ÉDITORIAL – FÉVRIER 2016

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arènes

POURTANT, NOS PRÉDÉCESSEURS ONT LUTTÉ…

Si notre pays n’a pas connu de conflit majeur traumatisant sur le territoire métropolitain depuis 1945, tout ne s’est pas passé sans vagues ni dégâts, tant au niveau social que dans les guerres des colonies et plus particulièrement celle d’Algérie qui vit arriver chez nous, dans des conditions douloureuses, de nombreux compatriotes. Par contre, la lente baisse de l’influence de notre ville dans la région a commencé :
– par l’impossibilité de maintenir une activité industrielle motrice, comme l’ont pu être les Ets F
ouga ;
– après une longue crise viticole, par la destruction obligatoire et les arrachages massifs subventionnés des années 80. Nous ne pouvons nier que 30 ans après, la production vinicole régionale connaît une évolution qualitative positive, mais à quel prix pour la valeur moyenne du foncier agricole : jachères, cultures inadaptées non valorisables. Certains ont toujours pensé qu’il y avait autre chose à faire mais nos politiques et les technocrates de Bruxelles préférèrent oublier les autres vertus agro-alimentaires du raisin et prendre des solutions
malthusiennes de destruction de 50% du vignoble, comme l’avait déjà décidé au 1er siècle l’empereur romain Diocletien, qui fit arracher la moitié du vignoble du sud de la Gaule pour défendre la viticulture italienne. Déjà pour conserver des avantages acquis…

Si nous revenons aux arènes et à l’aficion, elles ont connu aussi cette longue descente… comme l’ensemble du biterrois, mais pour des raisons en partie différentes. Même si notre ville manqua de dynamisme, Ferdinand Aymé, homme de spectacles (théâtre lyrique, music-hall, tauromachie) à Nice, Fréjus, Nîmes et Béziers, n’a jamais su donner à nos arènes une image taurine adaptée à notre histoire. Les grandes figuras firent le paseo de 1946 à 1975 à Béziers, remplissant parfois mais sans ligne directrice nécessaire pour fidéliser un public attaché à ses critères. Ce fut le résultat de la collaboration avec l’empresario Javier Martinez Uranga qui montait les spectacles à sa guise, utilisant Béziers comme une annexe nîmoise, qu’ils dirigeaient également ensemble. Ils n’arrivèrent à créer ni une image, ni des dates de référence en dehors de la traditionnelle Corrida des Vendanges qui perdit petit à petit son intérêt pour disparaître en 1964. Comment faire une temporada avec une corrida en mai ou juin et uniquement une deuxième en octobre ? Avaient-ils vraiment l’objectif de consolider l’avenir de nos arènes ? Certes, durant les années 50, l’empresa présenta quelques cartels et ganaderias intéressants. Pourtant, c’est l’inconstance qui marquait nos arènes et ne pouvait fidéliser un public.
Le sommet de cette période fut le 9 mai 1959 pour la Corrida du Centenaire, où 12 000 spectateurs assistèrent un
lundi à la corrida reportée de la veille à cause du très mauvais temps : Luis Miguel Dominguin, Jaime Ostos et Miguelin face aux Comte de la Corte. L’aficion biterroise démontra ce jour-là son attachement à son histoire et à son époque glorieuse qu’elle avait assimilée comme SA TRADITION.
Les années 60, malgré quelques exceptions, marquent à nouveau un déclin d’autant que l’aficion ne montre plus la même ténacité. Nos illustres prédécesseurs qui ont présidé la Fédération des Sociétés Taurines de France, alternativement pendant plusieurs années, vont se dévouer pour défendre la corrida sur le territoire national ou du moins dans les zones de tradition. Mais leur pression à Béziers sur l’empresa perdit de sa force, d’autant plus que l’unité de combat, démontrée 20 ans avant, présentait quelques fissures. Ne jetons la pierre à personne, même si certains se trompaient de combat. Brutalement, l’empresa se permit de n’organiser que 3 novilladas en 1967. Il se rendait compte que l’aficion n’avait plus d’influence. Heureusement, Jules F
aigt, adjoint au maire, décida de créer la Feria de Béziers en 1968 pour relancer le commerce après les évènements de mois de mai et essayer de faire vivre la corrida à la dérive. Ferdinand Aymé ne prêtait aucune attention aux toros à Béziers. Jules Faigt, conscient que les querelles et désillusions de l’aficion avaient laissé nos arènes en quasi désuétude, en appelle à l’unité des clubs. L’Union Taurine Biterroise naît en novembre 1968, de la fusion de la Société Tauromachique et du Club Taurin.
Malgré ses échecs, Ferdinand A
ymé fut maintenu à l’organisation des corridas. Son expérience pour les spectacles musicaux aux arènes ainsi que sa gestion du théâtre municipal jouèrent en sa faveur. La Feria du mois d’août progresse alors lentement et s’installe dans la temporada française sans évènements majeurs.

Deux toreros ont marqué l’aficion biterroise de 1970 à 1980 : Paco Camino et Francisco Rivera Paquirri qui remplissaient les arènes. L’Union Taurine a essayé de prendre des initiatives pour inciter Ferdinand Aymé à « booster » la temporada. En octobre 1970, le vice-président de l’UTB, Paul Semene et ses amis organiseront même une belle novillada avec picadors, avec du bétail du Marquis d’Albasserada. Le résultat fut positif, tant au niveau de la qualité des novillos que de l’équilibre financier. Malgré ce, la Feria devient poussive et ne parait pas motiver l’empresa et son partenaire espagnol, particulièrement à partir de 1975 où les lots de toros sont imprésentables et parfois invalides :
– 15 août 1975 : 6 toros de 4 ganaderias différentes,
– 17 août 1975 : 6 toros de 3 ganaderias différentes.
On appelle cela en termes taurins : Limpieza de corrales

Devant l’immobilisme de la municipalité, c’est à nouveau l’aficion qui dut intervenir pour sauver l’image de nos arènes. Max Tastavy, alors Président de l’Union Taurine, obtient de la ville en 1980, la participation d’aficionados biterrois à des postes décisionnaires au Comité d’Organisation Feria. C’est la fin de la trop longue période Aymé.
Un nouveau fonctionnement commence avec l’augmentation des spectacles taurins et une présentation irréprochable des toros marquée par le retour de Miura en 1982 et surtout l’inoubliable combat de
Nimeño, Victor Mendes et Richard Milian face aux toros de Zahariche en 1983, sans oublier les Sepulveda de 1980 et de 1984 de présentation madrilène. Ce fut aussi la découverte d’un torero d’exception, Paco Ojeda, qui lors de sa présentation en France en 1982 à Béziers, éblouit l’aficion. Les aficionados de l’Union Taurine peuvent être fiers de cette période où ils participèrent activement au Comité Féria et à la régie municipale des arènes. Cette aficion put agir et défendre la qualité et la présence des toros : Miura, Sepulveda, Atanasio Fernandez, S. M. el Viti, Alvaro Domecq, Jandilla, Baltasar Iban dont on parle encore. Nous assisterons aussi en 1983, à la naissance de la Peña Oliva, très active en soutien d’Emilio, triomphateur, tant comme novillero que matador de toros. Elle anima et anime encore l’aficion locale par ses multiples facettes.
Malheureusement, comme souvent, les politiques et les décisionnaires n’aiment pas rencontrer face à eux, une organisation indépendante, structurée et donc gênante. Leur objectif à Béziers fut de diviser pour mieux régner.
– La nouvelle municipalité B
arrau créa la Haute autorité à la tauromachie  volontairement inefficace (près de 40 personnes), structurée pour flatter les uns et annihiler les gênants ;
– incitation à la multiplication de clubs taurins, pas toujours opérationnels et recours au clientélisme. Les arènes vont continuer à un niveau intéressant sous plusieurs directions au début, jusqu’au début des années 2000. Progressivement, elles n’ont plus eu leur impact dans le monde taurin régional. Le silence de l’aficion et des élus à la Commission
taurine démontra cette incapacité à vraiment fédérer une action pour la protection de notre tradition. Il ne s’agit pas de faire une opposition systématique mais de défendre des fondamentaux et constituer une force de proposition reconnue.

Pendant ces 25 ans, je n’ai enregistré qu’une action véritable de la Commission taurine qui refusa en 1991, un lot de novillos imprésentable d’Atanasio Fernandez. Par contre, la Commission taurine resta muette ou inefficace en plusieurs circonstances. Dans sa volonté d’animer l’aficion en dehors de la Feria, l’Union Taurine dès 1983, lança les Journées Taurines et la remise de trophées aux toreros et aux ganaderos triomphateurs. Cette manifestation organisée grâce au dévouement des sociétaires, permit d’organiser un événement reconnu dans le monde taurin, tant en France qu’en Espagne, pendant plus de 10 ans. Figuras et ganaderos prestigieux ne manquèrent pas d’être là lorsqu’ils étaient honorés. Les Journées Taurines comprenaient aussi des conférences et des événements culturels. Nous n’oublierons pas les débats organisés entre les novilleros triomphateurs et les lycéens des établissements scolaires de Béziers qui réunissaient plus de 200 jeunes hispanisants au Palais des congrès et même au lycée Jean Moulin quand Jesulin de Ubrique – Tastevin d’Argent – remplit la grande salle de lycéens. Ces débats s’organisaient en collaboration avec les professeurs intéressés par cette initiative. Les temps changent… Plusieurs novilladas et tientas furent organisées aux arènes alors que l’École taurine municipale n’existait pas encore.
Malheureusement, l’Union Taurine, lassée de subir des initiatives hostiles, décida d’abandonner l’organisation des Journées Taurines, laissant à d’autres le soin de prendre le relais.
Je pense sincèrement que ce regroupement des clubs taurins fédérés, n’a pas atteint l’objectif affiché au départ. Les Journées Taurines, bien organisées, ont un effet positif, mais l’action regroupée des clubs ne doit pas se limiter à organiser une fête. Elle doit être force de proposition et d’animation autour de la corrida pour créer une synthèse intéressante, chaque club gardant son indépendance par ailleurs.

J’ai suffisamment écrit que nos arènes souffraient d’un manque d’identité et l’aficion a sa part de responsabilité. Pourtant, Béziers a la chance de connaître une période exceptionnelle avec 3 matadors de toros en activité :
– Sébastien C
astella : triomphateur de la temporada européenne 2015, après plusieurs années au plus haut niveau des Figuras ;
– Les jeunes matadors de toros : Tomas et Gaëtan sont méritants. Ils essayent d’exister dans un monde difficile. Que faisons-nous en dehors de notre ami C
oll ? Quel appui réel apportons-nous à ces jeunes pour leur permettre de faire leur place ? Plusieurs exemples existent dans d’autres villes et régions taurines françaises qui démontrent une autre attitude pour aider leurs toreros. Sans oublier que nous avons dans le Biterrois une ganaderia brava de qualité.
Qu’auraient fait nos prédécesseurs avec de telles opportunités ?

Avant de conclure, je ne puis que vous faire part de mes craintes pour la corrida. Un parti institutionnel espagnol majeur comme le PSOE, qui a fait son plus mauvais résultat aux dernières élections depuis des décennies, est prêt à abandonner la corrida, sur tout le territoire, par des alliances avec les Castro-Chavistes de Podemos, afin d’obtenir le pouvoir que lui ont refusé les urnes. Car ces gens-là veulent nous faire croire que la corrida est un vestige d’ancien régime qu’il faut abattre. Incroyable et préoccupant !! Il est vrai que leurs chefs sont des professionnels de la provocation. Je vous invite à y réfléchir.
Le Maître Paul Valéry
a écrit en 1919, après le carnage de la guerre : « Les civilisations maintenant, nous savons que nous sommes mortelles ».
Comment faut-il l’interpréter ?
– un simple constat qui nous permette de comprendre d’où nous venons ?
– un appel vers notre civilisation à évoluer (certes) mais aussi à échapper à sa destruction totale comme les antérieures ?
Pour ma part, je préfère la seconde car la première ne sert qu’à une amère constatation sans remède.

Aficionados, reprenez-vous, nous sommes concernés !

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Édito n° 34 – Février 2016

ÉDITORIAL – JANVIER 2016

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ILS ETAIENT AFICIONADOS

pour edito utbLa traduction qui me paraît la plus complète pour qualifier un aficionado : celui qui, sans but lucratif, a un goût prononcé, averti et passionné, pour une activité. On relie souvent ce terme à la Corrida de Toros, même s’il est aussi rattaché à toute activité sportive et culturelle. Le titre concerne ces Biterrois qui, dès 1880, ont montré un attachement parfois viscéral, pour développer et défendre la Corrida de Toros, tant contre ses attaques ou incompréhensions des Pouvoirs Publics français au début de son implantation dans notre pays, que contre les organisateurs professionnels qui, à leurs yeux, ne portaient pas suffisamment d’attention aux qualités physiques et au comportement combatif des toros.
Les régions du sud de notre territoire connaissaient depuis le XVème siècle des jeux avec les vaches et les toros pratiqués dans les cours de ferme et sur les places publiques et plus tard, dans les enclos équipés de gradins pour permettre à la population de suivre leur Fé di Biou (amour du toro). Ces activités qui ont été codifiées progressivement dès 1830 pour la course landaise, alors qu’en Camargue et dans le Bas Languedoc le règlement des courses libres ne sera officialisé qu’en 1966 par le premier règlement et par la Fédération de la Course Camarguaise en 1975. Après 1854 à Bayonne, Nîmes (1854), Toulouse (1855), Carpentras (1858), Béziers annonça l’organisation d’une corrida espagnole à l’occasion des Fêtes des Caritats, manifestation de fraternité traditionnelle pour l’Ascension de 1859. Elle se déroula avec des toreros espagnols dans un splendide amphithéâtre en bois d’une capacité de 10 000 personnes, édifié au Champ de Mars. Ce fut un grand succès populaire. Selon le chroniqueur de l’époque, la qualité du spectacle fut médiocre, à cause du comportement très fade des toros espagnols (?). Alors que Nîmes et Arles connaissaient un développement intéressant de cette nouvelle activité taurine, la corrida connut à Béziers un arrêt pendant plus de 20 ans.
Il est vrai, qu’en plus de l’absence de lieu adéquat pour célébrer la corrida, notre ville, comme tout le pays, connut outre le drame de la guerre de 1870, les conséquences catastrophiques de la crise du phylloxéra, du nom de l’insecte responsable du dessèchement et de la mort du cep de vigne. L’Hérault avant l’Aude, le Roussillon et le Bordelais, fut touché par une crise économique gravissime qui frappa la population (sans protection sociale) et vida notre ville de ses habitants. Ce n’est qu’en 1877, avec les exonérations fiscales attribuées à la replantation du vignoble greffé sur plan américain, que notre région devint la zone de monoculture viticole que nous avons connue depuis plus de 100 ans jusqu’en 1980. Une nouvelle ère de splendeur et de richesse commença alors pour le Languedoc et le Biterrois en particulier.
Malgré tous ces avatars, l’intérêt pour la corrida de toros commença à prendre racine dans la population biterroise et des environs. Le docteur Henri Marc, grâce à son Histoire Taurine de la Ville de Béziers, avait fait connaître depuis longtemps ces débuts de la corrida chez nous. De récentes recherches dans nos archives ont permis de me convaincre qu’à partir des années 80, cet intérêt pour les jeux taurins et la corrida espagnole devint une véritable aficion, exigeante, sérieuse, dévouée à sa passion alors que notre cité ne disposait pas d’arènes fixes et encore moins d’amphithéâtre romain pour magnifier ce spectacle qui intéressait de plus en plus notre population. Les nouvelles arènes construites dans la zone des abattoirs, ont connu plus de 80 spectacles taurins de 1882 à 1885. Les organisateurs firent appel, pour des capea sans mise à mort à Luis Mazzantini, encore novillero, aux cuadrilles françaises nîmoises et arlésiennes (Pouly). La première Corrida de Muerte avec Francisco Sanchez Frascuelo (frère du fameux Salvador), triomphe et laisse un souvenir inoubliable au public qui avait accouru nombreux aux arènes. Malheureusement, la première circulaire anti taurine du Ministère de l’intérieur interdit la corrida sur tout le territoire français. Elle ne visait que les courses de mises à mort, ce qui permit l’activité des arènes jusqu’en 1885, avant leur destruction.
Premières conclusions de cette période :
– Intérêt de plus en plus de nos ancêtres pour la corrida. Ils se pressent nombreux devant les arènes les jours de corrida
– Volonté du pouvoir municipal de défendre la qualité des spectacles et un prix modéré des places
– Soutien de la presse locale contre les interdits de Paris
– Réactions de plus en plus pertinentes d’une partie du public qui sait s’enthousiasmer devant les qualités étonnantes et efficaces des toreros (Frascuelo), mais aussi exiger la qualité des toros.
Les Biterrois, sevrés de la corrida avec mise à mort, sont très attachés à ce nouvel engouement qui les relie, peut-être inconsciemment, à leur instinct méditerranéen naturel et antique, au point de se passionner pour lui. Certains se déplacent à Nîmes et d’autres même en train à Barcelone où ils peuvent assister à des corridas intégrales avec les grands toreros du moment. La mise à mort en août 1892 à Nîmes de 2 toros par le torero Cara ancha fait espérer une libéralisation de fait qui déclenchera la décision d’autoriser avec une large majorité du conseil municipal de Béziers en 1893 la construction sur les terrains Palazy (près de la place Emile Zola actuelle), d’un hippodrome pour y organiser des corridas sans mise à mort.
Cette nouvelle est accueillie avec enthousiasme et la presse locale exulte en se réjouissant que les aficionados puissent assister prochainement à leur spectacle favori (Publicateur de Béziers). Les saisons 1893 – 1894 – 1895 ne laissent pas un grand souvenir mais la direction Pouly en 1896 permet à Metodo d’estoquer un toro le 23 août, suivi par Félix Robert le torero français qui estoque deux toros le 30 août. Une dénommée Séverine, journaliste parisienne, égérie anti-taurine (déjà), lança une campagne qui aboutit en 1894 à un décret du Ministère de l’intérieur qui porta tort à l’activité des arènes du terrain Palazy. Pendant ce temps, les amateurs passionnés de corridas à Béziers changent de statut. Pour la première fois, le revistero spécialisé du Publicateur, sous le pseudonyme de Paco, utilise le qualificatif Aficionado, à leur égard. Les chroniqueurs démontrent que ce public a assimilé les subtilités de l’art taurin, tant pour en fustiger les défaillances, que pour mettre en avant les qualités des toreros espagnols. Cette confirmation officielle des aficionados est consacrée par la naissance à Béziers d’une  Revue de l’Art Tauromachique : le Torero Illustré, saluée par la célèbre publication espagnole La Lidia dans son n° 24 du 11 septembre 1893 : A Béziers, une nouvelle revue taurine ayant pour titre le Torero Illustré vient de commencer sa publication. Elle contient des chromolithographies et un texte choisi autant que varié. La revue est annoncée devoir paraître tous les dimanches, en vente dans toutes les gares, les kiosques… Le rédacteur en chef, Léon Bouet, Biterrois résidant à Paris, choisit le pseudonyme El Bey. L’équipe de rédaction a pour objectif de :
– dévoiler aux lecteurs les secrets du toro de lidia,
– démontrer les techniques des mécanismes du toreo.
Cette organisation a prévu aussi des correspondants locaux à Dax, Nîmes… ainsi qu’à Barcelone et Madrid. Malheureusement, la revue hebdomadaire arrêtera de paraître au bout de 6 mois. J’ai particulièrement apprécié les trois présentations du toro de course dans l’arène : les Levantados, les Parados, les Applomados avec des détails très justes ainsi que la vie du toro au campo. Les comptes-rendus des corridas de Béziers et Nîmes sont détaillés dans des termes qui ne sont plus d’usage mais très pertinents. Ces gens étaient des aficionados passionnés et compétents. Merci à Michel Guill, ancien bibliothécaire de l’Union Taurine Biterroise et à Marc Thorel, bibliophile, de nous les avoir fait connaître.
Béziers n’avait pas comme Nîmes, la capacité suffisante de déclarer ouvertement la guerre au pouvoir central. Pourtant, la presse locale, Le Publicateur et La Dépêche, face aux hésitations de la Municipalité, soutient les aficionados pour obtenir l’organisation des corridas intégrales à Béziers. L’aficion estime que nos arènes sont trop exigües et envisagent déjà la construction d’arènes importantes par la Ville : les corridas attirent d’ordinaire une foule considérable venue des environs. L’incendie, malveillant, des arènes Palazy la veille d’une corrida le 5 septembre 1896, va immédiatement amplifier les pressions locales pour leur projet d’un édifice d’une capacité de 12 500 spectateurs. M. Fayot, ancien organisateur de Nîmes, commence les travaux rapidement au Plateau de Valras et monte deux corridas les 11 et 14 juillet 1897 avec les toreros Reverte et Algabeño et le fameux picador Agujeta. Au préalable, la municipalité, conformément aux engagements pris par le Congrès des Cités du Midi, créé une Commission taurine sous la présidence du maire et l’aficionado historique de Béziers,  Louis Azaïs comme Vice-président.

arenes de beziers
Au cours de cette temporada 1897, les arènes inachevées vivent l’organisation de six corridas de toros formelles et une novillada. Béziers avait des arènes dignes de son aficion qui avait démarré de rien, sans édifices historiques, comme nos voisins de Nîmes et Arles et dans le sud-ouest, Mont-de-Marsan (1880), Bayonne (1893), qui de plus, avaient une tradition taurine plus ancienne avec la course landaise, très vivace dès le XVIème siècle, tant dans les villes que dans les campagnes.
Pour conclure cette année historique, Béziers organise en octobre le Congrès annuel de la Fédération des Cités du Midi qui adopta des mesures importantes pour défendre l’intégralité du spectacle :
– qualité des matadors de cartels accrédités ainsi que les cuadrillas
– choix des toros, ganaderias et présentation
– protection des chevaux de pique par le caparaçon
Pour autant, tout n’est pas facile pour l’achèvement de l’édifice comme nous le verrons malheureusement plus tard. Par contre, la temporada 1898 inclut 6 corridas de toros avec les grands élevages : Veragua, Concha y Sierra, Saltillo… et les matadors vedettes : Lagartijillo, Minuto, Pepe Hillo, Guerrita, Reverte et le retour de Luis Mazzantini qui restait la référence pour l’aficion locale depuis ses débuts en 1882 comme novillero. Cette passion, cette réussite, sont couronnées par le succès du projet risqué et grandiose de Fernand Castelbon de Beauxhostes qui va attirer à Béziers les grands maîtres de la musique française, avec un maximum de luxe et de mises en scène qui permettent la création de Dejanire le 28 août 1893. C’était un exploit qui apporta à Béziers un lustre incomparable dans la France de l’époque. Le même homme comprit aussi que, pour assurer l’avenir de la corrida, il fallait une structure qui regrouperait les amoureux de la corrida à Béziers et leur donnerait plus de force. Ce fut alors la création, avec l’appui du maire, de la Société Tauromachique de Béziers présidée par M. Jean Guy, association qui organisa deux becerradas en septembre et octobre 1898. Ils sollicitèrent même l’aide des maestros Guerrita et Reverte pour encadrer la deuxième becerrada le lendemain de leur corrida face aux Saltillo. Quelle passion ! Quelle envie ! Pourtant ces aficionados voyaient moins de spectacles et se déplaçaient plus difficilement que notre génération. Ils ont attiré le public et la jeunesse vers la passion et l’aficion à la corrida et au toro bravo pour plus de 100 ans. Avant la corrida du 23 avril 1899 avec Luis Mazzantini et Conejito face aux Miura, le maire historique de Béziers, Alphonse Mas, adopte avec la Société Tauromachique, un règlement taurin précis, complet, exigeant et adapté à la corrida de l’époque. C’est une démonstration pour l’aficion actuelle. J’ai ressenti une vraie émotion de voir ce document signé par ce maire de Béziers rénovateur et urbaniste de la fin du XIXème, Président de droit et l’aficionado Louis Azaïs comme vice président de la Commission taurine. Alphonse Mas (maire 1888-1904) savait le temps et le dévouement qu’il avait fallu à l’aficion, les collectivités et la presse locale, pour défendre la tauromachie et les traditions des populations du Sud. Malheureusement, une nouvelle crise viticole vint assombrir la situation. Les trois départements languedociens produisaient plus de 50% des vins français et une nouvelle mévente et une chute des cours aggravée par des pratiques illicites, ont ruiné les viticulteurs. Cette situation toucha fortement le revenu de la plus grande partie des viticulteurs et de notre ville qui, à partir de 1902, dû baisser ses ambitions pour ses arènes, tant au niveau des corridas que du lyrique. Le très mauvais état d’une partie des gradins ne permit pas d’organiser des spectacles sécurisés en 1912 et 1913. La terrible guerre de 1914 acheva d’enlever les motivations et les espérances pour l’édifice créé en 1897. Cette horrible guerre laissa des traces indélébiles dans de nombreuses familles de toutes les classes sociales. Si Béziers n’avait pas eu une aficion aussi vivante, motivée et compétente, la passion de Fernand Castelbon de Beauxhostes pour les arènes de Béziers qui se trouvaient dans un état de délabrement avancé avec des litiges entre propriétaires et huissiers, il en était fini de cet édifice historique. Quant à la corrida ? La Société Tauromachique avec François Guy, moteur de notre aficion et son président M. Delprat arrivent à convaincre Achille Gaillard, président de la Chambre de Commerce, de créer en 1919 avec quelques amis, une Société Immobilière qui va racheter, réhabiliter et finir l’édifice en mai 1921 « Béziers par Béziers, pour Béziers ». Le 29 mai 1921, la corrida d’inauguration de la plaza restaurée, attire une foule considérable. La photo du paseo : Luis Freg, Saleri II et Limeño qui affrontaient des toros de Veragua, est impressionnante. Certainement l’affluence la plus importante jamais enregistrée dans ces arènes (avant celle de 1946 ?). Une nouvelle ère était lancée avec des cartels sérieux et des ganaderos réputés. Ce nouveau départ pour nos arènes donne un nouvel élan à l’aficion :
– 1921 : création d’une École Taurine et du Club Taurin franco-espagnol des frères Perez
– 1923 : sous l’impulsion du grand aficionado, Pierre Cauba, création du Club Taurin de Béziers présidé par Jean Mounié qui prendra la tête de la Fédération des Sociétés Taurines de France en 1928. Le Club organise aux arènes en 1924 une becerrada qui attire plus de 5000 personnes. L’aficion biterroise commence à constater que pendant ces années d’arrêt en France, la tauromachie a changé. Les toreros influencés par la révolution apportée par Juan Belmonte dans le toreo en s’approchant du toro de façon téméraire, recherchent une expression plus raffinée et plus artistique. Au niveau des toros, la stature et parfois la moindre robustesse se s’ont adaptées à cette tauromachie. La bonne corrida de juillet 1939 avec les Concha y Sierra fut la dernière avant la déclaration de guerre de septembre 1939 qui stoppa les corridas à Béziers jusqu’au 14 juillet 1946. Béziers est libérée le 22 août, Paris le 26 août 1944 avec le défilé historique sur les Champs Élysées autour du général de Gaulle et déjà, en novembre 1944 se déroule une première réunion du Club Taurin Biterrois pour parler de projets. La lecture des comptes-rendus des réunions démontre que les aficionados motivés ont la ferme intention d’agir auprès de la municipalité pour permettre la reprise des corridas, tout en repoussant les solutions qui altèreraient la qualité et le sérieux du spectacle taurin. Ces aficionados « puristes » (terme que je préfère à toriste), craignent de revenir à des pratiques néfastes qui ont parfois desservi la corrida. Les représentants des 3 clubs taurins (Club Taurin, Société Tauromachique et Club Franco-Espagnol) tout en gardant leur identité, ont tenu des réunions communes pour faire remonter vers la municipalité leurs exigences. Ces demandes ne seront pas vaines, même si la fermeture de la frontière avec l’Espagne ne facilitera pas l’organisation des corridas, surtout au niveau des toros. Dès 1946, deux corridas sont organisées avec des toros français de Pouly insuffisants pour une arène comme Béziers, face à des toreros sud-américains confirmés : Carnicerito de Mexico, Firmin Rivera… Le public réagit en masse et remplit les arènes (plus de 15 000 spectateurs) le 14 juillet 1946 et le 6 octobre, en présence de Vincent Auriol, président de l’Assemblée constituante, futur président de la République et de Georges Bidault, président du gouvernement provisoire.
La tradition à Béziers était de jouer La Marseillaise en plus du paseo. Il est dommage que devant les plus grandes personnalités de l’État, qui confortaient la légalité de la corrida, la présentation des toros ait été insuffisante.

echo taurin300dpiEn 1947, l’aficion courroucée par cette défaillance, décide, à ses risques et périls, de prendre en main l’organisation. Le président d’honneur du Club Taurin, Jules Durand, forme avec quelques sociétaires, un consortium afin de présenter des corridas de qualité. Trois sont organisées par le consortium avec des toros portugais de Claudio Moura et d’Infante de la Camara, avec des toreros confirmés Antonio Velazquez, Firmin Rivera, Parrita, Carlos Arruza… Bons résultats au niveau du public et du spectacle. L’ouverture de la frontière franco-espagnole en 1948 donne d’autres possibilités pour monter les cartels et Ferdinand Aymé, organisateur des arènes de Nîmes pose sa candidature et obtient la direction de nos arènes qu’il assura avec plus ou moins de bonheur pendant 32 ans. Nous reviendrons, dans un autre épisode, sur cette époque.
Le Club Taurin devient l’association d’aficionados, majeure dans notre cité par le nombre de sociétaires (350) et a son nouveau siège au 18, allées Paul Riquet où s’installent progressivement les pièces du futur musée grâce aux dons de familles biterroises. Les trois clubs continuent à œuvrer d’un commun accord pour soutenir l’aficion. En 1948, ils participent à la création de l’École Taurine, sous la responsabilité du grand aficionado Christian Babeau et avec l’aide de trois ex novilleros espagnols, ils entraîneront tous les dimanches matin un groupe de jeunes Biterrois à peaufiner leur technique avant de l’éprouver en Camargue. Je les ai connus 25 ans plus tard, grands aficionados, avec lesquels j’ai vécu des tertulias de plusieurs heures autour de la passion qu’ils n’avaient pas perdue. Seul Raoul Albert, Raoulet, vécu une courte carrière en Espagne avec l’aide des Dominguin. Il resta pour nous pendant longtemps LE torero Biterrois.
Conclusion : en près de 90 ans, notre ville a connu trois guerres tragiques, trois grandes crises viticoles et économiques, quatre arènes en bois, l’incendie de Palazy. Pendant, cette période difficile, notre aficion est devenue majeure. Elle a réussi à défendre sa passion contre les interdictions du pouvoir central et avec l’appui des municipalités et de la presse locale.
Chers amis, j’ai voulu vous rappeler l’histoire extraordinaire de ces amoureux du toro et de son combat dans l’arène, dans une ville où la destruction très précoce de l’amphithéâtre romain ne permit pas à cette passion de se développer facilement comme chez nos voisins. C’est grâce à eux et à des mécènes biterrois que vous pouvez vivre maintenant vos Ferias dans NOS ARENES qui, depuis plus de 120 ans, sont un des éléments majeurs de la culture et de la vie festive de notre cité. Rappelez-vous de ce qu’ils ont fait, de manière désintéressée et essayez d’être dignes d’eux. Ils ont su prendre leurs responsabilités et pourtant les conditions ont été parfois désespérantes. Ils ont su se remobiliser alors que la situation paraissait perdue. Ils étaient des AFICIONADOS D’ACTION…

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Edito n° 33 – Janvier 2016

crepes UTB

ÉDITORIAL – DÉCEMBRE 2015

Voeux UTB verso 2016L’Union Taurine Biterroise tiendra le samedi 16 janvier 2016 à 18 heures une Assemblée générale extraordinaire (modification des statuts suite au changement de siège social) et à 18 heures 30 l’Assemblée générale annuelle.
Elles seront suivies de la « galette des rois ».

OREILLE D’OR  –  OREJA DE ORO

Radio Nacional d’España, à travers son programme « Clarin », a communiqué le résultat du Trophée « OREJA DE ORO » qu’elle organise depuis 1968 pour consacrer le triomphateur de la temporada 2015. Sébastien Castella, ex aequo avec Lopez Simon. Le jury était constitué par les auditeurs et les correspondants taurins de R.N.E. Cette décision est d’autant plus méritoire, pour la 3ème attribution de ce prix à Sébastien Castella (2006 – 2009 – 2015), que depuis septembre, nous avons assisté à une pression médiatique exacerbée, glorifiant le co-lauréat Lopez Simon. Peu importe, seul le résultat compte, nous réjouit et honore l’aficion de notre ville.

Les informations taurines de ces dernières semaines nous permettent de voir quelques lueurs éclaircir le ciel obscurci que nous avons connu en 2013-2014 et 2015 et que j’ai dénoncé plusieurs fois dans nos éditos. Que se passe-t-il ? Auraient-ils enfin compris ? Plusieurs signes avant-coureurs nous permettent d’espérer. Je ne pense pas que l’annonce de la retraite officielle d’Eduardo Canorea, héritier historique de l’empresa Pagés, soit l’unique raison des changements annoncés.
1 – Les propriétaires (Maestrantes) des arènes de la Real Maestranza de Sevilla, seraient prêts à négocier avec l’empresa de nouvelles conditions, sans atteindre la date contractuelle de 2025. Il ressort de toutes les études, que les conditions exceptionnelles signées en 1943 par l’ingénieux Eduardo Pagés, ont certes un peu évolué tout en garantissant à ses successeurs leur maintien à la tête du prestigieux Coso de Baratillo. Par contre, elles ne sont plus viables pour l’empresa sans altérer la qualité et les relations avec le mundillo. Selon certaines informations sérieuses, l’empresa Pagés doit verser actuellement aux Maestrantes près de 25 % des recettes totales brutes, sans oublier que la TVA (IVA) sur la taquilla des corridas en Espagne étant de 21 %, elle ne peut qu’influer sur le prix des places. Espérons que ces négociations seront bénéfiques à la qualité des cartels et des corridas de la prestigieuse Feria de Sevilla. La pression des aficionados sévillans sur les Maestrantes paraît avoir porté ses fruits. Vous voyez bien qu’il faut toujours espérer mais aussi agir. « N’ayez pas peur ! ».
2 – Ramon Valencia beau-frère d’Eduardo Canorea, à la tête de l’empresa, a fait plusieurs déclarations pour démontrer sa volonté de relancer les conversations avec le monde taurin, après 2 ans de conflit majeur :
– Morante de La Puebla a d’ores et déjà annoncé qu’il souhaite toréer 5 tardes à Sévilla en 2016 dont la corrida du Corpus (Jeudi férié à Séville 60 jours après Pâques).
– Les autres figuras, dont El Juli, seraient prêtes à permettre l’entrée de jeunes toreros dans leurs cartels. Il est vrai que Lopez Simon, Andrès Roca Rey (récent vainqueur de l’Escapulorio de Oro de la Feria de Lima après ses 4 oreilles), sont des compagnons de cartels crédibles et que l’aficion, notamment française, commence à être agacée par les initiatives imposées par le G10, G5…
– Sébastien Castella, après l’obtention de l’Oreille d’Or, a déclaré : « la meilleure manière de remercier (le public) de ce prix sera d’être aussi bien ou meilleur en 2016 ».
– Talavantet, remis de sa blessure, est reparti avec force à Zaragoza et paraît très disposé au début de sa campagne aux Amériques.
– Il faut espérer que Perera retrouve la sérénité perdue et le dominio qui avait marqué sa temporada 2014 malgré sa grave blessure de Salamanca.
– Plusieurs toreros viennent avec beaucoup d’ambitions et de capacités. Juan del Alamo, Morenito de Aranda (avec son nouvel apoderado Ortega Cano) Manuel Escribano, Saul Jimenez Fortes (récupéré de ses graves blessures), Paco Ureña qui a connu des succès intéressants en 2015, veulent confirmer que l’intérêt que le public commence à leur porter est mérité…
Cette liste n’est pas exhaustive et plusieurs toreros chevronnés ont encore des choses à dire dans cette profession exaltante mais si exigeante : Juan Bautista veut retrouver sa place en Espagne, Antonio Ferrera écarté des ruedos plusieurs mois par sa fracture alors qu’il avait démarré fort à Sevilla, Rafaelillo qui a connu des succès très méritoires devant des corridas très exigeantes. Si nous avons la chance que de leur côté, le travail des ganaderos permette de retrouver la caste essentielle du toro bravo que nous avons vue chez certains toros comme ceux d’Adolfo Martin, Pedraza de Yeltes, Jandilla, Fuente Ymbro (desiguales) Garcigrande…

Les vétérinaires et les Présidents des Arènes de « primera » notamment doivent comprendre que si la masse musculaire est nécessaire, cela ne doit pas être le seul critère de sélection d’un vrai ganadero de bravo qui doit sortir dans le ruedo avec un trapio adéquat. On a trop vu de toros de près de 6 ans dans ces arènes cette année pour passer le reconocimiento. Tout dépend de leur encaste dont ils doivent respecter les caractéristiques d’origine qui permettront de démontrer les qualités différentes de leurs racines.
Beaucoup de ganaderias ont perdu leur âme en voulant adapter leurs toros aux exigences des vétérinaires et des toreros. Vous voyez bien que je ne suis pas le défaitiste, le reboussier que certains me reprochent d’être. Bien au contraire, je continue à avoir la passion et l’espoir que beaucoup me connaissent, prêt à admirer la bravoure, la charge des toros comme le courage, la personnalité, la classe des toreros. Par contre, je resterai fidèle à mes critères d’authenticité, je les défendrai dans ma volonté que la corrida se maintienne dans nos traditions séculaires méditerranéennes (transportées aux Amériques par les Espagnols), en ne craignant pas de dénoncer les pratiques de ceux qui :
– de l’extérieur, utilisent des arguments fallacieux, des pratiques extrémistes cachées ou même mises en valeur suivant les circonstances, par les partisans du politiquement correct qui détiennent l’information de masse, sans oublier les trahisons de certains politiques à la recherche de votes ;
– de l’intérieur, n’ont pas d’autres intérêts que de maintenir leurs privilèges.
Les figuras ont l’air d’avoir compris leurs erreurs car ce fut un échec. Nous attendons de leur côté les empresas (des exemples positifs existent). Mais nous resterons vigilants car trop souvent, l’enfer est pavé de bonnes intentions.
Ce sont le Toro et l’Aficion qui tiennent la solution. Faut-il que nos adversaires ne nous détruisent pas avant. Ce n’est pas en se battant pour leurs différences qui les isolent dans des superlatifs restrictifs, que les aficionados seront efficaces. Ils doivent savoir se réunir pour des objectifs basiques : l’émotion que doivent nous apporter la caste et la bravoure du toro mythique disposant de tous ses moyens et les toreros, êtres humains aux capacités supérieures sans lesquels le mystère de la corrida n’aurait jamais existé.

Dernières nouvelles :
Selon le  chroniqueur taurin sévillan Carlos Crivell, l’empresa Pagès aurait repoussé la proposition des Maestrantes (ci-dessus). Peut-être y voyait-il un piège car plusieurs empresas espagnoles et étrangères auraient déjà fait des offres pour gérer les Arènes des bords du Guadalquivir. La rupture du contrat risquait d’affaiblir la sécurité de la famille CANOREA à la tête de la plaza de la Maestranza .
A suivre…

Je reviendrai pour vous fêter une bonne et heureuse année 2016 en espérant que, d’ici là, nous aurons des nouvelles de nos ARÉNES.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Edito n° 32 – Décembre 2015

Éditorial – Novembre 2015

LA JOTA DEL SEXTO TORO

La Feria de Zaragoza termine traditionnellement la Temporada Alta en Europe. Appelée aussi Feria del Pilar, elle se déroule tous les ans autour du 12 octobre pour fêter la Patronne de la Ville et de l’Aragon. Cette date est aussi celle de la Fiesta Nacional d’Espagne pour commémorer la Découverte des Amériques du 12 octobre 1492 par Christophe Colomb au nom des Rois d’Espagne. Cette Fête que le Pouvoir d’une époque appela même Fiesta de la Raza avant de redevenir Dia de la Hispanidad et Fiesta Nacional en 1958 confirmée en 1978 par la Constitution Espagnole. Un peu de référence à l’Histoire ne fait pas de mal quand on veut comprendre ce pays que nous aimons, avec ses passions et ses excès qui faillirent le détruire. La Feria de Zaragoza se déroule dans le Coso de la Misericordia inauguré en octobre 1764. Ce fut la première plaza couverte d’Espagne réalisée en 1987 par un grand empresario Alturo Beltran. Cette couverture en teflon lui conserve ses caractéristiques antérieures mais lui donne un charme particulier, sans oublier le confort, tant au public qu’aux toreros, face à une météorologie parfois difficile à cette période. Cette Feria a connu des époques de gloire et fait partie des Références. Elle a le défaut de conclure une temporada parfois dure pour les Toreros Punteros qui, fatigués ou satisfaits de leur temporada, préfèrent ne pas s’y présenter. Nous n’oublierons pas les très graves blessures de Jose Ortega Cano en 1987 et Juan Jose Padilla en 2011 qui auraient pu mettre fin à leur carrière. Ces corridas se caractérisent par la « Jota de los Toros ». Lorsque le sixième toro sort dans le ruedo, la Banda de Musica joue cette Jota connue aussi à Zaragoza comme la « Jotica » créée au début des années 90. Cette musique traditionnelle jouée jusqu’à la fin du tercio de capote est accompagnée par le public « tocando palmas » sur le rythme traditionnel de la Jota et dansant parfois sur les gradins, incitant le maestro à faire la meilleure faena de capote, tant en qualité qu’en quantité, si le toro le permet. La Jota est une manifestation du folklore d’une grande partie de la géographie espagnole depuis la fin du XVIIIème siècle. La Jota Aragonesa, chantée et dansée selon un rythme particulier, est la plus fameuse. Elle donne à ces corridas une atmosphère typique venant d’un peuple attaché à ses racines. Simon Casas et ses associés, qui ont repris la gestion des arènes en 2014 (voir notre édito n°18 d’octobre 2014), ont affirmé leur intention de rendre à la Feria del Pilar le niveau qu’elle mérite. Il faut reconnaître qu’ils sont arrivés en 2015 à inclure dans les cartels, plusieurs figuras (malgré les blessures de Ponce et Perera) et des ganaderias prestigieuses mais on a aussi retrouvé des montages (cartel mixte Ventura/El Juli – cartel Ttalavante/Lopez Simon) auxquels je n’adhère pas car ils enlèvent à la corrida l’équilibre parfait de 6 toros pour 3 toreros qui permet de monter des cartels équilibrés. Ce sont les figuras qui commandent pour leur image et leur cachet.
Au niveau des toros, nous avons assisté à un mélange assez disparate, tant au niveau du trapio que du comportement. Malgré ce, j’ai relevé l’attitude de Talavante de retour de blessure, dans ses deux corridas mais surtout face aux Cuvillo, celle d’El J
uli dans un cartel fait pour lui et par lui. Quant à Lopez Simon, il a montré des choses intéressantes, sans atteindre le niveau des commentaires et surtout des titres dithyrambiques d’une certaine presse… Pour moi, en plus de Talavante, j’ai plutôt remarqué, l’attitude de Juan del Alamo (2 oreilles) face à des Fuente Ymbro sérieux dans leur présentation, mais de comportement décevant et le combat méritoire de Rafaelillo devant une très compliquée corrida d’Adolfo Martin. Malheureusement, comme JM Manzanares, Sébastien Castella ayant annoncé préalablement qu’il arrêtait sa temporada très dense, à la fin septembre, il ne pouvait être à Zaragoza. C’est regrettable car, à mes yeux, Sébastien a été le torero de la temporada européenne 2015. Dans la majorité de ses 51 corridas, il a démontré son sens artistique, sa gestuelle sereine, son entrega, sa constance dans la densité de sa tauromachie. Il n’a rien lâché et a justifié chaque jour sa place de n°1. Après ses triomphes importants à la San Isidro, Pamplona, Valencia, Valladolid, Béziers, Puerto de Santa Maria, San Sebastian et Salamanque, il a arrêté sa temporada après la Feria de Logroño dont il a été déclaré le triomphateur : trophée « Rioja y Oro » remis en personne par le Président du Gouvernement Régional de la Région, Jose Ignacio Ceniceros. Il a fait l’unanimité, tant au niveau du public, du monde taurin, que de la presse, après ses faenas devant les 3 Fuente Ymbro (mano a mano). Si son second lui a permis de mettre en avant ses qualités artistiques, devant le 6ème, après une voltereta impressionnante heureusement sans gravité, il a démontré à nouveau qu’il était à même de faire, bien que diminué physiquement, une faena construite et poderosa, devant un adversaire très compliqué, tout en conservant sa sérénité. Après la remise du trophée Cossio 2015 par la Real Federacion Taurina d’Espagne, toute l’aficion et tout le mundillo espagnols ont reconnu sa domination sur la temporada qui s’achève. Jose Luis Lozano a déclaré publiquement : « la faena de Castella à la San Isidro est historique, nous continuerons à en parler dans 20 ans ».

Je vous avais promis, poussé par l’actualité, de revenir en fin de temporada sur nos terres biterroises, pour examiner avec recul la temporada et l’avenir de la corrida à Boujan et à Béziers (par ordre chronologique).
Les arènes des bords du Libron avaient fait le BUZZ en 2014, après l’annonce de la fin de la mise à mort pour la Feria des Novilladas des fêtes traditionnelles du début d’août (édito de mai 2014). Heureusement, la prise de responsabilité et la proposition de Tomas Cerqueira à la ville de Boujan d’organiser conjointement la Corrida des Vendanges d’octobre 2014 (seul face à 4 toros de Gallon), ont permis de relancer la corrida authentique dans les arènes de Boujan qui me paraissaient vouer à perdre progressivement leur image. Le succès populaire et artistique de cette Feria des Vendanges a permis de les crédibiliser à nouveau. Les organisateurs de MB Aficion qui ont lancé l’organisation de la Feria de Novilladas piquées en juin 2015, ont obtenu un résultat satisfaisant, malgré la déception sans surprise des Pablo Romero sauvés par les deux meilleurs novilleros du moment : Andrès Roca Rey et Joaquim Galdos. Je regrette quand même l’absence d’un novillero français dans ces deux novilladas. Pour 2016, les organisateurs annoncent que la Feria, baptisée « Toros y Campos », Feria Torista du Sud-Est, renaît avec un programme ambitieux qui sera dévoilé le 15 janvier prochain. Il faut féliciter la préparation et la médiatisation de l’évènement tant taurin que festif. Je regrette cependant l’utilisation du terme « Toriste », comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire car il divise plus que ce qu’il unit. La Corrida est UNE, avec ses qualités et malheureusement ses défauts aussi. Le meilleur exemple est la Feria de Dax 2015 où les toros de Salamanca de Pedraza de Yeltes (d’origine Domecq par Aldeanueva) ont donné le meilleur jeu de toute la temporada française pour l’aficionado, tant par leur émouvant tercio de piques que par leur bravoure tout au long de la lidia. Seule préoccupation : comment maintenir trois évènements majeurs dans cette arène, même si Béziers est si proche ?
Quant aux arènes du Plateau de Valras, malgré quelques rumeurs (comme tous les ans), nous devons attendre pour qu’elles se confirment. J’espère que tant dans la programmation que dans l’application du Règlement, nous reviendrons à des pratiques saines et respectueuses des fondamentaux de la corrida.

J’ai eu la chance de retrouver dernièrement, dans les archives de notre Musée, le premier Règlement Taurin de la Ville de Béziers daté d’avril 1899, signé par un Maire historique de notre ville : Alphonse Mas et le Président de la Commission Taurine (l’UVTF n’existait pas). Les membres de cette Commission avaient mis en place un règlement précis et judicieux, adapté aux pratiques taurines de l’époque, démontrant une connaissance et une aficion étonnantes dont beaucoup devraient tirer les leçons. Le problème de l’aficion et de l’organisation des spectacles taurins dans notre ville est remis en cause par la désinformation organisée que nous vivons depuis plus de 10 ans pour maintenir un système qui dégrade progressivement la qualité et l’intégrité de NOTRE corrida de toros. Comment le journal local peut-il écrire, tout en l’éclipsant, que le spectacle du Gala Taurin des Journées Taurines était terne, alors que nous avons assisté à une tarde intéressante, tant par le bétail d’Alain Tardieu que par les jeunes matadors de toros ? N’oublions pas le « papier » dénigrant de présentation du journaliste taurin local (qui était absent). Ils roulent pour qui ? Vous avez tous compris que l’objectif est de détruire. Il est vrai qu’Attila a déjà pratiqué la technique de la Terre Brûlée il y a 15 siècles. Il y a deux conceptions pour expliquer cette pratique, mais l’objectif est le même : nuire à tous ceux qui peuvent apporter des possibilités nouvelles en leur enlevant tout recours pour apporter des solutions. « Après moi le déluge… ». Ne vous inquiétez pas, il en existe, si l’aficion reste ferme et démontre sa volonté de vivre.

Si elle regarde son passé, l’aficion biterroise se rendra compte que l’histoire de nos arènes et de la corrida à Béziers, n’a pas été un long fleuve tranquille. Elle a connu des moments brillants mais aussi des périodes très difficiles :
– Les arènes du Plateau de Valras ont été construites en moins d’un an, après l’incendie du terrain Palazy. Qui l’aurait cru possible ?
– La création de la Feria en 1968 a suivi une période très difficile pour faire revivre la corrida. Malgré ce, l’empresa utilisa nos arènes comme l’annexe de celles de Nîmes. Il a fallu l’arrivée en 1980 de Biterrois pour donner un nouvel élan dont nous bénéficions encore.
– La création de la Régie municipale en 1985 a permis de protéger nos arènes des abus, tout en maintenant la qualité. Le rôle de la municipalité a toujours été primordial dans ces renaissances. Je pense fermement que devant le laxisme et le clientélisme qui marquent ces 15 dernières années, la Ville a la responsabilité morale et économique de maintenir cet outil, je dirai mieux ce symbole fondamental pour la Feria qui, ajouté au renouveau de nos vins, peut redonner le goût de vivre et une dynamique à notre cité.

L’échec populaire du dernier Gala Taurin ne doit pas décourager l’aficion locale qui, elle aussi, doit jouer un rôle dans ce possible renouveau, tout en reconnaissant ses erreurs. Elle l’a montré par le passé par la création en 1983 par notre Club doyen, des Journées Taurines qui rencontrèrent pendant près de 15 ans un succès incontestable reconnu par le monde taurin, tant français qu’espagnol. Mais les jalousies manipulées ont découragé ses initiateurs qui ont préféré jeter l’éponge pour qu’elles continuent à vivre dans d’autres mains plus consensuelles. Le Festival organisé en 1992 par les clubs taurins biterrois, qui n’étaient pas encore fédérés, au profit de la Recherche sur la Moelle Epinière, connut un succès important, tant populaire que taurin, avec le comportement exemplaire des toros de Guardiola et des maestros invités qui ont tous joué le jeu.
Cette Aficion active et indépendante, devenue gênante aux yeux de certains, il fallait la canaliser et progressivement essayer d’étouffer ses élans pour remplir les arènes par un public devenu un simple consommateur, sans âme ni références.
Nous subissons une désinformation médiatique qui alterne les rédactions publicitaires admiratives… et les attaques insidieuses contre les fondements de notre tradition taurine.
Malgré ce, il existe une place pour la vie de nos associations. La solution n’est pas de lutter les unes contre les autres, mais de défendre leurs identités et de s’unir si nécessaire. Contre vents et marées, Christian Coll du « Mundillo » démontre que tout est possible quand on croit à sa passion et à ses engagements.

Même si ces mots ont été prononcés dans des circonstances bibliques et historiques, j’ose les reprendre : « n’ayez pas peur » de résister tant aux antis qui ne cherchent qu’à vous détruire avec l’aide de la pensée unique bien pensante, qu’aux « marchands du Temple » qui galvaudent notre aficion. Ainsi, vous prouverez à la Ville qu’elle peut s’appuyer sur votre soutien et votre dynamique pour reprendre en main la situation qu’elle a su sauver plusieurs fois.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Edito n° 31 – Novembre 2015

 

 

ÉDITORIAL – OCTOBRE 2015

HABEMUS PAPAM… AVE CESAR… LA CORRIDA COPERNICA… EL SAMOURAÏ…

Ces titres parus dans les médias taurins ces dernières semaines, sont déjà ridicules en eux-mêmes car inadaptés et ne méritent que notre pitié pour leurs auteurs tant ils sont stupides. Pourtant, ils ont été utilisés sérieusement, surtout sur des sites internet taurins censés être représentatifs. De qui se moquent-ils ?
Ces titres ont été employés pour qualifier les interventions au mois de septembre-octobre du jeune matador Alberto Lopez Simon, notamment après ses corridas et cornada d’Albacete et dernièrement, après la corrida, la blessure et le triomphe du 2 octobre à Madrid. J’ai mis en son temps mis en avant le courage et les mérites du jeune torero madrilène, surtout après la Goyesca de la Feria de la Communauté de Madrid. C’est pour moi sa meilleure performance (en anglais dans le texte), où il a démontré sa technique, son temple, sa quiétude, son courage extrême, mais sans jamais le comparer à Jose Tomas comme certains osent le dire actuellement.
Le monde taurin, aficion incluse, est tellement préoccupé par la tiédeur de la temporada qui s’achève, qu’il est prêt à trouver son sauveur dans les triomphes d’Alberto Lopez Simon, alors que pour moi, Sébastien Castella, présent et constant dans tous les
sitios claves, restera le leader incontestable de la temporada européenne (trophée Cossio 2015 – Torero triomphateur).
Je trouve ceci complètement déplacé car les triomphes du jeune madrilène ont été surévalués et surtout, bien négociés par ses mentors, sans oublier la veulerie d’une certaine presse. Je n’aime pas critiquer publiquement la technique des toreros, car je suis incapable de mettre les pieds dans un ruedo où le moindre becerro brave me mettrait en déroute. J’ai trop de respect pour cette race de toro et pour ceux qui se mettent en face. Cependant, mon expérience de 45 ans d’aficionado (je ne tiendrai pas compte de mon enfance où j’allais aux arènes de Béziers en voisin avec mes grands-parents et mes frères), me permet de me faire une opinion et surtout de comparer le style, la classe, la toreria et le courage de plusieurs maestros historiques que j’ai pu voir dans les arènes. Je ne puis concevoir que des professionnels de la communication taurine, censés avoir autant sinon plus de références que les miennes, puissent écrire de telles extravagances sans rougir de honte pour leur servilité, leur incapacité. Un figuron ? arrêtons !

J’ai vu toréer en 2015 Lopez Simon plus de dix fois, sur les gradins ou à la télévision et j’ai remarqué sa quiétude, sa capacité à enchaîner les passes, son courage, mais en aucun moment, son exécution du toreo n’a atteint le temple, la majesté, marqués du sceau de la classe des grands maestros. Je n’arrive pas, en dehors de cette goyesca précitée, à un niveau d’exécution qui ait suscité cette émotion, cet impact qui manque à ses faenas de muleta avec trop d’inégalités et encore moins avec le capote. Certes, je ne néglige pas son courage extrême, sa pugnacité à se dépasser dans les moments difficiles et même tragiques qui l’ont fait connaître du grand public espagnol à la recherche de ses anciennes idoles. Cela ressemble un peu à du populisme. Je préfère ne pas insister sur certains de ses comportements, dans et hors du ruedo, moins louables et qui tiennent plus de l’astuce que de l’authenticité. Je l’excuserai car je pense que son entourage est à l’origine de ces scories. Alberto Lopez Simon est un jeune torero très intéressant, que nous devons suivre avec attention à l’avenir, surtout s’il évolue vers une recherche de la vraie maestria, mais ne nous laissons pas entraîner par la psychose collective, spontanée ou manipulée, qui entoure ses triomphes récents.

Les Ferias de septembre n’ont pas apporté beaucoup de nouveautés ou de véritables exploits, même si chaque corrida reste un mystère qui peut nous passionner, même quand on ne s’y attend pas. Sébastien Castella a confirmé, malgré les possibilités diverses de ses adversaires, qu’il a été le torero le plus constant de la temporada, alliant une lucidité, une maîtrise, un sens artistique qu’aucun autre n’a pu maintenir, sans oublier le pundonor qui l’a toujours caractérisé. Il a préféré mettre un terme à sa temporada européenne après son impressionnante voltereta de Logroño où il a conclu par un nouveau triomphe.

Quant aux férias françaises de septembre :
– DAX : avec ses arènes de 8500 places toujours pleines, a vu le triomphe de Jose Maria Manzanares (4 oreilles), devant un public qui l’adore (il le lui rend bien) et les Cuadri ont confirmé le mauvais moment qu’ils traversent.
– ARLES : je me réjouis que la corrida goyesca de la Feria du Riz ait permis de remplir les arènes d’Arles qui ont enregistré une baisse de public inquiétante dans ses dernières temporadas. C’est peut-être l’effet de cette corrida spectacle très bien organisée, car le lendemain la corrida des Cebada Gago n’a enregistré qu’un petit quart d’arènes. On notera que la novillada piquée a enregistré moins de 1000 places payantes.
– NIMES : Outre la présentation inégale des toros, la Feria des Vendanges a été marquée par le laxisme ou l’inconsistance des Présidences. Le professionnalisme d’Enrique Ponce, de Juan Bautista et la volonté de Sébastien Castella, n’ont pu couvrir la médiocrité et la présentation des lots de toros. Il faut noter que l’Association des Jeunes Aficionados Nîmois a choisi Andrés Roca Rey comme triomphateur de la Feria des Vendanges. Il a démontré, malgré un sorteo défavorable, une maîtrise, des qualités surprenantes, sans oublier ses détails artistiques de haut niveau. Comme quoi, de jeunes aficionados sans préjugés ni compromis, ont désigné le torero qui selon leurs critères sains a montré, sans vouloir essayer de tromper le public, le plus de spontanéité, sans trucage, avec une technique étonnante à son âge, un courage (lui aussi) et un pundonor qui font honneur à son pays, à son entourage et à son préparateur Jose Antonio Campuzano.

Malheureusement, plusieurs évènements récents nous ont rappelé que notre corrida fait face à des dangers imminents, si nous réagissons trop tièdement. Ces dangers viennent (surtout en Espagne) des politiques qui sont prêts à vendre leur histoire, à la recherche de votes dans des majorités hétéroclites. La suppression de la subvention de l’Ecole Taurine de Madrid, par la nouvelle Alcadesa Manuela Carmena, correspond à quels critères ? Ne me parlez pas de faire des économies pour le budget. Ridicule ! Est-ce pour rester fidèle à ses croyances de ses origines politiques, qu’elle abandonna en 1980 devant leurs déroutes successives depuis près de 20 ans (il existe pourtant des aficionados gauchistes), ou tout simplement pour apporter des preuves de fidélité à ses colistiers ? Pourtant, elle s’était engagée à ne pas faire de frivolités. C’est MINABLE ! Si ce n’était pas si grave, cela me ferait rire.

Le fait est que pour le moment, j’ai entendu surtout la voix du Maestro Joselito qui s’est fait entendre avec force et qui s’est engagé avec détermination, à défendre l’avenir de l’Ecole car lui sait ce qu’il lui doit. Grâce à son rôle éducatif, elle a fait de lui un homme exceptionnel, qui aurait pu se perdre, adolescent, dans les méandres du Madrid des années 80. Sera-t-il suivi ? Je ne souhaite pas me mêler à un débat politico-électoraliste qui ne fait pas honneur à ceux qui le pratiquent. Je préfère faire appel à votre envie de défendre vos traditions, sans baisser les bras malgré l’intox dans laquelle nous vivons. N’ayez pas peur ! Nous devons lutter ! Notre presse régionale bien pensante (par essence !) trouve toujours un mot gentil ou compréhensif pour faire plaisir aux antis, même quand ils obtiennent des services de l’Éducation Nationale la suppression d’une fresque d’inspiration taurine réalisée il y a 8 ans dans une école nîmoise. Il s’agirait d’une œuvre enfantine inspirée par l’amphithéâtre romain et la tradition taurine et qui n’avait aucune inspiration sanguinaire. Quelle honte ! Les derniers appels de leur maître à penser pour créer un état insurrectionnel contre la corrida devrait intéresser nos politiques et notre système judiciaire sur le danger de ces gens-là qui ont compris, comme plusieurs générations de fanatiques, qu’il faut d’abord commencer à détruire les pratiques, les pensées, les œuvres artistiques de ceux qui ne pensent pas comme eux, pour gagner un jour leur bataille après avoir fait un nettoyage intellectuel. La liste est longue de ces personnages, de ces groupes qui ont voulu détruire ce qui ne correspondait pas à leurs critères, sans s’embarrasser de pudeur et de démocratie. Il y en eut de tous les bords. Il en existe encore et ceux qui osent les affronter se font critiquer ou abandonner par les bien pensants, adeptes de la liberté d’expression, qui petit à petit se feront bouffer eux-mêmes.

Avant de nous quitter, je tiens à vous parler d’un homme libre, d’un aficionado exceptionnel, malheureusement disparu subitement en 1993 après avoir terminé son livre « Histoire des Arènes de Bayonne » et auteur du magnifique texte que vous trouverez ci-dessous et que je vous demande de lire attentivement. L’Union Taurine Biterroise avait invité Claude Pelletier pour participer aux 4èmes Journées Taurines en 1986 pour nous faire partager le particularisme de l’aficion du nord de l’Espagne (Navarrais et Basques) et de son sud-ouest. C’était un aficionado passionné qui ne supportait pas les dictats, au point qu’il osa abandonner la revue taurine culte « Toros » parce que la rédaction voulait lui imposer de ne plus collaborer avec une revue concurrente du sud-ouest. Pourtant, sur le fond, sa vision sur la tauromachie coïncidait avec celle de la célèbre revue nîmoise. Il voulait vivre libre son aficion, avec passion et sans contraintes d’ayatollahs qui « l’emmerdaient ». Mort subitement, il n’a pas eu le temps de nous dire « adicias « . Je vous propose de lire ce texte. Vous comprendrez beaucoup de choses sur l’HUMANITÉ.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Edito n° 30 – Octobre 2015

« Si par quelque hasard miraculeux, vous parvient un jour le vestige de cette tauromachie – pour vous, sans doute, révolue – et si, par quelque prodige d’humanisme préservé – c’est-à-dire d’affectueuse curiosité pour l’humain – vous vient encore la fantaisie de vous interroger, sur nous, et sur notre absurde passion « barbare », sachez que nous n’avons rien à dire pour nous expliquer !
Encore moins pour nous défendre !
Pensez de nous ce que vous voudrez.
Nous étions des hommes simples, frustes et de peu d’instruction.
Il nous suffisait de fermer les yeux pour voir tant de visages disparus – qu’on a aimés trop tard – de lieux perdus et de bonheurs finis…
Cela nous faisait tant de bien !
Je le répète : nous étions simples !
C’est pourquoi nous nous sommes crus heureux…
Et, franchement, nous l’avons été !
Par exemple, à travers cette tauromachie !
Nous y avons – pardonnez-nous l’outrance – célébré l’exaltation de l’homme au-dessus de son précaire et douloureux destin.
Voilà qui vous paraît sans doute excessif, étranger et même ridicule.
Mais, à notre époque, nous avions besoin de croire l’homme capable de courage, d’intelligence et de beauté. D’y croire fort !
Cela nous rassurait pour vous, notre avenir lointain.
J’espère que ces valeurs sont si universelles pour vous qu’elles n’ont plus besoin d’être démontrées.
Mais si, pour finir, quelque chose en nous vous paraît encore obscur, remontez quelques siècles de plus.
Ecoutez Villon, comme nous :
« Frères humains qui après nous vivrez… »
Il vous expliquera !
Ce n’était pas un aficionado, mais il était si près de nous ! »

Claude PELLETIER – 1993

ÉDITORIAL – SEPTEMBRE 2015

UN SINGE EN HIVER 

Ce film culte réalisé en 1962 par Henri Verneuil, est pour moi un des plus grands du cinéma français. Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo, exceptionnels, sans oublier Suzanne Flon, Noël Roquevert… que les gens de 20 ans ne peuvent pas connaître (dommage pour eux). Il faut ajouter au scénario d’Antoine Blondin et aux dialogues de Michel Audiard, leurs immenses talents.

J’ai fait la connaissance cet été à Cuellar (Ségovie) fameux pour ses encierros depuis des siècles, de cinq personnages hors série, venus dans cette bourgade de Castille courir les toros bravos, poussés par leurs fantasmes de l’âme espagnole. Tous venus des Iles Britanniques ou des States. Imaginez-vous :
– un Ecossais de Glasgow (Angus), étonnant dans ses certitudes de « corredor » devant les cornes,
– un Anglais (Alexander) toujours vêtu de sa veste rayée élimée d’étudiant londonien, sur sa tenue traditionnelle blanche et rouge de Pamplona,
– un Gallois de Cardiff (Tip) amoureux de la terre de ses ancêtres qu’il chante avec passion,
– un Hawaïen (Beau) ex tennisman et cuisinier particulier.
Sans oublier Larry, un professeur d’université de plus de 65 ans venu des States s’installer à Valladolid, attiré par son admiration du toro bravo et de l’Espagne (quel échauffement concentré dès 8 heures pour courir à 10 heures du matin !). Tous ces personnages m’ont rappelé Jean-Paul Belmondo (Gabriel) dans « Un singe en hiver », en plein délires inénarrables (il faut voir le film) quand il fait part à Gabin et aux clients du bar de ses ambitions, de son rêve de devenir le 2
ème torero français après Pierre Schull (alternative en 1958 en Arles). Nous les excusons d’avoir oublié Félix Robert qui confirma en 1895. Voir Belmondo (Gabriel) comme le faisait Antoine Blondin sur les Grands Boulevards Parisiens, effectuer des quiebros et des ébauches de chicuelinas au milieu des voitures dans les rues d’un petit village de Basse-Normandie et l’écouter parler de son rêve de présentation dans les arènes de Madrid !!! Sans oublier Jean Gabin (Albert), ancien du Tonkin, évoquant « un des petits singes égarés comme on en rencontre en Chine au moment des premiers froids » où il repart à la fin retrouver ses rêves…
Je remercie la grande aficionada Lore Monnig, Présidente du New York City Club Taurin de m’avoir permis de les connaître, de les écouter parler avec passion (en anglais, en espagnol et même en Ecossais) de leurs rêves fous (souvent arrosés) mais sincères, de leurs fantasmes qui les avaient amenés dans cette bourgade de Castilla pour courir les historiques encierros de Cuellar.

Si un jour, un de mes petits-enfants me demandait « Papi, tu as vu vraiment un singe en hiver », je pourrai maintenant répondre comme dans la dernière réplique du film, Gabriel (Belmondo) à sa fille : « je pense que j’en ai vu au moins cinq ». Oui, j’aime cette Espagne si imparfaite pour notre esprit cartésien, mais si exaltante, qui incite à des aventuriers venus du bout du monde, de participer à des jeux hors série, mais aussi de créer dans son sein d’autres aventuriers, des philosophes, des écrivains au sommet de la culture universelle. Oui, n’oublions pas ces strophes de Jose Maria de Heredia pour glorifier les découvreurs des Amériques « Fatigués de porter leurs misères hautaines, de Palos de Moguer routiers et capitaines partaient, ivres d’un rêve historique et brutal ». C’était l’Espagne. Oui, Miguel de Cervantès a pu créer le personnage « El ingenioso Hidalgo Don Quijote de la Mancha » pour faire passer dans une œuvre universelle éthique, lyrique, tragique et comique, un message sur l’âme castellana, profond et complexe.
Nos 5 singes en hiver, conscients ou non de leurs folies, nous montrent que cette terre dure leur a inspiré cette manière très particulière pour exprimer leurs rêves mais aussi leur amour pour ce pays où la tragédie et la fête sont si proches. C’est l’Espagne. Vous devez penser, va-t-il écrire sur la temporada d’août ? Je vous répondrai que ces temps-ci, la corrida me fait moins rêver et qu’elle m’inspire peu ou peut-être trop de commentaires. En fait, le monde taurin est muselé par le pouvoir de 3 ou 4 empresas qui souhaitent le garder pour elles-mêmes, même s’il s’éteint…

La dernière actualité me fait poser des questions : Pourquoi Diego Urdialès, torero méritant après 15 ans d’alternative, s’est vu attribuer 3 oreilles à Bilbao avec sortie en triomphe de la Plaza de Vistalegre, pour deux bons coups d’épée ? Il est Riojano et la prochaine feria de Logroño s’annonce. Quel est le propriétaire empresario de ces arènes et le collaborateur, homme fort de l’organisation de Bilbao ? Pourquoi le Juli s’est fait voler son triomphe de la 2ème oreille de son Garcigrande après une de ses meilleures faenas de ces dernières années ? Pour empêcher sa sortie à hombros qui gênait… ! Pourquoi les cartels prévus de la Feria d’octobre de Madrid viennent d’être chamboulés au dernier moment ? Afin de mettre la jeune révélation, Lopez Simon, dans des conditions idéales pour cette étape importante de conclusion de sa temporada ? Regardez du côté de Salamanque, ce sont les mêmes qui lui ont fait annuler son engagement avec La Brède pour remplacer Manzanarès à Istres. Dommage ! Quand on a ses qualités, on peut éviter de tels subterfuges. Vous comprendrez pourquoi trop souvent, ce monde n’arrive plus à me faire rêver. Heureusement, nous avons de temps en temps la chance que le toro remette de l’ordre, malgré leurs « montages » !
Les toros de Pedraza de Yeltes de la Feria de Dax et le merveilleux cinquième de Pedres à Bayonne le 5 septembre, ont démontré avec émotion que cet animal exceptionnel existe encore et que le jeune Juan del Alamo mérite plus de considération. Certains toreros, non maîtrisés, subissent des vétos « calculés ». Ils dérangent car ils risquent de remettre en cause l’équilibre que les « patrons », empresas et figuras, ont mis tant d’années à mettre en place. Ils s’affrontent parfois mais savent aussi se réconcilier sur le dos des « dérangeants ».

Nous pouvons quand même vous donner notre bilan des principales Ferias du mois d’août :
Dax 
: triomphe retentissant des Pedraza de Yeltes. A à noter positivement Pepe Moral, Juan del Alamo et… Juli. Quant à Mendoza, il n’avait rien à voir avec sa présentation 2 jours avant à Béziers, ni par ses chevaux, ni par sa motivation. Quel triomphe ! Pourtant, les toros n’étaient pas plus intéressants.
Béziers
 : bilan très mitigé. Toros : grande déception des Jandilla et des Capea – Bons Garcigrande malgré le trapio anovillado de deux exemplaires et un manso perdido. Margé : bien présentés mais tempérament décevant « plaqués aux planches au 3ème tiers, hors les 4ème et 6ème – Toreros : Castella au-dessus du lot malgré les Jandilla du premier jour – Manzanarès : facilité et grande esthétique de son toreo face à l’excellent Domingo Hernandez avec 2 grandes séries pour conclure sa faena – Bautista : toujours aussi professionnel et technique face à un sorteo défavorable – Escribano : lidia complète, banderilles impressionnantes et très bonne faena au 4ème, qui méritait 2 oreilles – Cayetano Ortiz : très volontaire et appliqué. Grande estocade au 6ème Margé – Medhi Savalli : motivé, il a su reconquérir, devant un bon Miura, le public biterrois qui l’a toujours apprécié.
Bilbao
 : Feria décevante au niveau des toros – Le lot de la Feria à l’unanimité et meilleur toro pour les Jandilla – Garcigrande : 3 bons toros – Victorino : corrida sérieuse, exigeante et intéressante, sauf le naïf 3ème d’un trapio insuffisant pour la Plaza de Bilbao – Une oreille pour Ureña (?) – Alcurrucen : corrida sérieuse mais décevante à part l’excellent 4ème pour Urdialès (2 oreilles ?) – Juan Pedro Domecq : échec total d’un lot inexcusable pour le ganadero (Bueyes) – Bañuelos : grande déception de cette ganaderia inappropriée pour Bilbao à tous les niveaux (je l’avais prévu dans l’édito de juillet). Le Président Matias a trouvé 2 triomphateurs qui arrangeaient bien : Diego Urdialès et Ureña. Suivez mon regard.

Ce mois d’août ne m’a pas apporté, à part quelques exceptions précitées, ce que j’attends de la Fiesta Brava. Heureusement, j’ai eu la joie de vérifier la grande temporada 2015 de l’élevage français des Frères Gallon. Après les prix des corridas concours de St-Martin de Crau et Millas (novillos), la ganaderia vient de triompher à Iñesta en Espagne : 6 oreilles coupées sans tenir compte des « maximos trofeos » symboliques suite à l’indulto par Morenito de Aranda du Jabonero n° 7 « Odalisco ».
Après la corrida goyesque de Boujan, je viens de lire le titre de la presse locale qui ne met en avant que « l’envie de Gaëtan Ortiz ». Ont-ils des ordres pour rabaisser Tomas Cerqueira qui a coupé 2 oreilles et qui pouvait de plus revendiquer, comme l’a demandé le public, deux trophées à son 2
ème (estocade franche et foudroyante pour conclure sa bonne faena). Quant au reportage du signataire, je lui ferai remarquer :
– que 5 bons toros de Gallon sur 6 avaient le trapio d’une plaza de 3
ème catégorie (1500 places) et que le petit 2ème de la course, n° 116, a démontré une exceptionnelle bravoure durant ces trois tercios : deux piques poussées prises de loin de son propre chef et patron du ruedo toute la faena. Pour plusieurs aficionados, il méritait même le mouchoir bleu de la vuelta al ruedo (mais il n’y avait pas la claque utilisée par certains : ce n’est pas le genre de la maison). Je pense avoir assez d’expérience pour lui faire ces commentaires et surtout, je revendique d’être beaucoup plus LIBRE. Je voudrais lui apprendre que s’il a eu moins de quites que ce qu’il espérait, cela vient du fait que la pratique taurine prévoit, qu’après le changement de tiers après la première pique, l’autre torero ne peut pas faire de quite. J’espère qu’il a quand même vu que Cerqueira, par esprit de communauté, a invité le sobresaliente Jérémy Banti à faire « son quite » après la 1ère pique quand il a vu que le toro servait. Nous pouvons dire, sans protectionnisme partisan, que nos deux jeunes toreros ont rempli leur contrat, même s’ils pouvaient faire mieux (ils toréent très peu).
Boujan a démontré par la Feria des Vendanges 2015 son authentique tradition et son titre de Ville Taurine, avec le soutien nécessaire d’une aficion biterroise indépendante qui doit encore plus rechercher ses fondamentaux pour être à la hauteur de son passé glorieux.

Le responsable de rédaction : Francis ANDREU – Edito n° 29 – Septembre 2015

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