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ÉDITORIAL – DÉCEMBRE 2015

Voeux UTB verso 2016L’Union Taurine Biterroise tiendra le samedi 16 janvier 2016 à 18 heures une Assemblée générale extraordinaire (modification des statuts suite au changement de siège social) et à 18 heures 30 l’Assemblée générale annuelle.
Elles seront suivies de la « galette des rois ».

OREILLE D’OR  –  OREJA DE ORO

Radio Nacional d’España, à travers son programme « Clarin », a communiqué le résultat du Trophée « OREJA DE ORO » qu’elle organise depuis 1968 pour consacrer le triomphateur de la temporada 2015. Sébastien Castella, ex aequo avec Lopez Simon. Le jury était constitué par les auditeurs et les correspondants taurins de R.N.E. Cette décision est d’autant plus méritoire, pour la 3ème attribution de ce prix à Sébastien Castella (2006 – 2009 – 2015), que depuis septembre, nous avons assisté à une pression médiatique exacerbée, glorifiant le co-lauréat Lopez Simon. Peu importe, seul le résultat compte, nous réjouit et honore l’aficion de notre ville.

Les informations taurines de ces dernières semaines nous permettent de voir quelques lueurs éclaircir le ciel obscurci que nous avons connu en 2013-2014 et 2015 et que j’ai dénoncé plusieurs fois dans nos éditos. Que se passe-t-il ? Auraient-ils enfin compris ? Plusieurs signes avant-coureurs nous permettent d’espérer. Je ne pense pas que l’annonce de la retraite officielle d’Eduardo Canorea, héritier historique de l’empresa Pagés, soit l’unique raison des changements annoncés.
1 – Les propriétaires (Maestrantes) des arènes de la Real Maestranza de Sevilla, seraient prêts à négocier avec l’empresa de nouvelles conditions, sans atteindre la date contractuelle de 2025. Il ressort de toutes les études, que les conditions exceptionnelles signées en 1943 par l’ingénieux Eduardo Pagés, ont certes un peu évolué tout en garantissant à ses successeurs leur maintien à la tête du prestigieux Coso de Baratillo. Par contre, elles ne sont plus viables pour l’empresa sans altérer la qualité et les relations avec le mundillo. Selon certaines informations sérieuses, l’empresa Pagés doit verser actuellement aux Maestrantes près de 25 % des recettes totales brutes, sans oublier que la TVA (IVA) sur la taquilla des corridas en Espagne étant de 21 %, elle ne peut qu’influer sur le prix des places. Espérons que ces négociations seront bénéfiques à la qualité des cartels et des corridas de la prestigieuse Feria de Sevilla. La pression des aficionados sévillans sur les Maestrantes paraît avoir porté ses fruits. Vous voyez bien qu’il faut toujours espérer mais aussi agir. « N’ayez pas peur ! ».
2 – Ramon Valencia beau-frère d’Eduardo Canorea, à la tête de l’empresa, a fait plusieurs déclarations pour démontrer sa volonté de relancer les conversations avec le monde taurin, après 2 ans de conflit majeur :
– Morante de La Puebla a d’ores et déjà annoncé qu’il souhaite toréer 5 tardes à Sévilla en 2016 dont la corrida du Corpus (Jeudi férié à Séville 60 jours après Pâques).
– Les autres figuras, dont El Juli, seraient prêtes à permettre l’entrée de jeunes toreros dans leurs cartels. Il est vrai que Lopez Simon, Andrès Roca Rey (récent vainqueur de l’Escapulorio de Oro de la Feria de Lima après ses 4 oreilles), sont des compagnons de cartels crédibles et que l’aficion, notamment française, commence à être agacée par les initiatives imposées par le G10, G5…
– Sébastien Castella, après l’obtention de l’Oreille d’Or, a déclaré : « la meilleure manière de remercier (le public) de ce prix sera d’être aussi bien ou meilleur en 2016 ».
– Talavantet, remis de sa blessure, est reparti avec force à Zaragoza et paraît très disposé au début de sa campagne aux Amériques.
– Il faut espérer que Perera retrouve la sérénité perdue et le dominio qui avait marqué sa temporada 2014 malgré sa grave blessure de Salamanca.
– Plusieurs toreros viennent avec beaucoup d’ambitions et de capacités. Juan del Alamo, Morenito de Aranda (avec son nouvel apoderado Ortega Cano) Manuel Escribano, Saul Jimenez Fortes (récupéré de ses graves blessures), Paco Ureña qui a connu des succès intéressants en 2015, veulent confirmer que l’intérêt que le public commence à leur porter est mérité…
Cette liste n’est pas exhaustive et plusieurs toreros chevronnés ont encore des choses à dire dans cette profession exaltante mais si exigeante : Juan Bautista veut retrouver sa place en Espagne, Antonio Ferrera écarté des ruedos plusieurs mois par sa fracture alors qu’il avait démarré fort à Sevilla, Rafaelillo qui a connu des succès très méritoires devant des corridas très exigeantes. Si nous avons la chance que de leur côté, le travail des ganaderos permette de retrouver la caste essentielle du toro bravo que nous avons vue chez certains toros comme ceux d’Adolfo Martin, Pedraza de Yeltes, Jandilla, Fuente Ymbro (desiguales) Garcigrande…

Les vétérinaires et les Présidents des Arènes de « primera » notamment doivent comprendre que si la masse musculaire est nécessaire, cela ne doit pas être le seul critère de sélection d’un vrai ganadero de bravo qui doit sortir dans le ruedo avec un trapio adéquat. On a trop vu de toros de près de 6 ans dans ces arènes cette année pour passer le reconocimiento. Tout dépend de leur encaste dont ils doivent respecter les caractéristiques d’origine qui permettront de démontrer les qualités différentes de leurs racines.
Beaucoup de ganaderias ont perdu leur âme en voulant adapter leurs toros aux exigences des vétérinaires et des toreros. Vous voyez bien que je ne suis pas le défaitiste, le reboussier que certains me reprochent d’être. Bien au contraire, je continue à avoir la passion et l’espoir que beaucoup me connaissent, prêt à admirer la bravoure, la charge des toros comme le courage, la personnalité, la classe des toreros. Par contre, je resterai fidèle à mes critères d’authenticité, je les défendrai dans ma volonté que la corrida se maintienne dans nos traditions séculaires méditerranéennes (transportées aux Amériques par les Espagnols), en ne craignant pas de dénoncer les pratiques de ceux qui :
– de l’extérieur, utilisent des arguments fallacieux, des pratiques extrémistes cachées ou même mises en valeur suivant les circonstances, par les partisans du politiquement correct qui détiennent l’information de masse, sans oublier les trahisons de certains politiques à la recherche de votes ;
– de l’intérieur, n’ont pas d’autres intérêts que de maintenir leurs privilèges.
Les figuras ont l’air d’avoir compris leurs erreurs car ce fut un échec. Nous attendons de leur côté les empresas (des exemples positifs existent). Mais nous resterons vigilants car trop souvent, l’enfer est pavé de bonnes intentions.
Ce sont le Toro et l’Aficion qui tiennent la solution. Faut-il que nos adversaires ne nous détruisent pas avant. Ce n’est pas en se battant pour leurs différences qui les isolent dans des superlatifs restrictifs, que les aficionados seront efficaces. Ils doivent savoir se réunir pour des objectifs basiques : l’émotion que doivent nous apporter la caste et la bravoure du toro mythique disposant de tous ses moyens et les toreros, êtres humains aux capacités supérieures sans lesquels le mystère de la corrida n’aurait jamais existé.

Dernières nouvelles :
Selon le  chroniqueur taurin sévillan Carlos Crivell, l’empresa Pagès aurait repoussé la proposition des Maestrantes (ci-dessus). Peut-être y voyait-il un piège car plusieurs empresas espagnoles et étrangères auraient déjà fait des offres pour gérer les Arènes des bords du Guadalquivir. La rupture du contrat risquait d’affaiblir la sécurité de la famille CANOREA à la tête de la plaza de la Maestranza .
A suivre…

Je reviendrai pour vous fêter une bonne et heureuse année 2016 en espérant que, d’ici là, nous aurons des nouvelles de nos ARÉNES.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Edito n° 32 – Décembre 2015

Éditorial – Novembre 2015

LA JOTA DEL SEXTO TORO

La Feria de Zaragoza termine traditionnellement la Temporada Alta en Europe. Appelée aussi Feria del Pilar, elle se déroule tous les ans autour du 12 octobre pour fêter la Patronne de la Ville et de l’Aragon. Cette date est aussi celle de la Fiesta Nacional d’Espagne pour commémorer la Découverte des Amériques du 12 octobre 1492 par Christophe Colomb au nom des Rois d’Espagne. Cette Fête que le Pouvoir d’une époque appela même Fiesta de la Raza avant de redevenir Dia de la Hispanidad et Fiesta Nacional en 1958 confirmée en 1978 par la Constitution Espagnole. Un peu de référence à l’Histoire ne fait pas de mal quand on veut comprendre ce pays que nous aimons, avec ses passions et ses excès qui faillirent le détruire. La Feria de Zaragoza se déroule dans le Coso de la Misericordia inauguré en octobre 1764. Ce fut la première plaza couverte d’Espagne réalisée en 1987 par un grand empresario Alturo Beltran. Cette couverture en teflon lui conserve ses caractéristiques antérieures mais lui donne un charme particulier, sans oublier le confort, tant au public qu’aux toreros, face à une météorologie parfois difficile à cette période. Cette Feria a connu des époques de gloire et fait partie des Références. Elle a le défaut de conclure une temporada parfois dure pour les Toreros Punteros qui, fatigués ou satisfaits de leur temporada, préfèrent ne pas s’y présenter. Nous n’oublierons pas les très graves blessures de Jose Ortega Cano en 1987 et Juan Jose Padilla en 2011 qui auraient pu mettre fin à leur carrière. Ces corridas se caractérisent par la « Jota de los Toros ». Lorsque le sixième toro sort dans le ruedo, la Banda de Musica joue cette Jota connue aussi à Zaragoza comme la « Jotica » créée au début des années 90. Cette musique traditionnelle jouée jusqu’à la fin du tercio de capote est accompagnée par le public « tocando palmas » sur le rythme traditionnel de la Jota et dansant parfois sur les gradins, incitant le maestro à faire la meilleure faena de capote, tant en qualité qu’en quantité, si le toro le permet. La Jota est une manifestation du folklore d’une grande partie de la géographie espagnole depuis la fin du XVIIIème siècle. La Jota Aragonesa, chantée et dansée selon un rythme particulier, est la plus fameuse. Elle donne à ces corridas une atmosphère typique venant d’un peuple attaché à ses racines. Simon Casas et ses associés, qui ont repris la gestion des arènes en 2014 (voir notre édito n°18 d’octobre 2014), ont affirmé leur intention de rendre à la Feria del Pilar le niveau qu’elle mérite. Il faut reconnaître qu’ils sont arrivés en 2015 à inclure dans les cartels, plusieurs figuras (malgré les blessures de Ponce et Perera) et des ganaderias prestigieuses mais on a aussi retrouvé des montages (cartel mixte Ventura/El Juli – cartel Ttalavante/Lopez Simon) auxquels je n’adhère pas car ils enlèvent à la corrida l’équilibre parfait de 6 toros pour 3 toreros qui permet de monter des cartels équilibrés. Ce sont les figuras qui commandent pour leur image et leur cachet.
Au niveau des toros, nous avons assisté à un mélange assez disparate, tant au niveau du trapio que du comportement. Malgré ce, j’ai relevé l’attitude de Talavante de retour de blessure, dans ses deux corridas mais surtout face aux Cuvillo, celle d’El J
uli dans un cartel fait pour lui et par lui. Quant à Lopez Simon, il a montré des choses intéressantes, sans atteindre le niveau des commentaires et surtout des titres dithyrambiques d’une certaine presse… Pour moi, en plus de Talavante, j’ai plutôt remarqué, l’attitude de Juan del Alamo (2 oreilles) face à des Fuente Ymbro sérieux dans leur présentation, mais de comportement décevant et le combat méritoire de Rafaelillo devant une très compliquée corrida d’Adolfo Martin. Malheureusement, comme JM Manzanares, Sébastien Castella ayant annoncé préalablement qu’il arrêtait sa temporada très dense, à la fin septembre, il ne pouvait être à Zaragoza. C’est regrettable car, à mes yeux, Sébastien a été le torero de la temporada européenne 2015. Dans la majorité de ses 51 corridas, il a démontré son sens artistique, sa gestuelle sereine, son entrega, sa constance dans la densité de sa tauromachie. Il n’a rien lâché et a justifié chaque jour sa place de n°1. Après ses triomphes importants à la San Isidro, Pamplona, Valencia, Valladolid, Béziers, Puerto de Santa Maria, San Sebastian et Salamanque, il a arrêté sa temporada après la Feria de Logroño dont il a été déclaré le triomphateur : trophée « Rioja y Oro » remis en personne par le Président du Gouvernement Régional de la Région, Jose Ignacio Ceniceros. Il a fait l’unanimité, tant au niveau du public, du monde taurin, que de la presse, après ses faenas devant les 3 Fuente Ymbro (mano a mano). Si son second lui a permis de mettre en avant ses qualités artistiques, devant le 6ème, après une voltereta impressionnante heureusement sans gravité, il a démontré à nouveau qu’il était à même de faire, bien que diminué physiquement, une faena construite et poderosa, devant un adversaire très compliqué, tout en conservant sa sérénité. Après la remise du trophée Cossio 2015 par la Real Federacion Taurina d’Espagne, toute l’aficion et tout le mundillo espagnols ont reconnu sa domination sur la temporada qui s’achève. Jose Luis Lozano a déclaré publiquement : « la faena de Castella à la San Isidro est historique, nous continuerons à en parler dans 20 ans ».

Je vous avais promis, poussé par l’actualité, de revenir en fin de temporada sur nos terres biterroises, pour examiner avec recul la temporada et l’avenir de la corrida à Boujan et à Béziers (par ordre chronologique).
Les arènes des bords du Libron avaient fait le BUZZ en 2014, après l’annonce de la fin de la mise à mort pour la Feria des Novilladas des fêtes traditionnelles du début d’août (édito de mai 2014). Heureusement, la prise de responsabilité et la proposition de Tomas Cerqueira à la ville de Boujan d’organiser conjointement la Corrida des Vendanges d’octobre 2014 (seul face à 4 toros de Gallon), ont permis de relancer la corrida authentique dans les arènes de Boujan qui me paraissaient vouer à perdre progressivement leur image. Le succès populaire et artistique de cette Feria des Vendanges a permis de les crédibiliser à nouveau. Les organisateurs de MB Aficion qui ont lancé l’organisation de la Feria de Novilladas piquées en juin 2015, ont obtenu un résultat satisfaisant, malgré la déception sans surprise des Pablo Romero sauvés par les deux meilleurs novilleros du moment : Andrès Roca Rey et Joaquim Galdos. Je regrette quand même l’absence d’un novillero français dans ces deux novilladas. Pour 2016, les organisateurs annoncent que la Feria, baptisée « Toros y Campos », Feria Torista du Sud-Est, renaît avec un programme ambitieux qui sera dévoilé le 15 janvier prochain. Il faut féliciter la préparation et la médiatisation de l’évènement tant taurin que festif. Je regrette cependant l’utilisation du terme « Toriste », comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire car il divise plus que ce qu’il unit. La Corrida est UNE, avec ses qualités et malheureusement ses défauts aussi. Le meilleur exemple est la Feria de Dax 2015 où les toros de Salamanca de Pedraza de Yeltes (d’origine Domecq par Aldeanueva) ont donné le meilleur jeu de toute la temporada française pour l’aficionado, tant par leur émouvant tercio de piques que par leur bravoure tout au long de la lidia. Seule préoccupation : comment maintenir trois évènements majeurs dans cette arène, même si Béziers est si proche ?
Quant aux arènes du Plateau de Valras, malgré quelques rumeurs (comme tous les ans), nous devons attendre pour qu’elles se confirment. J’espère que tant dans la programmation que dans l’application du Règlement, nous reviendrons à des pratiques saines et respectueuses des fondamentaux de la corrida.

J’ai eu la chance de retrouver dernièrement, dans les archives de notre Musée, le premier Règlement Taurin de la Ville de Béziers daté d’avril 1899, signé par un Maire historique de notre ville : Alphonse Mas et le Président de la Commission Taurine (l’UVTF n’existait pas). Les membres de cette Commission avaient mis en place un règlement précis et judicieux, adapté aux pratiques taurines de l’époque, démontrant une connaissance et une aficion étonnantes dont beaucoup devraient tirer les leçons. Le problème de l’aficion et de l’organisation des spectacles taurins dans notre ville est remis en cause par la désinformation organisée que nous vivons depuis plus de 10 ans pour maintenir un système qui dégrade progressivement la qualité et l’intégrité de NOTRE corrida de toros. Comment le journal local peut-il écrire, tout en l’éclipsant, que le spectacle du Gala Taurin des Journées Taurines était terne, alors que nous avons assisté à une tarde intéressante, tant par le bétail d’Alain Tardieu que par les jeunes matadors de toros ? N’oublions pas le « papier » dénigrant de présentation du journaliste taurin local (qui était absent). Ils roulent pour qui ? Vous avez tous compris que l’objectif est de détruire. Il est vrai qu’Attila a déjà pratiqué la technique de la Terre Brûlée il y a 15 siècles. Il y a deux conceptions pour expliquer cette pratique, mais l’objectif est le même : nuire à tous ceux qui peuvent apporter des possibilités nouvelles en leur enlevant tout recours pour apporter des solutions. « Après moi le déluge… ». Ne vous inquiétez pas, il en existe, si l’aficion reste ferme et démontre sa volonté de vivre.

Si elle regarde son passé, l’aficion biterroise se rendra compte que l’histoire de nos arènes et de la corrida à Béziers, n’a pas été un long fleuve tranquille. Elle a connu des moments brillants mais aussi des périodes très difficiles :
– Les arènes du Plateau de Valras ont été construites en moins d’un an, après l’incendie du terrain Palazy. Qui l’aurait cru possible ?
– La création de la Feria en 1968 a suivi une période très difficile pour faire revivre la corrida. Malgré ce, l’empresa utilisa nos arènes comme l’annexe de celles de Nîmes. Il a fallu l’arrivée en 1980 de Biterrois pour donner un nouvel élan dont nous bénéficions encore.
– La création de la Régie municipale en 1985 a permis de protéger nos arènes des abus, tout en maintenant la qualité. Le rôle de la municipalité a toujours été primordial dans ces renaissances. Je pense fermement que devant le laxisme et le clientélisme qui marquent ces 15 dernières années, la Ville a la responsabilité morale et économique de maintenir cet outil, je dirai mieux ce symbole fondamental pour la Feria qui, ajouté au renouveau de nos vins, peut redonner le goût de vivre et une dynamique à notre cité.

L’échec populaire du dernier Gala Taurin ne doit pas décourager l’aficion locale qui, elle aussi, doit jouer un rôle dans ce possible renouveau, tout en reconnaissant ses erreurs. Elle l’a montré par le passé par la création en 1983 par notre Club doyen, des Journées Taurines qui rencontrèrent pendant près de 15 ans un succès incontestable reconnu par le monde taurin, tant français qu’espagnol. Mais les jalousies manipulées ont découragé ses initiateurs qui ont préféré jeter l’éponge pour qu’elles continuent à vivre dans d’autres mains plus consensuelles. Le Festival organisé en 1992 par les clubs taurins biterrois, qui n’étaient pas encore fédérés, au profit de la Recherche sur la Moelle Epinière, connut un succès important, tant populaire que taurin, avec le comportement exemplaire des toros de Guardiola et des maestros invités qui ont tous joué le jeu.
Cette Aficion active et indépendante, devenue gênante aux yeux de certains, il fallait la canaliser et progressivement essayer d’étouffer ses élans pour remplir les arènes par un public devenu un simple consommateur, sans âme ni références.
Nous subissons une désinformation médiatique qui alterne les rédactions publicitaires admiratives… et les attaques insidieuses contre les fondements de notre tradition taurine.
Malgré ce, il existe une place pour la vie de nos associations. La solution n’est pas de lutter les unes contre les autres, mais de défendre leurs identités et de s’unir si nécessaire. Contre vents et marées, Christian Coll du « Mundillo » démontre que tout est possible quand on croit à sa passion et à ses engagements.

Même si ces mots ont été prononcés dans des circonstances bibliques et historiques, j’ose les reprendre : « n’ayez pas peur » de résister tant aux antis qui ne cherchent qu’à vous détruire avec l’aide de la pensée unique bien pensante, qu’aux « marchands du Temple » qui galvaudent notre aficion. Ainsi, vous prouverez à la Ville qu’elle peut s’appuyer sur votre soutien et votre dynamique pour reprendre en main la situation qu’elle a su sauver plusieurs fois.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Edito n° 31 – Novembre 2015

 

 

enseigne el mundilloDSCF6875Vendredi 6 novembre au soir, place de la Font Neuve à Béziers il y avait du monde dans et devant le nouveau siège du CTPR El Mundillo pour l’inauguration de ses locaux.
En effet, Christian Coll avait donné rendez-vous à l’Aficion biterroise. Celle-ci a répondu présente et en nombre. Tout le long de la soirée les aficionados des différents clubs taurins y sont passés, et c’est dans une salle trop petite, décorée à la sévillanne, que le président Coll de ce Cercle taurin remercia l’assistance en soulignant le soutien constant – depuis leur début de novillero – aux matadors biterrois Tomas Cerqueira et Cayetano Ortiz. Ces locaux, devait-il dire, seront ouverts à tous les Clubs taurins et à tous les aficionados pour des activités consacrées à la tauromachie.

4 BISEt remerciant ceux qui ont participé à l’aménagement du Cercle il passa le micro à son ami Paul Hermé qui, après lui avoir remis des cadres de ses deux toreros, souligna la forte aficion depuis des dizaines d’années de ce président qui fût dans sa jeunesse un brillant novillo. Il ne restait plus qu’à Bernard Planchon au nom de l’Union des Clubs Taurins Paul Ricard de féliciter Christian Coll pour son aficion, son travail en faveur de la tauromachie et aussi pour la décoration réussie des locaux d’El Mundillo. On notait notamment, outre la plupart des présidents des clubs taurins du Biterrois, la présence de Benoit d’Abbadie président de la CTEM et maire adjoint, du député Elie Aboud, de Michel Bousquet président de la Fédération des Clubs Taurins du Biterrois, de Pascal Lopez des caveaux Clamery…

REMISE DES TROPHÉES DE LA FERIA DE BÉZIERS 2015

Samedi 17 octobre, dernière soirée des 33eme Journées Taurines de Béziers aux théâtre des Franciscains pour la remise des Trophées de la Feria de Béziers 2015.

DSC_0073DSC_0077D’abord dans le hall du théâtre, en présence de nombreuses personnalités dont Robert Ménard maire de la ville, présentation par la société » 3D store-Béziers » de la première pyramide vidéo holographique dans laquelle en forma 3 D évoluait le maestro Sébastien Castella filmé par plusieurs caméras lors de la feria de Béziers 2015. Par relais téléphonique Sébastien Castella annonça sa présence dans quelques semaines à Béziers pour recevoir son trophée de Triomphateur 2015. Puis dans la salle du théâtre remise des trophées 2015 décidée par les clubs taurins du Biterrois.

bandeau tete toro

  • Triomphateur de la Feria : Sébastien Castella (Fédération des Clubs taurins)
  • Meilleure faena : José Maria Manzanares (Club « l’Aficion »)
  • Meilleure estocade : Cayetano Ortiz (CTPR El Mundillo)
  • Meilleur novillero en piquée « Tastevin d’Argent » : Posada de Maravillas (Union Taurine Biterroise)
  • Meilleure ganaderia : Garcigrande (Pena Emilio Oliva)
  • Meilleur toro : non remis (CTB)
  • Meilleur banderillero : Marco Léal (Club Monteblanco)

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ÉDITORIAL – OCTOBRE 2015

HABEMUS PAPAM… AVE CESAR… LA CORRIDA COPERNICA… EL SAMOURAÏ…

Ces titres parus dans les médias taurins ces dernières semaines, sont déjà ridicules en eux-mêmes car inadaptés et ne méritent que notre pitié pour leurs auteurs tant ils sont stupides. Pourtant, ils ont été utilisés sérieusement, surtout sur des sites internet taurins censés être représentatifs. De qui se moquent-ils ?
Ces titres ont été employés pour qualifier les interventions au mois de septembre-octobre du jeune matador Alberto Lopez Simon, notamment après ses corridas et cornada d’Albacete et dernièrement, après la corrida, la blessure et le triomphe du 2 octobre à Madrid. J’ai mis en son temps mis en avant le courage et les mérites du jeune torero madrilène, surtout après la Goyesca de la Feria de la Communauté de Madrid. C’est pour moi sa meilleure performance (en anglais dans le texte), où il a démontré sa technique, son temple, sa quiétude, son courage extrême, mais sans jamais le comparer à Jose Tomas comme certains osent le dire actuellement.
Le monde taurin, aficion incluse, est tellement préoccupé par la tiédeur de la temporada qui s’achève, qu’il est prêt à trouver son sauveur dans les triomphes d’Alberto Lopez Simon, alors que pour moi, Sébastien Castella, présent et constant dans tous les
sitios claves, restera le leader incontestable de la temporada européenne (trophée Cossio 2015 – Torero triomphateur).
Je trouve ceci complètement déplacé car les triomphes du jeune madrilène ont été surévalués et surtout, bien négociés par ses mentors, sans oublier la veulerie d’une certaine presse. Je n’aime pas critiquer publiquement la technique des toreros, car je suis incapable de mettre les pieds dans un ruedo où le moindre becerro brave me mettrait en déroute. J’ai trop de respect pour cette race de toro et pour ceux qui se mettent en face. Cependant, mon expérience de 45 ans d’aficionado (je ne tiendrai pas compte de mon enfance où j’allais aux arènes de Béziers en voisin avec mes grands-parents et mes frères), me permet de me faire une opinion et surtout de comparer le style, la classe, la toreria et le courage de plusieurs maestros historiques que j’ai pu voir dans les arènes. Je ne puis concevoir que des professionnels de la communication taurine, censés avoir autant sinon plus de références que les miennes, puissent écrire de telles extravagances sans rougir de honte pour leur servilité, leur incapacité. Un figuron ? arrêtons !

J’ai vu toréer en 2015 Lopez Simon plus de dix fois, sur les gradins ou à la télévision et j’ai remarqué sa quiétude, sa capacité à enchaîner les passes, son courage, mais en aucun moment, son exécution du toreo n’a atteint le temple, la majesté, marqués du sceau de la classe des grands maestros. Je n’arrive pas, en dehors de cette goyesca précitée, à un niveau d’exécution qui ait suscité cette émotion, cet impact qui manque à ses faenas de muleta avec trop d’inégalités et encore moins avec le capote. Certes, je ne néglige pas son courage extrême, sa pugnacité à se dépasser dans les moments difficiles et même tragiques qui l’ont fait connaître du grand public espagnol à la recherche de ses anciennes idoles. Cela ressemble un peu à du populisme. Je préfère ne pas insister sur certains de ses comportements, dans et hors du ruedo, moins louables et qui tiennent plus de l’astuce que de l’authenticité. Je l’excuserai car je pense que son entourage est à l’origine de ces scories. Alberto Lopez Simon est un jeune torero très intéressant, que nous devons suivre avec attention à l’avenir, surtout s’il évolue vers une recherche de la vraie maestria, mais ne nous laissons pas entraîner par la psychose collective, spontanée ou manipulée, qui entoure ses triomphes récents.

Les Ferias de septembre n’ont pas apporté beaucoup de nouveautés ou de véritables exploits, même si chaque corrida reste un mystère qui peut nous passionner, même quand on ne s’y attend pas. Sébastien Castella a confirmé, malgré les possibilités diverses de ses adversaires, qu’il a été le torero le plus constant de la temporada, alliant une lucidité, une maîtrise, un sens artistique qu’aucun autre n’a pu maintenir, sans oublier le pundonor qui l’a toujours caractérisé. Il a préféré mettre un terme à sa temporada européenne après son impressionnante voltereta de Logroño où il a conclu par un nouveau triomphe.

Quant aux férias françaises de septembre :
– DAX : avec ses arènes de 8500 places toujours pleines, a vu le triomphe de Jose Maria Manzanares (4 oreilles), devant un public qui l’adore (il le lui rend bien) et les Cuadri ont confirmé le mauvais moment qu’ils traversent.
– ARLES : je me réjouis que la corrida goyesca de la Feria du Riz ait permis de remplir les arènes d’Arles qui ont enregistré une baisse de public inquiétante dans ses dernières temporadas. C’est peut-être l’effet de cette corrida spectacle très bien organisée, car le lendemain la corrida des Cebada Gago n’a enregistré qu’un petit quart d’arènes. On notera que la novillada piquée a enregistré moins de 1000 places payantes.
– NIMES : Outre la présentation inégale des toros, la Feria des Vendanges a été marquée par le laxisme ou l’inconsistance des Présidences. Le professionnalisme d’Enrique Ponce, de Juan Bautista et la volonté de Sébastien Castella, n’ont pu couvrir la médiocrité et la présentation des lots de toros. Il faut noter que l’Association des Jeunes Aficionados Nîmois a choisi Andrés Roca Rey comme triomphateur de la Feria des Vendanges. Il a démontré, malgré un sorteo défavorable, une maîtrise, des qualités surprenantes, sans oublier ses détails artistiques de haut niveau. Comme quoi, de jeunes aficionados sans préjugés ni compromis, ont désigné le torero qui selon leurs critères sains a montré, sans vouloir essayer de tromper le public, le plus de spontanéité, sans trucage, avec une technique étonnante à son âge, un courage (lui aussi) et un pundonor qui font honneur à son pays, à son entourage et à son préparateur Jose Antonio Campuzano.

Malheureusement, plusieurs évènements récents nous ont rappelé que notre corrida fait face à des dangers imminents, si nous réagissons trop tièdement. Ces dangers viennent (surtout en Espagne) des politiques qui sont prêts à vendre leur histoire, à la recherche de votes dans des majorités hétéroclites. La suppression de la subvention de l’Ecole Taurine de Madrid, par la nouvelle Alcadesa Manuela Carmena, correspond à quels critères ? Ne me parlez pas de faire des économies pour le budget. Ridicule ! Est-ce pour rester fidèle à ses croyances de ses origines politiques, qu’elle abandonna en 1980 devant leurs déroutes successives depuis près de 20 ans (il existe pourtant des aficionados gauchistes), ou tout simplement pour apporter des preuves de fidélité à ses colistiers ? Pourtant, elle s’était engagée à ne pas faire de frivolités. C’est MINABLE ! Si ce n’était pas si grave, cela me ferait rire.

Le fait est que pour le moment, j’ai entendu surtout la voix du Maestro Joselito qui s’est fait entendre avec force et qui s’est engagé avec détermination, à défendre l’avenir de l’Ecole car lui sait ce qu’il lui doit. Grâce à son rôle éducatif, elle a fait de lui un homme exceptionnel, qui aurait pu se perdre, adolescent, dans les méandres du Madrid des années 80. Sera-t-il suivi ? Je ne souhaite pas me mêler à un débat politico-électoraliste qui ne fait pas honneur à ceux qui le pratiquent. Je préfère faire appel à votre envie de défendre vos traditions, sans baisser les bras malgré l’intox dans laquelle nous vivons. N’ayez pas peur ! Nous devons lutter ! Notre presse régionale bien pensante (par essence !) trouve toujours un mot gentil ou compréhensif pour faire plaisir aux antis, même quand ils obtiennent des services de l’Éducation Nationale la suppression d’une fresque d’inspiration taurine réalisée il y a 8 ans dans une école nîmoise. Il s’agirait d’une œuvre enfantine inspirée par l’amphithéâtre romain et la tradition taurine et qui n’avait aucune inspiration sanguinaire. Quelle honte ! Les derniers appels de leur maître à penser pour créer un état insurrectionnel contre la corrida devrait intéresser nos politiques et notre système judiciaire sur le danger de ces gens-là qui ont compris, comme plusieurs générations de fanatiques, qu’il faut d’abord commencer à détruire les pratiques, les pensées, les œuvres artistiques de ceux qui ne pensent pas comme eux, pour gagner un jour leur bataille après avoir fait un nettoyage intellectuel. La liste est longue de ces personnages, de ces groupes qui ont voulu détruire ce qui ne correspondait pas à leurs critères, sans s’embarrasser de pudeur et de démocratie. Il y en eut de tous les bords. Il en existe encore et ceux qui osent les affronter se font critiquer ou abandonner par les bien pensants, adeptes de la liberté d’expression, qui petit à petit se feront bouffer eux-mêmes.

Avant de nous quitter, je tiens à vous parler d’un homme libre, d’un aficionado exceptionnel, malheureusement disparu subitement en 1993 après avoir terminé son livre « Histoire des Arènes de Bayonne » et auteur du magnifique texte que vous trouverez ci-dessous et que je vous demande de lire attentivement. L’Union Taurine Biterroise avait invité Claude Pelletier pour participer aux 4èmes Journées Taurines en 1986 pour nous faire partager le particularisme de l’aficion du nord de l’Espagne (Navarrais et Basques) et de son sud-ouest. C’était un aficionado passionné qui ne supportait pas les dictats, au point qu’il osa abandonner la revue taurine culte « Toros » parce que la rédaction voulait lui imposer de ne plus collaborer avec une revue concurrente du sud-ouest. Pourtant, sur le fond, sa vision sur la tauromachie coïncidait avec celle de la célèbre revue nîmoise. Il voulait vivre libre son aficion, avec passion et sans contraintes d’ayatollahs qui « l’emmerdaient ». Mort subitement, il n’a pas eu le temps de nous dire « adicias « . Je vous propose de lire ce texte. Vous comprendrez beaucoup de choses sur l’HUMANITÉ.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Edito n° 30 – Octobre 2015

« Si par quelque hasard miraculeux, vous parvient un jour le vestige de cette tauromachie – pour vous, sans doute, révolue – et si, par quelque prodige d’humanisme préservé – c’est-à-dire d’affectueuse curiosité pour l’humain – vous vient encore la fantaisie de vous interroger, sur nous, et sur notre absurde passion « barbare », sachez que nous n’avons rien à dire pour nous expliquer !
Encore moins pour nous défendre !
Pensez de nous ce que vous voudrez.
Nous étions des hommes simples, frustes et de peu d’instruction.
Il nous suffisait de fermer les yeux pour voir tant de visages disparus – qu’on a aimés trop tard – de lieux perdus et de bonheurs finis…
Cela nous faisait tant de bien !
Je le répète : nous étions simples !
C’est pourquoi nous nous sommes crus heureux…
Et, franchement, nous l’avons été !
Par exemple, à travers cette tauromachie !
Nous y avons – pardonnez-nous l’outrance – célébré l’exaltation de l’homme au-dessus de son précaire et douloureux destin.
Voilà qui vous paraît sans doute excessif, étranger et même ridicule.
Mais, à notre époque, nous avions besoin de croire l’homme capable de courage, d’intelligence et de beauté. D’y croire fort !
Cela nous rassurait pour vous, notre avenir lointain.
J’espère que ces valeurs sont si universelles pour vous qu’elles n’ont plus besoin d’être démontrées.
Mais si, pour finir, quelque chose en nous vous paraît encore obscur, remontez quelques siècles de plus.
Ecoutez Villon, comme nous :
« Frères humains qui après nous vivrez… »
Il vous expliquera !
Ce n’était pas un aficionado, mais il était si près de nous ! »

Claude PELLETIER – 1993