ÉDITORIAL – JANVIER 2019

JE ME SUIS PRIS A RÊVER…

Le 19 janvier au matin, j’ai appris sur les sites internet spécialisés, que la Commission taurine de Dax avait annoncé publiquement les ganaderias et les dates des corridas de deux férias locales :

* Feria d’août :
– 5 corridas de toros : Pedraza, Jandilla, Victoriano del Rio et Ana Romero (pour moi les purs Santa Coloma issus directement des magnifiques toros de Joaquin Buendia Peña des années 70-80).
– 1 novillada de Jose Cruz de Ciudad Rodrigo dont nous avons vu un très bon toro sobrero à Béziers en 2016.

* Feria Toros y Salsa de septembre : Santiago Domecq et Victorino Martin. Ne prenons pas comme référence la très décevante corrida de Victorino de 2017 à Béziers. Cet élevage qui revient aux Fallas 2019, reste une référence dans la majorité des grandes férias d’Europe.
Deux points majeurs :
– La Commission taurine de Dax est directement reliée à la Régie municipale des arènes constituée de plusieurs aficionados ou représentants des clubs taurins dacquois. Ils connaissent donc déjà les élevages de qualité qui fouleront le sol de leurs arènes des bords de l’Adour en 2019 et les ont annoncés officiellement. Le programme comprend aussi un grand concours landais, trois novilladas sans picador et habituellement une corrida de rejon. Le point important de cette annonce est la confirmation de la place prise par la Commission Taurine qui, depuis plus de quarante ans, prépare et organise les corridas des férias de Dax dans le cadre de la régie municipale des arènes. Ce type d’organisation a connu ses heures de gloire dès les années 70 avec une personnalité inoubliable, Pierre Molas, pianiste de talent, qui marqua ses arènes par sa recherche de la qualité. Il a su écrire avec ses amis, les lettres de noblesse de leur féria qui unit qualité et ambiance. Cette féria, inégalable en France à mes yeux, créée en 1948, a progressivement mis en place un système qui dans sa recherche de la qualité, a su faire participer l’aficion, dans la transparence, la rigueur financière et la rentabilité de la partie taurine.
– Le prix moyen des places pour des spectacles de qualité, est inférieur de 15 % à celui des arènes du sud-est de première catégorie, avec seulement 8000 places payantes. Certes, le taux de TVA sur les prix des places est inférieur pour les régies municipales, pourquoi ne pas en faire profiter le public ? Le prix le plus bas au soleil est de 20 €. L’aficion locale vit toute l’année au rythme de sa féria. Elle sait être exigeante envers les membres de la commission désignée par le Maire mais elle participe aussi activement à l’ambiance qui fait de la Feria de Dax une des plus festives et appréciée de plus en plus par les aficionados français, même du sud-est, qui viennent à Dax. Ils sont malheureusement moins nombreux à venir à Béziers.

Oui, je me suis pris à rêver de retrouver l’ambiance de notre féria et l’authenticité dans nos arènes. Elles s’étaient bien reprises entre 1980 et 1990, grâce à la participation de l’aficion et des sympathisants. Elles se sont maintenues sur leur lancée jusqu’en 1995 et même jusqu’au début des années 2000 grâce aux exceptionnels lots de Guardiola, Valdefresno et certains Miura… sans oublier les toreros attachés à l’histoire de nos arènes. Mais nous constatons tous qu’outre la qualité des toros, l’ambiance et l’affluence baissent alors que pourtant l’aficion de Béziers a la chance d’avoir actuellement un de ses enfants, Sébastien Castella, au sommet de la tauromachie.

J’appelle à nouveau notre aficion à se reprendre et à être vigilante, notamment dans l’officielle Commission taurine municipale. Qu’elle remplisse son rôle de conseils et de garanties auprès de M. le Maire. En France, le maire est le responsable majeur de la tauromachie dans sa ville conformément aux statuts de l’Union des villes taurines (UVTF). La Commission taurine municipale a été instituée à Béziers dès 1899 sous la présidence du maire Alphonse Mas avec un règlement précis que l’on peut voir au Musée Taurin. Je souhaite que nous récupérions notre image, notre public et une aficion vivante. Comment expliquer le succès de Dax ? Je vous ai déjà dit qu’ils ont structuré l’organisation des corridas autour de la régie municipale des fêtes, sous la tutelle de la mairie. Elle est dirigée actuellement par un des principaux adjoints au maire, Jacques Pène et un régisseur, agent public, qui gère les questions financières. Trois commissions de bénévoles, sous l’autorité d’un élu ont été désignées : Commission taurine – Commission de la course landaise – Commission des fêtes populaires. La Commission taurine est composée de membres issus de l’aficion dacquoise. Les représentants de cette commission vont voir alternativement les toros au campo quatre fois dans l’année : novembre, janvier, mars et juillet, ce qui leur permet de choisir, de voir l’évolution des toros et éventuellement d’en écarter en fonction de leur évolution des derniers mois. Ils sont aidés dans ce travail par deux représentants techniques (veedores), un pour le sud et un pour le nord. C’est le changement majeur avec l’époque antérieure jusqu’au début des années 70 où l’empresa madrilène Jardon Fils imposait les cartels et les toros de la féria dacquoise. Ils ont su réagir. Cette commission est responsable devant le maire et la municipalité de la qualité des corridas et de l’image de la féria. C’est ainsi qu’après la saison taurine 2011 jugée très décevante par les élus et l’aficion, le maire a dissous la commission en place et désigné son 2ème adjoint à la tête de la nouvelle Commission taurine. Comme vous le voyez, cette solution a l’avantage de faire participer l’aficion locale à la vie taurine de la ville de Dax et de ses arènes. Elle se sent concernée et le résultat se ressent à tous les niveaux : choix et suivi des élevages et des toros et composition des cartels. C’est une solution active mais aussi réactive en cas d’errements majeurs dans l’organisation. Le succès de leur féria est basé sur la qualité. Tout est fait pour le maintenir : qualité, quantité reliées au prix des places dans leurs arènes de 8000 spectateurs. Une bonne fois pour toutes, nos édiles doivent comprendre que la corrida de toros n’est pas un spectacle banal. C’est le résultat de plusieurs siècles qui ont vu l’homme et le taureau sauvage (avant de devenir bravo) s’affronter. Progressivement, le peuple a imposé aux souverains espagnols que ce qui n’était qu’un jeu dangereux réservé à la noblesse, devienne ce combat public, de cet homme à pied exceptionnel, jusqu’à la mort dans le ruedo de cet animal superbe, le toro, symbole de puissance et de fertilité, honoré depuis l’antiquité, du Moyen Orient jusqu’aux limites ouest de la Méditerranée. C’est la base de notre tradition, de son authenticité.

Je ne dis pas que le système dacquois doit être copié à la lettre. Mais, c’est un fait indéniable qu’il fonctionne. Il est parfaitement adapté à la règlementation française. Je connaissais depuis longtemps leur système d’organisation mais l’actualité m’a brusquement rappelé leur succès et surtout leur participation à ce succès alors que la situation biterroise et le peu de motivation de son aficion me préoccupent. Devant le comportement de nos amis landais, OUI, je me suis pris à rêver !

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Edito n° 69 –