Tous les articles par bousquet

ÉDITORIAL – SEPTEMBRE 2014

VU D’EN HAUT…

PALCO CULTUR TAURINE

L’Arène de Béziers est séduisante pendant la Feria avec ses gradins bien remplis. De là-haut, vous ressentez le spectacle dans des conditions curieuses : moins de pression, moins de violence et une vision globale et sereine de l’amphithéâtre. Cette sensation est accentuée par le fait que le public des derniers rangs ne semble pas participer activement à ce qui se passe dans le ruedo : il est plus détaché. Mais, ne vous y trompez pas. Il peut tout voir et même tout comprendre. Il a vu que, face à des adversaires insipides comme les Daniel Ruiz, les figuras malgré leur talent, ne pouvaient pas faire naître l’ÉMOTION qui est l’essence même de la Corrida et qui lui donne son authenticité.

Les majestueuses séries droitières « arrachées » par Jose Maria Manzanarès, couronnées de son spectaculaire « recibir », ont créé un instant de magie qui ne peuvent cacher l’ennui général. Le public a ressenti la même impression lors de la deuxième corrida où les toros se sont tous éteints après les piques trompeuses. La sortie triomphale de Sébastien Castella le récompensa pour « l’ensemble de son œuvre » : sa constance, sa volonté, sa maîtrise pour faire briller ses adversaires. La corrida traditionnelle de clôture des Miura n’a pas apporté l’ÉMOTION que l’on attend des mythiques toros de Zahariche, malgré les grands professionnels que sont Bautista, Javier Castaño et sa cuadrilla.
Seule la corrida du samedi, avec 3 matadors de toros beaucoup moins expérimentés, si elle a attiré moins de monde, a apporté l’émotion, tant au public des fauteuils qu’à ceux « d’en haut ».  Escribano avec ses prises de risques dans tous les tercios (malgré ses épées défaillantes), Galvan avec sa persévérance dans l’adversité et Cayetano Ortiz ont affronté, malgré les plus fortes rafales de vent de la Feria), un lot encasté et exigeant (à l’exception du 3ème plus abordable). Ils ont apporté cette sensation tant attendue, culminée par le triomphe de Gaëtan après sa cojida angoissante et sa grande estocade.

Cette Feria s’est terminée sans fait majeur et quittera rapidement notre mémoire, comme celle du public, si elle ne causait pas chez nous quelques inquiétudes pour l’avenir. Nous nous interrogeons sur l’évolution du public de nos arènes. Vous me direz que le taux de remplissage, que nous pouvons effectivement bien apprécier du haut des arènes, est satisfaisant (hormis la corrida du 16 août). La comparaison avec d’autres arènes du sud-est nous est favorable même si l’empresa annonce publiquement une baisse de 8 % de fréquentation en 2014 (à approfondir…).  Est-ce les effets de la crise ? Nous ne le pensons pas quand on lit par ailleurs les résultats et les louanges unanimes des Ferias de Mont-de-Marsan et Dax (lire nos éditos antérieurs et ceux de Semana Grande et Terres Taurines). En fait, à Béziers, nous perdons notre « substance » d’aficion languedocienne et provençale qui « refuse » les programmations des corridas que lui proposent nos arènes depuis quelques années. Heureusement, au niveau de la « Quantité », les efforts importants de la Ville en communication et animations, permettent de maintenir la présence du public festif pour stabiliser la fréquentation aux corridas. Nous ne voyons plus à la Feria de Béziers ces aficionados régionaux « confirmés » qui apportent leur sensibilité, leur expérience et dont les commentaires, si possible élogieux après la corrida, retombent sur notre réputation à l’extérieur. De même, les grands journalistes spécialisés et personnalités sont ailleurs. Ils étaient à Béziers il y a encore près de 15 ans. Si nous interrogeons, nous apprenons qu’ils sont à Dax, à Bilbao. On a même vu cette année des aficionados biterrois à Malaga. Les observateurs avertis connaissent les raisons de cette situation qui pèse sur l’avenir de nos arènes depuis plus de 10 ans.  L’exemple de cette année est frappant.

Nous avons regretté l’absence de toreros importants du moment : Perera, Talavante, Fandiño et… Morante qui, dans des styles différents, « écrasent » la temporada de leur classe et de leur « entrega ». Pourquoi répéter en 2014 trois ganaderias (sur 4) déjà vues en 2012 et 2013 ?  Dans ces conditions, comment intéresser ces aficionados habitués à des Ferias françaises et espagnoles de référence ?  Nous restons dans un standard « tiède » alors que nos arènes disposent de plus de 11 000 places confortables (les meilleures de France en moyenne) et d’un potentiel important de public au mois d’août. Les arènes de Béziers doivent reconquérir leur image en ajoutant la qualité et la diversité des cartels (toros et toreros) aux festivités de la Feria qui montent en puissance depuis 20 ans grâce à la Collectivité.  Il existe des solutions, nous les avons déjà évoquées dans des commentaires antérieurs. Nous laissons aux propriétaires des arènes et à la Municipalité (partie prenante indispensable au débat), la responsabilité de s’entendre afin de mettre en place un système qui pérennise, par la qualité, l’utilisation de ce prestigieux édifice inscrit dans le patrimoine de notre ville et qui sera prépondérant dans une volonté d’amélioration de l’image de Béziers à l’extérieur.

Pour terminer sur des notes d’actualités taurines plus positives :   Saluons l’initiative de la Ville de Boujan sur Libron d’avoir mis en place pour la Fête des Vendanges du dimanche 7 septembre prochain, deux spectacles taurins authentiques :
* Novillada Finale des Ecoles Taurines : 3 novillos de Robert Margé,
* 1ère Corrida de Toros avec la participation de Tomas Cerqueira en solitaire face à 4 toros de Gallon et du jeune Rejoneador Laury Tisseur face à un novillo de Gallon.
Sachons les soutenir comme l’aficion du sud-est et de la Côte d’Azur, malgré les insultes et les menaces des anti, a su se retrouver en remplissant les 10 000 places des arènes de Fréjus fermées à la tauromachie depuis 2006 (ils ont voulu démontrer leur liberté et leur attachement à leurs arènes). Ce fut une première becerrada triomphale avec notamment le jeune biterrois Carlos Olsina.

L’Aficion ne doit pas se contenter de discours ou d’intentions, car elle se conforte uniquement dans les ACTES.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREUEdito
n° 17 – Septembre 2014

 

ÉDITORIAL – AOÛT 2014

MALAISE – EL MALESTAR !

 Nous annoncions dans notre éditorial du mois de mai dernier que les cartels de la Feria de Mont-de-Marsan 2014 nos paraissaient les meilleurs de France,  résultat d’une véritable concertation entre l’Aficion, la Commission Taurine, le Prestataire et la Régie Municipale. Bilan : pour la Feria de la Madeleine 2014, les arènes de Plumaçon (plus de 7000 places) ont enregistré 5 pleins (no hay billetes). Mont-de-Marsan est une commune de 35 000 habitants, avec une agglomération de 65 000, préfecture du département des Landes (365 000 habitants), soit moins de 40 habitants au km². Cela démontre que l’on peut encore espérer plus de monde aux corridas avec des cartels qui correspondent aux goûts du public. Nous nous réjouissons de cette situation.
Par contre, la suite de la temporada après San Isidro est tiède. Ce ne sont pas les pleins de Pamplona et les magnifiques encierros courus et médiatisés dans le monde entier qui nous feront oublier le « malaise » que nous avons ressenti devant les écrans en direct. Ce n’est pas la dimension des cornes qui démontre la bravoure, le danger et donne de l’émotion (voir les Adolfo Martin du 13 juillet). Certes, nous savons tous, grâce aux encierros, que les toros ne tombent pas pour la San Firmin. Malgré ce, l’ennui était présent pendant les faenas, même si la bonté excessive du public Pamplonico (soleil et ombre confondus) et des Présidents a permis l’octroi de trophées que le comportement des toros ne justifiait pas (à de rares exceptions). Les toros doivent être choisis dans le type de leur encaste et non pour le « développement » exceptionnel de leurs armures.

Les ferias de juillet ont montré quelques moments intéressants. Par contre, le « malaise » a de plus en plus atteint le monde taurin, même ceux qui en sont à l’origine. Ecoutez et regardez les dernières déclarations de Talavante et encore plus celles du Juli sur les sites internet. Ils ne se cachent plus tellement la situation est évidente. Ils reconnaissent et vivent mal ce malaise (c’est vraiment « l’arroseur arrosé »). Quand 2 ou 3 toreros font tout pour se partager le monde taurin, il ne faut pas s’étonner si, malgré la saine concurrence qui a toujours caractérisé le toreo, l’amitié disparait. Ils ne savent plus s’ils se haïssent et ils ne se considèrent même plus. Les figuras ne comprennent plus qu’ils fassent moins rêver le public.

Ce n’est pas le comportement insupportable de Mundotoro dans ses annonces dithyrambiques sur les « classes practicas », les commentaires excessifs, même pour les novilleros ou jeunes matadors adoubés par les « oficinas » au pouvoir, qui vont nous faire oublier la réalité. Les sites internet spécialisés titrent sur une oreille coupée par tel ou tel mais oublient que la rançon de ce système vient des images, même sélectionnées, qu’ils mettent sur la « toile ». Ils ne peuvent plus nous raconter n’importe quoi.

Certains s’en sont rendu compte au point de ne pas présenter les images des faenas, d’une tarde de 4 oreilles, se contentant de les illustrer par des fioritures non représentatives. Il est insupportable d’écouter un commentateur télé, après qu’un torero ait coupé sa première oreille, qui n’attend plus que son deuxième adversaire pour lui voir couper le deuxième trophée qui lui permettra de sortir en triomphe. Il en oublie parfois de parler du reste de la corrida en se contentant de cette potentielle « puerta grande », comme on attend un score de football. Il se désintéresse du reste pourtant ce n’est pas son rôle ! Les effets se produiront au fur et à mesure du déroulement de la tarde. Nous ferons les comptes à la fin.
Nous ne sommes pas négatifs mais lucides. Lorsque nous voyons la faena de 2 oreilles du sévillan Pepe Moral à la Réal Maestranza, nous nous réjouissons que ce jeune torero réapparaisse dans l’actualité, alors que la majorité des commentateurs et des professionnels l’avait déjà enterré. Nous sommes aussi enthousiastes devant la faena (cape et muleta) d’Alejandro Talavante à Huelva, plus pur et relâché que jamais. Je vous conseille quand même les éditos indépendants dans certains sites taurins globalement devenus insupportables. Il faut savoir les chercher dans « Burladero.es » ou même « Aplausons.es » On peut parfois en trouver. Juan Belmonte sur Aplausos.es du 1er août a titré « Requiem pour les apoderados » : « Je ne comprends pas bien ce qui se passe et comment cela se passe. Ce qui est clair, c’est que les apoderados de toujours sont une espèce en voie de disparition » (voir notre édito de février 2014). C’est simple. Tout se passe dans un bureau qui, avec ses satellites, régit l’ensemble de la temporada du monde taurin. Dans ces conditions, à quoi sert l’apoderado ?

Dans cette ambiance morose, il faut se réjouir qu’en France, nous enregistrons des points positifs : l’élevage de Robert Margé a sorti plusieurs toros intéressants à Palavas, Arles et Istres. De même, les toros de Gallon ont permis aux jeunes toreros de briller à Mauguio. Il faut également noter la prochaine présentation à Madrid des novillos de Dos Hermanas (Laugier) qui ont montré de bonnes dispositions dans plusieurs arènes. Nous assistons aussi à des nouveautés avec la corrida du 10 août à Palavas et la 1ère Feria des Vendanges du 7 septembre à Boujan avec une novillada sans picador de Robert Margé et la 1ère corrida formelle dans ces arènes où Tomas Cerqueira se présentera seul face aux toros de Gallon. Seules les arènes de Bayonne (est-ce le Pays Basque ou la date ?) nous inquiètent : 2000 personnes pour la corrida de Feria du 9 août.
La Feria de Béziers est à notre porte. Soyons nombreux dans les gradins des arènes du Plateau de Valras, que les toreros triomphent avec des toros braves et que la fête continue…

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU
Édito n° 16 – Août 2014