ÉDITORIAL – FÉVRIER 2015

ROCA REY

DÉMOCRATIE…

Nous souhaitions enfin évoquer les prémices des corridas et des toreros pour la temporada 2015 mais nous ne pouvons passer sous silence notre désaccord sur la manière regrettable et déplacée avec laquelle les anti-corridas ont été mis en valeur ces dernières semaines dans le biterrois tant :

  • pour l’entrevue accordée à Thierry Hely à la Mairie de Boujan, placée sous le signe de la démocratie. Comment employer ce mot, il est vrai si galvaudé par les temps qui courent, quand on parle des anti-corridas qui ont démontré leur conception violente de leur expression « démocratique » pour laquelle ils ont été condamnés plusieurs fois par les Tribunaux de la République. Je préfère ne pas entrer dans le détail du communiqué de la presse locale qui couvrait « l’évènement ». C’est décevant. Dommage…
  • pour la grande déclaration du même agitateur, reprise par MIDI LIBRE, contre le vidéo clip du chanteur Patrick FIORI tourné dans les arènes de Béziers pour illustrer sa dernière chanson « Choisir ». Cela confirme la facilité des médias à considérer ce comportement comme normal et à donner la parole à ces personnages sans faire le moindre commentaire « qualitatif ». Ce comportement pratiqué par ces exaltés, dangereux pour les libertés artistiques, nous rappelle des époques tristes de notre histoire. Nous approuvons totalement la réaction d’Hugues Bousquet dans « Lo Taure Roge ».
  • pour le comportement déplacé de ces « gens-là » lors de la manifestation organisée sur la place de la Mairie par Robert Menard pour marquer le refus de la barbarie et l’hommage aux victimes des attentats des 7 et 8 janvier. Thierry Hely et ses amis brandissaient dans la foule les copies des dessins de CHARLIE HEBDO contre la corrida. Très opportunistes… Etait-ce le lieu et le moment ?

Revenons à la Tauromachie.
Nous pensons que les derniers changements d’apoderados d’EL JULI et TALAVANTE démontrent que le temps du G10 et du G5 est terminé : beaucoup de paroles et de dégâts et RIEN de positif pour la profession pendant les deux dernières temporadas.
Les empresas, les toreros, les ganaderos (sans oublier les banderilleros et piqueros), ont maintenant tout en main pour faire une démarche constructive afin d’agir, comme nous l’appelions de nos vœux avec Paco AGUADO « Ponganse a trabajar »…
Il ne s’agit pas pour les parties concernées de renoncer à leurs droits mais de mettre à plat la situation, trouver des solutions « fortes » et réalistes qui sauvent la corrida dans la période de plus en plus compliquée que nous connaissons : crise économique, montée en puissance des antis et comportement de certains politiques prêts à oublier l’histoire de tous nos peuples méditerranéens et même sud-américains (Quito, Bogota), pour rechercher des votes. Démocratie pervertie une fois de plus ! Malgré ce, notre attente d’actes des représentants taurins espagnols pour permettre des actions concrètes de défense et pourquoi pas de « relance » de la corrida, a pour le moment été déçue.

Nous avons assisté à Séville à une « gentille » réunion des « anciens et des modernes » sous le chapeau des éleveurs de toros. Nous avons eu droit à des gentils discours, des photos des toreros figuras légendaires présentes pour apporter leur soutien moral. Mais à quoi ? Aucune orientation, aucune décision, aucun projet. Ils sont désolants.
Les observateurs espagnols sérieux font remarquer que pendant ce temps, en France, sous le chapeau de l’UVTF et en collaboration avec l’Observatoire National des Cultures Taurines, il a été décidé de mettre en place et de financer avec l’argent de tous (ganaderos, empresas, villes et même toreros), une organisation de défense et d’action, tant à Bruxelles qu’en France, reliée par les politiques favorables à la défense de notre identité. C’est la vraie Démocratie ! Il faut reconnaître que l’Observatoire, créé après l’appel de Samadet en février 2007, a démontré depuis une efficacité et une constance dont certains pouvaient douter au moment de sa création. Suite à l’Assemblée Générale de l’UVTF, des contacts ont été pris avec les organisations professionnelles espagnoles qui ont été intéressées mais, pour le moment, nous ne voyons pas de concrétisation qui nous confirme que cette dynamique collective indispensable est prête à se mettre en route pour une action efficace.
Certes, nous avons pris connaissance d’une entrevue entre Jose CUTIÑO (empresario de Badajoz, Malaga, Olivenza) et d’une Euro-Député française ( ?) pour faire le point sur les problèmes de l’élevage « bravo » à Bruxelles. Mais pourquoi une initiative individuelle, sans concertation avec les éleveurs, la profession et l’organisation française déjà impliquée ?
Comme d’habitude, les Taurinos Espagnols démontrent leur amateurisme et leurs luttes intestines qui n’ont d’autre objectif que de se partager le gâteau.
Mais heureusement… est arrivé ! Le très important homme d’affaires mexicain, Antonio BAILLERES (deuxième richesse du Mexique) s’est impliqué dans le monde taurin depuis quelques années, tant dans l’élevage du Toro Bravo, par l’achat des meilleures ganaderias nationales, même ZALDUENDO en Espagne en 2014, que dans l’organisation à la tête des grandes Plazas Mexicaines ou de l’apoderamiento : MORANTE et dernièrement TALAVANTE.
Certaines informations sérieuses ont même assuré depuis plusieurs mois qu’il soutenait financièrement des Empresas Espagnoles et Françaises dans leur gestion.

Depuis quelques semaines, un grand évènement de communication était prévu pour annoncer l’implication officielle d’Antonio BAILLERES dans le monde taurin européen. Excellent au premier abord, nous attendions autre chose pour atteindre les objectifs espérés par toute l’aficion. Lors d’une conférence de presse organisée à MADRID, l’ex matador de toros Antonio BARRERA (représentant d’Antonio BAILLERES et de l’Empresa Mexicaine de Tauromachie SA), Simon CASAS et Jose CUTIÑO ont présenté la F.I.T. (Fusion Internationale pour la Tauromachie), un projet empresarial global pour donner de la puissance (potensiar) et défendre la Fiesta Brava. Cette réunion s’est déroulée en présence de quelques personnalités du monde taurin (toreros, ganaderos, apoderados), mais toutes à titre privé. Ils ont indiqué que chaque plaza des Membres de la F.I.T. garderait son indépendance pour mettre en place des initiatives nouvelles de promotion. Nous ne doutons point de l’importance de cette nouvelle entité à tous les stades de la tauromachie mais nous n’attendions pas cette « démonstration » qui ne paraît pas avoir été faite en concertation avec les organismes représentatifs. Certes, nous avons entendu des termes intéressants et même étonnants (passion, amour pour l’art, désintéressement) qui pourraient nous séduire. Mais pour le moment, ce message « trop angélique » ne nous parait pas adapté aux problèmes à résoudre.
Si Antonio BAILLERES et ses associés dans cette démarche arrivent à créer ce mouvement que nous appelons de nos vœux, cela nous démontrera sa puissance et sa force de persuasion. Ojala lo consiga ! Mais, telle qu’elle nous a été présentée, cette initiative ne nous paraît pas répondre aux besoins réels de l’ensemble du système, mais plus à une recherche de « leadership » que d’une volonté d’ACTION constructive Pour « réussir », si telle est leur volonté, cela nécessitera un rapprochement sincère avec les autres parties prenantes pour arriver à des résultats qui retombent sur l’ensemble de la « Planète Toro ».

Nous vous avions promis de parler de Tauromachie.
Le début de temporada sud-américaine a été décevant au niveau du comportement des toros, à part de rares exceptions. Nous avons remarqué El JULI à Manizales, TALAVANTE, LUQUE, PONCE et CASTELLA à Mexico et le jeune mexicain El PAYO qui s’est imposé à ses compagnons de génération : SILVETI, SALDIVAR et même ADAME.
Il faut noter deux changements d’apoderados : Sébastien CASTELLA avec Manuel MARTINEZ ERICE et Manuel ESCRIBANO, qui est à un tournant important de sa carrière, avec l’Empresa de Las Ventas de Madrid : TAURODELTA présidée par Antonio MARTINEZ URANGA et son gérant Jose Luis BLANCO. Dans cette équipe on retrouve aussi le jeune novillero Francisco Jose ESPADA découvert par Cesar JIMENEZ, qui s’est fait remarquer notamment à Arles et Madrid en 2014.
Les cartels des première Ferias s’annoncent tant en ARLES qu’à CASTELLON sans de vraies innovations. Les cartels de SEVILLA devraient permettre de revoir les Figuras à la Maestranza. Jose TOMAS a repris sa préparation sérieusement mais aucune certitude sur sa temporada 2015.

Au moment de conclure, nous apprenons par un communiqué du Club Taurin El Mundillo, que l’Empresa de nos Arènes ne permettra pas à Christian COLL d’organiser le VIème Gala Taurin du Printemps qu’il était arrivé à installer avec ténacité, courage et habileté.
Le différend ne nous paraît pas mériter cette « sanction ». Christian sait que nous n’étions pas toujours d’accord sur certains de ses choix, mais il faut reconnaître qu’il a toujours organisé en indépendance pour soutenir notamment Tomas et Gaëtan avec un succès populaire méritoire et respectable, grâce au soutien d’amis fidèles et son énorme aficion.
Personne n’aura à se glorifier de cette décision. Christian COLL est toujours arrivé, excepté face aux conditions climatiques en 2013, à rentabiliser son organisation et à aider « ses » toreros biterrois qui sont devenus Matadors de Toros, ce dont l’Ecole Taurine Biterroise devrait se réjouir.
Les autres Festivals ou Fiesta Campera organisés dans les arènes de Béziers depuis quinze ans, ne peuvent pas en dire autant. Même la Fiesta Campera des Journées Taurines 2014 a attiré un très faible public malgré la qualité indéniable de l’affiche. Les organisateurs devraient se demander pourquoi, au lieu d’assassiner le travail de Christian COLL.
Seul le Festival organisé par les Clubs Taurins de Béziers en 1992, au profit de l’Institut pour la Recherche sur la Moelle Epinière, a fait beaucoup mieux. Il est vrai que l’Aficion biterroise, non fédérée à l’époque, avait su s’unir pour une fois derrière une noble cause. C’était le résultat d’une démarche « démocratique » sincère et généreuse.

photoLe responsable de rédaction : Francis ANDREU – Edito n° 22 – Février 2015