai, si vous le souhaitez, à suivre les comptes-rendus des réunions de nos clubs taurins du passé, les interventions auprès des municipalités, les lettres et réunions avec l’empresa pour apporter des modifications qu’ils estimaient essentielles. Je ne puis accepter cette situation et cet immobilisme. Comment se contenter de voir et d’entendre des inepties sur ce monde qui les manipule et qui profite de cette situation ? Mon attitude n’est motivée par aucune ambition personnelle, ni aucun projet.

J’ai choisi les paroles des 3 dernières strophes de My Way pour illustrer mon état d’esprit devant cette situation désolante même si comme dans la chanson, mon âge devrait me pousser à la sérénité. On ne se change pas !

I’ve loved, I’ve laughed and cried
J’ai aimé, j’ai ri et pleuré
I’ve had my fill ; my share of losing
J’ai eu ma part d’expériences, ma part d’échecs
And now, as tears subside,
Et maintenant que les larmes disparaissent
I find it all so amusing
Tout cela me semble si amusant
And did it my way – A mi manera
Je l’ai fait à ma façon

To think I did all that
Penser que j’ai fait tout cela
And may I say – not in a shy way
Et je me permets de le dire – sans timidité
oh no not me
Oh non, la timidité ce n’est pas de moi
I did it my way – A mi manera
Je l’ai fait à ma façon

For what is a man, what has he got ?
Car qu’est-ce qu’un homme, que possède-t-il ?
If not himself, then he has naught
Si ce n’est lui-même, il n’a rien
To say the things he truly feels
Pour dire ce qu’il ressent sincèrement
And not the words of one who kneels
Et non les mots de celui qui est à genoux
The record shows I took the blows
L’histoire retient que j’ai encaissé les coups
nd did it my way ! A mi manera !
Et que je l’ai fait à ma façon !

Mais si vous le pouvez, retrouvez sur Internet My Way chanté par Sinatra, sous-titré en espagnol et A mi manera par Vicente Fernandez dans sa soirée d’adieu à 76 ans dans l’Azteca de Mexico (2016). C’est beau et émouvant. Ceux qui ont lu et écouté Reggiani après l’édito d’août 2016 Ma Liberté, comprendront.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Édito n° 60 – Avril 2018