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ÉDITORIAL – SEPTEMBRE 2015

UN SINGE EN HIVER 

Ce film culte réalisé en 1962 par Henri Verneuil, est pour moi un des plus grands du cinéma français. Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo, exceptionnels, sans oublier Suzanne Flon, Noël Roquevert… que les gens de 20 ans ne peuvent pas connaître (dommage pour eux). Il faut ajouter au scénario d’Antoine Blondin et aux dialogues de Michel Audiard, leurs immenses talents.

J’ai fait la connaissance cet été à Cuellar (Ségovie) fameux pour ses encierros depuis des siècles, de cinq personnages hors série, venus dans cette bourgade de Castille courir les toros bravos, poussés par leurs fantasmes de l’âme espagnole. Tous venus des Iles Britanniques ou des States. Imaginez-vous :
– un Ecossais de Glasgow (Angus), étonnant dans ses certitudes de « corredor » devant les cornes,
– un Anglais (Alexander) toujours vêtu de sa veste rayée élimée d’étudiant londonien, sur sa tenue traditionnelle blanche et rouge de Pamplona,
– un Gallois de Cardiff (Tip) amoureux de la terre de ses ancêtres qu’il chante avec passion,
– un Hawaïen (Beau) ex tennisman et cuisinier particulier.
Sans oublier Larry, un professeur d’université de plus de 65 ans venu des States s’installer à Valladolid, attiré par son admiration du toro bravo et de l’Espagne (quel échauffement concentré dès 8 heures pour courir à 10 heures du matin !). Tous ces personnages m’ont rappelé Jean-Paul Belmondo (Gabriel) dans « Un singe en hiver », en plein délires inénarrables (il faut voir le film) quand il fait part à Gabin et aux clients du bar de ses ambitions, de son rêve de devenir le 2
ème torero français après Pierre Schull (alternative en 1958 en Arles). Nous les excusons d’avoir oublié Félix Robert qui confirma en 1895. Voir Belmondo (Gabriel) comme le faisait Antoine Blondin sur les Grands Boulevards Parisiens, effectuer des quiebros et des ébauches de chicuelinas au milieu des voitures dans les rues d’un petit village de Basse-Normandie et l’écouter parler de son rêve de présentation dans les arènes de Madrid !!! Sans oublier Jean Gabin (Albert), ancien du Tonkin, évoquant « un des petits singes égarés comme on en rencontre en Chine au moment des premiers froids » où il repart à la fin retrouver ses rêves…
Je remercie la grande aficionada Lore Monnig, Présidente du New York City Club Taurin de m’avoir permis de les connaître, de les écouter parler avec passion (en anglais, en espagnol et même en Ecossais) de leurs rêves fous (souvent arrosés) mais sincères, de leurs fantasmes qui les avaient amenés dans cette bourgade de Castilla pour courir les historiques encierros de Cuellar.

Si un jour, un de mes petits-enfants me demandait « Papi, tu as vu vraiment un singe en hiver », je pourrai maintenant répondre comme dans la dernière réplique du film, Gabriel (Belmondo) à sa fille : « je pense que j’en ai vu au moins cinq ». Oui, j’aime cette Espagne si imparfaite pour notre esprit cartésien, mais si exaltante, qui incite à des aventuriers venus du bout du monde, de participer à des jeux hors série, mais aussi de créer dans son sein d’autres aventuriers, des philosophes, des écrivains au sommet de la culture universelle. Oui, n’oublions pas ces strophes de Jose Maria de Heredia pour glorifier les découvreurs des Amériques « Fatigués de porter leurs misères hautaines, de Palos de Moguer routiers et capitaines partaient, ivres d’un rêve historique et brutal ». C’était l’Espagne. Oui, Miguel de Cervantès a pu créer le personnage « El ingenioso Hidalgo Don Quijote de la Mancha » pour faire passer dans une œuvre universelle éthique, lyrique, tragique et comique, un message sur l’âme castellana, profond et complexe.
Nos 5 singes en hiver, conscients ou non de leurs folies, nous montrent que cette terre dure leur a inspiré cette manière très particulière pour exprimer leurs rêves mais aussi leur amour pour ce pays où la tragédie et la fête sont si proches. C’est l’Espagne. Vous devez penser, va-t-il écrire sur la temporada d’août ? Je vous répondrai que ces temps-ci, la corrida me fait moins rêver et qu’elle m’inspire peu ou peut-être trop de commentaires. En fait, le monde taurin est muselé par le pouvoir de 3 ou 4 empresas qui souhaitent le garder pour elles-mêmes, même s’il s’éteint…

La dernière actualité me fait poser des questions : Pourquoi Diego Urdialès, torero méritant après 15 ans d’alternative, s’est vu attribuer 3 oreilles à Bilbao avec sortie en triomphe de la Plaza de Vistalegre, pour deux bons coups d’épée ? Il est Riojano et la prochaine feria de Logroño s’annonce. Quel est le propriétaire empresario de ces arènes et le collaborateur, homme fort de l’organisation de Bilbao ? Pourquoi le Juli s’est fait voler son triomphe de la 2ème oreille de son Garcigrande après une de ses meilleures faenas de ces dernières années ? Pour empêcher sa sortie à hombros qui gênait… ! Pourquoi les cartels prévus de la Feria d’octobre de Madrid viennent d’être chamboulés au dernier moment ? Afin de mettre la jeune révélation, Lopez Simon, dans des conditions idéales pour cette étape importante de conclusion de sa temporada ? Regardez du côté de Salamanque, ce sont les mêmes qui lui ont fait annuler son engagement avec La Brède pour remplacer Manzanarès à Istres. Dommage ! Quand on a ses qualités, on peut éviter de tels subterfuges. Vous comprendrez pourquoi trop souvent, ce monde n’arrive plus à me faire rêver. Heureusement, nous avons de temps en temps la chance que le toro remette de l’ordre, malgré leurs « montages » !
Les toros de Pedraza de Yeltes de la Feria de Dax et le merveilleux cinquième de Pedres à Bayonne le 5 septembre, ont démontré avec émotion que cet animal exceptionnel existe encore et que le jeune Juan del Alamo mérite plus de considération. Certains toreros, non maîtrisés, subissent des vétos « calculés ». Ils dérangent car ils risquent de remettre en cause l’équilibre que les « patrons », empresas et figuras, ont mis tant d’années à mettre en place. Ils s’affrontent parfois mais savent aussi se réconcilier sur le dos des « dérangeants ».

Nous pouvons quand même vous donner notre bilan des principales Ferias du mois d’août :
Dax 
: triomphe retentissant des Pedraza de Yeltes. A à noter positivement Pepe Moral, Juan del Alamo et… Juli. Quant à Mendoza, il n’avait rien à voir avec sa présentation 2 jours avant à Béziers, ni par ses chevaux, ni par sa motivation. Quel triomphe ! Pourtant, les toros n’étaient pas plus intéressants.
Béziers
 : bilan très mitigé. Toros : grande déception des Jandilla et des Capea – Bons Garcigrande malgré le trapio anovillado de deux exemplaires et un manso perdido. Margé : bien présentés mais tempérament décevant « plaqués aux planches au 3ème tiers, hors les 4ème et 6ème – Toreros : Castella au-dessus du lot malgré les Jandilla du premier jour – Manzanarès : facilité et grande esthétique de son toreo face à l’excellent Domingo Hernandez avec 2 grandes séries pour conclure sa faena – Bautista : toujours aussi professionnel et technique face à un sorteo défavorable – Escribano : lidia complète, banderilles impressionnantes et très bonne faena au 4ème, qui méritait 2 oreilles – Cayetano Ortiz : très volontaire et appliqué. Grande estocade au 6ème Margé – Medhi Savalli : motivé, il a su reconquérir, devant un bon Miura, le public biterrois qui l’a toujours apprécié.
Bilbao
 : Feria décevante au niveau des toros – Le lot de la Feria à l’unanimité et meilleur toro pour les Jandilla – Garcigrande : 3 bons toros – Victorino : corrida sérieuse, exigeante et intéressante, sauf le naïf 3ème d’un trapio insuffisant pour la Plaza de Bilbao – Une oreille pour Ureña (?) – Alcurrucen : corrida sérieuse mais décevante à part l’excellent 4ème pour Urdialès (2 oreilles ?) – Juan Pedro Domecq : échec total d’un lot inexcusable pour le ganadero (Bueyes) – Bañuelos : grande déception de cette ganaderia inappropriée pour Bilbao à tous les niveaux (je l’avais prévu dans l’édito de juillet). Le Président Matias a trouvé 2 triomphateurs qui arrangeaient bien : Diego Urdialès et Ureña. Suivez mon regard.

Ce mois d’août ne m’a pas apporté, à part quelques exceptions précitées, ce que j’attends de la Fiesta Brava. Heureusement, j’ai eu la joie de vérifier la grande temporada 2015 de l’élevage français des Frères Gallon. Après les prix des corridas concours de St-Martin de Crau et Millas (novillos), la ganaderia vient de triompher à Iñesta en Espagne : 6 oreilles coupées sans tenir compte des « maximos trofeos » symboliques suite à l’indulto par Morenito de Aranda du Jabonero n° 7 « Odalisco ».
Après la corrida goyesque de Boujan, je viens de lire le titre de la presse locale qui ne met en avant que « l’envie de Gaëtan Ortiz ». Ont-ils des ordres pour rabaisser Tomas Cerqueira qui a coupé 2 oreilles et qui pouvait de plus revendiquer, comme l’a demandé le public, deux trophées à son 2
ème (estocade franche et foudroyante pour conclure sa bonne faena). Quant au reportage du signataire, je lui ferai remarquer :
– que 5 bons toros de Gallon sur 6 avaient le trapio d’une plaza de 3
ème catégorie (1500 places) et que le petit 2ème de la course, n° 116, a démontré une exceptionnelle bravoure durant ces trois tercios : deux piques poussées prises de loin de son propre chef et patron du ruedo toute la faena. Pour plusieurs aficionados, il méritait même le mouchoir bleu de la vuelta al ruedo (mais il n’y avait pas la claque utilisée par certains : ce n’est pas le genre de la maison). Je pense avoir assez d’expérience pour lui faire ces commentaires et surtout, je revendique d’être beaucoup plus LIBRE. Je voudrais lui apprendre que s’il a eu moins de quites que ce qu’il espérait, cela vient du fait que la pratique taurine prévoit, qu’après le changement de tiers après la première pique, l’autre torero ne peut pas faire de quite. J’espère qu’il a quand même vu que Cerqueira, par esprit de communauté, a invité le sobresaliente Jérémy Banti à faire « son quite » après la 1ère pique quand il a vu que le toro servait. Nous pouvons dire, sans protectionnisme partisan, que nos deux jeunes toreros ont rempli leur contrat, même s’ils pouvaient faire mieux (ils toréent très peu).
Boujan a démontré par la Feria des Vendanges 2015 son authentique tradition et son titre de Ville Taurine, avec le soutien nécessaire d’une aficion biterroise indépendante qui doit encore plus rechercher ses fondamentaux pour être à la hauteur de son passé glorieux.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Edito n° 29 – Septembre 2015

33 etiquettePROGRAMME DE CES JOURNÉES  : https://uniontaurinebeziers.com/beziers-journees-taurines-octobre-2015/

ÉDITORIAL – AOUT 2015

 mouchoirsLES OREILLES ET LES TROPHÉES

L’actualité attire notre attention sur l’attribution des trophées par les présidences et leurs répercussions par les médias taurins, pour ne pas dire la Com du mundillo moderne. Afin de lever toute ambiguïté, il est précisé dans l’article 82 du Règlement taurin espagnol, que les prix ou trophées décernés lors des corridas sont :
– oreilles,
– salut au tiers,
– vuelta al ruedo,
– sortie en triomphe par la Porte principale des arènes.
Le président pourra exceptionnellement estimer et concéder que la queue du toro soit coupée et attribuée au torero. Il est précisé que si la première oreille est attribuée à la demande majoritaire du public, la deuxième dépendra du jugement exclusif du président qui prendra en compte la demande du public, le comportement du toro, la bonne direction de la lidia, la faena tant à la cape qu’à la muleta et l’estocade. Mais pourquoi des oreilles et des queues comme récompenses ! Cette coutume apparaît à la fin du XVIIIème siècle dans les Real Maestranza de Caballeria, pour donner un signe de propriété au torero à pied méritant en lui attribuant tout ou partie de la viande de son toro.
La première attribution d’oreille connue officiellement à Madrid est celle qui fut décernée en 1876 dans la Plaza de Toros de Goya, à Chicoro qui venait de tuer Medias Negras de Benjumea en présence du roi Alphonse XII. Le triomphe du torero fut total après une faena complète, saut à la garrocha, pose de banderilles qualifiée d’admirable et après un stupéfiant volapié, le toro mourant instantanément, sin puntilla. Le public en délire, enthousiaste, demanda que la dépouille de Medias Negras lui soit attribuée. Après l’acceptation de la présidence, le torero coupa lui-même l’oreille du toro devant le public frénétique, créant un spectacle sans précédent dans la Plaza de Toros de Madrid. Le début d’une ère nouvelle s’écrivait. Cette pratique s’est institutionnalisée et incluse dans le règlement taurin comme vu ci-dessus.
L’attribution de trophées a pris de l’ampleur dans le temps. C’est ainsi que le fameux José Gomez, El Gallo, fut le premier à couper une oreille à la Real Maestranza de Sevilla en 1915. Le comble arriva en 1939 où un jeune novillero sévillan du quartier de San Bernardo fut tellement exceptionnel et provoqua un tel enthousiasme du public que le président dut lui concéder 2 oreilles, la queue et jusqu’à deux pattes du novillo. Il devait devenir le grand Pepe Luis Vazquez décédé en 2013. Ces pratiques étaient excessives mais spontanées. Elles correspondaient à l’enthousiasme d’un public, d’un peuple pour qui la corrida était un exutoire naturel de sa joie, de sa passion et de ses tragédies, dans ces époques difficiles qu’a connues l’Espagne.
Dans l’actualité, certains éditorialistes et journalistes taurins sérieux, dénoncent le recours abusif à ces récompenses par le monde des empresas et des apoderados influents, avec la complicité de certains médias qui utilisent l’annonce des trophées dans leur politique de communication pour leurs spectacles ou leurs protégés. Toujours aussi compétent et indépendant, le madrilène Paco Aguado ose même écrire : « La tyrannie informative des oreilles » et dénoncer « la progressive dégénérescence de la chronique des toros ».

Nous avons déjà dénoncé les titres trompeurs – trapaceros – de certains chroniqueurs (si on peut les appeler ainsi) qui ne font allusion qu’aux « triomphes historiques » et aux « apothéosiques sorties a hombros » qui se basent uniquement sur des chiffres qui ne reflètent pas la véritable substance du toreo et cherchent seulement l’effet publicitaire. Ces comptes-rendus et ces titres, notamment sur les sites internet spécialisés, ressemblent trop à des « tableros deportivos » qui comptabilisent les scores et les goales et nous rappellent les classements de la Liga. Personnellement, si je regrette et dénonce cette pratique des médias serviles et intéressés, je ne remets pas en cause le principe de l’attribution des trophées aux toreros à la fin de leur faena. Si elle est utilisée avec indépendance et clairvoyance, tout en mettant la faena du torero en valeur, elle permet de valoriser auprès du grand public la substance de la corrida ainsi qu’une échelle de valeur de la performance des toreros dans le ruedo. Tel qu’il est rédigé, le Règlement taurin français, comme l’Espagnol, est suffisamment précis pour permettre au président de doser ses décisions en tenant compte de la ferveur populaire qui, dans certains cas, peut s’imposer à lui. Il faut qu’il soit suffisamment lucide, serein et expérimenté pour montrer son autorité aux cuadrillas (elles comprennent vite votre compétence, votre fermeté réelle et votre crédibilité).

Le président doit aussi veiller au respect de l’ordre public, tant dans le ruedo que dans les gradins. Les techniques modernes facilitent la communication avec les alguaziles et les responsables du maintien de l’ordre. Le président ne doit pas chercher à être le protagoniste de la corrida mais il doit l’accompagner, tout en maintenant l’éthique indispensable à ce spectacle si particulier. Il est évident que les présidents ont des sensibilités différentes qui peuvent ressortir dans leurs jugements sur les toros et sur les toreros. Ils doivent cependant tenir compte du point de vue du public mais ne doivent pas être sous sa pression ni sous celle de l’empresario.

Cela nous amène à parler de la présidence de la Feria de Béziers 2015. Comme en 2014, M. le Maire a décidé de la confier à une seule personne. Nous aurions donc dû voir une présidence qui maintienne ses critères d’appréciation durant les 5 spectacles majeurs, en gardant sa sensibilité personnelle pour octroyer les trophées. Au contraire, j’ai regretté des différences entre chaque corrida, surtout au niveau des oreilles octroyées :
– Comment décerner 1 oreille à Pablo Hermoso après 3 pinchazos et une à Perera le même jour après une estocade nettement caïda d’un banal Jandilla ? Dans ces conditions, ces oreilles ne pouvaient être attribuées qu’après des pétitions nettement majoritaires et insistantes du public et être compatibles avec l’esprit du règlement. Ce ne fut pas le cas.
– La présidence (certes ce n’est pas la seule), a primé excessivement les estocades a recibir (à la mode) même mal exécutées, mal positionnées ou peu effectives.
– L’oreille du premier novillo d’Andres Roca Rey n’a pas été attribuée, malgré une pétition très nettement majoritaire et bruyante.
– Sébastien Castella s’est vu attribuer les 2 oreilles du 5ème Garcigrande alors que sa faena à son premier était nettement supérieure, à nos yeux, devant un beau toro plus exigeant dont Sébastien sut tirer la quintessence.
– A la fin de l’excellente faena complète d’Escribano face au bon 4ème de Margé, la Présidence a laissé monter au maximum la pétition unanime du public. Alors qu’elle paraissait vouloir montrer les deux mouchoirs en même temps pour attribuer les oreilles comme le public s’y attendait, elle n’a accordé incompréhensiblement qu’une oreille ( ?). Encore une décision qui perturbe le public car incompatible avec les précédentes.

Ces décisions incohérentes (laxisme et fermeté) ne justifient pas de recourir à la présidence unique, tout du moins en ce qui concerne l’unité des critères et la crédibilité des jugements de l’Autorité vis-à-vis du public. Ces commentaires, bien entendu, n’ont rien à voir avec la personne du président désigné qui a peut-être subi la pression de certains assesseurs, qui ne doivent être que des conseillers. Le public des arènes de Béziers est très divers : spectateurs biterrois manquant de références extérieures, touristes le plus souvent occasionnels et aficionados expérimentés minoritaires. Il est bon de ne pas le troubler par des décisions contradictoires. Certes pour les amateurs affirmés, le plus important est le contenu des faenas mais le public a besoin d’une confirmation officielle de ses sensations, par des décisions présidentielles cohérentes. Sinon, nous n’améliorerons pas les connaissances de notre public, surtout que nous pâtissons de plus en plus de l’absence des aficionados régionaux confirmés pour les consolider (notre édito de septembre 2014). A cet effet et dans un souci de cohérence des décisions, il faut noter l’initiative positive prise par la Fédération des sociétés taurines de France, pour la formation des présidences et pour l’attribution des trophées dans les arènes françaises.
Nous reviendrons sur le bilan de la Feria de Béziers pour la synthèse de fin août, notamment après la Semana Grande de Bilbao.

Pour conclure, nous tenons à souhaiter un bon rétablissement à Saul Jimenez Fortes après sa très grave blessure à la face à Vitigudino, en espérant qu’elle ne lui laissera pas de séquelles pénalisantes. C’est un très bon torero de la nouvelle génération, avec beaucoup d’aficion et d’une grande sincérité, mais ses graves blessures commencent à être préoccupantes.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Edito n° 28 – Août 2015

ÉDITORIAL – JUILLET 2015

VALOR Y AGUANTE – HONOR Y HONRA

Le torero doit posséder ces qualités de base pour se faire une place dans le monde exigeant de la Tauromachie. Certains me diront que j’ai oublié « el ARTE ». En fait, j’estime que l’expression artistique joue un rôle majeur en tauromachie mais elle ne peut s’exprimer vraiment que si les critères antérieurs sont respectés.
VALOR (courage) – Lorsqu’un « taurino » parle avec un collègue qui lui vante les qualités d’un jeune torero prometteur, sa question finale est : « pero tiene valor ? ». Le courage naturel est une condition obligatoire pour faire une vraie carrière de torero. Par son aficion, par son travail, sa capacité à assimiler les conseils pour améliorer sa connaissance du novillo, le jeune torero va acquérir le bagage indispensable pour affronter finalement le toro avec sa personnalité. Mais, si « no tiene este valor », il lui sera difficile d’avoir cette maitrise pour exprimer ses qualités techniques et artistiques. Ce COURAGE est fondamental pour que le torero démontre sa capacité d’AGUANTE, substantif du verbe « aguantar » (supporter).
L’AGUANTE désigne en tauromachie la force intérieure qui permettra de supporter la charge du toro sans broncher, dans l’immobilité totale, avec même parfois un orgueil méprisant. Cet AGUANTE a un double intérêt pour le torero : elle lui permet d’imposer sa maitrise à la bravoure du toro et de démontrer sa domination avec plus d’impact sur le public.
HONOR y HONRA – Pour distinguer ces deux mots qui pour certains sont synonymes, nous ferons appel à l’écrivain hispano-français, Michel del C
astillo, imprégné de la tradition, de la culture et de la langue de son pays natal. En Espagne, il existe deux mots : on peut obtenir des « HONORES » (des honneurs), on ne gagne pas la HONRA qui est le plus intérieur de la personne. « No tienne honra » « il ne possède aucun sens de la dignité ». La Honra peut même dégénérer chez certains dans la démesure de l’orgueil (hybris) et peut avoir des effets positifs mais aussi négatifs (ser mas : être plus).

Dans le monde taurin actuel, nous avons souvent l’occasion d’admirer le courage des toreros, indispensable dans leur profession. Malheureusement, la Dignité (Honra) y est souvent absente, tant chez les toreros que dans leur environnement : empresas, apoderados, banderilleros… Exemple récent : j’apprécie depuis ses débuts, les qualités du matador de toros madrilène Lopez Simon, basées notamment sur le Courage et l’Aguante. Après une très bonne carrière comme novillero et une alternative de luxe à Séville en 2012, les temporadas 2013 et 2014 n’ont pas donné le résultat escompté. Récemment apodéré, il venait de connaître deux grandes tardes de toros héroïques à Madrid, coupant 2 oreilles tant pour la Goyesca du 2 mai que le 24 mai pour la San Isidro. Je regrette que ce grand espoir de la tauromachie ait démontré que s’il possédait la majorité des valeurs précitées, il n’a malheureusement pas démontré la dignité (honra, honradez) que l’on pouvait attendre de lui. Il est vrai que l’exemple vient d’en haut…
Dans un premier temps, après ses succès madrilènes, il rompt les relations avec ses nouveaux apoderados, sans raisons apparentes… Dans un deuxième temps, après avoir envoyé un certificat médical à La B
rede prétextant son impossibilité d’y toréer le 20 juin à 18 H suite à sa blessure de Madrid, il fait le paseo le même jour à Istres à 11 heures pour remplacer JM Manzanares, dont l’absence était connue depuis plusieurs jours. Il triomphe et indulte un toro de Zalduendo. J’estime son comportement et son manque de dignité inacceptables. C’est malheureusement la marque de l’évolution du monde taurin qui ne le glorifie pas. J’approuve totalement la réaction du Maire de La Brede, face à ce comportement inadmissible et je demande aux organisateurs complices de fait « MAS HONRA » à l’avenir. Le monde taurin se porterait mieux si l’on y rencontrait plus souvent cette vertu, sinon il va à sa perte.

Les Ferias traditionnelles toristas de Pamplona et Céret correspondaient parfaitement pour illustrer ces valeurs. Elles ont eu un succès populaire important enregistrant tous les jours le « lleno ». Par contre, le résultat émotionnel et artistique espéré, ne l’oublions pas, n’a été atteint qu’en de rares occasions.
P
amplona connaît de nos jours des encierros qui battent tous les records de vitesse avec des toros entraînés à courir (notre édito d’août 2013) dans les « torodromes » des ganaderias. « Pero toros de calle o toros de plaza ? » (Paco Aguado). En effet, le résultat dans le ruedo a été décevant. Les ganaderias ont présenté pour certaines des toros d’âge excessif : près de 6 ans pour certains. Pourquoi ? Seuls les Jandilla présentèrent les toros qui permettaient, ce dont profita normalement Lopez Simon avec 3 oreilles exagérées (bien que par rapport aux 2 de Juli ?). Les ganaderias de Joselito, Victoriano del Rio (à l’exception du toro de Castella), Fuente Ymbro, Escolar Gil (à l’exception du 6ème d’Ureña), Conde de la Maza, Garcigrande… ont très déçu. quant à Miura, il a présenté une corrida déséquilibrée (3 et 3), très exigeante, à part le 2ème pour Bolivar.

En ce qui concerne les toreros :
– les membres du G4 ont été décevants malgré quelques oreilles « faciles ». Sin
HONRA, ni AGUANTE, ils ont rempli leur contrat avec leur métier et leur habileté. Nous avons noté positivement Lopez Simon, Jimenez Fortes (injustement traité par le Président), Sébastien Castella qui a permis à son premier de briller malgré sa faiblesse, Miguel Abellan pour sa volonté et son entrega, Eugenio de Mora pour son métier et son envie de revenir au premier rang après une bonne San Isidro. Quant à Manuel Escribano, outre ses prises de risques, il a montré devant ses deux adversaires qu’il avait la technique, le courage, la dignité, valeurs que le public unanime a encouragées et que la presse a reconnues.
A C
éret, les Adolfo permettaient (4) de triompher, les Juan Luis Fraile ont surpris agréablement certains qui ne les connaissaient pas, alors que les Dolorès Aguirre ont déçu.
Robleño surtout, devant son public Céretan, a pu se mettre en valeur devant les Adolfo
Martin, Encabo a démontré son professionnalisme et Perez Mota a confirmé qu’il s’acclimatait à ces toros, même s’ils sont un peu à « contra estilo » pour lui. Mais quand on n’a pas d’autres solutions pour toréer…
Pour conclure, ces deux ferias ont déçu, tant pour les toros que pour les toreros, notamment les figuras, à l’exception de Sébastien C
astella. Mais nous pouvons faire confiance aux organisateurs « honrados » de ces deux ferias, pour nous ramener des corridas plus convaincantes l’année prochaine.

Nous ne pouvons terminer sans mettre en avant des points positifs :
– la corrida de Bañuelos à
Eauze qui dépasse son succès de 2014. Les « toros du froid » (1100 m) méritent toute notre attention mais ne leur exigeons pas un poids excessif ;
– la domination écrasante du jeune Andrès R
oca Rey chez les novilleros. Non protégé en début de saison par rapport aux « señoritos » des puissants apoderados-empresas, il est à même tous les jours de lutter pour garder le puesto de n° 1, sans oublier l’esthétisme de son toreo. Tiene VALOR, AGUANTE, HONRA y… ARTE.

ENTRÉE DU MUSÉE TAURINNous ne pouvons que nous satisfaire que Béziers ait un véritable Musée taurin, tant au niveau de son cadre historique que dans la mise en valeur des collections de l’Union Taurine. Il fait l’unanimité et son inauguration, en présence de Sébastien Castella qui a offert son habit goyesque à sa ville, fut triomphale. La nouvelle salle réservée aux Goya étonne même les habitués et met encore plus en valeur les 40 eaux-fortes de l’édition Loiselet de 1876, récemment restaurées et ré-encadrées.

Nous aurions préféré terminer sur ces bonnes notes mais nous sommes obligés de regretter le comportement de la presse. Les sites taurins spécialisés nous inondent d’une communication mensongère non signée, notamment dans les titres. Seules quelques signatures d’éditorialistes bien connues sont fiables. Malheureusement, la presse locale a un comportent similaire. Elle s’est fait remarquer dernièrement par certains titres trompeurs et une communication très ciblée.  « Que poca honradez »
Par contre, vous pouvez voir sur le site TOROFIESTA.com – http://www.torofiesta.com/index.php?option=com_content&view=article&id=4065:2015-07-16-22-05-41&catid=1:nouvelles – l’intégralité de la magnifique exposition « Habits de lumières » du couturier taurin Justo ALGABA au Musée Taurin de Béziers.*

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Édito n° 27 – Juillet 2015

* 7 rue Massol, du mardi au dimanche de 10 à 18 heures jusqu’au 15 octobre.

« TRAJES DE LUCES »

LUMIERESÀ Béziers, vendredi 10 juillet se tenait le « vernissage » de l’exposition « HABITS DE LUMIÈRES » de Justo Algaba en présence de Robert Ménard maire de Béziers, de Michel Bousquet président de l’UTB, des matadors biterrois Cayetano Ortiz et Tomas Cerqueira…

Si le musée taurin de Nîmes a choisi de présenter cette année une collection de cape de paseo, le musée taurin de Béziers dans son nouveau site situé rue Massol a décidé de présenter jusqu’au 15 octobre 2015, quarante habits de lumières (Traje de luces) confectionnés par le couturier et créateur madrilène Justo Algaba. Sastrería de toreros depuis 1978, après une longue période d’apprentissage, il travaille pour vêtir le monde des matadors de ces habits de lumières qui font la fierté de ceux qui les portent face aux toros bravos. Rares sont les matadors qui ne sont pas passés dans une de ses deux boutiques où travaillent une cinquantaine de personnes mettant 30 à 35 jours pour confectionner un « Traje de Luces ».  Peu d’évolution du costume tel que l’avait défini, à partir de celui du XVIIIeme siècle,  le Maestro Francisco Montes « Paquiro » en 1836 dans son « Traité de la Tauromachie sur les règles de la corrida ». L’influence de la mode en vigueur à la Cour de Versailles sous Louis XV et à celle des Bourbons régnant à Madrid sont patentes

Chaquetillas, Chalecos, Taleguillas… en un flot de dorures, de passementeries, de couleurs, de formes des plus simples aux plus élaborées, de Picasso à la Vierge du Rocio jaillissent dans la lumière du lieu du mardi au dimanche de 10 à 18 heures jusqu’à la mi-octobre…

HB

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