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ÉDITORIAL JUIN 2014

BONJOUR TRISTESSE…

Ce vers de Paul Eluard extrait de son poème « A peine défigurée » fut repris par Françoise Sagan dans le titre de son livre culte en 1953. Ce poème parle de la Tristesse avec tendresse et presque avec amour au point que le poète conclut dans le dernier vers « Tristesse beau visage ». Même si je n’adhère pas béatement à tout son parcours (notamment en politique), je dois reconnaître que cet homme avait une vision très optimiste ou idyllique de la vie et qu’il s’est toujours battu avec persévérance, dans l’espoir que l’amour pouvait tout résoudre, tout autant que sa dévotion pour la Liberté « je suis né pour te nommer Liberté ».  Il est vrai qu’il a vécu 14 ans très proche de Gala qui fut sa première muse avant de le quitter pour Salvador Dali. Quel destin pour cette petite émigrée russe comme sa compatriote Elsa qui inspira l’admiration et la passion d’Aragon…
Non, nous ne pouvons pas avoir une vision aussi idéaliste que Paul Eluard. Notre tristesse face à l’évolution du monde, le taurin qui nous concerne ici, entraîne plutôt de la colère que de la tendresse. Nous aussi nous aimons le monde qui nous entoure mais cette tristesse n’est pas dominée par la naïveté et l’aveuglement qui ont marqué la vie et l’œuvre d’Eluard, célèbre adepte du dadaïsme. Certes, nous sommes encore capables de nous enthousiasmer pour des comportements humains, des actes de la vie et pourquoi pas des faits taurins, mais le plus souvent, devant la tristesse que certains nous inspirent, notre réaction de colère l’emporte sauf si, comme Eluard, notre tristesse nous rappelle un être cher.
Si nous nous limitons à la tauromachie, nous sommes obligés de constater la grande tristesse que, dans l’actualité, nous inspire la majorité des toros lidiés à la San Isidro mais aussi la colère, devant le choix des représentants au campo de l’empresa et des toreros. On ne peut pas confondre de bonne foi les kilos, la taille, la longueur des cornes avec le trapio suivant l’encaste d’origine.

Quelle tristesse devant le comportement et l’allure de la plupart des lots de toros de la San Isidro 2014 alors que nous parlons d’élevages qui se sont faits connaître par leur caste et leur noblesse : Valdefresno, Escolar Gil, el Ventorillo, Montecillo, Montalvo… certes, les Victoriano del Rio de David Galan le jour de sa confirmation, auraient du permettre au fils de José Antonio de marquer ce jour en coupant une oreille, mais Ponce et Castella ne pouvaient pas triompher même si Enrique, merveilleusement reçu par le public pour sa présumée despedida fit le maximum pour être digne de leur estime. Certes, Perera a affronté brillamment son premier toro du second lot de Don Victoriano qui lui a permis un triomphe important en coupant 2 oreilles. Mais nous n’avons pas retrouvé le lot homogène de 2013 d’un trapio correspondant à la fois aux exigences de Madrid et aux « hechuras » permettant d’embestir. Tout simplement peut-être que Don Victoriano n’avait pas deux lots pour Madrid à cette date de l’année. De même, la ganaderia de Montalvo triomphatrice à Salamanca en 2013 et excellente au mois de mai à Séville, n’avait pas de lot pour Madrid cette année alors qu’ils sont répétés à Salamanca en septembre et annoncés à Dax… Dans le même lot, on a vu un toro qui aurait eu 6 ans en juillet et un toro qui avait près de 100 kg de moins qui ne correspondait pas au trapio de Madrid.

Mais ne vous trompez pas : ces techniciens du campo connaissent leur métier mais il est difficile de faire coïncider les « besoins » de l’empresa, les critères des vétérinaires de Madrid et les intérêts des toreros surtout quand ce sont des figuras. La corrida d’El Pilar présentée à Madrid le 29 mai n’avait aucune ressemblance avec ses origines Aldeanueva : toros grands mais fins et armés. Comment peut-on voir ce jour-là un toro d’El Pilar de plus de 600 kg, très « pauvre » au niveau des armures, lourd mais efflanqué de l’arrière train avec lequel il ne peut « pousser » cette masse dans son embestida ?  Ce n’est pas un toro de cet encaste avec le vrai trapio de Madrid.  Nous sommes tous sortis avec une très grande tristesse de cette corrida ennuyeuse, pourtant Talavante voulait… Le lot de Baltasar Iban était tout autant « fuera de tipo » par rapport aux historiques toros de Don Baltasar du Cortijo Wellington, connus par leur charge agressive, leur mobilité qui ont permis à plusieurs toreros de triompher à Madrid quand on les maintient dans le trapio de cet encaste unique : Cruce de Contreras et de Domecq.

A ce jour, seule la corrida de Parladé a démontré, soit la qualité de noblesse et longueur de charge dont le jeune Angel Teruel n’a profité que partiellement, soit la bravoure et la caste qui ont obligé Fandiño à un combat intense, dominateur mais aussi relâché par moment qui lui a permis de couper une oreille à chacun de ses adversaires. Et pourtant ce sont des purs Domecq. Comme quoi… Ces toros ont complètement dominé El Cid qui a démontré que malheureusement, il n’était plus à même d’affronter la caste et les difficultés qui en découlent (tant devant les Parladé que devant leurs frères Juan Pedro Domecq).
De même, Angel Teruel devant les deux Parladé les moins exigeants, s’est montré fade et ennuyeux comme lors de sa première corrida de San Isidro devant les Martin Lorca.  » Quelle tristesse ! Quelle colère devant ce gâchis !   »
Quant aux toreros, nous resterons dans le positif et nous mettrons en exergue la régularité du jeune Salmantino Juan del Alamo qui dans cette San Isidro a confirmé sa remarquable constance en coupant la cinquième oreille pour ses 5 paseos de matador de toros à Las Ventas. Juan est un torero qui ajoute à une technique éprouvée, une entrega et une conception sincère de la tauromachie, très croisé avec le toro qui apporte à son toreo une émotion saine qui porte sur le public tout en dominant son adversaire. Si Juan (de son vrai prénom Jonathan) arrive à corriger son point faible à l’épée, les sorties triomphales ne devraient pas tarder même à Madrid.

Le grand triomphateur de San Isidro 2014 est pour le moment Perera. Nous notions au moins d’octobre dernier, dans les éléments positifs de la temporada 2013, la « montée en puissance de Perera dont les qualités techniques et la maîtrise devant le toro sont impressionnantes, même si sa tauromachie manque d’âme et de sentimiento ». Devant les Victoriano del Rio, nous avons noté avec plaisir que son toreo avait gagné en émotion artistique et que le public adhérait parfaitement à cette recherche, appuyée certainement par Fernando Cepeda son apoderado. Certains disent, tout en reconnaissant son indéniable succès, qu’il doit encore faire évoluer sa technique basée en particulier sur le retrait de sa jambe de sortie. Cela lui permet certes de lier à la perfection ses séries avec la muleta mais limite son rayonnement comparé à la profondeur du toreo du maestro de Sanlucar (Paco Ojeda) qui inspire avec évidence sa tauromachie. Son actuation fut excellente, surtout devant son premier toro, mais nous sommes plusieurs à penser qu’il peut encore aller plus loin, non dans la sincérité et la maîtrise mais dans l’émotion et ne pas se limiter à son aguante prodigieux et à sa capacité à lier ses passes sans « s’émouvoir » (sin inmendarse). S’il évolue dans ce sens, un jour avec la maturité, il atteindra une plénitude digne des grandes figuras de l’histoire. De toute façon, ce fut un résultat très positif : 3 oreilles le 23 mai.
Quant à Fandiño, il a obtenu son objectif : sortir par la grande porte de Las Ventas devant les toros de Parladé. Son actuation très méritoire devant la caste de ses deux adversaires et face au vent à Madrid ce jour-là, lui permis de couper une oreille à chacun. Pour assurer son triomphe, Fandiño choisit d’exécuter une estocade très spectaculaire, sans muleta, en se jetant entre les cornes de son 2ème toro au prix d’une voltereta impressionnante. D’autres l’avaient fait avant lui il y a des décennies, mais ce n’est pas moins méritoire. Fandiño est un torero méritant, poderoso, qu’il vaut mieux voir toréer qu’écouter dans des entrevistas grandiloquentes et lassantes, surtout quand elles se répètent. Il est vrai que par les temps qui courent, cela devient une mode chez certains toreros et même novilleros. Cela alimente notre Tristesse.
Nous sommes vraiment tristes (désolés) pour Talavante car il méritait mieux. Il a démontré, outre sa disposition habituelle, une telle pureté, une « naturalité » dans son toreo surtout face à son toro de Montalvo, alors que ce jour-là la médiocrité des adversaires et le vent mettaient ses prestigieux compagnons de cartel en échec. D’un seul coup, dès ses intentions et exécutions à la cape, tout parut lumineux, templé, inspiré, tout en restant dans une simplicité que nous n’avions pas l’habitude de lui connaître. Nous aurions voulu le voir arriver au paroxysme de cette tauromachie, admirable à nos yeux. Malheureusement, les conditions difficiles dues aux rafales de vent et son échec à l’épée, l’ont limité à un grand succès d’estime. Mais s’il continue sur le même chemin, le triomphe et la faena importante vont arriver. C’est obligatoire. Le torero de Badajoz a franchi un nouveau cap depuis sa collaboration avec le maestro Curro Vazquez et nous espérons vous en reparler dans le détail dans notre édito à la fin de San Isidro.

Tristesse aussi devant les blessures des toreros qui ont marqué le début de San Isidro.
Le 20 mai, tarde tristement historique, la corrida du Ventorillo s’arrêta après la mort du 2ème toro faute de combattant : David Mora gravement blessé à puerta gayola, Antonio Nazaré dans l’impossibilité de continuer après une rupture de ligaments d’un genou, Jimenez Fortes attrapé 3 fois par les deux Ventorillo se vit interdire par le corps médical l’autorisation de continuer alors que, poussé par son courage et son pundonor, il voulait revenir en piste, malgré ses cornadas, pour toréer les 4 restants. Inconscience peut-être mais ô combien valeureuse. N’en faut-il pas pour faire ce « métier » ? Si l’on ajoute les blessures d’Ureña et d’Abellan le même jour devant les Montecillo, nous pouvons penser que les deux élevages concernés, issus de la même origine, ont développé beaucoup de « genio » ces derniers temps, même si les toreros ont souvent leur part de responsabilité dans les cornadas. Dire que ces ganaderias étaient il y a 10 ans demandées par les figuras !

Malgré tout, nous nous réjouissons du très méritoire retour de Miguel Abellan après 2 ans d’arrêt volontaire. Torero de caractère, Miguel revient avec l’ambition de nous montrer que ses qualités sont intactes. Il commença sa carrière avec succès très jeune et resta longtemps en haut de l’escalafon. Nous sommes très heureux qu’il ait pu couper une oreille devant les compliqués Montecillo malgré une voltereta impressionnante. Nous espérons que les conséquences de ses ennuis au niveau d’un rein, suite à une ancienne blessure, ne l’arrêteront pas trop longtemps. Son envie de revenir au premier niveau est évidente et appuyé par une empresa puissante, nous pensons que tout lui est permis.

De même, réjouissons-nous du retour d’Alberto Aguilar qui a mis plusieurs mois à récupérer d’une cornada au mollet en Amérique du Sud. Il vient de réapparaître avec succès en coupant une oreille le 1er juin devant les Montealto.

Comme vous le voyez, notre aficion est toujours présente, malgré notre tristesse causée par beaucoup de désillusion venant de notre propre camp, alors que nos adversaires déclarés utilisent tous les subterfuges pour nous détruire avec la complicité passive et parfois active des « bien pensants ». Nous voulons même continuer à positiver autour de faits, parfois mineurs pour certains, parce qu’ils ne sont peut-être pas assez médiatiques.

Nous reviendrons à la mi-juin, à la fin de San Isidro, pour conclure après une dernière semaine aux cartels prestigieux : toros et toreros. Peut-être nous rendra-t-elle notre alegria. Toutefois, nous préférons rester lucides car, en cas d’échecs ou de nouvelles turpitudes, notre tristesse serait encore plus profonde. Nous évoquerons bien entendu les deux grandes ferias françaises de Pentecôte qui le méritent car elles ont bercé notre aficion naissante. Nos amis Nîmois et Vicois nous en voudraient de les oublier.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU
Édito n° 13 – Juin 2014

Éditorial bis Mai 2014

APRÉS SÉVILLE ET PALAVAS… SAN ISIDRO ARRIVE

La corrida de MIURA, à la date inhabituelle du dimanche de Pâques, ouvrait l’abono de la Feria de Séville 2014. La présence des toros de ZAHARICHE en ouverture, alors qu’ils clôturaient traditionnellement la Feria des Farolillos le dimanche, démontre que l’empresa de Sevilla était sur la défensive en essayant, par ce changement, de reprendre la main face à l’agressivité du G5. Eux avaient « mis le paquet » en proposant, en collaboration avec l’empresa de MALAGA, la « commémoration » du centième anniversaire du mano a mano JOSELITO-BELMONTE comme référence, par celui des figuras emblématiques dans la démarche anti CANOREA = MORANTE et EL JULI. Les deux groupes se sont affrontés en utilisant tout l’arsenal médiatique, mais en fait, ce jour-là, personne n’a gagné.

L’empresa de SÉVILLE, malgré l’énorme sympathie actuelle des aficionados sévillans pour Manuel ESCRIBANO, ne disposait pas des armes nécessaires pour organiser, avec l’aide des MIURA, l’évènement suffisant pour affronter l’initiative du G5 qui de son côté, pour contrarier la démarche de l’empresa PAGÉS-CANOREA, avait même organisé des autobus gratuits et des prix préférentiels attractifs pour attirer des aficionados sévillans à MALAGA : mesquin ou mercantile ? Au niveau financier, ce jour-là, ils ont tous gagné : la Maestranza, presque pleine, avec un prix de revient bien inférieur aux cartels habituels du dimanche de Pâques et MALAGA frôlait le « no hay billetes« . Par contre, au niveau image, ils sont tous déficitaires et l’aficion, une nouvelle fois, a été perdante car les deux spectacles ont été médiocres (voir édito antérieur). Cependant, globalement, le G5 a réussi à perturber fortement l’ambiance de la Feria Sévillane 2014 qui a débuté dans un climat d’incertitude désagréable. Le public «branché» traditionnel des grandes férias, savait que les «galactiques» seraient absents et que leur remplacement ne serait pas facile, tant au niveau médiatique que dans la capacité tauromachique. Cette absence s’est bien entendu ressentie tant au niveau de la fréquentation, à l’exception du dimanche de Pâques et de la corrida des Victoriano DEL RIO, avec PONCE, CASTELLA et ADAME qui ont enregistré une entrée satisfaisante ainsi que les toreros « people » du samedi : CORDOBÉS, PADILLA et FANDI.

Aucune autre entrée ne s’est approchée du plein, même dans les journées plus fortes des Farolillos (mardi, mercredi, jeudi) qui traditionnellement amènent la foule aux casetas de la Feria de SEVILLA.  Au niveau artistique, seul Diego VENTURA a ouvert la Porte du Prince (pour la 9ème fois) dans un spectacle impressionnant de technique, mais aussi de prise de risque du Rejoneador de la Puebla del Rio, qu’il impose aussi à ses chevaux.

L’autre évènement qui a marqué cette Feria est la faena exceptionnelle, la maîtrise, la domination aux banderilles et à la muleta, sans oublier l’expression artistique dans des naturelles relâchées et inspirées, d’Antonio FERRERA face à un bon Victorino MARTIN le dernier jour de la feria. Nous ne détaillerons pas sa faena, même si les derechazos effectués sans l’aide de l’épée, plantée symboliquement dans l’albero du ruedo de la Maestranza, ont créé un délire dans les tendidos. Nous voulons mettre en avant le spectacle à la fois baroque, technique et la maestria du Toreo Extremeño qui a causé à l’ensemble du public une émotion considérable. Cela confirme que ce Maestro, que certains aficionados mais surtout certains « spécialistes » ne mettent pas à sa juste valeur, est arrivé à un niveau exceptionnel de maturité après 17 ans d’alternative. Ses faenas de la San Isidro 2013, face aux Adolfo MARTIN, que certains ont essayé de minimiser pour laisser la place aux figuras « modernes » fortement « médiatisées » avec des budgets astronomiques, auraient dû faire d’Antonio FERRERA le triomphateur incontestable de la Feria de MADRID 2013. Mais la complicité passive d’une partie du public, influencée par les mêmes « spécialistes » et de la Présidence, ont privé Antonio de la sortie en triomphe alors que les deux faenas étaient impressionnantes, surtout devant de tels adversaires.

Nous l’avions déjà signalé dans les éditos de 2013, mais après l’actuation de SEVILLA, nous nous sentons obligés de le répéter. Heureusement, l’Ayuntamiento de MADRID vient d’effacer cette injustice en lui remettant le prix du triomphateur de la San Isidro 2013 en même temps qu’Adolfo MARTIN recevait le trophée du Toro le plus brave.
Il faut noter que la Communauté Autonome de MADRID en a profité pour remettre à Victoriano DEL RIO le prix au lot de toros le plus complet en présentation et en bravoure, confirmant notre propre appréciation dans nos éditos antérieurs. Heureusement que, de temps en temps, des jurys »indépendants » savent mettre en valeur certains toreros injustement négligés par les médias et la mode.

Pour en revenir à la Feria de SÉVILLE, nous remarquerons que les jeunes sévillans, Esau FERNANDEZ et surtout Javier JIMENEZ (le jour de son alternative) ainsi que Joselito ADAME ont coupé une oreille. De son côté, David MORA a utilisé à minima les qualités exceptionnelles – « demasiado bueno » comme diraient nos amis espagnols – de NIÑITO de la ganaderia EL PILAR qui a mis en valeur les fondamentaux de ses origines ALDEANUEVA. Nous estimons que David aurait dû obtenir un triomphe historique qui aurait pu marquer sa carrière devant un tel adversaire dont les qualités étaient parfaites pour le toréer dans les critères de la corrida moderne.  Malheureusement, il s’est contenté d’accompagner la charge répétitive et inlassable de son colorado, couleur de robe très typique de cet encaste créé par Matias BERNARDO, ganadero historique de SALAMANCA, à partir des origines Juan Pedro DOMECQ de l’élevage de Doña Maria GARCIA FONSECA. Il n’a pas pu ou pas su donner la grandeur, la dimension artistique que demandait la charge d’un tel toro.

Enrique PONCE a démontré, après son triomphe et sa blessure des Fallas de VALENCIA, que depuis la fin de temporada 2013, il a repris son ambition pour rester dans le peloton des grands. C’était parfait et majestueux mais l’épée l’a privé des trophées.

Manuel ESCRIBANO n’a pu renouveler son succès de 2011 à SEVILLA, malgré une volonté évidente et l’amélioration notable de son toreo, tant au capote qu’à la muleta, reconnue par tous les commentateurs « indépendants ». Il est dommage que le Président ne lui ait pas reconnu ses mérites devant son 1er JANDILLA en lui octroyant une oreille méritée et demandée très majoritairement par le public qui su le lui démontrer en accompagnant sa vuelta al ruedo par une ovation tonitruante. Certes, son épée n’était pas parfaite mais elle l’était tout autant que celle de David MORA devant NINITO de Moïse FRAILE.
La veille à PALAVAS, ESCRIBANO avait confirmé au public présent dans les arènes, ses qualités de volonté, d’entrega que nous lui connaissons, mais aussi son temple, son esthétisme, sa planta torera tant à la muleta qu’au capote. Il a affronté les deux meilleurs toros de Robert MARGE dans son mano a mano avec Antonio FERRERA. La fanea de son premier aurait pu se conclure par 2 oreilles, même si le toro est allé à menos durant la faena de muleta. Il dut se contenter d’une seule à cause d’une estocade défectueuse à sa première entrée à matar. Devant le 6ème, il utilisa très bien les qualités du joli toro « salpicado sardo » de l’élevage des Monteilles, particulièrement dans une grande faena de muleta, tant dans ses derechazos que dans ses naturelles.
Nous ne rentrerons pas dans la querelle de la décision de la présidence d’indulter le toro. Il est certain que FISCAL est un excellent toro, dont nous n’avons pas assez vu les qualités dans le premier tiers pour convaincre la majorité du public. Il faut espérer qu’il deviendra un bon semental reproducteur, s’il arrive à transmettre ses qualités fondamentales indéniables à sa future progéniture que Robert MARGÉ ne manquera pas de tester.

De son côté, Antonio FERRERA a coupé 2 oreilles (1+1) durant ce mano a mano face à des adversaires moins brillants et avec une charge plus courte qu’il a su utiliser grâce à son métier, animé par sa volonté d’accompagner son compagnon de cartel dans une sortie triomphale.  Il est regrettable que le public n’ait pas été plus nombreux (1/3 d’arène). Par contre, si les autres corridas de PALAVAS ont enregistré une meilleure affluence, le résultat artistique a été décevant pour BAUTISTA, CASTELLA et PERERA, gênés pas un vent violent et par le comportement décevant des Juan Pedro DOMECQ. De même si les Rejeonadors Pablo HERMOSO et Andy CARTAGENA sont eux sortis en triomphe, il faut noter la faiblesse des toros des Hermanos SANPEDRO.

La date tardive de Pâques a eu pour conséquence de placer la Feria de San Isidro juste après celle de SÉVILLE qui se déroule cette année en mai. Nous avons voulu avancer la parution de cet édito pour concentrer dans notre prochaine parution, la Feria de San Isidro, la plus longue mais aussi la plus importante du monde taurin.

Avant de nous quitter, nous notons la reprise en Europe de Jose TOMAS qui commencera à GRANADA le 19 juin, avant la sympathique Feria de LEON avec un cartel prestigieux : Juan MORA, Jose TOMAS et FANDIÑO. Enfin, nous avons pu parler de toro, mais nous reprendrons sur le prochain édito l’évolution des dernières nouvelles locales, en plus de San Isidro.

P.S. Nous venons de voir sur internet les cojidas et cornadas impressionnantes de Sébastien CASTELLA à OSUNA, de David MORA, JIMENEZ FORTES et NAZARE à Madrid. Nous leur souhaitons de récupérer rapidement de leurs blessures pour reprendre la temporada en bonne condition.  A noter qu’à MADRID, la corrida concernée a dû être arrêtée après le 2ème toro, par décision du corps médical, devant l’incapacité des trois toreros de revenir combattre dans le ruedo.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU
Edito n° 12 bis – Mai 2014

 

 

ÉDITORIAL MAI 2014

LES FERIAS REPRENNENT MAIS LE MONDE TAURIN CONTINUE… !!!

La temporada taurine 2014 suit son cours même si pour le moment, elle commence assez mollement dans les ruedos, peut-être parce que l’on dépense trop d’énergie dans les oficinas (bureaux).

A Castellon, seul Manzanares a pu confirmer son indéniable qualité devant des adversaires choisis. Même si sa tauromachie n’a pas évolué comme nous l’espérions il y a 2 ans, il reste un torero majestueux et esthétique qui a un gros impact sur le public. En plus, il domine parfaitement la suerte de matar, que ce soit a recibir ou au volapie. C’est le triomphateur incontestable de cette féria qui essaie de récupérer le niveau qu’elle a connu par le passé.
Pour la Feria d’Arles, José Mari a su utiliser les mêmes talents, malgré la médiocrité de ses opposants de Domingo Hernandez (oui cela peut arriver) et confirmer que sa prestance et son temple couronnés de deux grandes estocades, lui permettent de couper 4 oreilles et d’être à nouveau le triomphateur incontesté, alors qu’El Juli paraissait ailleurs…
Bautista a montré que le grand technicien qu’il est devenu, allié à sa volonté de se maintenir au niveau des figuras du G5 et de Castella, lui a permis de se mettre plus en valeur face à son premier Domingo exigeant que devant son second noblote et soso.
La corrida de Pereda a permis de démontrer que Joselito Adame est un torero poderoso mais qu’il doit se réhabituer au toro espagnol après une longue temporada triomphale face au toro mexicain cet hiver.
Quant à Juan Leal, il a confirmé son courage et sa volonté mais nous regrettons son recours systématique au toreo encimista de cercania dès le début de ses faenas de muleta, au lieu de faire valoir les qualités de son toro et de sa propre tauromachie.

Nous préfèrerions ne pas parler de la très médiocre corrida mixte du samedi matin mais nous nous devons de signaler la grande qualité du 5ème toro de Capea qui en fait un des seuls toros notables de cette Feria. En effet :

  • la corrida de Miura a été décevante malgré les efforts de Castaño et de sa cuadrilla et l’oreille de Savalli ;
  • la corrida de Robert Margé, de même, avec 4 toros décastés. Il faut heureusement mettre en avant le très bon 6ème pour Ureña qui coupe 2 oreilles à un toro qui méritait mieux pour exprimer ses qualités intrinsèques.

Pour ne pas parler seulement des grandes Ferias, il faut mettre en valeur les qualités d’un lot très homogène et très bien présenté avec deux exemplaires de classe de Valdefresno de la corrida de Pâques d’Aignan qui aurait du se terminer par un triomphe total si Juan del Alamo avait pu conclure ses grandes faenas avec l’épée. Résultat : 3 oreilles pour Duffau, 1 oreille pour David Mora (un ton en dessous), sans oublier 3 oreilles supplémentaires si le jeune torero de Salamanca avait su conclure ses deux actuations. Ce n’était pas des oreilles de pueblo avec une présidence gersoise traditionnellement exigeante.
Pendant ce temps, la déception est venue des deux grands rendez-vous manqués de Malaga et Sevilla. Les deux mano a mano n’ont rien permis aux toreros malgré la volonté et le talent que nous leur connaissons. Le duel historique annoncé entre Juli et Morante pour fêter le centenaire du premier mano a mano Joselito-Belmonte très bien mis en scène au niveau médiatique, n’a rien donné dans le ruedo alors que les toros étaient triés sur le volet.
Il en a été de même pour celui des toreros de Gerena, Escribano et Luque face aux Miura décevants à Séville même si Manuel Escribano a tout tenté pour renouveler son triomphe de la Maestranza en 2013 face aux toros du même élevage. Seul le premier toro de Luque paraissait avoir les qualités propices au combat tauromachique. Malheureusement lorsqu’il baissa de ton, le torero ne fit peut-être pas l’effort nécessaire pour poursuivre la faena.
Les toreros (et les empresas) peuvent tout planifier et tout faire pour que leur corrida-évènement soit un succès mais, comme dit le dicton : l’homme propose, Dieu dispose et le toro décompose.

En dehors des ruedos, le monde taurin biterrois n’arrête pas d’occuper l’actualité, malheureusement pas dans le positif. Les arènes de Béziers brillent par des commentaires dans la presse locale de plus en plus croustillants des protagonistes et nous pouvons nous attendre à de nouveaux épisodes dans les semaines et mois qui viennent.
La contagion se déplace à Boujan, il est vrai si proche de Béziers, pour des raisons différentes mais tout aussi désagréables. La décision brutale du nouveau Maire d’annuler, pour des raisons d’économie, la mise à mort dans les novilladas prévues pendant la prochaine Feria du mois d’août, étonne et heurte les aficionados du Biterrois :

  •  elle supprime tout simplement les spectacles taurins authentiques qui s’étaient inscrits dans la tradition boujanaise, après des années de travail, de persévérance, de passion et de collaboration entre la Ville et les élus ;
  •  elle donne des arguments aux anti-corrida qui se réjouissent déjà de cette décision, même si les raisons annoncées par le Maire sont d’ordre financier.

Certes, les élus antérieurs ont apparemment mal négocié des tarifs excessifs pour les manifestations taurines présentées. Malgré ce, il existait d’autres solutions que cette annonce spectaculaire :

  •  négocier de meilleurs tarifs (c’était facile),
  •  mettre en place l’organisation de spectacles de qualité supérieure et innovants correspondant à la capacité des arènes (1300 places) qui auraient permis d’équilibrer financièrement la partie taurine de la Féria en mobilisant l’aficion biterroise sur des sujets porteurs (ex : tienta-bolsin pour des novilleros et corrida de  4 toros…).

Nous sommes persuadés que ces solutions étaient rentables et pouvaient donner une nouvelle dimension à cette Féria. La solution n’est pas dans la baisse de la qualité, surtout quand on dispose d’une installation aussi fonctionnelle, tant pour mettre en valeur le spectacle que pour le confort des spectateurs. Certains villages des alentours, avec beaucoup de mérite, organisent des spectacles taurins sans mise à mort mais ils ne disposent pas d’installation capable d’accueillir des manifestations plus importantes.

Notre rôle, dans ces éditos, n’est pas d’édulcorer la situation mais au contraire, d’évoquer les vrais problèmes de la culture taurine qui a le droit et le devoir de se défendre, comme le 6 avril dernier devant et dans nos arènes, face aux antis. Les aficionados sont restés calmes et nous les félicitons de la leçon de maîtrise qu’ils ont donnée, tant à ces énergumènes qu’aux pouvoirs publics. Ce n’est pas en dénaturant la corrida, comme le nouveau projet de Boujan semble le prévoir, que nous pérenniserons notre culture et notre passion pour le toro bravo. Nous devons au contraire, chacun avec nos moyens, défendre la qualité et l’authenticité de la corrida, sans oublier son inclusion dans la partie festive qui est indissociable.

Nous attirons l’attention des élus des villes taurines et aussi des aficionados, de prendre comme exemple le résultat de Mont-de-Marsan où la concertation entre une aficion, une Commission Taurine, un prestataire, une régie municipale, a permis de mettre en place, à nos yeux, les meilleurs cartels de l’année en France pour leur Feria de juillet prochain (sur le papier). Cet exemple peut s’appliquer à tout autre système de gestion d’arènes. C’est pour cela que la décision unilatérale, sans concertation véritable, de Boujan, nous paraît précipitée et déplacée. Elle punit non seulement les actuels aficionados boujanais et biterrois, mais aussi tout ce qu’ont pu faire les anciens pour y implanter la corrida, avec l’aide des élus. Cette situation ne doit pas nous laisser indifférents.

Nous ne faisons pas de fixation sur ce cas particulier, mais il s’agit pour nous d’un exemple qui, de plus, nous touche de près. Au contraire, nous voulons rappeler globalement aux élus de notre région, leur responsabilité dans le maintien de nos cultures du Sud que certains voudraient supprimer, pour nous faire vivre dans un monde uniforme, aseptisé, avec la complicité passive de certains bien pensants.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU
Édito n° 12 – Mai 2014 –

ÉDITORIAL AVRIL 2014

NOUS ESPÉRIONS ENFIN, VOUS PARLER UNIQUEMENT DE TAUROMACHIE PURE, MAIS..!

L’actualité nous oblige à aborder à nouveau des sujets médiatiques, tant au niveau des exécrables pratiques du marketing taurin qu’au niveau de l’annonce du rachat des arènes de Béziers par un groupe financier.
En ce qui concerne le marketing taurin, nous nous limiterons à vous faire remarquer que le Juli continue à faire des déclarations qui relèvent, soit de la mégalomanie, soit d’artifices communicants ridicules.  Ses Conseils en la matière, devraient se rendre compte qu’il commence à dépasser les bornes ( ou est-ce volontaire ? ).  Après avoir proclamé pompeusement lors de la présentation tant annoncée de sa temporada 2014 son engagement immortel pour les beaux-arts, il confirme après l’annonce du cartel phare du dimanche de Pâques à Malaga, son mano a mano avec Morante de la Puebla, sa demande à Dieu que ce jour-là, les circonstances aident les deux maestros à s’enrichir mutuellement (nous supposons que cela concerne l’art, l’inspiration, la génialité…) et que les spectateurs sortent des arènes en toréant. Ce jour-là, il n’oublia pas de rappeler la référence du premier mano a mano Joselito-Belmonte qui se déroula dans les arènes de Malaga le 28 février 1915.
Il faut que ses amis l’arrêtent car s’il continue à être aussi désagréable, nous pourrions, après d’autres, oublier l’admiration que nous avons de son toreo dominateur, poderoso, basé sur sa connaissance innée du toro et poussé dans son désir louable d’être le numéro 1.
Nous terminerons ce commentaire car cela ne mérite pas plus.

En ce qui concerne les arènes, nous nous sommes refusé à commenter en pleine campagne électorale, la mouvance créée autour de l’avenir des arènes de Béziers, car nous pensions que le rôle du maire sorti des urnes de ce mois de mars 2014 serait primordial dans l’avenir sur ce sujet qui intéresse l’aficion, mais aussi la politique culturelle de la ville. En effet, l’annonce fortuite de l’offre d’achat de la majorité des parts de la Société des Arènes par un groupe appartenant à l’organisateur Robert Margé (appuyée apparemment par des investisseurs montpelliérains) pour un montant supérieur à 2 000 000 €, a créé l’évènement et le malaise. Cette offre parait très élevée par rapport à la rentabilité connue des arènes dont l’activité est quasiment limitée aux spectacles taurins depuis quelques années. Elle a déclenché une réaction négative de la part de certains actionnaires historiques (mais minoritaires) de la Société des Arènes S.A.
La mise sur la place publique de cette offre surprenante a eu un écho significatif dans la campagne du 1er tour, par les prises de position officielles des candidats sur un projet qui paraissait pouvoir mettre en danger l’avenir culturel et tauromachique des arènes. Même si cette affaire n’était pas censée être essentielle dans cette campagne électorale très ouverte entre les quatre candidats, elle a, selon nous, eu plus d’effet dans l’esprit d’une partie des électeurs, même non aficionados, ce que certains esprits bien pensants veulent nous le faire croire.
Mais pourquoi avoir lancé, ce que l’on pourrait appeler une OPA où le propriétaire vendeur, président de la Société des Arènes et Robert Margé ont joué un rôle majeur ?
Pourquoi lancer cette offre qui, apparemment, souhaitait passer inaperçue, avec autant de précipitations, dans une période sensible comme l’est une élection municipale ?

Quand on connaît le rôle que depuis 50 ans les municipalités successives ont joué dans le développement de la Feria, des spectacles taurins et du maintien de l’édifice permettant de relancer l’activité taurine de la ville, il paraît évident que cette affaire ne pouvait qu’interpeller les candidats à la fonction de maire. Certes, nous avions annoncé dans nos derniers éditos, l’intérêt que certains groupes financiers pourraient avoir dans l’achat ou la prise de pouvoir des arènes en propriété privée, surtout en Espagne (Cordoba, Badajoz, Sévilla, Granada…) sans oublier qu’en France, Céret et surtout Béziers correspondent à cette spécificité. Nous pourrions longuement disserter sur les objectifs de cette proposition d’achat majoritaire, irréaliste à nos yeux au premier abord.

En tant que Biterrois, il nous semble souhaitable :
– que les arènes de Béziers poursuivent leur rôle culturel (trop négligé ces derniers temps) et taurin, imprégnées de l’histoire de la ville depuis plus de 100 ans dans ce lieu prestigieux ;
– que la ville de Béziers soit partie prenante essentielle dans les programmations des spectacles et l’utilisation globale d’un tel édifice, dans lequel toutes les municipalités depuis de nombreuses années se sont investies pour le maintenir, le développer et accroître son rôle dans les activités culturelles, festives et économiques de la cité.

Si la ville réalise un accord valable avec les propriétaires, elle a deux possibilités :
1/ Après une longue période de crise, la gestion directe, dans la partie tauromachique de la ville, a donné un renouveau évident, surtout au début des années 80 avec le Comité Féria. Cette structure associative, directement rattachée à la ville, ne correspondait plus aux obligations de transparence et de suivi imposées par les règles de la comptabilité publique. Suite à un incident, Georges Fontès, alors maire de Béziers, dut dissoudre le Comité Féria en 1985 pour maîtriser l’usage des fonds publics. Il créa la Régie Municipale des Arènes qui gérait l’ensemble des activités culturelles et taurines, la partie tauromachique étant réalisée en collaboration avec l’empresa Balaña de Barcelona. Cette solution donna satisfaction, tant au niveau gestion, qu’au niveau qualité des spectacles – musicaux (Johnny, Téléphone, Goldman) – et taurins avec une présentation de toros irréprochable, digne de plaza de primera espagnole, avec des toreros de premier plan.
La gestion financière, contrôlée directement par le Trésor public et le Receveur municipal, donna satisfaction. Le fonctionnement administratif, sous la responsabilité du regretté Commandant Farret et du conseil d’administration, a parfaitement rempli son rôle, tant au niveau de l’efficacité que dans la gestion, démontrant la fiabilité du système. La municipalité Barrau supprima la gestion en régie municipale pour adopter la Délégation de Service Public, avec des intervenants différents tous les ans et créa pour animer la tauromachie, la Haute Autorité composée de plus de 30 membres, pour insuffler les orientations de la politique taurine à Béziers. Comme aurait dit Georges Clemenceau  « Quand je veux noyer un problème, je crée une Commission ».

Actuellement, trois villes taurines françaises importantes gèrent les arènes (spectacles taurins) en régie municipale : Bayonne, Dax et Mont-de-Marsan, selon des modalités différentes mais avec la même rigueur de la comptabilité publique et un suivi exigeant des commissions taurines. Il faut préciser un avantage financier de la Régie municipale : les spectacles – limités à six) sont exempts du versement de la TVA (20 %) pour la corrida –  ce qui permet de faciliter la gestion et de la répercuter éventuellement pour avoir des prix de places plus accessibles.
La solution peut être efficace avec une équipe technique compétente et un partenaire suffisamment puissant et reconnu pour faciliter les négociations avec les représentants des toreros et les éleveurs. Elle garantit la transparence, même si les règles de la comptabilité publique sont nécessaires mais un peu lourdes à appliquer dans le monde taurin.

2/ La solution de la Délégation de Service Public (D.S.P.) n’est pas à écarter si elle est bien mise en place :
– appel d’offre public qui impose un cahier des charges fixant les critères retenus pour le choix,
– expérience professionnelle,
– fiabilité financière,
– qualité et quantité des spectacles,
– valorisation de l’offre financière proposée par l’adjudicataire,
– autres propositions : école taurine, initiatives culturelles…

Quelle que soit la solution choisie, tout dépend des compétences et de la fiabilité des hommes chargés du fonctionnement et du contrôle. Il ne faut pas oublier aussi, le rôle primordial joué par la Commission Taurine extra-municipale, entité prévue par le règlement de l’Union des Villes Taurines Françaises (UVTF), présidée par le maire ou son représentant qui est responsable de l’application du règlement taurin, de contrôle – avant, pendant et après – la qualité des spectacles proposés ( présentation des toros, choix des cartels… ) et d’organiser les présidences…

Cette structure n’est valable que suivant :
– la volonté réelle du maire,
– la qualité et la volonté des membres de Commission Taurine de faire respecter l’image de nos arènes et d’imposer à l’adjudicataire les conditions de la DSP et la volonté de l’aficion locale.

En fait, nous sommes obligés de constater que la Commission Taurine extra-municipale n’a pas joué, ces dernières années à Béziers, le rôle pour lequel elle avait été créée, dans l’esprit de l’UVTF, d’autant plus que la DSP actuelle a été négociée il y a plus de 18 ans, dans des conditions très spéciales. Il ne s’agit pas, pour une Commission Taurine, de pratiquer une opposition systématique de principe aux propositions de l’adjudicataire (revancharde ou partisane), mais appuyée par la volonté du maire, de faire respecter l’image des arènes qui se répercutera sur celle de la ville et de sa féria, tout en faisant ressortir les spécificités de l’aficion locale.

Cet édito paraît aujourd’hui, sans effet sur la campagne électorale, comme nous le souhaitions. Il est diffusé après les résultats du second tour des municipales, même s’il a été rédigé plusieurs jours avant.

Parlons enfin de tauromachie avec les Fallas qui se sont caractérisées par :
– des fréquentations de public très faibles et inquiétantes pour les 4 premières corridas et novilladas. Heureusement pour l’empresa, les trois dernières ont rempli les arènes avec la participation du G5, de Ponce et Castella.
– Juli sort triomphateur des Fallas, mais l’expression artistique de sa tauromachie n’arrive pas à nous convaincre totalement.
– Ponce aurait pu contrarier son hégémonie, si sa cojida impressionnante et sa cornada à son premier toro, ne l’avaient pas arrêté brutalement.
– Les autres toreros ont eu des difficultés à démontrer tout leur potentiel car les toros ont été nobles, certes, mais sosos et parfois mansos, même si leur présentation globalement était acceptable, malgré des armures commodes pour la plupart.
Seuls les Garcigrande (très bons pour les 4 toreros de la corrida magna) et surtout les Victoriano del Rio, ont montré les vertus que nous demandons au toro bravo : agressivité, galop dans les embestidas, classe pour certains. Ce n’est pas pour rien que les ganaderias de Garcigrande et Victoriano del Rio ont été retenues pour le mano a mano du dimanche de Pâques à Malaga : Juli-Morante.

Nous retiendrons aussi le temple, la classe et la détermination de Castella, ainsi que le sens artistique de Finito (relancé par Simon Casas en l’absence de Ponce) et de Morante, meilleur capeador de sa génération, confirmant qu’il est le successeur prétendant des maestros Curro Romero et Rafaël de Paula. Manzanares a confirmé l’esthétisme de sa tauromachie, sans retrouver ses inspirations des temporadas 2011 et 2012, pour le moment. Dans un autre style, nous avons apprécié l’attitude, la prise de risque et l’aguante du jeune Jimenez Fortes et son envie de triompher.
Au niveau des novilladas, l’extremeño Garrido après son succès chez lui à Olivenza, a confirmé qu’il devrait dominer l’escalafon 2014.
En dehors des deux ganaderias précitées, nous regrettons la fadeur (soseria) des toros en général, malgré quelques individus intéressants.

Castellon arrive avec un changement complet dans le choix des organisateurs par rapport aux tentatives toristas de leur prédécesseur Enrique Paton ces dernières années qui, il est vrai, n’avait pas donné un résultat intéressant au niveau de la taquilla, ce qui causa son arrêt d’activité. On en reparlera…

Le responsable de rédaction : Francis Andreu

Edito n° 11 – Avril 2014